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Citations de Taffy Brodesser-Akner (34)


J'étais à présent ce que l'on appelait une mère au foyer, activité temporaire dénuée de toute perspective de promotion qui se distinguait tellement d'un véritable boulot qu'elle s'apparentait dans les faits à une résidence surveillée, même si, bien évidemment, j'avais encore le droit de faire du covoiturage et les courses.
Quand je disais ce que je faisais, on me répondait : " Etre mère, c'est le boulot le plus difficile au monde." Mais c'était faux. Le boulot le plus difficile au monde, c'était d'être mère et d'avoir un vrai job.
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Je le dis et je le redis : la vie est un processus au cours duquel on rencontre des gens dont on se débarrasse lorsqu'ils ne nous sont plus utiles. La seule exception à cette règle, ce sont les amis que l'on se fait à la fac.
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- J'aimerais bien apprendre à te connaître. J'aimerais bien t'inviter quelque part.
- Je ne peux pas. Je n'ai pas encore tout réglé avec mon mari et je ne me sens pas prête à sortir avec un autre homme.
- Parce que tu as peur de le faire soufrir ?
Elle resta muette.
- Mais vous n'êtes plus mariés.
Elle lui rit au nez.
- S'il suffisait de divorcer pour ne plus être mariés.
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La colère était un jardin qu'elle cultivait, un jardin envahi d'une mauvaise herbe toxique dont elle ne parvenait pas à endiguer la progression. Toby ne comprenait pas que lui aussi cultivait ce jardin. Il ne comprenait pas qu'ils avaient été deux à y planter des graines.
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"Et dans nos rires nous entendions notre jeunesse et il n'est jamais sans danger de se retrouver au seuil de la maturité, au fond d'une impasse dans sa vie et d'entendre soudain l'écho de sa jeunesse".
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Ce n’était pas parce qu’il était douloureux de contempler leur jeunesse, leur peau brillante et ferme, leur ravissement face au pli impeccable qui séparait leurs fesses du haut de leurs cuisses, même si tout cela, évidemment, était extrêmement douloureux. Ce n’était pas leur profonde conviction qu’il en serait toujours ainsi, ni même le fait que, sachant toutes ces choses passagères, elles avaient fait le choix d’en profiter au maximum : en fait, si elles avaient profité de leur jeunesse justement parce qu’elles savaient qu’elle ne durerait pas, ça aurait été encore pire, car qui était capable d’une telle lucidité à cet âge ? Non, ce qu’il ne pouvait plus supporter, c’était de se retrouver avec quelqu’un qui ne comprenait pas encore profondément la notion de conséquence, qui ne savait pas en son for intérieur que peu importait le soin avec lequel on planifiait sa vie, le monde finissait par l’emporter. Il était impossible d’apprendre cette leçon sans l’avoir vécue. Qui que nous soyons, la seule façon de le comprendre, c’est de le vivre.
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Les hommes n’avaient pas de problèmes concomitants à leur sexe. Ils n’avaient pas peur de paraître illégitimes. Ils n’avaient rencontré aucun obstacle. Ils étaient nés en sachant qu’ils avaient leur place dans le monde, et à chaque tournant de la vie, on les confortait dans cette certitude, au cas où ils l’auraient oubliée. Mais ils ne cessaient pas pour autant d’être créatifs, d’êtres humains, aussi s’attachaient-ils à diverses problématiques dans un pur élan artistique. Leurs problèmes n’en étaient pas. Ils n’avaient pas à lutter pour définir leur identité, ils n’avaient pas à craindre pour leur santé ou leur situation financière. Cela leur permettait de toucher à la nature de leur âme, à la nature même de l’âme humaine – toucher à la blessure qui se cachait sous les contingences et les combats du quotidien.

Je pouvais les écouter pendant des heures. Quand on ne pose pas beaucoup de questions et qu’on laisse quelqu’un parler, il finit toujours par vous dire ce qui lui passe vraiment par la tête. Dans ces monologues, je retrouvais mes propres griefs envers l’existence. Ils se sentaient exclus de la même façon que je me sentais exclue. Ils se sentaient ignorés de la même façon que je me sentais ignorée. Ils avaient l’impression d’avoir échoué. Ils avaient des regrets. Ils manquaient d’assurance. Ils s’inquiétaient de ce qu’ils laisseraient derrière eux quand ils mourraient. Ils disaient toutes ces choses que je redoutais de dire à voix haute de peur de paraître mégalomaniaque, égocentrique, vaniteuse ou narcissique. Je calquais mon histoire sur la leur, comme dans ces livres de biologie ou l’on peut placer un transparent des muscles humains sur le dessin d’un squelette. Je traitais de mes problèmes à travers les leurs.

