AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Sylvie Durbec (7)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Chaussures vides : Scarpa vuote

La nuit, la marche, la langue : trois motifs qui s’entrelacent pour tracer le parcours poétique de Sylvie Durbec.



C’est d’abord la nuit qui surgit et forme le paysage palpitant de la première partie de recueil : tour à tour force créatrice, modelant de ses ombres bleues “un nouveau pays / de la couleur invisible du temps” et se faisant “morsure d’infini sur le rouge du sommeil“, et main qui estompe les êtres, murmure “les petits morts“. Puisant dans cette “bibliothèque des rêves” qu’elle parcourt “d’étoile à d’étoile“, Sylvie Durbec fait de ses chevauchées nocturnes un lieu où les frontières entre sommeil et rêve se dispersent, où la montagne se peuple d’anges, de “bêtes ailées” dont les ailes sont de “soie froissée“, où la vie et la mort s’attachent en bouquet. “Jardinière des saisons“, elle retrace, à travers des nuits estivales, “l’alphabet des paysages” qui contemplera ses pas.



La suite par ici : http://www.delitteris.com/au-fil-des-pages/chaussures-vides-scarpe-vuote/
Lien : http://www.delitteris.com/au..
Commenter  J’apprécie          52
Autobiographies de la faim





Autobiographies de la faim tire les fils de la faim et de la fin, les noue, les dénoue, les tisse avec les motifs du père, de la mère, des absents, de la mémoire et des narrations possibles.

« Toute histoire est celle d’une faim.

D’une fin aussi. »



Pendant que la mère s’en va, chambre 52 d’un hôpital, vers le silence, l’extinction progressive de la faim et donc la fin, la fille divague. Elle divague dans le temps et la géographie, nous livre des bribes de souvenirs d’enfant et d’adulte et des réflexions désordonnées. Elle nous dispense quelques fins d’histoires : celle du chat rouge, du jeune homme en scooter, du père. Celle de vêtements déshabités – il est souvent question de vêtements dans ce texte, de robes d’enfants, de pantalon du père, de ces pelures qui revêtent nos corps affamés, rassasiés ou disparus.



Le père fut un ogre dont les vêtements peinaient à contenir le corps.

La mère ne préparait que des « nourritures blanches ». Elle achève maintenant sa vie dans une « robe de la faim », rassasiée d’une cuillère de lait tiède.

A partir de cette double ascendance, la gloutonnerie du père, l’obsession de blancheur de la mère, le texte se ramifie : les dégoûts de la fille, l’illusion du « nous », le chien, les fous, les petites robes vides, les jours sans pain, les jours sans parents. Puis, cette « mémoire qui pue », et semble réunir toutes les figures de la faim et de la fin, sans forme ni contenu précis, mais comme une sorte de sac immense qui les contiendrait tous. Tous ces fragments, ces images, sont une manière d’autobiographie non linéaire, sans désir –sans faim – de faire récit, sans fin non plus, puisque multiples sont les manques et les cases à remplir dans cette vie qui nous est livrée.

« Encore une fois l’odeur mélangée à la mémoire, comme un refus de la nourriture offerte ».



Sylvie Durbec nous offre un texte vif et singulier, qui ne se plie à aucun genre. La composition et l’écriture y sont débridées, pour le plus grand plaisir du lecteur.

Commenter  J’apprécie          40
Autobiographies de la faim

À qui appartient cette robe d’enfant sans corps, sans visage qui parcourt le texte ? On sent tout au long du récit un drame, une douleur, une histoire lourde de vie et de mort entre enfance et vieillesse, lucidité et folie. L’énigme de la robe abandonnée sur un panneau au bord de la route comme un point aveugle.

Les âges se mélangent, les époques, les lieux, les personnages, la mère, la fille, le père… selon un jeu de calques qui glissent les uns sur les autres au fil des souvenirs, des sensations, des visions réelles ou imaginaires. Les mots eux-mêmes glissent, se contaminent par proximité, promiscuité, de manière non linéaire, par simples proliférations sonores comme si les mots s’aimantaient pour faire naître, renaître des histoires.

« La mémoire pue » revient en leitmotiv à la fin du récit. Pue quoi ? La mort ? Entre pourriture et nourriture, fin et faim, faim et pain, le x ou le z des bretelles de la robe, les lettres ouvrent des boîtes sans fond, à double paroi où on voit l’autre, où on se voit, je et non je. On flotte, on ne sait plus dans quelle couche de mémoire, dans quelle histoire on se trouve, sous quelle pelure.

