Citations de Sylvie Baussier (228)
-Qu'est-ce qu'ils demandent quand ils choisissent leurs nouvelles recrues, déjà ? j'ai fait, le ton aussi peu tremblant que possible.
-Un cœur en bon état...
-Des dents en bon état...
-Deux jambes et deux bras...
-Pas de pieds plats...
J'avais tout ce qu'il fallait pour porter un fusil. J'ai craqué. J'ai crié :
-Je veux pas faire la guerre !
Sur le moment, ils n'ont pas compris. Ils ont cru que je crevais de trouille. Mais ce n'était pas ça. J'avais surtout peur de devoir tirer un jour sur ceux que j'aimais
J'ai hoché la tête et lui ai souri. Le trou de ma bouche lui a fait l'effet d'une balle de fusil lancée à pleine vitesse. Il a porté la main à son coeur et murmuré "y a une erreur" tandis que son collègue se détournait tout pâle. Ils ont refermé la porte doucement,comme on ferme la maison d'un mort, et ils sont partis du village.
Puissions nous trouver, chacun, les mesures de réparation qui nous conviennent ; puissions-nous, chacun, donner le meilleur de nous-mêmes, apaisés et ouverts...
[mot des auteures en fin d’ouvrage]
Mais vous voyez bien : même moi, lorsque j'essaie de vous parler de moi, je finis, au bout de deux phrases, par vous parler de lui.
Depuis ma « naissance », voulue par les divinités, de nombreux bébés sont nés. Le premier étant ma chère fille Pyrrha. Il y a eu des bébés filles et des bébés garçons. Les bébés filles sont devenus des femmes. Maintenant, sur Terre, les femmes sont aussi nombreuses que les hommes. Et je ne veux plus pense que les femmes ont été créées pour punir les hommes. Nous sommes précieuses. Nous sommes intelligentes. Nous sommes leurs égales. Parfois, je me demande ce qui se serait passé si Héra avait dirigé les divinités à la place de Zeus. Elle aurait peut-être créé les femmes. Et seulement ensuite, les hommes. Est-ce que tout aurait été différent ? Peut-être.
Tant de bonheur, puis tant de solitude et de responsabilités, sans avoir le temps de souffler...
Je me sens si petite parmi elles, si neuve aussi, comme un jouet entre leurs mains, comme un objet sur lequel elles appliquent leurs pouvoirs. Elles me perfectionnent et prennent plaisir à bien faire. Elles obéissent à Zeus. Moi, je ne compte pas. Je suis un être à améliorer. Mais il se trouve que je pense, et que des émotions s'agitent en moi. Je ne suis plus une créature faite de terre et d'eau.
Je n'ai pas envie de jouer la comédie des yeux modestement baissés. Je veux exister telle je suis.
Celui-ci est comme les autre je le vaincrai avec ma seul arme: mon regard
Je suis devenue la meilleure arme de ma pire ennemie. Il y a de quoi rire, n’est ce pas ?
Je me souviens d'un rendez-vous avec un "docteur des soucis", à cette époque-là. Maman disait aussi "un psychanalyste".
La salle d'attente était petite, je ne la connaissais pas. J'avais envie de m'en aller.
Le docteur m'a donné des crayons et une feuille, il m'a fait asseoir à une table dans un coin, puis il s'est adressé à maman. Il lui a demandé mon prénom et ma date de naissance. Il s'est penché en avant et a articulé, en fixant ma mère :
- Arno vous regardait-il quand il était bébé ?
- Pas souvent.
- Et vous, vous le regardiez ?
- Bien sûr !
- En êtes-vous certaine ? Vous savez, les mères font souvent des erreurs.
Si on avait pu en bouffer des « non », on aurait nourri tout le quartier. Mais les « non », ça remplit pas les ventres, à la plaça ce ronge les cœurs.
Ma contribution à la société avait atteint son maximum.
J'ai envie moi aussi d'essayer mes ailes. Si j'en ai encore, si elles ne se sont pas décrochées. Mais pas ici, pas maintenant.
Je ne veux pas qu'on me regarde quand je tomberai.
J'ai beau avoir des défenses de sanglier sur le visage et des griffes au bout des doigts, j'ai beau être au bout du monde, loin de mes parents, immobile, je veux vivre. Encore un jour. Encore deux. Ecouter les oiseaux chanter, les cigales animer les arbres.
Je veux vivre.
Et mon jardin de statues s'étoffe. Ils sont tous là, leurs yeux de marbre exprimant la surprise. La mort les a pris dans leur dernier geste. Aucun artiste ne pourrait mieux rendre la vie ! page 55
Comme si moi, j'étais coupable ? Et de quoi, s'il vous plaît ? D'avoir admiré ma chevelure, comme vous le faisiez tous en me regardant ? D'avoir trop plus à un Dieu puissant ? D'avoir déplu à une déesse orgueilleuse ? Page 52
- Regarde, là-bas, je crois bien que c'est monsieur Le Nôtre, le maitre jardinier du roi ! Quel honneur de l'apercevoir ! ajoute Nicolas.
- Père m'a dit qu'il avait deux mille jardiniers sous ses ordres. Une vraie armée verte, murmure Louise. Heureusement, se battre contre les mauvaises herbes est moins dangereux que combattre les ennemis du royaume de France !
Venez à nous,
Marins de Grèce,
Nous chantons pour vous seuls,
Plongez dans nos délices !
Louise pense que ce n'est pas très juste... Il suffit d'un "de" dans son nom, et hop, on change de vie.