Sylvain Levey

J'ai sans doute une vieille âme.

Je n'aime pas beaucoup la littérature jeunesse.

Pourtant, j'ai postulé à cette Masse critique - et j'en profite pour remercier Babelio - pour le livre "Gros" de Sylvain Levey - que les éditions Théatrales reçoivent ma reconnaissance pour cet envoi - . Car si je suis une vieille âme, je suis une âme sensible, à fleur de peau et de mots. Et le vécu des autres me frôlent souvent le coeur. Le percute même parfois. Le vécu des autres, c'est comme ouvrir sa sensibilité et son esprit en même temps.

"Gros" est le récit d'un petit garçon né crevette qui ne voulait rien manger. Puis qui a appris à manger pour faire plaisir. Pour combler une sorte de mal-être existentiel et congénital. Alors plaisir gras qui remplit.

Et si les récits de jeunes-filles anorexiques ou boulimiques ou hyperphages ne nous sont pas inconnus, les témoignages de jeunes garçons se font plus rares.

Alors merci Sylvain Levey.

C'est un court récit aux phrases courtes et martelées. C'est un style brut mais sensible.

La première partie a été pour moi touchante et intéressante.

Il raconte aussi sa résilience, ce qui lui a permis de trouver une voie dans l'existence, même hors format idéal.

La seconde partie est un peu plus un recueil de souvenirs auquel j'ai été moins sensible.

C'est un livre témoignage à potentiel. Mon regret est qu'il soit si bref dans son développement.

Mais en tant que littérature jeunesse, pour ces enfants qui se sentent hors cadre, hors norme, qui ne trouvent pas leur place ni leur chemin, qui se sentent de trop dans ce monde qui se voudrait uniforme, alors c'est quand même une chouette lecture.

«Tu sais Pierre, l'amour c'est la plus grande aventure de toute la vie.» p 47



Pierre et Léa sont en Cinquième. Ils se rencontrent, s'avoue leurs sentiments, se disputent, se marient et vivent un week-end ensemble puis se séparent… Tout cela en 15 jours environ. Ils marquent un trait sur le mur d'un lieu particulier qu'ils apprécient. Léa trouve cela romantique.

Mais est-ce un jeu ou la vraie vie?



Les dialogues sont percutants, peu de temps mort même s'il y a des silences. La pièce est rondement menée sur un fond de jeu et de vannes échangées. Toutefois on perçoit un fond de vérité aussi et on ne sait plus si tout cela est vrai ou pas. Cependant on s'amuse, on suit ces deux personnages et on s'émeut également.



Une pièce touchante qui pousse aussi à la réflexion.

Le titre de cette pièce interpelle, c'est le moins que l'on puisse dire. Cependant, la majorité du texte concerne l'avant-selfie, et non pas l'après-selfie, comme me le suggérait le titre. Une petite déception du coup, car je m'attendais plus à une réflexion sur la prise du selfie ou les réaction que cela a suscité. Finalement, c'est surtout le contexte qui a amené au selfie qui est décrit, et les commentaires haineux qu'il a pu susciter. Et cela est fait avec beaucoup de justesse.

Je reproche de tant en tant à la littérature jeunesse de ne pas être ancrée dans son époque, notamment concernant l'omniprésence des smartphones. Et là l'auteur exploite à plein le sujet. Et il le fait avec brio. Alors c'est un peu déstabilisant de lire les hashtags et autres j'aime sous pseudo, sans réelle phrase, dans un mimétisme du contenu des réseaux sociaux.

Je serais très curieuse de voir ce que cela donne sur scène...

Alice a treize ans et ne reste jamais longtemps au même endroit, juste le temps que son père trouve un travail de saisonnier puis ils repartent, elle, son père et sa mère. Elle n'a donc pas d'amis et est très solitaire. Ses parents sont réfugiés politiques chiliens.

Elle porte un regard très aiguisé et lucide sur le monde qui l'entoure et son quotidien. Elle souffre parfois de sa situation miséreuse et marginale mais jamais ne se plaint. Elle a une grande tendresse pour ses parents même si elle en voit clairement les défauts.

Elle se fait une amie et le lendemain sa famille repart plus loin. Elle tombe amoureuse et là aussi , il lui faut reprendre la route.



Ce texte est plein de tendresse et d'émotions diverses. S'y mêlent une partie en récit et des dialogues parfois répétitifs à la limite de l'absurde. J'aime beaucoup la fin... une belle note d'espoir.



