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Citations de Sylvie Tanette (100)


Cela dit j’ai adoré être enceinte, adoré. J’aimais grossir, tenir mon ventre à deux mains devant moi, faire un tas de choses que la plupart des femmes ne s’autorisaient pas, manger trop de gâteaux ou marcher seule sur les sentiers paumés des Hills. J’aimais sentir le bébé bouger dans mon ventre et lui parler tout le temps. C’était comme si je n’existais pas, seul comptait ce bébé que je transportais, j’aurais voulu que ça dure deux ans.
(page 66)
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Si j’étais photographe, j’adorerais réaliser un portrait de Beetsy Najipanga. Elle fait partie de ces gens incroyables typiques des Territoires du Nord. À plus de cinquante ans elle conserve bizarrement une allure d’éternelle adolescente, d’adolescent plutôt, jeans-baskets-tee-shirt informe, sorte de bad boy androgyne coincé pour toujours dans ses dix-sept ans.
(page 103)
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J’étais heureuse dans mon jardin face au désert avec mes plantations bien alignées, mes livres dans ma bibliothèque, mes cahiers sur leur étagère, Justin dans ma maison, Li-Peng pour me servir de bonne étoile, Tim et Bee pour veiller aux enchaînements des jours. J’allais me plonger dans mes recherches et rien désormais ne pouvait m’arrêter.
(page 113)
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Ma famille était installée en Australie depuis longtemps, mes ancêtres faisaient sans doute partie des administrateurs et officiers qui ont fondé Sidney. Aussi nous avions une très haute idée de ce que devait signifier « être australien » et je me souviens de dîners où se tenaient sur le sujet des conversations exaltées, auxquelles les femmes ne participaient pas.
(page 16)
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Ce sable que nous apporte le vent du désert recouvre tout, c’est une malédiction. J’ai beaucoup lutté pour le combattre, sans succès. Je me demande comment j’ai pu imaginer parvenir à être plus forte que lui. Aujourd’hui j’entends encore le bruit régulier de la porte et les grincements de l’éolienne qui tournait au-dessus de nos têtes.
(pages 153-154)
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Pas un instant je n'ai imaginé cette évidence : le travail n'engendre pas toujours de la richesse.
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À l’époque Salinasburg était un bourg rural et maintenant c’est une ville, petit à petit des lotissements ont envahi ce qui était une immensité de terre rouge et de broussailles mais le désert, lui, n’a pas changé. Je le regarde chaque jour depuis ce matin lumineux où je suis arrivée ici, pour me marier. Nous étions en 1930, au printemps, et je me réjouissais tant de découvrir cet endroit. Salinasburg est au centre du pays.
(page 13)
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Ici en général les gens se fichent de leur jardin, tout y est si sec, on se décourage vite. On veille juste à avoir un espace sympa pour boire des bières le soir, de l’ombre avec des acacias, pas trop de ces broussailles épineuses qui ont tendance à tout envahir, quelques massifs pour le décor, voilà.
(page 84)
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Ce matin je suis allé marcher.
Maintenant que je suis vieux, je ne pars presque plus en mer, j’ai laissé ma barque à mes fils et ce sont eux qui vont relever les filets chaque jour. Alors j’ai du temps, et souvent j’en profite pour faire un grand tour sur le sentier au-dessus des criques, jusqu’à l’extrémité de l’île. Jusqu’au promontoire appelé Le Voile de la mariée.
C’est le nom que nous donnons à cet endroit qui surplombe la falaise et la mer. Comme d’habitude quand je vais là-bas, j’ai pris soin de nettoyer le petit autel de sainte Michaëla. J’ai enlevé des toiles d’araignée, des brindilles. Quelqu’un avait déposé un bouquet sur le rebord cimenté. Les vieilles femmes du village s’occupent à tour de rôle de fleurir le lieu.

(Incipit du roman)
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Un cormoran est debout sur un rocher depuis des heures, il ne bouge pas. Le cormoran est une bête étrange, il est toujours seul. Il ne veut pas se mêler aux mouettes alors qu’ils sont presque de la même famille. Il fait comme s’il ne les connaissait pas, c’est l’animal le plus solitaire que personne ait jamais vu.
