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Critiques de Sylviane Agacinski (36)
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Journal interrompu, 24 janvier-25 mai 2002

Parfois et malgré la hauteur de ma P.A.L., je prends de manière irrationnelle un livre que je n’avais pas prévu de lire car il ne cochait pas les bonnes cases… Un journal, boff… de 2002... reboff... écrit par une philosophe... sur une période qui fut un tsunami électoral…

allez j’essaie…de faire un journal du journal.



Dimanche 17 avril 2021, 15 heures : Aujourd’hui je commence “le journal interrompu”, c’est un peu foutraque comme le dit Sylviane Agacinski : “l’avantage du journal, c’est qu’il permet de mélanger tous les sujets et tous les “genres” au sens littéraire du terme”.



Lundi 18 avril, 2 heures : Dans cet ouvrage, la politique prend le pas au fur et à mesure que l’on approche de l'élection du 21 avril 2002.

Sylviane est une militante de gauche, féministe, soutenant son mari, consciente du caractère binaire du titre de Libération “Ce sera l’Elysée ou l’île de Ré”.



Lundi 18 avril, 10 heures : Lionel n’est pas au deuxième tour et on découvre en creux son portrait : intègre, droit dans ses bottes, voire un peu rigide, et finalement rejeté par les Français...



Lundi 18 avril, 14 heures, je termine le journal, ce fut une distraction, les cases ne sont pas cochées, je retourne à mes pavés.



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Le tiers-corps

L'image de couverture venue tout droit du Quattrocento italien (Fra Angelico v. 1438-1440) est suffisamment éloquente – émouvante même – pour servir d'illustration et d'introduction à des réflexions beaucoup plus contemporaines sur le don d'organes. Sylviane Agacinski offre, avec ce petit essai, un prolongement mesuré et plein d'acuité à un débat, venu sur la place publique en 2016 à propos de la modification de la loi Caillavet (1976) sur le prélèvement d'organes, pour lequel on l'avait sollicitée. (Pour mémoire cette loi fait de chacun de nous un donneur sauf refus explicite exprimé par inscription au registre national des refus). Côme et Damien patrons des médecins et des chirurgiens remplaçant délicatement la jambe amputée du sacristain de l'église romaine qui leur est dédiée par celle d'un Ethiopien mort (selon les sources), et non en train de lui enfiler des petits bas noirs). Les deux Saints anticipent par leur greffe miraculeuse l'évolution de la vocation première de la médecine depuis Hippocrate qui est passée progressivement du soin pour s'élargir au fil du temps à la réparation des corps.



La fabrication de prothèses a beau être d'origine très ancienne la transplantation d'organes reconfigure profondément nous dit S. A. la relation thérapeutique entre trois acteurs indissociables dont l'implication symbolique de chacun ne saurait être ni minorée, ni ignorée : un donneur, une équipe médicale, un receveur. En se passant du consentement explicite du donneur la loi Caillavet entérine le recul d'une logique du don positif actif qui peut conduire à la perte de cette notion essentielle à notre humanité. La représentation de l'image de couverture dont l'intention n'est pas recherchée ici fait simplement prendre la mesure des progrès de la science mettant en jeu certains fondamentaux du vivre ensemble dont la traduction dans notre Droit détermine le type de relations sociales et donc de société que nous désirons voir perdurer ou pas, au point qu'aujourd'hui, avec l'auteur, il faille réellement s'interroger sur le statut de ce Tiers-corps (l'Ethiopien inconnu de l'image) sans qui le geste salvateur n'aurait pu être accompli. Est-il une personne, ou son corps est-il une « ressource » ordinaire comme certains le préconisent déjà ?



Aux croisées de la science et de la philosophie, interrogeant tour à tour les Droits de l'Homme ou le statut juridique de la personne, celui du corps humain et en particulier celui du défunt (cas du don post-mortem), c'est pourtant en nous ramenant à une logique primitive du don, structurant des sociétés bien différentes de la nôtre, décrite au XXe siècle par des anthropologues comme Marcel Mauss, Claude Lévi-Strauss ou Marcel Hénaff, que S. A. trouve les sources d'une argumentation visant à réhabiliter le don solidaire (indirect) dans notre Droit pour l'appliquer au don d'organes. La loi Caillavet peut être amendée de façon très positive et S. A. offre des pistes très simples pour le faire. Pouvons-nous aujourd'hui disposer absolument librement et totalement de notre corps ou de l'une de ses parties ? A qui appartient celui d'un défunt ? Comment concevoir finalement respect et dignité du corps, principe inscrit dans notre Code Civil, et liberté du don ? Comment le législateur et le juriste s'adaptent-ils face à des techniques médicales et scientifiques évoluant constamment (la médecine régénérative pourrait à terme prendre le relai de la transplantation) dans un paysage socio- économique mouvant où la pensée marchande exerce une pression terrible sur les catégories les plus fragiles (différents trafics d'organes sont d'ores et déjà répertoriés dans de nombreux pays tels l'Iran, l'Inde ou les Philippines) ?



