Citations de Sylvestre Huet (233)
Au printemps 2023, gouvernements, journalistes, décideurs économiques ou citoyens, tous auront été destinataires du 6eme rapport de synthèse du Giec sur le changement climatique. L’ambition de ce livre est de vous permettre de le comprendre sans devoir lire les milliers de pages sur lesquelles il s’appuie.
La très forte inégalité dans les causes et les conséquences du changement climatique peuvent être la source de conflits entre États si des dirigeants politiques l’utilisent pour tourner la colère des populations vers l’étranger.
Les rédacteurs savent pertinemment que les classes moyennes des pays riches et émergents – l’essentiel de ces 10 % - ne risquent guère de s’engager dans une sobriété volontaire sévère si elles sont toujours sous les yeux le spectacle des consommations sans limites des grandes fortunes.
Sous-estimer la difficulté économique et technique du défi énergétique ne peut que conduire une politique climatique à l’échec.
Les populations les moins responsables du changement climatique en sont donc de surcroît les premières victimes.
L’estimation à 3,5 milliards de personnes hautement vulnérables est un message politique extrêmement fort. Car cette presque moitié de la population mondiale n’est responsable que d’environ 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et pourrait prendre conscience de son droit, moral, à réclamer d’énormes réparations aux 10% de la population mondiale responsable de près de la moitié des émissions.
Les émissions du CO2 anthropique sont passées d’environ 2 milliards de tonnes de carbone par an en 1920 à 12 milliards de tonnes en 2020. Cette multiplication par six provient pour l’essentiel de la combustion du charbon, du pétrole et du gaz fossile.
Ne pas croire aux solutions miracles. Puisque le cœur du problème climatique réside dans le recours massif aux énergies fossiles par les 7,5 milliards d’êtres humains actuels pour subvenir à leurs besoins alimentaires, économiques et sociaux, il ne peut pas exister de chemin aisé pour le résoudre
Nier ces résultats, voire les déformer ou mettre en œuvre des stratégies de désinformation délibérées, comme les campagnes climatosceptiques le montrent, reviendrait à choisir l’ignorance contre le savoir.
Pour qu’une société admette une restriction forte sur l’usage des énergies fossiles, il est indispensable que la mesure s’accompagne d’une vigoureuse réduction des inégalités sociales et que son coût soit compensé pour les couches sociales populaires. Cette compensation, pour être efficace, ne doit pas suivre l’augmentation des taxes mais la précéder.
Les décideurs économiques et politiques n’ont pas du tout intégré les scénarios permettant d’éviter de dépasser les 2 °C dans leurs actions actuelles.
Quant aux glaciers de montagne, ils sont en régression rapide presque partout. En Europe, tous ceux situés en dessous de 3 000 mètres devraient disparaître d’ici 2100.
Aucune population, aucun gouvernement ne peut se dire : « Si mes émissions sont de telle ou telle ampleur, alors les effets en seront proportionnels sur mon territoire. »
L’atmosphère ne connaît pas de frontières.
La Convention cadre de l’ONU sur les changements climatiques demeure un texte fondateur et fondamental. Toutefois, l’évolution des émissions de gaz à effet de serre, qui ont augmenté de près de 50 % depuis 1992 au plan mondial, montre bien qu’elle ne peut suffire à résoudre le problème posé par le seul respect du texte d’origine.
Il n’existe pas de solution miracle permettant d’éviter la nécessité de diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Or, il y a de mauvaises solutions à de bonnes questions.
Personne ne peut utiliser un transport collectif si la collectivité ne l’a pas décidé, financé, construit. Aucun urbanisme rationnel au plan climatique ne résultera d’une décision individuelle. Aucun équipement énergétique décarboné d’envergure ne naîtra d’actes isolés.
L’inertie des systèmes techniques, c’est la longue, parfois très longue, durée de vie des équipements les plus lourds. Une centrale électrique peut être utilisée un demi-siècle, un barrage hydraulique trois fois plus longtemps, un système de transport en commun ferroviaire est construit pour des décennies, une politique d’urbanisme choisissant d’étaler des centaines de milliers de pavillons autour des centres urbains oblige à des consommations d’énergie pour les transports sur une très longue durée.
Il ne faut donc pas compter sur l’insuffisance de ressources fossiles pour éviter le changement climatique : cette pénurie est inéluctable, mais elle viendra trop tard.
Lorsque les pays de l’Union européenne affirment avoir tenu leurs engagements du Protocole de Kyoto, et avoir diminué leurs émissions depuis 1990, ils se gardent bien de mesurer celles-ci en tenant compte des imports-exports, car cette correction aboutit à un résultat inverse. L’empreinte carbone de la France a augmenté de 20 % entre 1995 et 2015, les importations équivalant désormais à 60 % des émissions territoriales.