Citations de T. A. Barron (62)
- Oui, Tu me rappelles ce faucon qui était perché sur ton épaule, il n’y a pas si longtemps. Comme lui, tu peux être féroce aussi bien que gentil ; tu t’accroches de toutes tes forces sans jamais lâcher, tu y vois clair, mais pas avec tes yeux ; tu sais quand utiliser tes pouvoirs… et tu es capable de voler.
Si je ferme les yeux et respire au rythme de la mer, le souvenir de ce jour lointain me revient. Un jour rude, froid, sinistre, désespérant.
Depuis, j’en ai vu beaucoup d’autres, plus que je n’ai la force d’en compter. Et pourtant ce jour brille dans ma mémoire avec autant d’éclat que le Galator lui-même, comme celui où j’ai trouvé mon vrai nom, ou celui où j’ai bercé pour la première fois dans mes bras un bébé du nom d’Arthur. Si je m’en souviens si clairement, c’est peut-être parce que la douleur est toujours là, telle une cicatrice sur mon âme. Ou parce qu’il a marqué la fin de tant de choses… et, en même temps, le commencement de ces années oubliées.
- Seul, quelqu'un connu de toutes les espèces parviendra à les rassembler : quelqu'un qui a oeuvré avec les nains, marché avec les goules des marais, parlé avec les arbres et les pierres vivantes, quelqu'un qui a nagé avec le peuple de la mer, volé avec les soeurs du vent et s'est tenu debout sur les épaules des géants.
- Vous voulez dire...? Non, je ne peux pas. Non
Des troubles à Feuracine, avec les dragons cupides et les nains têtus, comme Zorgat qui avait brisé la flèche à la pointe d'obsidienne. De la violence dispute des oiseaux à propos du pont de nuages. Du voyage terrifiant jusqu'au lac d'élano, et de leur victoire, du moins provisoire, contre la rouille. Enfin de l'inquiétante découverte de Basilgarrad dans le repaire du seigneur des dragons d'eau.
- Qu'est-ce que tout cela signifie ?
- En tout cas, si tu consens à notre petite alliance, l'étalon est à toi.
Encouragé par l'haleine chaude du cheval dans mon cou, j'ai acquiescé.
- Sauf que ce cheval n'appartient ni à moi ni à personne d'autre. Il s'appartient à lui-même et rien qu'à lui-même.
Branwen elle-même se montrait indifférente à ces murmures. Tant que ses patients payaient ses services et nous permettaient de subsister, elle n'attachait pas d'importance à ce qu'ils pouvaient dire ou penser. Récemment, elle s'était occupée d'un moine âgé qui avait glissé sur les pierres mouillées du pont et s'était entaillé le bras. En bandant sa blessure, elle avait prononcé une prière chrétienne, ce qui avait semblé lui plaire. Mais lorsqu'elle y avait ajouté un chant druidique, il l'avait réprimandée et mise en garde contre le blasphème. [...] le moine en colère avait arraché son pansement et s'était sauvé, non sans avoir prévenu tout le village qu'elle faisait le travail des démons.
[...] - Sois juste toi-même.
J'y ai pensé de temps à autre. C'est bien plus facile à dire qu'à faire, mais il y a du vrai là-dedans. (p263)
- Chut, a-t-elle doucement, posant un doigt sur mes lèvres. Ne parle pas de tout ça, ni de l'avenir non plus. Réjouissons-nous du présent, des jours que nous passons ensemble maintenant.
- N'y a-t-il aucun moyen d'arrêter ce roi? ai-je demandé, les yeux fixés sur la dépouille du spectre changeant.
- S'il en existe un, personne ne l'a trouvé! Ses pouvoirs sont immenses. Outre son armée, il possède presque tous les Trésors de Fincayra.
- Qu'est-ce que c'est, ces trésors?
- Des objets magiques, et très puissants. Autrefois, les Trésors étaient utilisés pour profiter au pays et à ses habitants, pas seulement à une personne. Mais c'est fini. Maintenant, ils sont à lui: l'Orbe de feu, l'Éveilleur de rêves, les Sept Outils magiques; Percelame, une épée à deux tranchants, un qui pénètre dans l'âme et l'autre qui guérit les blessures; la Harpe fleurie, le plus beau des Trésors, dont la musique peut amener le printemps dans une prairie ou sur un coteau; et, enfin, le plus détestable, le Chaudron de la mort.
Rhia a alors ajouté tout bas:
- Un seul de ces Trésors légendaires n'est pas encore tombé entre ses mains. Celui dont le pouvoir est, dit-on, plus grand que tous les autres réunis: le Galator.
J'ai eu une soudaine envie de sonder son esprit, comme si c'était l'intérieur d'une fleur. Mais les flammes se sont rallumées dans la tête. Alors, je me suis souvenu de ma promesse, mais aussi de mes peurs.