Autant de questions concernant le don corporel de son vivant ou post-mortem soulevant des difficultés multiples posées très justement dans des pages, pas uniquement théoriques, assez volontiers informatives qui examinent de près la situation française. Pour S. A. les nouvelles relations induites par la chirurgie transplantatoire génèrent un type nouveau de lien social que la loi seule doit cadrer et qui ne peut s'appuyer en Droit que sur la forme d'un don solidaire actif et positif, au risque de voir le domaine de la Santé publique sombrer dans des logiques utilitaristes et marchandes. Elle observe finement que la loi Caillavet, malgré la noble intention de sauver des vies, table sur l'expression d'un refus explicite pour augmenter le nombre de greffons dont le manque est d'ailleurs toujours aussi criant (c'est le cas des reins en France), faisant de nous des « donneurs sans le vouloir alors que nous devons vouloir ne pas donner ». C'est une logique de renoncement (à celle du don actif positif) qui relève déjà en soi d'une logique quantitative ouvrant la voie à de possibles dérives. La perspective d'une réquisition générale du corps des défunts au nom du bien public n'a rien en effet d'enthousiasmant !

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Face à une guerre sainte

Madame Agacinski mérite le plus grand respect. Elle est de ces personnes qui, bien que très engagée politiquement à gauche, refusent de se soumettre aux dictats de la bien pensance quand ses analyses la conduisent à des conclusions différentes de la pensée dominante, y compris quand elle se pare des atours du progressisme. C’est ainsi qu’elle a eu à subir les menaces de groupes qui, tout en maniant sans discernement l’injure de "fascisme", n’hésitent pas à faire appel à des méthodes violentes caractéristiques de ce qu’était ce courant politique avant qu’il ne soit balayé par l’histoire.

C’est pourquoi on lui pardonnera volontiers les quelques concessions à l’air du temps qu’elle fait dans des passages, heureusement très minoritaires, de ce livre qui ne peut que passionner qui est sensible à la force de l’argumentation, qui est, en principe, mais ces principes ne sont pas toujours suivis, le propre de la philosophie dont elle est agregée.

Ses développements sur la question du voile, comme sur ce qui fonde une nation, et donc sur les attitudes politiques qui risquent de saper les fondements de ce qui crée un lien au sein de nos sociétés, sont d’une lumineuse clarté, et méritent d’être découverts par tous ceux qui ne partagent pas son point de vue, ne serait-ce que pour comprendre les points faibles de leurs analyses, et, éventuellement, s’ils le peuvent, de les améliorer pour mieux les défendre.

Ce n’est que dans les quelques pages sur la critique des religions qu’elle montre quelques faiblesses, vis à vis des dangers de l’islamisme qu’elle analyse et caractérise pourtant si bien par ailleurs. Après une démonstration purement formelle, et donc peu opératoire à mon avis, du non-sens que constitue pour elle la notion de "droit au blasphème", (ce dernier n’ayant pas d’existence dans une société qui ne reconnaît pas les religions comme loi, on ne peut donc pas s’attribuer le droit de contester quelque chose qui n’existe pas dans l’ordre juridique), elle poursuit avec un appel à la prudence dans l’utilisation de caricatures de religions dans l’enseignement, y compris dans le but de faire comprendre aux élèves la notion de liberté d’expression. Ces pages plutôt superficielles quand on les compare au reste du livre, auraient mérité davantage d’approfondissement. Mais on ne peut pas reprocher sa prudence à quelqu’un qui a accepté de courir déjà tant de risque.

Il faut donc la remercier pour avoir éclairé sur tant de points essentiels à l’avenir de notre nation, les lecteurs de cet important ouvrage.
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L'Homme désincarné : Du corps charnel au corps ..

Réflexion sur le corps contemporain. Peut-on tout faire sous prétexte qu'il nous appartient ? L'idéologie ultra libérale associée à une idéologie contemporaine qui se prétend progressiste confond corps et bien. Notre corps nous appartient, il n'est pas pour autant un bien une propriété aliénable comme une maison.

Nous ne croyons plus dans les mythes, la survivance des corps dans la résurrection mais en revanche, nous croyons en la puissance techno scientifique capable de transformer les corps.

L'auteur évoque plus particulièrement la GPA qui n'est pas seulement servitude et "location" du corps mais appropriation de la vie-même de la personne (contrôlée durant toute sa grossesse). On ne peut tout justifier par des droits individuels surtout lorsque la liberté s'exerce aux dépens du corps des autres.

L'auteur conteste également la théorie non binaire selon laquelle le genre ne serait que psychologique, subjectivité, construction sociale (même si elle n'en nie pas la part).

La disposition des corps crée des inégalités sociales et sexuelles (disproportion entre le contribution masculine et féminine dans la conception d'un enfant). Le don gratuit ne suffira pas, il sera marchandisé.

Tout n'est pas permis au nom de libertés individuelles et de demandes sociétales.





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Corps en miettes

"Corps en miette", de Sylviane AGACINSKI a été publié en 2009. La nouvelle édition que je viens de lire (Flammarion, 2013), a été revue, complétée et actualisée par l'auteure.

Le propos reste le même. Quel sens éthique peut-on donner à l'enfantement par une mère porteuse ? Quel est le baby business qui se cache derrière cette pratique rebaptisée, pudiquement ‘GPA’ pour ‘gestation pour autrui’ ?

