AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Sylvain Matoré (15)


Quand tout le reste fait sens, quand on parvient à construire un édifice rationnel qui parait tenir la route,la nature humaine pousse rarement à vouloir le démolir, ou ne serait-ce qu’à en vérifier la solidité en tapant dessus. C’est confortable d’avoir l’impression de tout comprendre.De se focaliser sur les lumières plutôt que sur les ombres qui perdurent.
Commenter  J’apprécie          80
Décidément, se dit-il, trente ans est l'âge maudit où les poils commencent à pousser là où on ne les veut pas et où ils disparaissent là où on souhaiterait les garder.
Commenter  J’apprécie          60
Les édifices les plus répandus ,au point d’avoir contaminé toute la station,sont les appartements-chalets,tout en bois , tous les mêmes,censés donner l’ambiance «montagne» et rappeler que,malgré la modernité,l’esprit de la région n’est pas perdu, alors qu’ils ne font que répondre qu’à un imaginaire complètement discordant et lointain - des Alpes,parfois,mais bien plus souvent du Canada ou de Scandinave.Voilà la mondialisation à l’œuvre,dissolvant les spécificités dans un gloubi-boulga d’appropriations culturelles d’essence toute hollywoodienne.
Commenter  J’apprécie          50
La neige justement, c'est bien la seule chose qui a changé alors que tout le monde voyait le printemps arriver, les bourgeons fleurir, la douceur affluer, les gelées définitivement passer.
Commenter  J’apprécie          20
Il était impossible de deviner qu'il ne s'agissait que d'une suspension dans le temps, d'une éclaircie passagère. L'a posteriori l'indiquera. Et montrera la rupture. Le moment où les choses ont basculé de nouveau. Il permettra d'en identifier l'élément déclencheur : le rapport oral de l'autopsie fait par le médecin légiste au procureur, rapport qui va se diffuser - et se déformer, comme la plupart des contenus oraux - à la façon des flocons de neige qui tapissent soudainement une route de béton froide et nue.
Commenter  J’apprécie          20
Alors, elle a pensé ce cadavre comme une victime du système, un des dommages collatéraux de l’usine à fric globalisée, l’usine à pomper les ressources de la Terre jusqu’à la moelle, l’épuiser, l’essorer, pour transformer ces matières en billets, et recracher de la crasse pour finir de l’achever.
Commenter  J’apprécie          20
Et elle entend un rire qui éclate dans toute la forêt. Qui domine les cris d'animaux qu'on massacre, qui domine les bruits assourdissants des cascades d'eau en contrebas du pic de Rymare, qui domine le son des chutes de pierre qui se réverbèrent dans les gorges étranglées de l'Irouley, qui domine le grondement de l'usine, les vapeurs de ses productions toxiques. Elle entend le rire d'un homme qui va triompher, sans pitié, qui s'apprête à accélérer pour lui rouler dessus, laminer, fouler son corps, meurtrir sa chair. Mélanie se réveille en sursaut. L'horloge indique 3 h 14. Abdel est à ses côtés. Il dort profondément.
Commenter  J’apprécie          20
La femme était en sous-vêtements, ses vêtements entassés en boule non loin sur la rive, et on pouvait croire qu’elle avait décidé de faire trempette juste au moment où l’usine déversait une énorme quantité de merde dans ce qu’elle prend pour ses chiottes, la Lisette. Oui, on pouvait penser, à première vue, que la pauvre femme s’était baignée au mauvais endroit, au plus mauvais des moments.
Commenter  J’apprécie          20
Jean-Marc ne pourrait pas être mieux ailleurs que dans ces Landes. Il regrette de ne pas avoir réussi à transmettre le goût de ces terres à sa fille, et a toujours du mal à comprendre ce qui rebute Jennifer ici, lui qui est tant amoureux de ces bois immenses, sauvages, et de ces animaux qu'il y chasse. Il ne peux pas supporter la ville et le béton, il a trop besoin du contact charnel avec la nature, d'être en immersion dans un environnement indompté. Pour rien au monde il ne voudrait se mélanger aux autres, être collé à ses congénères, dans des appartements, à entendre des klaxons, des sirènes de pompiers, à voir défiler dans des centres commerciaux des foules de consommateurs accrochés à