Le titre au pluriel n’élude pas la part autobiographique du récit. Mais de quelle faim s’agit-il ? De celle du ventre, du cœur, de l’âme ? De celle, ontologique, que les mots jamais ne pourront combler, si profus, délirants soient-ils ? Vit-on à jamais sans corps, dans des vêtements flottants, comme exilé à soi-même ? Autant de ramifications narratives, existentielles, autant d’interprétations possibles dans ce beau texte très personnel de Sylvie Durbec. Un récit-poème en prose qui donne matière à penser, à discuter. Notamment sur la création poétique.

Commenter  J’apprécie          10
Les nuits de Vollezele - Les jours de Flandre

Commenter  J’apprécie          10
La huppe de Virginia

textes poétiques, ironiques, guillerets, graves et beaux, enchâssés dans un beau livre (belle couverture grenue de lin et coton - épaisses pages un peu ivoire - les encres de Claire Guénot)
Commenter  J’apprécie          10
Ça, qui me poursuit

Sylvie Durbec - Ça, qui me poursuit. Couverture François Ridard. Préface Cécile Guivarch. 80 pages. 14 x 20 cm. Editions Les Carnets du Dessert de Lune. Collection Pleine Lune. Octobre 2020. ISBN 9782390550006. 13 €



Sylvie DURBEC, ça, qui me poursuit, Les Carnets du Dessert de Lune, 2020, 86p., 13 euros. Patrie, fratrie, poésie : un trio de thèmes pour la poète car la « résistance » la contraint, pour notre bonheur, à énoncer le réel sans apprêts, dans une singulière écriture où les père, mère, fils, filles dévident « des voix » sous les pierres, la « terre telle/ une grande femme/ un peu malade/ chancelante », ses « poches/ (qui) se remplissent/de visages vus/ au fil du rêve ». Pas de tiédeur ici ni de sentimentalisme rose, les mots désarticulés rameutent des morts, des mots « fichés dans la tête ». Les bombes qui tuent, la mer noire de leur sang : autant de blessures difficilement curables. L'oeil de Durbec nomme, incise, dénonce, coléreux et aigu. Ailleurs, les conversations de comptoir ou les mots jetés en l'air (l'air de rien) disent bien l'inanité de certains dialogues de sourds. Aucune cruauté là ; seulement un désir rageur de dire un certain malaise de nos vies communes, et difficilement partageable. Une poésie courageuse, engagée, qui peut heurter les consciences tranquilles.

© Philippe Leuckx in Les Belles Phrases, février 2021



Pour le psychanalyste, le « ça » est l'inconscient, le refoulé. Pour le linguiste, c'est ce qui n'a pas de mots pour le dire : « ça va ? ». En combinant les deux, ce recueil s'ouvre sur l'innommable, l'inconcevable, à commencer bien sûr, par la mort, celle de l'oiseau dont « on ne sait pas » le nom, du grand-père dont on ne comprend pas les derniers mots écrits. L'auteure constate : « parfois je peux inventer / tout un monde / parfois je ne peux pas / pas même / un / tout petit » Et pourtant, « ça » me poursuit. C'est. Alors ? Alors commence l'aventure, l'épreuve, du poète : dire coûte que coûte. Par le seul pouvoir des mots, susciter la mer « qui n'existe pas » dans une bassine en plastique. Par le pouvoir d'un mot, « donc », envisager, regarder en face la mère et ses fils devenus assassins, « ça » qui est issu de moi. Et l'exemple choisi, ce fils au nom de Djokhar qu'on entend joker, comme la carte, vaut pour tous les fils, et pour toutes les mères. « On reste sans voix ». La phrase crachote comme une vieille bagnole qui refuse de démarrer, des points intempestifs en soulignent l'échec. Des fils, il y en a des milliers aussi au fond de l'océan et leurs mères sont « sans nom à murmurer, sans corps à bercer ». Et quand un

mot apparaît, « riblon », il paraît inutile, déchet de fer :

« Que peut faire la poésie avec ça ? » On ne choisit pas son monde, ses mots, il faut faire avec, avec la polysémie de la « grève », les glissements l'épaule / les pôles, ou ce «patrimoine » qui devient « patrimoelle » et s'apercevoir que tout fait sens, que la poésie est peut-être justement dans le non-sens de la vie, dans ce qui ne peut se dire, qui devient formule mathématique, preuve par neuf (toujours le « donc » initial). le salut viendra peut-être d'ailleurs, des mots d'ailleurs, anglais, portugais par lesquels « la chaise cassée / donne la légèreté qui manquait / à la femme qui écrit ».

