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Critiques de Sylvain Matoré (10)
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À l'abri du mal

Belle découverte que cette écriture percutante , qui nous fait pénétrer dans l’intimité sans filtre de ces personnages , de leurs sentiments profonds souvent cachés aux yeux de leurs semblables , de leurs fantasmes dont certains , inassouvis , de leurs regrets et de leurs secrets . Un style étonnant au plus près de la nature et de ces hommes et femmes , embringués dans une mécanique implacable qui ne fera pas de quartier quand le destin a décidé de s’acharner sur leur sort .

Au cœur des Pyrénées , un paysage calme qui appelle à la sérénité et à la tranquillité , des paysages à couper le souffle où la nature semble s’exprimer sans aucune contrainte , si ce n’est cette usine agroalimentaire , Laely, qui vient rejeter ses déchets toxiques dans la Lisette , le cours d’eau qui serpente dans la vallée de la Himone . Un corps de femme vient justement d’être retrouvée dans un des bras de la rivière . Compte tenu de la réputation de l’usine qui privilégie les bénéfices de ses actionnaires au respect de l’environnement et de l’état du corps de la victime qui semble brûlé par des produits chimiques, Jean-Paul Lanteau , son directeur , est le premier soupçonné . Mais l’enquête se dirige également vers d’autres pistes , notamment sur les ouvriers de l’usine comme Abdel , un ancien taulard qui a trouvé dans le village un lieu idéal pour oublier ses errances passées et ses mauvaises fréquentations . Il mène une vie paisible dans le village avec sa compagne à la fibre écologique , avant que l’arrivée de ce corps dans cet étang ainsi qu’une succession de fatalités malencontreuses viennent s’abattre tragiquement sur leur avenir proche.



Le style est singulier : abrasif et se déroulant quasiment en huis clos .A l’ombre des montagnes,le destin de quelques couples est en marche , certains s’en sortiront, d’autres trébucheront sans possibilité de marche arrière . La justice divine est parfois plus implacable que celle des hommes . Un ensemble de rouages semblent se mettre en mouvement, presque invisible , puis quelques menus détails, quelques actions insignifiantes et la spirale infernale est lancée, inexorable . On est remué par cette intensité narrative, touché par ces personnages qui se dirigent vers leurs pertes , comme des souris de laboratoire dans un labyrinthe . Comme une étude psychologique grandeur nature avec quelques cobayes qui tentent de survivre dans un univers quasi-fermé alors que le mal rôde en quête de nouvelles proies .

Le ton se fait parfois acide , critique et revendicatif . Des thèmes comme le racisme , la lutte des classes ou le capitalisme nauséabond sont passés en revue sans aucun à priori .Mi roman policier mi roman social , Sylvain Matoré nous offre un très beau livre dont l’écriture m’a particulièrement marqué .

Je recommande .









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À l'abri du mal

C'est mitigée que j'ai terminé ce lecture.

J'ai beaucoup apprécié l'approche écologiste de ce thriller. Mêler à la fois contamination de l'eau et un meurtre affreux, c'était une excellente idée. La nature très bien dépeinte, de nombreuses descriptions nous décrivent cet endroit des Pyrénées, les montagnes et l'ambiance village. Une belle personnification qui met en valeur à la fois la beauté de l'environnement mais aussi les violences infligées par les humains.

La violence également est au centre de ce récit. On découvre peu à peu l'enquête sur ce meurtre, l'intrigue est bien ficelée, les enquêteurs sont également dépeints. Leurs vies, leurs pensées, leurs profils, leurs forces et leurs faiblesses. C'était très intéressant de découvrir ces différentes facettes et voir comment ils vont évoluer tout au long de l'histoire.

Pourtant, malgré une plume addictive, une histoire qui se tient, sauf une ou deux longueurs, j'ai ressenti rapidement un malaise vis-à-vis de la description de certains protagonistes que j'ai trouvé caricaturaux. le directeur de l'usine présenté comme « un salaud » qui exploite ses employés, vit dans une belle maison avec ses enfants et va au restaurent avec sa femme, sans oublier la belle voiture. Abdel, origine étrangère, lascar qui sort de prison. Les employés vivent dans des taudis et un personnage va même faire du tourisme sexuel en Thaïlande… Je ne nie pas que ces profils peuvent exister mais j'ai trouvé que l'auteur tombait dans la facilité en usant des aprioris déjà bien implantés dans la pensée des gens.

