Extrait du Tome 2, Hôpital de Montjoie, Amazon, Kindle
Yves (le flic) étale un listing sur un bureau. Certains mots sont passés au surligneur.
Il regarde Ludwig (le toubib), qui vient de sortir ses lunettes de lecture. Celui-ci lit à haute vitesse, les trois pages de transcription condensées, manifestement des interceptions sur Internet. Il secoue la tête, regarde Yves, reprend tout depuis le début.
Il devient vraiment pâle.
Repose le listing, demande :
— C'est une blague ?
Yves rétorque :
— Non c'est de l'authentique.
Ludwig parcourt le bureau d' Yves du regard. C'est le type même de bureau "administratif".
Il cherche un coin "caché" où il pourrait y avoir une bouteille de sirop pour la toux. Yves, comprend, sort délicatement deux verres ballons en cristal et une bouteille des Orcades.
— Nous ne savons pas si c'est de l'intox ou véridique. Qu'en pensez-vous comme médecin ?
Il sert des doses pour adultes consentant.
Ludwig reprend le listing. Le relit encore une fois, c'est inutile, sa mémoire (qui est encore assez bonne) a engrangé les points importants.
Il déclare après une petite gorgée de sirop,
— Si c'est véridique, je me pose les questions rituelles : " Qui, Quoi, Comment " ?
Yves répond sans hésiter :
— Qui : les "grandes puissances de la planète : Asie, Continent Américain, Inde, Chine ? ". Ça vient de Cuba, par Internet, mais ce n'est pas un pays ayant les moyens de faire ça.
— Quoi : ce virus synthétique, mélange d’Ebola, de VIH (Sida) et surtout l'addition d'un gène codant, typé sur l'HLA de la population noire d'Afrique centrale qui active l'ensemble. Comme une grenade.
Ludwig commente : "Ils ont dû prendre une séquence particulière pour ne déclencher cette bombe que chez les Noirs !"
— Comment disséminer ce virus ? Nous ne savons pas. Contamination alimentaire ? "Vaccinations" de populations à risque sous couvert d'une ONG ? Empoisonnement des réserves d'eau ? Nous n'en savons pas plus. Sauf qu'il est extrêmement contagieux, que sa durée de vie est courte, un à deux jours. Létal ou mortalité, de l'ordre de 80 %, comme l'Ebola. Contamination inter humaine possible. Les survivants auront une forme résistante du Sida. Difficilement curable.
Il poursuit : "Les Caucasiens (les blancs) ou les Asiates seront globalement à l'abri, au niveau épidémique", mais "pas les Africains". Il y aura, bien sûr de la casse chez les autres, mais minime.
Ludwig fait remarquer qu'il existe un vecteur possible : "Les moustiques !" Surtout en Afrique ou d'autres régions infectées par le Chikungunya".
Et demande le "Pourquoi" !
— L'Afrique noire, centrale, est bourrée de ressources, minéraux, carburants fossiles, gisements de métaux rares utiles pour nos appareils de haute technologie, comme nos téléphones, nos ordinateurs, nos missiles, nos centres de calcul !
"À notre avis, ces grandes puissances" veulent vider l'Afrique de sa population, faire main basse sur ses richesses. Leur néo-virus est une combinaison de deux virus avec chacun une enveloppe protéique, - à l'inverse des virus "nus" - qui le rend quasiment sensible à des traitements ou une immunisation par des vaccins, mais il faut du temps...".
—C'est quoi ces virus nus ?
Yves lui explique qu'il y a deux grands types de virus, ceux qui sont protégés par une couche de protéines et les autres. C'est à peu près tout ce qu'il a compris en virologie. La couche de protéine a un rôle dans le déclenchement de l'immunité, néanmoins, il n'en sait pas plus.
Cette déclaration rend Ludwig songeur.
Yves respecte ses réflexions.
— Si nous avions le temps, fabriquer un autre virus qui soit capable de détruire le premier, un virus inactif avec une enveloppe, mais "vide", sans charge mortelle, simplement pour préparer l'organisme à une attaque, passer de 80 % de mortalité à un taux beaucoup plus bas, en déclenchant une réaction immunitaire....
Yves le regarde attentivement. Il sent que l'idée de Ludwig n'est pas mauvaise. Or les messages interceptés, décodés, assemblés, montrent que le délai pour réagir est réduit.
Il lève les bras vers le ciel. "Ras le bol, de sauver la planète" !
Extrait du Tome 1, Hôpital de Montjoie, Amazon (Kindle)
Ludwig (le toubib) descend les marches qui conduisent au premier sous-sol. Il voit au loin sa voiture. Un jeune homme vient d’ouvrir la portière et tire l’autoradio. À ce moment, une énorme détonation. Les vitres deviennent opaques – verre sécurit. Un bras humain voltige et retombe à quelques mètres. Ludwig est médusé.
Ludwig a vécu beaucoup de choses dures dans sa vie de médecin. Il a massé le cœur d’un patient, la main gauche dans le thorax, pendant que ses collègues tentaient de sauver le malade, victime d’un accident de la route, rupture de la veine cave, et du pancréas. Il avait senti le cœur cesser de battre. Il s’était acharné, pendant une heure, avant que son interne ne lui demande d’arrêter. Il l’avait fait en pleurant presque. Il n’était qu’un simple externe à l’époque. Mais il n’a pas oublié. Depuis il a vu trop de personnes mourir.
Il a appris à refouler cette détresse.
Là, il prend conscience que c’est lui qui a été visé. C’est un autre, un inconnu, qui est mort. Cela aurait pu être son cas. Quelques minutes de retard ont suffi pour lui sauver la vie.
La voiture est pleine de sang, de débris humains. Le tronc de celui qui a essayé de voler sa radio gît sur les sièges. Ses chaussures sont à 5 ou 6 mètres. Ludwig trouve que les restes humains sont de petite taille. Sans doute un adolescent.
Et la déflagration attire beaucoup de monde. Certains essayent de prendre des vidéos avec leur téléphone, d’autres appellent la sécurité de l’hôpital, qui arrive au galop.
Ludwig connaît leur chef. Il a d’excellents rapports avec lui. Il le prend à part, et lui passe Yves (le flic), qu’il vient d’appeler. L’hôpital, sans être une zone de non-droit, doit quand même autoriser la présence de policiers, avec l’aval du directeur. Sa sacoche lui semble très lourde brusquement. À cause de toutes ses données et ses disques durs. Il a des tremblements, irrépressibles, dans le pied gauche. Et sa vessie le dérange !