Dans la foulée d'une kyrielle de grands penseurs de l'humanité mais avec des termes simples, des mots et des phrases à la portée des citoyens que sont les lecteurs, Sylviane AGACINSKI, philosophe, dénonce la violence extrême qui prévaut dans cette pratique de ‘location d’un corps, usine biotechnologique à bébés !'

Avec justesse, elle démonte les manigances des lobbies qui tirent les ficelles et des bénéfices juteux, en invitant les femmes ‘au grand cœur’ à donner ‘un peu de leur personne’ pour ‘sauver de la détresse les pauvres couples vivant l’horreur de ne pouvoir avoir d’enfant’ ! Avec brio, pour qui accepte de la suivre, elle démontre les énormes erreurs qui entachent ces raisonnements faussement altruistes. Les mères porteuses, partout dans le monde sont les pauvres, les couples qui passent commande sont les riches. L’incapacité pour une femme à être enceinte est un problème médical qui n’est en rien guéri par le fait qu’une autre se prive de son corps, de sa vie affective, de son identité fondamentale de mère et de l’enfant - le sien ! – qu’elle doit ‘livrer’ dès la naissance. ...

Replaçant toute son analyse dans une approche très documentée, avec de nombreuses références et commentaires en bas de page, l’auteure resitue le saisissement actuel du Corps par l’Economie. Elle montre combien la servitude des femmes de jadis a évolué sans pour autant, peut-être, vraiment régresser. Plus spécifiquement, elle s’attache à montrer combien, de nos jours, il existe trop de possibilités favorisant la production d'enfants ‘fabriqués’ au cœur même d’un marché du corps qui pousse l’homme, la femme, à se séparer de son ‘insubstituable corps’.

Aller dans le sens de l’apologie mystificatrice de la GPA, c’est perdre la dignité de l’Être.



En conséquence, l’auteure appelle au maintien de la Loi française interdisant toute pratique commerciale du corps, interdisant donc la gestation pour autrui. Elle appelle notre société à laisser prévaloir la suprématie de la dignité sur celle de la liberté individuelle.



Alors que le débat refait surface au cœur du monde politique français et européen (voir JT de ce 3 juillet 2015), ce livre a, pour moi, l’excellent mérite de replacer la GPA dans un cadre éthiquement plus large que celui habituellement souligné par ses partisans. Une vraie réflexion morale, éthique, profondément humaine...



Mon coup de coeur, pour ce livre, trouve son origine dans ma satisfaction d'avoir pu, grâce à la fluidité étayée de pensée de l'auteure, mettre des mots et un cadre conceptuel à ce qui était mon ressenti à propos du sujet traité !
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La plus belle histoire des femmes

Nicole Bacharan interview trois femmes, anthropologue, philosophe, historienne, pour revenir sur l’histoire de la condition féminine au travers des âges. Avec François Héritier, on remonte jusqu’à la préhistoire et on découvre comment la femme a été depuis le début assujetties aux hommes, comme les sociétés n’ont jamais été totalement matriarcales, que si les femmes voulaient une part de pouvoir il fallait que leur nature de femme soit niée (pré-pubère, ménopause ou stérile). Avec Michelle Perrot on étudie chaque âge de la femme (enfant, jeune fille, mère, grand-mère…) au travers de 2000 ans d’Histoire. Quels métiers leurs étaient possibles, la menace du viol, les mariages forcés, les grossesses à répétition. On voit également ce qui arrivait aux femmes qui tenaient tête ou comment elles tentaient parfois de sortir du schéma (rentrer dans les ordres par exemple). Enfin, avec Sylviane Agacinski, on progresse dans le temps jusqu’à voir quand et comment la parité a été mise en place, le droit de vote, la contraception, le droit d’avorter. Des incohérences sont montrées et la philosophe cherche ou propose des idées pour faire évoluer les mentalités.



Ce livre est vraiment très intéressant car relativement neutre et sans jugement. L’Histoire est examinée, les hommes ne sont pas décriés, ce qui a été, a été, elles essayent simplement de comprendre comment les choses se sont mises en place et l’influence que ces décisions peuvent avoir sur nous, à notre époque. La forme d’interview permet du dynamisme et des paragraphes relativement court, le livre se lit donc vite, je le recommande si vous êtes passionnés d’Histoire, et même si vous comptez écrire un roman qui ne se passe pas à notre époque, cela peut être très utile !
Lien : http://girlkissedbyfire.word..
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La plus belle histoire des femmes

Comment faire pour que l'universelle différence des sexes ne soit plus une hiérarchie? C'est ce à quoi essaie de répondre cet ouvrage rédigé à quatre mains. Quatre personnalités féminines se sont réunies ici, elles représentent chacune une spécialité différente et racontent l'histoire de la condition féminine. Elles révèlent un combat contre l'ordre - moral, social et sexuel, qui remonte à la nuit des temps. Françoise Héritier, ancienne élève de Claude Lévi-Strauss, nous fait part de son expérience d'anthropologue et de sa connaissance des sociétés très anciennes, Michelle Perrot, historienne de grand renom, évoque la condition féminine en Occident au travers des siècles. Sylviane Agacinski, philosophe, que j'ai eu l'honneur d'avoir comme professeur de philoophie dans ma jeunesse, concentre son analyse sur les problèmes de société comme la procréation assistée, la répartition des tâches dans un couple. Enfin Nicole Bacharan organise le débat tout au long de cet ouvrage.