La relation entre les causes et conséquences des actes est très bien mise en lumière ici, à leur dépend Mélanie et son conjoint Abdel vont en être victimes et la machine infernale va s'emballer. Les différents traumatismes refont surface. Les personnages sont marqués par un passé lourd qui les guide au jour le jour, jusqu'au moment où tout bascule.

Le thème de la violence, le viol et les traumatismes qui en découlent sont évoqués. L'auteur alterne le premier plan puis la mise en arrière. Pourtant, j'ai malheureusement trouvé que le manque d'approfondissement, d'aboutissement et de profondeur. On lève un problème mais on n'approfondit pas, je ferai le même reproche avec l'aspect écologiste.

Cet avis est personnel, je suis restée sur ma faim. Je n'ai aucun doute que le livre trouvera son public. L'auteur a pourtant su éveiller ma curiosité, je lirai un autre livre afin de me faire un avis général.

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À l'abri du mal

Comme un parfum de désespérance….

Dans cette vallée des Pyrénées, au cœur d’un petit village de montagne, il n’y pas grand-chose à faire. Mais la vie est calme, proche de la nature et la plupart s’en contentent. Surtout que l’usine Laely donne du boulot aux gens du coin. Bien sûr Jean-Paul Lanteau, le patron, n’est pas toujours très honnête dans sa charte de bonne conduite. Les déchets toxiques, censés être recyclés, sont parfois « échappés » dans la Lisette, la belle rivière sauvage qui coule à proximité. Mais on fait comme si on ne savait pas, et puis d’abord, il ne dépasse pas un certain taux et rien de grave n’en découle, n’est-ce pas ?

Sauf que ce jour-là, un corps féminin est retrouvé gravement brûlé, en partie dénudée, sur les berges. Un bain dans l’eau fraîche très polluée a-t-il pu provoquer de tels dégâts ? Ou est-ce autre chose ? L’enquête va commencer. Très vite, la police se questionne sur Laely et son personnel. D’abord faire le point sur les bidons de déchets dangereux, vérifier leur évacuation et tous ceux qui, dans l’entreprise, ont un lien avec cette tâche. D’ailleurs, parmi les employés, il y a Abdel, presque le profil idéal. Il a habité en banlieue, a participé à des trafics et a fait de la prison. N’aurait-il pas quelque chose à cacher ? Sa copine, c’est Mélanie, une fille toute maigre qui a traîné sur les routes et dans des squats avant de se poser là avec lui. Ce qui les unit ? En apparence un peu d’amour, un besoin de compter pour quelqu’un, des idées communes sur l’écologie, la tolérance et quelques autres combats bien actuels. Mais, si on creuse, je pense que ce qui les a rapprochés, ce sont leurs fêlures, leurs blessures invisibles. En prenant soin l’un de l’autre, ils se sentent, non pas investis d’une mission, mais utiles parce qu’ils « existent », ils ne sont plus « transparents ».

Justement, le décès de cette jeune femme va leur donner l’occasion d’agir. Il faut dénoncer les erreurs de la fabrique, ne pas oublier que la terre n’appartient pas à l’homme (c’est même le contraire), obliger le PDG à faire d’autres choix. C’est avec un autre couple, un peu désœuvré, Marco et Angèle, que la réflexion va être menée. Un combat qu’il va falloir réfléchir en amont pour éviter toute erreur, des actions qui devront être discrètes mais virulentes et suffisamment parlantes pour que les débordements cessent.

Portés par leurs résolutions, Abdel et Mélanie ne renoncent à rien, ne baissent pas les bras. Ils refusent de se résigner, de laisser faire. La montagne et la nature autour d’eux sont tellement belles, il faut cesser leur destruction, surtout si cela entraîne des morts. Oui, ils ont peu de moyens mais, c’est le cas de le dire, ils soulèveront des montagnes et se remueront pour faire bouger les choses. Pendant ce temps, le PDG est blanchi, il n’a rien à se reprocher…. Paraît-il…. Mais qu’y- a-t-il sous les apparences bien lisses de cet homme et de sa société ? La lutte des jeunes gens n’est-elle pas vouée à l’échec ?

