Elle sait reconnaître ses défauts, c’est déjà ça. Après tout, elle n’est peut-être pas médisante ? Elle agit tout simplement en femme de science qui donne son point de vue sur les rapports compliqués d’un père et son fils, c’est tout. Pourquoi lui en vouloir ? Il n’y a que ses vues sur mon père qui me donnent envie de la secouer, de me jeter sur elle, de la griffer… J’oublie cependant de parler d’un point crucial chez cet être inférieur qu’est la femme et mille fois plus capable que l’homme : généralement, la ruse y est subtilement mêlée.
Il me dit souvent qu’il m’aime – qu’il m’aime trop – et que c’est insensé notre histoire. Notre histoire ? D’aucuns la jugeront choquante, mais je n’en ai que faire. Et pourtant ! Ils sont légion les gosses de ma race, à peine sortis de l’enfance, déjà formés, les idées bien en place, plus adolescents déjà, pas encore tout à fait adultes, qui rêvent d’être le phantasme, le désir interdit, l’objet sexuel de leur père. Ils sont bien plus expérimentés qu’on ne le pense ! Ils font fi de la morale et de la religion, qui pour eux ne sont que des cadavres putrides posés sur leur chemin, des entraves à leur liberté. Elles leur interdisent ce qu’ils veulent de meilleur pour eux-mêmes, c’est-à-dire ce qui les rend forts, bêtes et heureux, un peu coupables par-ci, un peu consolables par-là. En somme, d’être ce pour quoi ils sont programmés. Cette accusation s’allège de son péché quand la relation est consentante. Mais qui n’est pas coupable, qui n’a pas péché sur cette terre ? Peu nombreux seraient à me répondre. Le mysticisme des choses, comme l’impitoyable symbole de l’image pieuse, ne m’a jamais intéressé ni atteint. Je l’ai au contraire plutôt fui, très tôt. La religion n’a jamais eu aucun impact sur moi.