Marie Madeleine : l'enthousiaste
Carlo Maria MartiniSylvie Garoche
Éditions Salvator, avril 2019
Une réflexion sur la vie de la sainte et ses sentiments, s'attardant sur sa passion et son courage comme facteurs décisifs de sa rédemption et de son expérience auprès de Jésus. ©Electre 2019
https://www.laprocure.com/marie-madeleine-enthousiaste-carlo-maria-martini/9782706717680.html
p.26 Parler la mort, Des mots pour la vivre de Léon Burdin, aumônier d'hôpital.
"Adopter, par principe, la stratégie du silence, c'est prendre son parti d'une grave erreur sur l'homme : c'est même postuler que ce dernier n'a pas les ressources nécessaires sur lesquelles s'appuyer pour vivre sa mort, c'est-à-dire faire d'elle un acte humain. Surtout c'est lui retirer, tandis qu'il le désire au fond de lui-même et attend de l'autre un signe en ce sens, la chance de répondre au dernier grand appel de sa vie. Accepter sa mort lorsqu'en vient le moment n'est pas une oeuvre négative, qui serait d'abaissement ou de renoncement ; c'est, au contraire, ouvrir en soi une source d'où peuvent jaillir paix, force et souveraine liberté."
p.11 "Vous ne pouvez imaginer combien nous avons été heureux au cours de cette année que nous savions être la dernière passée ensemble. Pierre a dit un jour à un ami : "Avec Sylvie, nous pataugions dans le bonheur comme un bébé dans son bain." Il n'éxagérait rien en disant ces mots. Ce qui nous a considérablement aidés pour cela, ce que je voudrais partager avec vous, et qui est à la portée de tous, croyants ou non croyants, c'est un long compagnonnage avec l'idée de la mort. La mort toujours présente dans un coin de la pièce, que nous évoquions ensemble presque tous les jours, depuis des années. La mort vers laquelle nous allons tous, et qui, si on la regarde par le bon côté, donne un prix incroyable à la vie."
p.113 La loi Leonetti relative aux droits des malades et à la fin de vie votée le 22 avril 2005.
"Nous devrions tous la connaître et pouvoir en profiter. De quoi s'agit-il ? Tout simplement de replacer le malade au centre des soins en lui reconnaissant certains droits élémentaires. Pour résumer, elle affirme quelques grands principes :
1) l'acharnement thérapeutique est illégal ;
2) le malade a le droit de refuser tout traitement, y compris l'alimentation artificielle ;
3) le médecin doit tout mettre en oeuvre pour soulager la douleur ;
4) chacun peut exprimer ses souhaits en écrivant des "directives anticipées", qui expliquent ce qu'il souhaite ou ne souhaite pas pour sa fin de vie, et désigner une personne de confiance pour les faire respecter.
Aucune de nous ne sait comment se passera sa fin de vie, ni à quels problèmes il sera confronté. Mais si nous parvenons à y réfléchir à l'avance, nous pourrons au moins éviter certains écueils dans lesquels nous ne voudrions pas tomber. En particulier de nous retrouver impuissants aux mains d'une équipe médicale qui décide tout à notre place sans tenir compte de nos désirs."
p.66 "Quand Pierre est mort, il n'y a eu pour moi aucune surprise, donc aucune déception. Il n'y a eu pour moi plus qu'à gérer la peine de la séparation, bien réelle celle-là, mais à laquelle je me préparais depuis longtemps. Si bien qu'en fait, le travail de deuil avait commencé bien avant qu'il ne meure."
p.107 "Entrer dans une unité de soins palliatifs, c'est pénétrer dans un monde à part, où la souffrance n'est pas niée mais où tout est fait pour vous redonner le goût de vivre et vous garder "vivant" jusqu'à la fin."
p.75 "J'avais appelé notre maison : "la maison du gai mourir". Nous voulions y être heureux et que les gens qui venaient nous voir s'y sentent bien. Puisque l'on meurt tous, puisqu'il n'y a aucun moyen d'en réchapper, je n'ai jamais pu me résoudre à l'idée que la mort soit forcément vécue comme une catastrophe. Il me semble que l'être humain est avant tout fait pour le bonheur. A nous de le débusquer, même quand le ciel s'assombrit et que les nuages s'accumulent au-dessus de notre tête."
p.9 "Il va me falloir ranger les papiers et les placards de la maison. Et puis reconstruire autre chose, ailleurs ; continuer, comme il l'a toujours fait, à regarder la vie avec bienveillance et chercher, dans les réalités quotidiennes, les magnifiques perles qui s'y trouvent, même si elles sont quelquefois cachées."
p.31 " Cette idée qu'il pouvait partir d'un moment à l'autre nous a accompagnés bien souvent. Même si cela peut créer une certaine appréhension, cela présente beaucoup d'avantages. D'abord on a conscience que l'autre ne nous appartient pas, qu'il nous est donné dans l'instant présent et qu'il nous faut en profiter."
« Peu importe la façon dont on meurt ; peu importe l’âge auquel on meurt. Ce qui compte c’est ce qu’on a vécu. Ce qui demeure ce sont les instants d’amour que l’on a donnés. Le reste n’existe pas et n’a aucune importance. »
« C’est bien parce que je vais mourir un jour que chaque instant de ma vie est unique et a du prix. »
« Ne pas vouloir que quelqu’un meurt parce qu’on est attaché à lui est bien compréhensible, c’est un désir tout à fait légitime. Mais est-ce une raison suffisante pour obtenir un miracle de la part de Dieu ? »
p.64 "Cueille le jour présent, en te fiant le moins possible au lendemain. C'est une expérience très forte que avons faite tout au long de cette année : à chaque jour de sa maladie, Pierre pouvait mourir, mais il n'était pas encore mort. Plutôt que de vivre sa mort par anticipation et avec désespoir, nous pouvions profiter à pleines mains de tous les beaux instants qui nous étaient donnés. Et nous ne nous en sommes pas privés. La proximité de la mort invite encore à une attitude profonde de vérité."