Challenge Petits Plaisirs 2016

Relecture de ce petit livre sympathique qui a ouvert une longue série. Ce premier est bien diversifié, pas encore trop colonisé par les auteurs "incontournables". La question du théâtre court pour la jeunesse est intéressante et questionnante. Entre les textes sans fin Dominio, les extraits de Levey ou des scènes dialoguées qui pourraient être suivies ou précédées ou pas, on se cherche... Les plus réussies sont pour moi de Dominique Paquet, Lise Martin et le duo Lipchitz/Chanfrau. "La fin du loup" est vraiment très sympa. Elle offre une véritable forme de théâtre récit pour enfant avec une évolution du personnage, des scènes cocasses, des dialogues truculents et un message de fond. Le denier texte de Roland Shön est captivant, tant sur le fond que sur la forme. Cette tirade contée d'un explorateur dévoilant (ou pas) des trésors improbables est très intéressant. Le texte tient-il seul ou tout tient dans son art marionnettique ? Nous n'avons pas quatre heures, mais le temps passé à relire cet ouvrage n'était pas perdu.

Résumé : Michelle, alias uneviedechat sur les réseaux sociaux, part en voyage scolaire à Auschwitz. Tout au long du trajet, elle échange via les réseaux sociaux avec ses amis et d’autres personnes virtuelles qu’elle ne connaît pas vraiment. Et à Auschwitz, elle prend un selfie qu’elle poste en ligne. Les réactions et le harcèlement seront alors incontrôlables…



Mon avis : Une pièce de théâtre sur un thème d’actualité, tiré d’une histoire vraie.

Michelle échange beaucoup en ligne sur son quotidien, accepte des amis sans savoir réellement qui ils sont, et comme la mode est aux selfies, elle en pend un d’elle à Auschwitz.

La réaction d’un de ses « amis » va provoquer des réactions en chaîne et de nombreux messages de haine à son encontre.



Une pièce sur un sujet qui touche les jeunes, les réseaux sociaux, et tout ce qu’on y poste. Cette pièce fait réfléchir à l’usage des réseaux sociaux, au devoir de mémoire et à sa forme, au harcèlement sur Internet. Une pièce à jouer et à lire pour susciter le débat.
Lien : http://docbird.over-blog.com..

Nouvelle livraison gratuite par les Éditions Théâtrales qui décidément nous comble. J'aime beaucoup l'écriture de Sylvain Levey. Je redécouvre le versant poétique de son écriture à travers un dispositif théâtral prenant. La pièce s'ouvre sur un arbre généalogique. Des jeunes se souviennent de leurs arrières grands-parents, en remontant de la cimes aux racines familiales. Les petites histoires s'entremêlent et rencontre la grande, truffée de guerres, 2 et oui, avec toujours le dernier mot que c'est la der et les conséquences familiales. Le devoir de mémoire se reconstruit à travers l'engagement, comme une enquête, pour savoir d'où on vient et mieux décider où on va. C'est juste, touchant et parfaitement adapté au jeune public. De beaux travaux scéniques peuvent en découler. À voir, à lire, à dire, à jouer.

En 2014, une photo a fait scandale sur la Toile : il s’agissait d’un selfie posté sur un réseau social d’une jeune fille posant tout sourire à Auschwitz. Ce fait divers numérique est devenu, trois ans après, l’argument de la pièce de Sylvain Levey. Le texte, d'une écriture théâtrale originale, est poignant, engagé. Et il nous fait réfléchir sur les selfies, le devoir de mémoire, les valeurs du respect... A lire absolument.
Lien : http://capocapesdoc.over-blo..

il est très bien j'ai beaucoup aimé mais j'aimerai beaucoup qu'il est ouasmok

Cette pièce de théâtre fait partie de la sélection 2016 d'Enlivrez-vous en mai sur le thème "Réalités".

Il s'agit ici de réalités sociales mais aussi générationnelles, économiques et politiques mais abordées dans des dialogues imagés et poétiques.

Costa interroge son grand-père, Papé, sur sa vie. Ce Papé qui a laissé son métier d'agriculteur pour vendre sa ferme aux promoteurs immobiliers. Sa ferme qui a été rasée par un bulldozer conduit par son fils, embauché dans cette entreprise du bâtiment.

Le contexte historique c'est donc la ville et la banlieue qui ont "mangé" la campagne.

Dans les dialogues entre le Papé et le Pa, il est question politique et engagement, le fils n'ayant pas voulu suivre les convictions communistes du père.