Un essai très réussi, qui ranime la flamme du féminisme et nous permet de réflléchir sur ce qui nous manque encore avant d'obtenir, ou espérer obtenir une égalité réelle entre hommes et femmes.
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L'Homme désincarné : Du corps charnel au corps ..

L’absence de critique, d’avis, de débat sur cet ouvrage est étonnante. Voilà un texte court, argumenté, à contre-courant du « politiquement correct » des journalistes parisiens, d’une intelligence rare, et quoi, pas de commentaires. Certes c’est un livre, ou plutôt un fascicule, de philosophie, donc de lecture plus difficile qu’un roman, mais écrit dans un style que toute personne cultivée peut comprendre. Et un livre d’une intelligence incroyable, et d’une grande importance dans les débats actuels sur la bio-éthique. Alors un conseil, abandonnez pendant quelques temps la lecture de vos fictions et lisez, relisez, réfléchissez sur ce petit texte. Ce petit livre est un formidable antidote contre l’idéologie ultra-capitaliste qui voudrait nous faire croire que la PMA et les « mères porteuses » sont des progrès sociétaux et nous dissimuler qu’il y a derrière tout cela une véritable « biocratie » (le terme est de Tobie Nathan je crois) qui, à terme, veut gouverner nos corps, assouvir nos phantasmes de jeunesse et de vie éternelle, du moins pour ceux d’entre nous qui auront les moyens de nous offrir toute cette technologie médicale. Pour les autres….et bien relisez vos manuels d’histoire.
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La plus belle histoire des femmes

Difficile de résumer ce livre écrit par quatre femmes extraordinairement brillantes, chacune dans son domaine...

Ce n'est pas un livre féministe, c'est un livre humaniste.

Il m'a fait comprendre des tas de choses que mon éducation me faisait penser "normales". En particulier que les hommes depuis toujours "se sont approprié le ventre des femmes"... Ce constat tout simple explique tout...

Et on comprend mieux pourquoi la libération de la femme ne peut passer que par la maîtrise de son corps et le choix de sa maternité.

Jeunes lecteurs pour qui le combat pour le droit à la contraception et à l'avortement est déjà un pan d'histoire, je vous invite à la lecture.

Et je ne m'adresse pas qu'aux filles !!

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La plus belle histoire des femmes

Derrière le titre un peu pompeux de cet essai se cache tout simplement l'histoire de la condition féminine à travers les âges. L'ouvrage se présente sous la forme d'entretiens conduits par Nicole Bacharan, historienne et politologue, avec 3 femmes de qualité, spécialistes du sujet.

Découpé en 3 parties, il se penche tout d'abord sur les origines de la discrimination féminine qui remonte à la préhistoire, puis trace les grandes lignes de l'évolution du statut de la femme à travers les siècles et les différentes sociétés, avant de terminer en posant les bases philosophiques de la place des femmes contemporaines et la place qu'il leur faut trouver aujourd'hui.



C'est Françoise Héritier, anthropologue, qui débute la réflexion dans cette première partie. Elle explique que la supériorité du masculin sur le féminin est bien culturelle et remonte aux temps anciens des hommes préhistoriques. La femme a "le privilège exorbitant d'enfanter" des femmes à son image mais aussi des hommes. Ce pouvoir est dès lors la cause de la subordination des femmes : les hommes s'approprient les femmes afin de s'assurer qu'elles enfantent LEUR fils à eux. Ils les privent de liberté, leur refuse l'accès au savoir pour empêcher toute émancipation et les relègue dans le domestique.

Une conception originelle qui pose les bases de notre condition aujourd'hui et qu'on retrouve encore dans notre inconscient. Par exemple, lorsque vous expliquez à un enfant la procréation, on dit facilement que le papa met une graine dans le ventre de maman. Cela revient à dire que la femme est une "marmite" et que l'identité de l'enfant vient du père ! Françoise Héritier poursuit sa réflexion en précisant la répartition des rôles et les premières atteintes aux femmes (viols, mutilations sexuelles, ...)



Michelle Perrot, historienne spécialiste de l'histoire des femmes, dresse dans la seconde partie du livre le parcours de la femme à travers les époques. Les thèmes abordés sont extrêmement variés. Après avoir explicité son statut intime et personnel (bébés filles non désirées, instruction orientée, mariage, imaginaire amoureux, maternité, amour maternel, naissances non désirées, veuvages, ...), elle se penche ensuite sur ces femmes qui sortent des critères traditionnels (religieuses, saintes, femmes violées, prostituées, lesbiennes, femmes artistes ou écrivaines) en s'appuyant particulièrement sur le rôle de l'Eglise. L'historienne évoque ensuite le statut de la femme au travail, ses domaines de compétence très typés, la différence de salaire, l'évolution de son instruction. Elle termine enfin par la place des femmes dans la "cité", dans la sphère publique et politique où sont prise les décisions, son rôle de citoyenne et son statut juridique, et les débuts du féminisme.