Cette lecture m’a captivée. J’ai apprécié l’omniprésence des Pyrénées, de l’environnement, des lieux présentés, tous sont évoqués avec beaucoup de doigté et d’intelligence. Ce n’est pas seulement l’aspect écologique, mais tout un ensemble qui démontre combien il est important de respecter le rythme naturel de chaque coin du monde pour vivre en harmonie. Ce roman policier, outre l’intrigue, est un véritable plaidoyer pour que le lecteur prenne conscience de certains faits. C’est très bien pensé cette « double entrée ». Les personnages ne sont pas trop caricaturaux, ils sont parfois dans le mal-être ou la toute puissance mais sans exagération. On comprend vite que certains vont être entraînés plus loin que ce qu’ils souhaitaient et qu’ils risquent de souffrir. L’écriture est belle, parfois poétique, enrichie par des approches très visuelles des lieux, j’avais presque l’impression de contempler des photos. L’atmosphère, teintée de désespérance, est lourde de sens. À nous de ne pas oublier, une fois le livre refermé.


Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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À l'abri du mal

La missive de Fanny H

Après plusieurs délits et un séjour en prison, Abdel retourne sur un lieu de vacances qu'il a connu enfant : Larmenvielle. La chance a l'air de lui sourire enfin. Il fait la rencontre d'une dame agée qui le loge et lui trouve très rapidement  un emploi à l'usine du coin : Laely. Il rencontre également l'amour en la personne de Mélanie, un petit bout de femme aux idées bien arrêtées.

Ils forment un couple d'écorchés vifs. Pourtant, elle vient d'une famille stable mais elle a quand même touché à la drogue, a trainé dans des squats et a visité le monde.

Chasser le naturel, il revient... lentement et sûrement. Abdel fréquente un autre couple Marco et Angèle qui trafiquent régulièrement à droite, à gauche.

Et puis un corps est découvert dans un ruisseau jouxtant Laely, celui d'une jeune femme, Marion Bourdin. Rien ne sera plus jamais pareil dans la petite vie de ce quatuor paumé. 

Les rejets de l'usine sont-ils mis en cause ? Quels méfaits se cachent en son sein ? Qui protège qui ? Mélanie reproche souvent à son compagnon son emploi dans cette entreprise polluante et destructrice de la nature...

L'enquête sera menée par le commandant Desourd, monsieur muscle, et l'officier Brunelle qui apprendront tout deux à travailler ensemble.

Sylvain Matoré détaille avec une grande attention les lieux et les paysages notamment les villages, les vallées, les cours d'eaux et leur proximité. On visualise vraiment l'endroit où se déroule l'action, il arrive à nous les faire ressentir. 

 Il installe ses personnages en nous les décrivant précisément physiquement et mentalement afin de mieux entrer dans l'histoire. Cela nous permet de bien connaître chacun d'eux pour mieux comprendre leur fonctionnement. Puis, petit à petit, nous entrons dans l'enquête qui ne sera pas facile.

L'auteur met l'accent sur l'écologie et la pollution de l'eau. Malgré les normes en vigueur, certaines entreprises ne les respectent toujours pas et arrivent à contourner le règlement. Sylvain Matoré nous explique très bien comment cela se passe en nous donnant un exemple de tricherie. Il décrit également le fait que dès qu'il se passe quelque chose de grave, on soupçonne aussitôt la personne qui a déjà connu des démêlés avec la justice ou qui a la peau colorée.

Cet auteur est une découverte pour moi et j'ai bien aimé le sujet principal dont il traite et la façon dont il l'écrit. A mon avis, la fin s'ouvre sur une suite alors donc peut-être, à suivre...