- Dis-moi juste une chose, ai-je supplié. Tu m’as raconté un jour que tu avais connu mon grand-père. Connaissais-tu aussi mon père ?
Branwen tressaillit.
– Oui, je le connaissais.
- Etait-il… Enfin, était-ce un humain ? Était-ce… Un démon ?
Tout son corps s’est raidi. Après un long silence, elle a répondu d’une voix qui semblait venir de très, très loin.
– Je te dirai seulement ceci : si jamais je devais rencontrer un jour, rappelle-toi : il n’est pas ce qu’il paraît être.
- Je m’en souviendrais. Mais ne peux-tu rien me dire de plus ?
Elle a secoué la tête.
– Mon propre père ! Je veux juste le connaître.
– Il ne vaut mieux pas.
– Pourquoi ?
Au lieu de répondre, elle a secoué la tête tristement et s’est dirigée vers la table où était posée sa collection de plantes médicinales. Elle en a ramassé quelques-unes, les a pilées grossièrement, puis a versé la poudre dans une sacoche en cuir suspendue à une corde. Elle m’a donné la sacoche et m’a dit d’un ton résigné :
– Cela t’aidera peut-être à vivre un peu plus longtemps.
Merlin.
J'aimais bien ce nom. Pas assez pour le garder, bien sûr, même si je savais que les noms avaient parfois une façon bizarre de vous coller à la peau.
Merlin.
Un nom original, pour le moins, et chargé de sens : à la fois source de chagrin et de joie pour mon esprit. (p355)
Rien ne vaut une bonne lecture après une journée de bonnes lectures. (p235)
Les graines sont comme les enfants, elles renferment tous les espoirs, toutes les possibilités de l'avenir.
Un nouveau sentiment, plus puissant encore que la rage et la peur, a rempli mon coeur. J'aimais Rhia. J'aimais son courage, sa vitalité. Tu es tout ce que tu es, m'avait-elle dit un jour.
Puisse le sort capricieux
Obéir à nos voeux
Encore une histoire de Merlin ! Me suis-je dit en ouvrant le livre. Eh bien j'avais tort. Enfin, pas tout à fait, parce qu'il s'agit bien d'une histoire de Merlin, mais avant qu'il ne devienne Merlin justement. Et ça change tout. En racontant la jeunesse de l'enchanteur, et donc sa quête initiatique, T. A. Barron sort (un peu) des sentiers rebattus. Et il écrit bien, et ses personnages (Emrys/Merlin, Rhia et Shim le géant nain) sont pittoresques, je dirais même "pimentés", on a envie de les suivre dans leurs aventures, jamais on ne s'ennuie. Les paysages sont vraiment féériques. Alors: "Dravia Fyncaira !" et comme deux autres tomes sont sortis, je n'ai qu'une envie: y retourner !
La pluie a commencé à tomber, mêlant son bruit au clapotement du torrent et au chant des arbres. Les branches ruisselaient. De minuscules rivières dévalaient le long des troncs, serpentant entre des prairies de mousse et des gorges d'écorce. En pleine tempête, je tenais bon. Jamais je n'avais été aussi trempé. Et jamais je ne m'étais senti plus libre.
J'ai continué à avancer, un peu plus désespéré à chaque pas. Avais-je fait tout ce chemin pour ne trouver que des os et ce tas de feuilles?
Je me suis arrêté. Un tas de feuilles...
Je suis retourné à toute allure vers la cellule. Mon cœur battait la chamade. J'ai regardé une nouvelle fois par la fente étroite. Juste assez fort pour me faire entendre, j'ai reproduit le son le son que Rhia m'avait appris pour réveiller un hêtre.
Le tas de feuilles a bougé.
- Rhia, ai-je chuchoté, tout exité.
- Emrys?
Elle s'est levée d'un bond et a couru vers la porte. Sa tenue de plantes grimpantes était déchirée et sale, mais elle était vivante.
- Oh! Emrys, s'est-elle écriée, incrédule. Est-ce bien toi ou ton fantôme?
Horn a entouré l'épaule de son fils de son bras musclé et s'est tourné vers moi, le visage rayonnant de fierté.
- En vérité, j'ai mon propre trésor : mon garçon, ici présent. Et il est plus précieux pour moi qu'un océan de miracles.
J'ai fait signe au garçon d'avancer.
- Viens ici. Je ne te ferai pas de mal.
Il s'est levé lentement, s'est approché, hésitant, puis s'est arrêté.
- Tu es magique gentil ou magique méchant ?
Rhia a étouffé un rire.
- Il est très magique gentil, a-t-elle répondu en serrant l'enfant dans ses bras. Sauf quand il fait sa tête de méchant.