Dans la dernière partie, Sylviane Agacinski, philosophe, ouvre la réflexion sur la pensée et l'identité féminine d'aujourd'hui. Elle évoque, par exemple, le problème du féminin dans la langue et les règles de grammaire ou les représentations domestiques encore en cours aujourd'hui. Mais la philosophe prône surtout le fait que les femmes doivent aujourd'hui inventer leur propre identité et non pas s'affirmer en copiant les hommes. Elles doivent assumer leur féminité et trouver une place équilibrée entre vie familiale, vie professionnelle et même politique. Selon elle, une parité inscrite dans la loi est indispensable pour faire avancer les choses. La philosophe est également contre les mères porteuses et la prostitution qui ne sont qu'une preuve supplémentaire que le corps féminin est nié tout comme son propre désir. Elle évoque également les nouvelles techniques de procréation et les dons de sperme et d'ovocytes qui modifie le rapport à la parentalité.



Vous l'aurez compris le regard et la connaissance que posent ces 4 femmes sur notre propre histoire en tant que femme est terriblement passionnant ! Cet essai se révèle presque une lecture indispensable pour les femmes mais aussi pour les hommes, afin de comprendre l'origine de cette non-égalité des sexes et des répercutions contemporaines qui en découlent.

Conduite sous forme de dialogues, la réflexion est très fluide et très dynamique. Nicole Bacharan questionne ses interlocutrices avec intelligence et permet de suivre un cheminement naturel dans la parole. Elle relance habilement, demande des précisions et nous suivons de manière addictive le schéma d'une condition féminine qui s'est faite avec le temps. Le récit est émaillé de nombreux faits concrets, de statistiques aussi parfois qui viennent éclairer de manière vivante et réaliste le contexte historique. Les propos ne sont pas conduit de manière chronologique et la situation de la femme se décrit surtout à travers les différents thèmes, tous connexes. On y trouve également de nombreux auteurs cités dont les textes reflètent de manière consciente ou non le rôle secondaire de la femme, tout comme des femmes de poids qui se sont dressés pour l'égalité des sexes ( George Sand, Simone de Beauvoir, Simone Weil, Olympes de Gouges, etc..).

Pour autant, les auteurs sont justes et sans gros parti-pris. Elles n'hésitent pas à pointer du doigt aussi les erreurs des défenseurs des femmes ou leur contradiction.



La plus belle histoire des femmes s'avère donc en définitive un ouvrage extrêmement salutaire dans une société qui continue de véhiculer l'inégalité des sexes au profit du masculin. Il ne s'agit bien sûr pas d'un ouvrage exhaustif retraçant de manière complète l'histoire de la condition féminine. Il y a tant à dire qu'en 300 pages, l'essai ne pouvait être que synthétique. Pourtant, il permet d'avoir une vision globale et fort bien sélectionné sur les grandes lignes du parcours féminin. Très accessible et sans érudition excessive, l'ouvrage pourra donc renvoyer chaque femme à sa propre identité et l'aider à prendre conscience de la place qu'elle doit prendre aujourd'hui.



Salutaire et passionnant, vous dis-je !
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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La plus belle histoire des femmes

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La plus belle histoire des femmes

Derrière ce titre de conte de fée, se cache l’histoire de la condition féminine – qui fait parfois frémir d’horreur – racontée par la politologue Nicole Bacharan, sous forme d’entretiens avec trois chercheuses qui sont des « pointures » dans leur domaine respectif. Elle interviewe tout d’abord Françoise Héritier, anthropologue spécialiste des sociétés africaines, pour mettre en évidence le fait que dès la préhistoire, la femme n’est pas considérée comme l’égale de l’homme. Car celle-ci dispose de ce que Françoise Héritier appelle le « privilège exorbitant d’enfanter » : seules les femmes peuvent porter des enfants (filles ou garçons) sans que les hommes ne puissent être sûrs de leur paternité sur ces enfants. D’où la volonté masculine originelle de contrôler le corps des femmes et de réduire celles-ci à leur rôle de génitrice. L’inégalité homme/femme ne daterait donc pas d’hier ! Puis c’est au tour de Michèle Perrot, historienne spécialiste de l’histoire des femmes, d’intervenir pour nous présenter la vie quotidienne, sociale, intime des femmes de l’Antiquité à nos jours. Ce voyage à travers les époques se révèle passionnant car l’historienne s’appuie sur des faits concrets, des statistiques et de nombreux exemples. Cela nous fait notamment prendre conscience de l’importance de certains droits que nous considérons maintenant comme acquis tels que le droit de travailler et de toucher son salaire individuellement pour une femme (depuis 1910 en France), le droit de vote, le droit à l’IVG, etc. Mais surtout la chercheuse met en lumière l’importance décisive de l’invention de la contraception qui a permis aux femmes de maîtriser leur corps. Enfin avec la philosophe Sylviane Agacinsky, nous jetons un regard critique sur la société d’aujourd’hui et nous nous tournons vers le futur. Celle-ci aborde des débats d’actualité souvent polémiques tels que la parité, les mères porteuses ou encore le port du voile.