 

(Merci à Margot, Le mot et le reste)
Lien : https://collectifpolar.wordp..
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Cercles

Cercles, c'est l'histoire de sept personnes qui ne se connaissent pas. Certaines passent dans la vie d'un autre, mais pas très longtemps. Cercles, c'est aussi l'histoire de Camilla et Irina. Elles ne se rencontreront jamais, mais leur histoire est liée. Camilla vient de perdre son frère, mort dans un accident de la route, fauché par deux hommes de la mafia Serbe. Elle est détruite, et tombe dans l'alcool et la drogue. Irina est une prostituée en Espagne. Elle et ses collègues ne sont pas très rentables, leur mac est trop doux avec eux, estime le boss. Pour faire avancer les affaires, leur boss, Sergio, leur envois les deux Serbes, le temps que la police et les médias les oublient. Un peu comme des consultants extérieurs, ils vont apprendre à Andrès, le mac qui travaille pour Sergio, à diriger d'une main de fer les trois prostituées qu'il a sous ses ordres...



Nous passons un chapitre sur deux avec Camilla à Paris, et le reste avec Irina et les Serbes en Espagne. La partie avec Camilla est une longue descente dans le monde de l'alcool et de la drogue, sur la pente de la folie suite à la mort de son frère. Dépression, tristesse, hallucinations visuelles et auditives, Camilla est perdue, seule, sans rien pour l'aider à remonter, si ce n'est que le sachet de poudre qui traîne dans son sac. Avec Irina, nous découvrons sa vie de prostituée Russe, subissant jour après jours les menaces et les violences des Serbes, qui ne sont pas là pour faire dans le sentimental. Autant Andrès la protégeait, autant ces deux là ne sont là uniquement pour qu'elle ramène de l'argent. Nous découvrons avec Irina une battante, qui ne se laissera pas abattre par ce qui lui arrive, quoi qu'il lui en coûte.



"On peut tenter de l'oublier, l'ennui, de passer à autre chose, on s'assomme chaque soir d'alcool et de drogues pour tenter de s'en débarrasser. Mais le lendemain matin il revient de plus belle, il vous guette dès votre réveil et ne vous quitte plus. Alors le soir suivant on augmente les doses, puisque la quantité de la veille ne suffit plus pour l'oublier aujourd'hui."



Cercles se lit très vite (lu en une journée). Fluide, nous sentons tout de suite où l'auteur veut en venir avec ces deux personnages qui sont aux antipodes l'une de l'autre: l'une combattante, l'autre qui baisse les bras, Sylvain Matoré nous décris avec brio dans quel état d'âme se trouvent ces deux jeunes femmes, ont ressent la détresse qui les animent. C'est un roman coup de poing, qui mène à réfléchir, qui donne envie d'aider ces deux femmes, détruites par la vie. C'est un récit qui se veut mature, avec quelques touches d'humour bien placées. On peut noter une touche poétique dans les descriptions de lieux, qui donne envie d'en savoir plus sur l'endroit où nos deux personnages principaux se trouvent.



En bref, j'ai passé un bon moment avec ce livre, Sylvain Matoré est un auteur que je vais dorénavant suivre. Merci à Alma éditeur et au forum Have a Break, Have a Book pour ce partenariat.
Lien : http://onceuponatime.ek.la/c..
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Cercles

Cercles …un titre bien énigmatique pour un roman mené tambour battant qui plonge ses personnages dans des courants trop forts, des gens ordinaires presque dérisoires qui dérivent et se noient sous l’effet d’une rencontre hasardeuse ou d’un évènement inattendu.

Ce qui réunit immédiatement les personnages, la mafia. Celle venant de l’est, ultraviolente, crapuleuse, qui broie tous ceux qui se trouvent malencontreusement sur son chemin. C’est le cas pour le pauvre piéton renversé à Paris par la voiture conduite par deux frères serbes laissant une famille en deuil et surtout Camilla, une sœur désœuvrée. C’est le cas d’Irina, pute russe d’un bordel du Pays Basque dans lequel les deux mêmes voyous se sont réfugiés pour se faire oublier.

