Ne croyez pas que j'ai voulu vous émouvoir, je sais que c'est impossible de faire comprendre aujourd'hui ce qui était ce temps-là.
Sganarelle, tenant une tabatière.
Quoi que puisse dire Aristote et toute la philosophie, il n’est rien d’égal au tabac : c’est la passion des honnêtes gens, et qui vit sans tabac n’est pas digne de vivre. Non seulement il réjouit et purge les cerveaux humains, mais encore il instruit les âmes à la vertu, et l’on apprend avec lui à devenir honnête homme. Ne voyez-vous pas bien, dès qu’on en prend, de quelle manière obligeante on en use avec tout le monde, et comme on est ravi d’en donner à droit et à gauche, partout où l’on se trouve ? On n’attend pas même qu’on en demande, et l’on court au-devant du souhait des gens : tant il est vrai que le tabac inspire des sentiments d’honneur et de vertu à tous ceux qui en prennent. Mais c’est assez de cette matière. Reprenons un peu notre discours. Si bien donc, cher Gusman, que Done Elvire, ta maîtresse, surprise de notre départ, s’est mise en campagne après nous, et son cœur, que mon maître a su toucher trop fortement, n’a pu vivre, dis-tu, sans le venir chercher ici. Veux-tu qu’entre nous je te dise ma pensée ? J’ai peur qu’elle ne soit mal payée de son amour, que son voyage en cette ville produise peu de fruit, et que vous eussiez autant gagné à ne bouger de là.
Gusman
Et la raison encore ? Dis-moi, je te prie, Sganarelle, qui peut t’inspirer une peur d’un si mauvais augure ? Ton maître t’a-t-il ouvert son cœur là-dessus, et t’a-t-il dit qu’il eût pour nous quelque froideur qui l’ait obligé à partir ?
Sganarelle
Non pas ; mais, à vue de pays, je connais à peu près le train des choses ; et sans qu’il m’ait encore rien dit, je gagerais presque que l’affaire va là. Je pourrais peut-être me tromper ; mais enfin, sur de tels sujets, l’expérience m’a pu donner quelques lumières.
Tu dis que je devrais filer doux, la mettre en veilleuse, mais je pense que c'est le combat qui permet de garder un semblant de dignité, de ne pas perdre le contact avec la vie. Je refuse de démissionner, je ne veux pas mourir à petit feu, moi.
Ecoute-moi Lucciani. Jamais, plus jamais tu ne partiras d'ici. Tu crèveras dans le camp. T'es pas le premier à jouer les héros avec moi. Tu n'as plus aucun espoir à avoir. C'est fini Lucciani. Tu es un mort en sursis, maintenant.
-Si tu as si peur de rester, pourquoi tu viens pas avec moi ?
-Parce que je ne suis pas fou ! Tu n'as aucune chance d'y arriver. Tu tiendras pas deux jours !! Tu vas te faire gauler et ce sera direct au "tombeau". Et si t'y crèves pas, t'auras droit au "silo".
Que Dieu damne l'Amérique tant qu'elle se prend pour Dieu et qu'elle se croit parfaite !
Grand-père dit toujours que papa est rouge, papa lui répond qui lui, il est trop blanc, alors que tous les deux ils sont noirs !
Point #1 : nous voulons la liberté. Nous voulons le pouvoir de définir la destinée de notre peuple noir.
Il n’y a pas de solitude plus amère que le petit tas de fringues du fusillés
Cet acharnement qu’ont les médecins à vous garder en vie le plus longtemps possible, comme si chaque jour était une victoire supplémentaire à inscrire à leur tableau de chasse, c’est souvent faire la négation de l’individu. Ils feraient mieux d’assumer leur fonction et de mettre fin aux souffrances de leurs patients condamnés.
J’ai l’impression d’être un pantin que les médecins manipulent à leur gré.
Un tuyau. J’ai commencé une collection. Il n’est jamais trop tard.
C’est un monde hermétique ici. Une lente glissade vers le fond. Pour la majorité des gars. Moi, j’apprivoise et je dresse des souris. C’est ma façon de retrouver une certaine humanité et d’éviter de me perdre totalement. La plupart entrent ici pour un simple vol ou une escroquerie et ressortent avec un diplôme de grand banditisme. La prison ne peut pas les aider. Ne compte pas sur eux pour t’en sortir mon gars. Ne compte sur personne, tu seras pas déçu
Je sais que si je continue à me comporter de la sorte, je vais perdre ma meilleure amie. Mais j’ai l’impression qu’elle vient me voir comme si on va voir un vieux à l’hospice. Par habitude, par devoir, pour soulager une conscience un peu chiffonnée. Et ça me dérange. Je l’imagine assez bien parlant de moi à ses amies, ses collègues… Vous savez, mon amie qui se fait battre par son mari. Et eux, unanimes pour dire que ça ne devrait pas être permis, à y aller de leur fait divers, de leur anecdote. De leur analyse profonde et pleine de bon sens arborant leur costume de justicier ou de professeur de morale
- Mais qu'est-ce que je peux faire ? Essayer de le raisonner ? le taper moi aussi ? Faire mes bagages et partir ?
- Ah ça, non !
- Comment ça ?
- Quitter le foyer conjugal ? Tu ne te rends pas compte de ce que tu dis, ma petite caille !
-Et pourquoi non ?
- Parce que ça ne se fait pas ! Dans la famille personne n'a jamais fait ça ! Pourquoi ne pas divorcer tant que tu y es ?...
Vous êtes mieux ici qu’à Beyrouth ou Saïda, tu sais. Les gens sont las. La guerre est plus lourde ces temps-ci. Mais vous êtes là pour nous prouver que le monde ne nous oublie pas tout à fait !
On ne quitte pas une dame sans demander la permission, que diable !
Au fait, il faudra que tu m'expliques comment tu fais pour te changer aussi vite...
- alors’ c’est grave ?
- ça n’aurait pas dû. Ça l’est.
Elle est enceinte.
Ces recherches ont vu se succéder plusieurs présidents et ministres, et, à l’époque où elles ont été initiées, ne devaient pas être soumises à la volonté et aux fluctuations politiques mais à l’administration des armées, plus stable.