Ce petit ouvrage, plein d’érudition, est très instructif tout en restant abordable. Il déconstruit patiemment les mythes fondateurs de nos sociétés que ceux-ci prennent racine dans les mythes grecs, la religion ou encore la philosophie. De plus, il ne présente pas la vision d’un féminisme extrémiste mais plutôt d’un féminisme ouvert sur le monde. Les intervenantes rappellent d’ailleurs que la condition féminine n’est pas la même dans les différents points du globe.

La structure du livre est pour beaucoup dans son succès car les propos des unes sont repris par les autres et donnent une cohérence à l’ensemble. Une dynamique s’installe entre les différentes parties et Nicole Bacharan s’attache à repréciser certains termes ou certaines idées en questionnant ses différentes interlocutrices. En conclusion, il s’agit d’un livre à mettre entre toutes les mains !
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Le tiers-corps

Petit livre très intéressant, mais de lecture pafois ardue, voire difficile.

C'est un ouvrage d'une philosophe, donc attendez vous à des notions quelques peu obscures (!).

Madame Agacinski, de façon très complète, s'interroge avec nous du don d'organe, sujet bien difficile.

Le premier chapitre a été, pour moi, un peu obscur, relatant la logique du don, premier chapitre très utile néanmoins, car c'est bien de cela qu'il s'agit. le don. Qu'est ce que le don ?

Le deuxième chapitre, est passionnant, il dissèque (si je puis dire...) le statut du corps humain, avec bien évidemment, le problème des marchés parallèles du trafic d'organes dans le monde, pricipalement dans les pays dits pauvres.

Très intéressant également la partie sur le consentement présumé du donneur qui, s'il ne refuse pas le don de son vivant, est prélevé "automatiquement". C'est sur ce sujet que je ne suis pas d'accord avec l'auteure, mais je respecte son statut de philosophe.

Enfin, le chapitre sur les techniques médicales futures est passionnant. Il s'agit entre autre, des prothèses artificielles, de la fabrication d'organes artificiels, des xénogreffes grâce au génie génétique (avec toutes ses dérives), à la médecine regénérative c'est à dire fournir à un individu la possibilité de se réparer lui-même avec ses propres moyens.

Mais attention à l'anthropothecnie comme avec l'utérus artificiel ...

L'auteure en termine avec cette notion d'immortalité, et du refus de la mort alors qu'elle est bien naturelle finalement !

Petit ouvrage très intéressant mais un peu difficile tout de même.
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La plus belle histoire des femmes

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Drame des sexes

« Pourquoi le rapport entre les sexes est-il aussi dramatique ? Pourquoi, entre eux, toujours, le drame ? » Dans cet essai sur trois dramaturges nordiques, Ibsen, Strindberg et Bergman, Sylviane Agacinski s'interroge sur ce conflit fatal qui mine le couple. Le drame au théâtre, qui représente pour elle « le plaisir de la catastrophe amoureuse », naît au XIXe siècle quand l'autorité du mari est remise en cause, au moment où le poids de la religion s'est estompé. Le différend entre les sexes est lié à l'altérité et, dans le huis-clos du couple, il est aisé de montrer l'enfer domestique.

Chez Ibsen, l'homme, désormais sans Dieu, se constitue en fonction de l'Autre mais le drame se noue dès lors que cet Autre, en l'occurrence la figure féminine, se dérobe. Dans Maison de poupée, Nora ne veut plus être aimée, elle veut être reconnue, considérée pour ce qu'elle est. Devant cet ordre qui vacille, l'homme ibsenien est en proie à l'incompréhension et il ne sait s'adapter à cet être qui change face à lui. Le drame réside donc dans une décision conduisant à une « grande métamorphose » qui a selon Joyce la forme d'un réveil.

Le théâtre de Strindberg aborde le rapport entre les sexes d'un point de vue opposé à celui de son aîné. La femme reste toujours celle qui provoque le drame. Toutefois, si chez Ibsen, elle s'émancipait, chez Strindberg, les personnages féminins fissurent la relation du couple par leurs mesquineries diaboliques. La crise de l'autorité masculine, dépeinte d'un point de vue misogyne par Strindberg, est également due à une confusion entre femme et mère. Ces « héros » qui cherchent le sein protecteur de leur femme ne peuvent être considérés par elles comme détenteurs de l'autorité du foyer. Alors que le théâtre d'Ibsen montrait la décomposition d'un ordre traditionnel, Strinberg met en scène une lutte sans merci pour la domination de l'autre.

Bergman, lui, est fasciné dès l'enfance par la comédie de la vie de tous les jours, par le jeu des masques dans la société. Dans Persona, son héroïne se mure dans le silence par dégoût des rôles qu'elle se doit de jouer. Le drame chez Bergman naît souvent de la passion qui emporte les personnages dans une action qu'ils ne maîtrisent plus. En effet, quoi d'autre que la passion pour faire tomber les masques et en finir avec les faux-semblants ? Et Bergman de poser, comme Kierkegaard, la question de la vérité dans le couple. Tout amour tend vers l'enfer chez lui et « le problème du mariage, écrit Agacinski, c'est qu'il a la prétention de vouloir installer l'amour ». La difficulté réside aussi dans ce que l'autre n'accepte pas forcément le rôle qu'on s'efforce de lui faire jouer. De fait, pour Bergman, mettre en scène, scénariser le drame est une façon de s'en soustraire lui-même : « la fabrique de l'illusion protège des tumultes de l'âme parce qu'elle les supplante ».