Deux cercles d’histoires avec un même centre, mais deux histoires qui demeurent distinctes, Irina et Camilla ne se rencontrant jamais. Cela donne deux récits en alternance qui s’entrelacent pour refléter derrière la mafia une seule et même idée, un processus implacable : celui de la dure loi de l’engrenage et la difficulté pour les personnages d’échapper à un enchaînement de faits qui les dépasse et qu’ils ne peuvent contrôler. Victimes directes ou indirectes de ces voyous, chacun des personnages voit sa vie basculer …





Sec, sombre, palpitant, c’est un premier roman convaincant. On est frappé de constater chez Sylvain Matoré une certaine maturité dans la maîtrise des ressorts de la tension dramatique, et ce avec une simplicité déconcertante. La construction du roman est plutôt balisée, elle repose sur l’idée toute entière du cercle vicieux mais l’auteur a pris le soin de ne pas enfermer ses personnages dans des pièges sans voies de sortie. Qu’ils soient prisonniers de pièges qu’ils se sont eux-mêmes créés en raison de leur fragilité psychologique ou qu’ils soient retenus sous la menace, les personnages laissent croire qu’ils n’obéiront pas à la terrible logique mise au point par l’auteur.



Roman noir, roman d’aventures, on retient surtout un roman psychologique même si l’intrigue n’est pas vampirisée par la conscience des personnages. A contre-courant du genre, ce n’est pas un roman dense. Sylvain Matoré a privilégié l’efficacité en optant pour le dénuement du verbe et le rythme rapide, sans parvenir toutefois à cacher quelques erreurs de jeunesse, à savoir des personnages peu étoffés et un dénouement un peu bâclé.

Auteur prometteur. Merci Babelio et Alma Editeur.

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Cercles

C'est ce que j'appelle un livre coup de poing. L'écriture est tranchante, directe, efficace. On suit une histoire qui en devient rapidement deux que l'on continue de suivre en parallèle. Celle de Camilia qui a perdu tragiquement son frère, renversé et tué sur le coup par deux dealers qui prennent la fuite sur les conseils de leur "boss", le temps que cette histoire se tasse. Et celle de ces deux dealers donc, qui trouvent refuge dans une maison où logent Andrès, un mac, et trois prostitués dont une avec un son fils Alexander.

L'histoire de Camilia qui sombre petit à petit, submergée par le chagrin et la douleur, avant de refaire surface grâce à Stéphane... juste le temps d'essayer de reprendre (un peu) goût à la vie... et là voilà déjà rattrapé par ses vieux démons et par la dure réalité.

Et l'histoire des prostituées qui voient arriver ces deux dealers qui ont pour mission de remettre le réseau sur les rails. Elles sont malmenées... jusqu'au drame inévitable après lequel tout s'enchaîne très rapidement jusqu'au dénouement... logique.

Voilà, j'ai été happé par ce roman, vif, glacial, noir, ces personnages durs et fragiles et ces descriptions précises, justes et délicates. Un roman vraiment bien écrit. Merci Babelio, Masse Critique et les éditions Alma.
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Emprisonnés

Un roman noir qui se passe chez nous dans la France rurale. Je me propose aussitôt! Je ne connais pas du tout cette maison d'édition. La couverture est très graphique. On voit en filigrane, quelques grands pins , en une vue aérienne. Et d'après la disposition de ces arbres (presque en cercle), on peut se sentir emprisonné. (comme le titre le suggère).

Les jeunes de province s'ennuient, ne voient pas leur avenir si radieux. Un sujet d'actualité et qui me parle (enfin, j'habite dans une ville moyenne mais j'arrive tout à fait à me projeter :)

Ici, dans les Landes (vous savez, une grande forêt de pins, semés par les hommes au siècle dernier, de grands arbres bien droits s'agitant sous la brise de l'Atlantique). Des souvenirs très lointains (j'avais dans les 5 ans) me ramènent là-bas justement, dans une de ces forêts impénétrables. Je peux comprendre l'étouffement que cela peut provoquer à certaines personnes.



Un endroit inhospitalier et hostile. Voici le terreau de cette histoire noire et sordide. Jennifer, jeune fille sexy et Gregory son amoureux transi (qui ne lui a pas révélé son amour) vivent une soirée mouvementée (un certain vendredi). Puis retour en arrière, sur plusieurs jours, où l'auteur nous dévoile les fait antérieurs qui ont déclenché la bombe.

Mais comment un drame de cette ampleur a-t-il pû arriver?