C’était là une grande leçon que j’avais tirée : la seule façon d’amener quelqu’un à écouter une femme, c’était de raconter son histoire par le biais d’un homme. Faites passer votre message sous couvert masculin, tel un soldat grec dans le Cheval de Troie, et les gens en auront quelque chose à foutre de vous.
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Toute sa vie, on l’avait convaincu qu’être médecin était un métier respectable. C’était un métier respectable ! Quand Rachel était rentrée chez eux cette nuit-là, il lui avait raconté ce que ce sale con de Todd lui avait dit, et elle lui avait sorti : « Et donc, tu leur conseillerais quoi ? » Ils s’étaient tous ligués contre lui.
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Peut-être à cause de l'injustice monstrueuse qui frappe le statut, la carrière et le corps de toute femme lorsqu'elle devient mère. Toutes ces choses ont de quoi vous rendre folle si vous êtes quelqu'un d'intelligent. Si vous êtes une femme intelligente, vous ne pouvez rester maîtresse de toutes vos facultés quand vous comprenez pleinement, comme n'importe quelle autre personne intelligente le ferait à votre place, les limitations que le monde impose aux femmes. Je ne l'ai pas supporté.
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(...) quiconque avait participé à ne serait-ce qu'une séance de thérapie de couple savait qu'au-delà de votre propre point de vue se trouvait un gouffre où bouillonnait un torrent de lave, et qu'au-delà de ce gouffre se trouvait le point de vue de votre époux ou de votre épouse.
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Nos tankinis bleu marine étaient renforcés par un corset afin de contraindre nos corps à imiter la silhouette d'un sablier, mais nos membres révélaient tout ce qu'il y avait à savoir sur notre sens de la discipline et nos contraintes métaboliques.
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(...) l'ambition d'une vie ne suit pas toujours une courbe ascendante. Parfois, quand on est heureux, l'ambition jogge sur place.
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Toby suivit Hannah sur Instagram, et tous ses posts lui crièrent son profond manque d'assurance. C'était une pêche incessante aux compliments. De la vantardise feinte. En les lisant, Toby n'avait qu'une envie, asseoir sa fille sur ses genoux, et lui chanter des chansons en la berçant jusqu'à ce qu'elle s'endorme.
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Toute petite déjà, j’aimais que l’on m’admire et être le centre d’intérêt de mon entourage. Je cherchais en permanence l’attention de ma mère : pour une note en classe, bonne ou mauvaise, pour me plaindre d’un prof, parler de la soirée au lycée, puis de mes doutes sur l’inscription à l’école de journalisme. Pareil avec mon père ; dès qu’il rentrait de son travail, c’était moi, moi, moi. Ma sœur, d’un caractère plus réservé, avait dû se contenter des miettes que j’avais bien voulu lui laisser. Elle observait de loin mes extravagances, sans se mêler de ma vie.
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J’étais à présent ce qu’on appelait une mère au foyer, activité temporaire dénuée de toute perspective de promotion qui se distinguait tellement d’un véritable boulot qu’elle s’apparentait dans les faits à une résidence surveillée, même si, bien évidemment, j’avais encore le droit de faire du covoiturage et les courses. Quand je disais ce que je faisais, on me répondait : « Être mère, c’est le boulot le plus difficile au monde. » Mais c’était faux. Le boulot le plus difficile au monde, c’était d’être mère et d’avoir un vrai job, avec un pantalon, un passe ferroviaire grande banlieue, des stylos et du rouge à lèvres.
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J’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour trouver une femme qui n’était pas folle, et j’ai fini par épouser quelqu’un de complètement timbré. On est allés voir un thérapeute de couple. Il lui a dit qu’elle avait trop de mépris en elle. Il racontait que le mépris était l’un des quatre cavaliers de l’apocalypse conjugale.
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Je ne pouvais pas être plus costaude qu’un homme ni au lit, ni au cinéma, ni à un dîner. Honnêtement, ni même au téléphone. Je ne voulais pas avoir l’impression d’être énorme et sans grâce, ni passer à mes propres yeux pour cinq cents kilos de brutalité bûcheronne. Je n’avais pas envie d’être confrontée à ce sentiment chaque fois que sa main s’aventurerait sous ma chemise.
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Nos techniques de défense étaient les mêmes : le sarcasme, la mesquinerie, la propension à étaler notre culture, dans l’espoir de nous distinguer des autres. Il me plaisait bien. Il aurait même pu me plaire vraiment bien.
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Visez ce que vous désirez et pas ce que vous êtes censé désirer.
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Il y avait d’autres avantages à fréquenter des femmes de son âge. La pose qu’elles prenaient sur leur photo de profil n’avait rien de porno, contrairement à celles des plus jeunes. Seules des représentantes de cette curieuse génération des millenials pouvaient croire que se mordre la lèvre, ouvrir la bouche, garder les yeux mi-clos ou se pencher complètement en arrière (où étaient donc leurs mains ?) avait quelque chose d’attirant, que seule une soumission quasi absolue et pseudo-extatique pouvait exciter un homme.
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