Par le détour de l'autre « ça qui sauvage devant […] tout ça loin puis proche à nous toucher » peut peut-être s'apprivoiser, être ingéré, et même si la poésie « souvent se

tait quand tous crient », si les filles sont « désarçonnées », il se peut aussi, tout à la fin du livre, que la barrière (de la langue ?) sourie à l'enfant car « ça, qui nous poursuit nous tient encore en vie ». Il n'est d'autre choix que d'écrire le monde.

© Alain Kewes in Décharge N°188.



Dans ce recueil Sylvie Durbec propose une poésie très libre où les vers ne sont parfois qu'un seul et unique mot. Pendant ma lecture, j'ai eu l'impression, mais je peux me tromper, que sa plume suivait le cheminement de sa pensée qu'elle matérialisait par quelques mots, une phrase complète, quelques phrases très courtes, même un seul mot ou une suite de mots séparés par un point, qu'elle déposait sur la feuille les mots ou le mot unique qui pouvait exprimer son sentiment, ses impressions, ses réflexions, ses réactions devant la situation qu'elle décrivait. Ainsi ses vers semblent suivre le cheminement de sa pensée en la ponctuant de mots ou expressions sensations, émotions, idées, interrogations, négations, refus…

Elle décrit un paysage qui semble le sien, le monde dans lequel elle vit, les petites choses de la vie mais aussi les nouvelles du monde qui viennent percuter la quiétude de son milieu. Elle n'est plus toute jeune, elle a déjà un fils de son fils qui interroge les étoiles.

« L'étoile solitaire, a dit l'enfant, fils de mon fils / le plus âgé, aura bientôt de la compagnie /Et nous avons levé les yeux. »

Cet enfant est source de bonheur et de joie mais il est aussi questionnement sur la progéniture, sur les chemins que les enfants empruntent. Les actualités nourrissent une forme d'inquiétude sur le devenir de ces enfants lorsqu'ils deviennent des fils, des grands frères.

« Avoir des fils. / Qui sont frères. / Et se demander. // Se demander ? / Oui, s'interroger sur ces fratries prêtes à / Mourir ensemble. »

Même le pire meurtrier a été un enfant et reste un fils, un petit-fils, peut-être un frère, un petit frère affectueux, un grand frère attentionné. Et, il est à jamais « un enfant de Dieu » comme Cormac McCarthy l'a écrit dans son célèbre roman. Alors, pour la mère ou la grand-mère, il reste la culpabilité d'avoir enfanté un fils meurtrier.

« Qu'a pu comprendre la mère des tueurs ? / Figée dans le déni. »

« Mère de fils. / Donner la vie à qui donne la mort ? / Vraiment ? »

L'enfant est au coeur de ce recueil mais il n'est pas le seul sujet, il y a aussi d'autres personnages de passage : le Marseillais, l'ami anglais, Claude-Aziz, le brave paysan qui ne sent pas encore sa mort prochaine : « … / Retourné dans la salle d'attente / à sourire / ce qu'il espère / est déjà sous terre »

C'est son monde que Sylvie décrit avec des mots comme des coups de pinceaux que l'artiste dépose sur la toile, des mots lumineux pour représenter les enfants et, sur les bords du tableau, des personnages, des paysages, des petites choses qui pourraient paraître insignifiantes mais qui font partie de son univers, de son quotidien, de ses préoccupations…

© Denis Billamboz, novembre 2020 in http://mesimpressionsdelecture.unblog.fr/2020/11/10/ca-qui-me-poursuit/
Commenter  J’apprécie          00
Diese, l'Enchanteur

Comme le peintre, le musicien dispose d'une palette de couleurs, vert, le piano, orange, le hautbois, bleu le cor anglais et brun le basson.
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Sylvie Durbec (16)Voir plus

Quiz Voir plus

Morales de La Fontaine (1)

Dans quelle fable de J. de La Fontaine trouve-t-on cette morale: « Rien ne sert de courir, il faut partir à point » ?

Le renard et le bouc
Le laboureur et ses enfants
Le lièvre et la tortue
L’ours et l’amateur des jardins

8 questions
188 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie françaiseCréer un quiz sur cet auteur

{* *}