leurs caddies, autant de visages croisés et aussitôt oubliés. La densité de population l'effraie, elle lui paraît être le symptôme d'une maladie moderne, un signe de plus de la déconnexion de l'Homme d'avec ses racines. Le désintérêt des pouvoirs publics pour le département ne le chagrine pas plus que ça, contrairement à la majorité de ses collègues qui le ressentent comme un véritable abandon. Jean-Marc, lui, s'étonne de voir des semblables fuir la région, se dit qu'il est à contre-courant de son époque, mais il en éprouve presque de la fierté, et il en tire des bénéfices : après tout, si les gens désertent, il sera encore plus tranquille dans son paradis terrestre, comme si ces Landes n'appartenaient qu'à lui.
Commenter  J’apprécie          20
Il a rêvé cette nuit. Il était dans un paysage tout à fait différent de celui des Landes. Il n'y avait pas ces arbres immenses, partout, qui circonscrivent les routes, les bourgs et les champs, il n'y avait pas ce vert qui tord vers le noir, dans ces forêts oppressantes, qui aspirent la lumière et avalent les fleurs, non, dans son rêve, il n'y avait que des plaines vastes, colorées et de petits chemins de terre passant au travers, qu'il parcourait à moto, cheveux au vent.
Commenter  J’apprécie          20
C’est donc tout naturellement que les soupçons se sont tournés vers l’usine Laely, quand un corps a été découvert en bordure d’un des bras de la rivière, juste avant que celui-ci n’achève son trajet dans l’étang des Murettes. Un matin de la fin mars, un pêcheur est tombé nez à nez avec le cadavre d’une femme à la peau rouge vif. Enfin, peau, c’est un bien grand mot. Ce rouge vif était le signe que la première couche d’épiderme avait foutu le camp, sauf à de rares endroits – quelques atolls blanc-gris dans une mer de sang.
Commenter  J’apprécie          10
Sa copine n’était pas pour rien dans sa prise de conscience. Depuis leur rencontre récente, l’un et l’autre s’incitaient à prendre des positions plus radicales, à lutter contre leurs satanées tendances à la résignation. Pour une fois dans sa vie, on ne combattait pas sa réserve par une attitude virile, une injonction à faire le caïd – tout ce qu’Abdel avait toujours connu, depuis la crèche, le bac à sable, puis l’école, le collège et surtout les cages d’escalier, dans ses vingt premières années passées à la cité du Mirail à Toulouse. Que des mecs, partout, qui classent les comportements selon ce qui est homme et ce qui ne l’est pas, cette dernière catégorie étant affublée de qualificatifs allant de meuf, gonzesse, fiotte, tarlouze à tafiole.
Commenter  J’apprécie          10
Les humains connaissent un plus franc succès dans cette entreprise. Dans la vallée, en moyenne quatre par an font une chute mortelle, soit volontairement, soit par accident. La raison de la mort est rarement évidente : certains suicides sont maquillés en accident, certains accidents sont si stupides que l’on peine à les croire involontaires. Mais le résultat est toujours le même : une multitude de fractures, dont les habituelles fatales : crâne, colonne vertébrale, cage thoracique.
Commenter  J’apprécie          10
Le foot finalement, ce n'est pas grand chose d'autre que plein d'hommes entre eux tentant de faire pénétrer quelque chose quelque part. Et leurs ébats sont diffusés sur des écrans derrière lesquels plein d'autres hommes excités s'agitent.
Commenter  J’apprécie          10
On peut tenter de l'oublier, l'ennui, de passer à autre chose, on s'assomme chaque soir d'alcool et de drogues pour tenter de s'en débarrasser. Mais le lendemain matin il revient de plus belle, il vous guette dès votre réveil et ne vous quitte plus. Alors le soir suivant on augmente les doses, puisque la quantité de la veille ne suffit plus pour l'oublier aujourd'hui.
Commenter  J’apprécie          10

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Sylvain Matoré (18)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz Verte

Comment s'appelle la grand-mère de Verte

Anna
Anastasia
Anastabotte
Annastabotte

10 questions
229 lecteurs ont répondu
Thème : Verte, tome 1 de Marie DesplechinCréer un quiz sur cet auteur

{* *}