Ce récit me rappelle un certain roman lu il y a quelques temps "L'été circulaire" de Marion Brunet. J'ai senti cette même ambiance oppressante et glauque. Tel le diable tissant son mal. Le mal ici est incarné par un personnage banal (en fait, l'auteur nous le dévoile rapidement dans l'intrigue).

Les personnages sont bien campés. Les pères ont une part à jouer dans ce huis-clos. On ressent bien le côté noir de chacun (ou plutôt le désespoir, l'ennui, la déchéance ?). La forêt va happer tout ce petit monde et veut l'engloutir jusqu'à la sève. Qu'elle est dangereuse cette nature ici.



Les chapitres sont courts, cela se lit vite et la tension monte crescendo.

L'auteur écrit bien. Presque de manière poétique dans la noirceur.

Ce n'est pas un coup de coeur mais une belle découverte.



Merci Babelio et le Mot et le Reste.

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Emprisonnés

Avec Emprisonnés, je découvre un jeune auteur que je ne connaissais pas, Sylvain Matoré, et une maison d'édition, le mot et le reste. Merci à Babelio et à l'éditeur pour l'envoi de ce roman en échange d'un avis objectif.



Entre thriller et drame intimiste, j'ai découvert un roman intéressant, habilement construit. On commence d'entrée de jeu par la soirée du drame avec assez peu de détails pour appâter le lecteur, puis l'auteur remonte quelques jours auparavant. Du coup, dès la première page, je me suis laissé prendre par cette histoire et son rythme. A chacun des chapitres, très courts, on passe d'un protagoniste à l'autre et les pièces du puzzle se mettent peu à peu en place.



Certes, du fait du faible nombre de protagonistes, j'ai compris assez vite où l'auteur voulait en venir et je pense que les amateurs de purs romans policiers seront quelque peu frustrés par un suspense relativement limité. Mais là où ce roman trouve sa plus-value c'est dans son aspect dramatique grâce à la construction de ses personnages et à une ambiance particulière.



Ainsi, la forêt des Landes devient un personnage à part entière du récit dans ce que ce paysage peut avoir de fermé et d'oppressant. Le drame se joue à huis clos au coeur de cet espace pseudo naturel construit par l'homme. Au milieu de la forêt, quelques villages et hameaux, éloignés de tout, oubliés des politiques et mourant peu à peu tant sur le plan économique que démographique. Cette description de la France des oubliés est réussie.



Quant aux personnages, même s'ils manquent parfois d'un peu d'épaisseur (le roman est court), tous parviennent à exister à travers leurs fêlures et sont émouvants dans leurs imperfections et leurs névroses. C'est surtout lorsque l'auteur s'attarde sur les relations psychologiques complexes entre les pères et leurs enfants adolescents que le récit est intéressant et prend toute sa dimension.



Au final, j'en retiens un roman agréable, assez prenant, facile à lire qui plaira aussi bien aux grands adolescents qu'aux adultes. Pas forcément un coup de coeur mais une belle découverte et sans aucun doute un auteur à suivre.
Lien : https://lionelfour.wordpress..
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Emprisonnés

« Emprisonnés » de Sylvain Matoré est un roman noir moderne. Il y a bien du policier avec les deux premiers chapitres courts qui nous mettent l'eau à la bouche. Il y a bien cet univers angoissant et sombre avec les Landes, «ces étouffantes étendues de pins ». Il y a bien la vision réaliste des conditions sociales de ces « laissés-pour-compte de la France moderne » et son discours critique voire contestataire. Il y a bien la grande violence, le sang, la mort, les ténèbres, l'ambiance obscure. Et, ultime requête, l'auteur a pris soin d'ajouter à son roman une pointe de romantisme. Tout y est.



J'ai passé un super moment. Le livre a été lu en quelques heures. Sylvain Matoré raconte son histoire de l'intérieur, avec profondeur et avec une certaine valeur morale à travers ses personnages et leurs destins individuels. Le lecteur vit le récit à travers eux. Et je ne peux que vous inciter à le découvrir.



Merci à Masse Critique et à l'éditeur Mot et le Reste de m'avoir procuré ce beau moment de lecture.

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