Finalement, conclut Agacinski, dans notre société individualiste, où l'égocentrisme succède à la communion des êtres, les drames d'amour semblent être devenus désuets. Pourtant, l'amour, comme la démocratie, ne peut que se nourrir et apprendre des conflits qui l'agite. Elle ajoute que l'égalitarisme d'aujourd'hui s'oppose à la dissymétrie des rapports entre les sexes. Ainsi, ces pièces et ces films sont toujours d'actualité car il n'existe et n'existera jamais de solution au drame des sexes : « ce qui nous touche dans le drame, c'est la certitude que tout va recommencer ».

D'un point de vue littéraire, on peut reprocher à Sylviane Agacinski d'avoir choisi des dramaturges et un cinéaste qui servent sa pensée, d'avoir mis les textes à son service et non l'inverse. On peut aussi s'agacer d'études très psychologisantes des personnages, sans cesse comparés à leurs auteurs. Cela dit, la passion de l'auteur pour ses objets d'études est communicative et les analyses fort intéressantes.


Lien : http://liber-libri.blogspot...
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Journal interrompu, 24 janvier-25 mai 2002

Le désarroi lepeniste de Sylviane Agacinski



Finalement, on ne lit que pour se rassurer. A force de ne pas apprendre la pudeur, j’ai littéralement épanché mes états d’âme sur Internet. Alors qu’en réalité, l’exercice le plus difficile est d’évoquer ce qu’on lit car l’interprétation de nos lectures révèle beaucoup de nous. Ma première chronique littéraire sera donc axée – il n’existe que des « hasards objectifs » dans l’existence comme disait André Breton – sur un journal … intime.





Une des plus grandes intellectuelles féministes contemporaines s’appelle Sylviane Agacinski. Elle a théorisé les points communs et les différences entre les sexes, notamment dans son ouvrage « Le drame des sexes » (Seuil, 2008). Farouchement opposé à la GPA, son dernier essai est paru chez Gallimard sous le titre : « L’homme désincarné. Du corps charnel au corps fabriqué » (2019). Avec un intérêt presque enfantin, hier, j’ai découvert dans une librairie bruxelloise « à l’ancienne », son livre « Journal interrompu - 24 janvier – 25 mai 2002 » (Seuil).





Se dévoiler pour Sylviane Agacinski passe d’office, en 2002, par l’affirmation médiatique du couple qu’elle forme avec Lionel Jospin. Ce dernier était le candidat socialiste aux élections présidentielles françaises. Agacinski a d’abord écrit ce journal pour se déverser dans un moment où elle n’avait qu’émotions et réflexions en elle sans pouvoir sortir d’une logique narcissique, certes mais avant tout intellectuelle.





A priori, là où on attend d’un journal intime des phrases lapidaires évoquant les tracas du quotidien, on sent dans ce « Journal Interrompu » que la philosophe ne cesse jamais de penser ; cela se traduit dès les premières phrases par des interrogations sur le temps …





«Je ne suis aujourd’hui d’humeur à rien. Ni à parler du temps, ni à parler d’autre chose. (…) j’ai envie de confier à ma machine l’expression de mon désarroi présent »







La question du rapport entre les hommes et les femmes l’habite : elle insiste sur les différences biologiques entre eux sans nier les discriminations et les violences faites aux femmes. Et là où Mark Lilla a théorisé l’avènement de la gauche identitaire, Agacinski citait, dès les présidentielles de 2002, Marcel Gauchet sur la « déferlante individualiste » à l’opposé de la souveraineté des citoyens, de la majorité et non des minorités.





Avec un style quelque peu ampoulé, parfois, Agacinski se plaint du superficiel de la présence des caméras et des appareils photos durant cette campagne électorale. Néanmoins, le style est lyrique, le fond finement intelligent.





Pourquoi un journal « interrompu » ? Car, nous connaissons la fin : Le Pen passe au second tour de l’élection présidentielle le 21 avril 2002 et Agacinski est effarée : la multiplicité des candidats à gauche, la passivité des sociaux-démocrates ont eu raison de Lionel Jospin. Mais pas de la plume et de la vivacité d’esprit de sa compagne ! Assurément, elle n’est pas « la femme » de ….



Aurore Van Opstal
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La plus belle histoire des femmes

L’ouvrage est présenté sous forme d’entretiens auxquels Nicole Bacharan soumet les trois autres femmes. Trois parties distinctes puisque chacune est spécialiste d’une discipline que l’autre ne maitrise pas forcément.

1ere partie : A l’aube de l’humanité, développé par Françoise Héritier. Scientifique et anthropologue, elle explique que de tous temps, l’homme, l’individu mâle, même stupide et laid, valait toujours mieux qu’une femme. Que le matriarcat est un mythe, que la prostitution ne fut jamais un métier et que les discriminations subies par les femmes, de par le monde, sont nées avec l’humanité. Elles mutilent le corps, elles humilient et parfois elles tuent.