Et dans les dialogues entre le Papé et Costa, par le biais d'histoires, de légendes, de mythologie, finalement ces convictions se transmettent.

Ce texte n'est pas d'un abord facile je trouve mais il est beau et il arrive à faire passer les émotions sans être pleinement explicite.

Un ouvrage formidable qui permet d'allier le récit au théâtre. Un regard sur le monde réel qui nous entoure, un sujet dur, servis par une écriture poétique et rythmée. La vérité de l'histoire, c'est aussi la manière dont on nous la raconte : il y a du rire dans la tristesse et de la tendresse dans le quotidien.

Ce livre a été publié avec le concours du Centre National du Livre. Ce texte a été écrit dans le cadre d'un projet intitulé « Mon Alice en ville » imaginé et mis en oeuvre par Anne Courel et toute l'équipe de la Compagnie Ariane de Bourgoin-Jallieu.

Lys Martagon est une jeune femme rêveuse qui transforme le monde qui l'entoure au grés des mots et des envies. Elle façonne ainsi son propre monde à grands renforts de paroles, de listes de mots, d'idées et y entraine tout ce à quoi elle tient. Et son discours illimité aura raison du beau Démétrio qui apprendra à voir au-delà.



Je remercie tout d'abord le site Libfly et La voie des indés de m'avoir permis de lire ce livre, très loin de ce que je lis habituellement. Et justement, c'est ceci qui m'a poussée à choisir de lire et chroniquer ce livre, pour sortir de mes habitudes de lecture et aller découvrir un ailleurs. Et je suis plus que ravie de cette magnifique découverte. Lys Martagon se lit extrêmement bien, et m'a plongée dans un univers qui ne laisse pas indifférent.



L'écriture de ce livre est des plus originales. En effet, il y a des successions de morceaux de phrases, beaucoup de répétitions, des listes de mots reflétant une idée. Mais une fois le rythme de lecture pris, et le personnage de Lys cerné, tout devient d'une grande fluidité et correspond exactement au personnage et son état d'esprit original et haut en couleurs. Je regrette peut-être le fait que ce ne soit pas un peu plus explicite que Lys habite dans un quartier "sensible", ce qui aurait encore plus intensifier son côté décalé, mais cela reste un détail.

J'ai par contre beaucoupé aimé les relations entre les personnages, entre Lys et Démétrio, le jeune homme de la cité qu'elle va inviter dans son monde fantaisite, et entre Lys et sa mère. Leur lien est assez particulier, comme si elles inversaient régulièrement leur rôle de mère et fille, une fois la mère veille sur sa veille et s'inquiète pour elle, le lendemain, l'inverse est observé.



Le personnage de Lys est fascinant. Elle a une force de caractère qui lui permet de se créer tout un monde pour échapper au sien, celui d'une fille abandonnée par son père, qui survit avec sa mère dans un quartier difficile. On pourrait même dire qu'elle porte sa mère, la veillant comme elle veillerait sur un enfant, lui répétant sans cesse les mêmes mots rassurants.

Je voulais noter également l'originalité de la présence d'un "personnage" supplémentaire, témoin des agissements de Lys, le Choeur de la vallée, qui nous en apprend toujours plus sur Lys, qui nous aide à la comprendre un peu mieux.



Je ne connaissais pas du tout la plume de Sylvain Levey, et le premier mot qui me vient en tête (et qui m'est venu plusieurs fois pendant cette citique) est original. Car rares sont les plumes aussi légères, poétiques et pourtant pleines de leçons. N'étant pas familière de ce format d'histoire, je n'ai pas vraiment de points de comparaison mais j'ai apprécié le côté moderne de l'exploitation du style théâtrale de cette oeuvre.



Je recommande ce livre à tout public, de tout âge, pour une petit moment d'évasion dans la tête d'une fille hors du commun.
Lien : http://dautresplumes.eklablo..

Véritable coup de cœur pour cette pièce. Alors que Michelle est en voyage scolaire à Auschwitz, elle prend un selfie tout sourire devant le camp. Sa photo va alors être partagée et devenir virale en quelques heures et les critiques vont fuser. Une pièce très vraie et très actuelle qui rapprochera adultes et adolescents. Et surtout cette question, peut-on / doit-on en vouloir à Michelle ?

Oui, c'est du théâtre contemporain, oui, c'est un auteur à la mode mais, est-ce que les enfants aiment le lire ? J'ai testé...ça les fait rire, vaguement réfléchir... peut-être sur scène ? ...Une chose est sûre, ils se souviendront très longtemps des Malheurs de Sophie et de Tom Sawyer et Ouasmok sera loin, très loin derrière. Vous me direz, ce n'est pas comparable, ... il faut lire de tout et présenter de tout aux élèves, c'est ce que je fais mais moi, je n'ai pas accroché plus que ça...