Les vieux dans le temps racontaient qu’il s’était montré trop acerbe envers les autres oiseaux, ils n’ont plus voulu de sa compagnie.
Depuis il reste tout seul sur les rochers, immobile, et les mouettes ne font pas attention à lui. Il agit comme si ça n’avait aucune importance, regarde la mer d’un air supérieur en maître des lieux, il fait le fier, mais en vérité c’est un paria.
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Cela dit je dois l’avouer, nombre d’entre nous aimaient tenter d’apercevoir la femme du pêcheur dans l’obscurité, juste pour le plaisir de regarder ses quelques gestes pleins d’impatience quand elle ôtait ses vêtements, voir ses cheveux tomber comme un rideau sur ses cuisses et la contempler alors qu’elle se glissait sans bruit dans la mer sombre.
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Ce nouveau régime qui s’était abattu sur le pays, nous autres depuis l’île nous nous en sommes tout de suite méfiés, contrairement à ceux d’en face qui se sont enflammés par stades entiers. Les habitants des îles sont par essence des marginaux, nous en particulier car notre histoire n’a rien à voir avec celle du continent. Aussi nous nous sommes claquemurés. Moi de toute façon, les démonstrations de force des autorités m’ont toujours fatigués. Nous vivons en bonne entente avec les créatures maritimes, les animaux, les monstres des profondeurs, nous n’avons pas envie que les préfets, l’armée ou qui sait quel président se mêlent de nos affaires et nous ne nous mêlons pas des leurs. (Page 23)
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Les phoques moines sont les survivants d'une époque que nous n'avons pas connue, car leur histoire a commencé bien avant notre présence sur l'île. Il suffit de regarder leurs visages, ils donnent l'impression de surgir de temps très anciens. Nous sommes désolés de leur disparition que nous ne nous expliquons d'ailleurs pas. De l'avis de certains pêcheurs ils n'ont pas su s'adapter à l'époque moderne, ou peut-être ils préfèrent ne pas la vivre. Selon moi ces imbéciles des rives d'en face les ont trop chassés, tout simplement, voilà pourquoi ils fuient toute compagnie. Nous ne savons pas quoi faire, la disparition de ces bêtes qui jamais n'ont prononcé le moindre mot annonce sans doute quelque chose de grave, mais nous ignorons quoi.
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Et le soir par nos cris déchirants nous tenterons de le rappeler à nos frères humains : celui qui ne sait pas sauver son prochain se perd lui-même.
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Elle parlait assez bien notre langue mais avec un rythme si étonnant qu'elle semblait entrechoquer les sons, comme quand le vent bouscule nos barques et fait tinter les ferrailles.
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Sur le sentier je pouvais deviner l’air marin se gonfler de leurs respirations mêlées, et je pensais à la force de ce que Michaëla était en train de découvrir, un peu comme quand le vent sur la mer prend naissance au fond de l’horizon et soudain les vagues se fracassent sur les rochers.
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Et un jour j’ai réalisé que j’avais à ma disposition le plus beau terrain de jeux : un jardin.
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Aucun pêcheur n'a jamais pu apprivoiser une mouette, et nous ne les distinguons pas les unes des autres. Elles en savent probablement plus sur nous que nous sur elles. Moi je crois que ce sont nos dieux domestiques, elles ont pour mission de veiller sur nous. D'ailleurs dès qu'un incident se produit, elles nous préviennent de leurs hurlements.
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En fin d'après-midi, le bateau était reparti et Benjamin était resté. Il faut se remettre dans l'ambiance de cette époque difficile. Chacun savait ce qui se passait sur le continent, le pays était empêtré dans la dictature, aussi par prudence nous avons décidé de ne poser aucune question à cet inconnu que la mer nous avait envoyé. Benjamin à travers les fenêtres du café avait regardé le bateau s'éloigner. Je me trouvais là, je me souviens.
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Il ne nous a pas tout raconté d'un coup. Et même au début il était très prudent. Il a commencé par de petites phrases glissées comme ça dans la conversation, pareilles à ces poissons qui se faufilent entre les pierres, tu n'y fais pas attention mais ils sont là.
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