2ème partie : Deux mille ans dans la vie d’une femme, par Michele Perrot, universitaire et historienne. En Grèce, à Rome, et dans l’antiquité, (de nos jours en Inde, et dans les pays où la dot est encore soumise à obligation pour le mariage de la fille), la naissance d’une fille n’est pas souhaitée. Elle est soit assassinée immédiatement, soit laissée sans soins et meurt donc rapidement. Les filles n’étaient pas éduquées, mariées dès la puberté ou envoyées au couvent. Au moyen âge, seules les femmes issues de milieu cultivé connaissaient un sort plus enviable : Héloïse, Catherine de Pisan, Hildegarde de Bingen…L’action de l’église aussi fut peu émancipatrice ! La révolution de 1789 a permis une légère ouverture dans le carcan, que Napoléon a vite refermé en instituant le code civil romain. 1400 ans de régression d’un coup. Alors, elles ont bataillé pendant des siècles pour obtenir le droit à l’éducation, au choix d’un métier, à voter, à s’exprimer en public, et enfin, à maitriser leur fécondité ! Chaque avancée est fragile : voir avec l’avortement.

3ème partie : Vers un monde mixte, par Sylviane Agacinski. Philosophe, elle concentre son analyse sur les problèmes de société dont les bouleversements des modèles parentaux, tels la procréation assistée, l’homoparentalité, les dons de gamètes, les mères porteuses, l’éclatement de la cellule familiale…

Il n’y a pas de modèle à retenir. Le XXIème siècle et les perspectives d’avenir sont effrayantes jusqu'à imaginer : « no futur » !




Lien : https://www.babelio.com/conf..
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La plus belle histoire des femmes

Extrêmement complet, intéressant, et bien écrit. Cet ouvrage permet d'en apprendre plus sur les femmes par le prisme de l'histoire, la sociologie... Il ouvre les yeux sur bien des idées reçues en donnant la parole à plusieurs spécialistes. Un livre à lire.
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La vie en miettes

"Corps en miette", de Sylviane AGACINSKI a été publié en 2009. La nouvelle édition que je viens de lire (Flammarion, 2013), a été revue, complétée et actualisée par l'auteure.

Le propos reste le même. Quel sens éthique peut-on donner à l'enfantement par une mère porteuse ? Quel est le baby business qui se cache derrière cette pratique rebaptisée, pudiquement ‘GPA’ pour ‘gestation pour autrui’ ?

Dans la foulée d'une kyrielle de grands penseurs de l'humanité mais avec des termes simples, des mots et des phrases à la portée des citoyens que sont les lecteurs, Sylviane AGACINSKI, philosophe, dénonce la violence extrême qui prévaut dans cette pratique de ‘location d’un corps, usine biotechnologique à bébés !'

Avec justesse, elle démonte les manigances des lobbies qui tirent les ficelles et des bénéfices juteux, en invitant les femmes ‘au grand cœur’ à donner ‘un peu de leur personne’ pour ‘sauver de la détresse les pauvres couples vivant l’horreur de ne pouvoir avoir d’enfant’ ! Avec brio, pour qui accepte de la suivre, elle démontre les énormes erreurs qui entachent ces raisonnements faussement altruistes. Les mères porteuses, partout dans le monde sont les pauvres, les couples qui passent commande sont les riches. L’incapacité pour une femme à être enceinte est un problème médical qui n’est en rien guéri par le fait qu’une autre se prive de son corps, de sa vie affective, de son identité fondamentale de mère et de l’enfant - le sien ! – qu’elle doit ‘livrer’ dès la naissance. ...

Replaçant toute son analyse dans une approche très documentée, avec de nombreuses références et commentaires en bas de page, l’auteure resitue le saisissement actuel du Corps par l’Economie. Elle montre combien la servitude des femmes de jadis a évolué sans pour autant, peut-être, vraiment régresser. Plus spécifiquement, elle s’attache à montrer combien, de nos jours, il existe trop de possibilités favorisant la production d'enfants ‘fabriqués’ au cœur même d’un marché du corps qui pousse l’homme, la femme, à se séparer de son ‘insubstituable corps’.

Aller dans le sens de l’apologie mystificatrice de la GPA, c’est perdre la dignité de l’Être.



En conséquence, l’auteure appelle au maintien de la Loi française interdisant toute pratique commerciale du corps, interdisant donc la gestation pour autrui. Elle appelle notre société à laisser prévaloir la suprématie de la dignité sur celle de la liberté individuelle.



Alors que le débat refait surface au cœur du monde politique français et européen (voir JT de ce 3 juillet 2015), ce livre a, pour moi, l’excellent mérite de replacer la GPA dans un cadre éthiquement plus large que celui habituellement souligné par ses partisans. Une vraie réflexion morale, éthique, profondément humaine...



Mon coup de coeur, pour ce livre, trouve son origine dans ma satisfaction d'avoir pu, grâce à la fluidité étayée de pensée de l'auteure, mettre des mots et un cadre conceptuel à ce qui était mon ressenti à propos du sujet traité !
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La plus belle histoire des femmes

Le difficile chemin tracé par les femmes depuis la nuit des temps pour faire entendre leur voix, pour leur dignité, pour l'égalité de leurs droits.

Histoire et présent se mêlent, nous prouvant que le progrès est en marche, et on se prend à imaginer un futur respectueux de toutes.
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