Ce livre décline des comportements qu’on peut qualifier de plus ou moins progressistes, mais il s’attache d’abord à décrire les différents critères qui font la gayfriendliness : avoir des amis gais ? Soutenir le « mariage pour tous » ? Envisager sans effroi que sa fille devienne lesbienne ? Sortir dans des bars gais et même renouveler ses propres pratiques sexuelles ? Les combinaisons sont multiples et variables
L ’évolution des espaces publics étasuniens ne se réduit donc pas à des logiques de répression et de « guerre aux pauvres » ; cette enquête met plutôt au jour la manière subtile dont se recomposent, dans la célébration de la diversity, de micro-ségrégation
retracer la genèse de reformes qui, en étant présentées comme nécessaires, se retrouvent soustraites à la discussion collective contradictoire, et, par là, permettre à d’autres analyses d’être prises en compte
comme s’il fallait, face à cette réorganisation de l’ordre familial et intime, rebâtir avec une même application les frontières qui jugulent la « souillure »
Mon enquête montre que l’ouverture et le mélange interviennent de façon privilégiée dans cette sphère intermédiaire de la sociabilité amicale et de voisinage, tandis qu’aux deux pôles – public et privé -, et par des moyens fort différents, un contrôle plus ferme s’exerce sur l’homosexualité que l’on accepte
Ce livre propose un voyage dans une ville des États-Unis pour comprendre comment cette valorisation de la diversité se traduit aujourd’hui. Quels types de relations fait-elle émerger entre une élite naguère exclusivement blanche et protestante, fermement accrochée à l’institution conjugale et familiale, et des groupes sociaux occupant des places subordonnées dans la société étasunienne ?
De fait, il n’y a pas seulement euphémisation sur la base d’une rhétorique occultant tous les rapports sociaux inégalitaires ou relations de domination. Cette rhétorique implique la reconnaissance de l’autre, l’autre étant toutefois invité à faire de même et adhérer à ce cadre pacifié de l’échange
L’engagement pour la diversité se présente comme un héritage – certes largement reformulé, et en parti délestée de sa charge contestatrice – des mouvements protestataires des années 1960 ; la disposition philanthropique des plus riches s’y trouve fondamentalement retravaillée
La place donnée au pourcentage d’étrangers érige de fait la présence de cette population en problème en soi, éléments à part entière du problème des banlieues
A la faveur de la construction de la catégorie de quartier sensible comme problème social se jouent trois phénomènes : l’occultation des violences entre jeunes issus de l’immigration et police ; la définition de la base ethnique et non socio-économique des populations à problèmes ; et le recadrage de l’action étatique autour des questions de lien social et de mixité sociale plutôt que d’inégalités ou de redistribution.