J'aime cette histoire car c'est drole et triste. J'aime aussi car ça nous raconte la vie d'Alice qui est le personnage principal.Enfin c'est une pièce de theatre et qu'on peut joué les scène.

L’intérêt littéraire de cette pièce est maigre mais son intérêt pédagogique est certain et elle passe assez bien la rampe.

La réflexion sur la déshumanisation à l’œuvre sur les réseaux sociaux est intéressante. Le regard sur ces derniers est cependant nuancé et sait en montrer non seulement les dangers, mais aussi l’attrait et les services qu’ils rendent. De même les personnages ne sont pas de simples caricatures.

Les interventions du père décédé m’ont semblé verser dans un pathétique de mauvais aloi.

✔️Mon ressenti : Un tout petit livre, lu très rapidement, pourtant l’auteur raconte une histoire dense, la sienne. Celle de son surpoids. Moi qui ai souffert des même problèmes et qui suis diététicienne de formation, forcément, j’avais hâte de l’ouvrir.

De sa naissance à ses dix ans,c’est une véritable crevette, enfant sans cesse encouragé par ses parents à manger du fait de son manque d’appétit. Puis, ce dernier arrive, et la balance s’inverse… Souffrance, et perte de confiance jalonneront son quotidien, jusqu’à la découverte, totalement par hasard, du théâtre.

Des phrases courtes, percutantes, pleines de sensibilité. Un récit qui permet à ceux qui vivent ce problème de se sentir moins seuls. J’ai regretté le manque de développement, mais c’est une belle première approche de ces difficultés vécues au quotidien par nombres d’enfants, d’ado ou d’adultes. De quoi éveiller quelques consciences, puisqu’il peut être mis entre toutes les mains.

Ce récit est complété d’une seconde partie agrémentées de photos des premières années de la carrière de l’auteur.

🎯Mots Clefs : Vie / Surpoids / Souffrance / Théâtre / biographie

🏆Ma note : 16/20

Il est là sur scène.

Pour nous, rien que pour nous.

On ferme les yeux, on est dans la salle, le projecteur crève l'obscurité et c'est parti.

Le rythme y est, on entend l'acteur.

Il raconte la vie de la Crevette, devenue au fil des grammes empilés, "le petit gros". On dit qu'il en faut toujours un dans une histoire. Dans ce monologue autobiographique, toute l'histoire est pour lui.

Il raconte ses parents, sa jeunesse, la famille, l'école, un petit peu les filles, mais c'est compliqué, le poids et les régimes, un tout petit peu la politique.

Et puis aussi, surtout, la rencontre avec le théâtre qui a changé sa vie et la fierté d'être devenu un auteur.

J'ai reçu ce livre dans le cadre d'une masse critique et je remercie Sylvain Levey, les éditions Théâtrales et Babelio de m'avoir emmenée au théâtre. J'en avais bien besoin à cette époque où les salles sont désertées. Que c'est agréable !



Sur le fond, je trouve que le texte manque de matière et de profondeur. Trop de chiffres rythment le récit: les kilos, les années, au détriment des émotions profondes du narrateur.

Emotions que j'ai ressenties dans la deuxième partie du livre. Celle-ci rassemble des photos, fort jolies d'ailleurs, de Philippe Malone, commentées par Sylvain Levey.

J'ai trouvé là ce qui m'a manqué pendant les premières pages. La présentation de ces petits riens qui ont construit l'auteur. Touchant.

Cet ouvrage est aussi prenant que déroutant. Certes il est la restitution écrite d'un projet théâtral hors norme. Des spectacles "à la carte" en format rue suivant des cartes de taro marseillais tirées. L'idée improbable a fortement inspiré les auteurs. On reconnaît leurs plumes. Le liant est évident, naturel et fluide. Les personnages des monologues sont surprenant dans leur diversité. On passe d'une maman à poussette punk, à un jeune homme d'affaire en chaise roulante, en passant par un clochard céleste surnommé le pape, on patauge dans l'eau, on se met à l'abri même si on n'en n'a pas. La marge est vaste et manifestement il y a de la place pour tout le monde. Je pense que chacun s'y retrouve à un moment. Quant à l'avenir, ça, c'est autre chose.

C'est dommage que Arsène et Coquelicot ne se voient plus