Citations de Tahereh Mafi (779)
Des rares amis que je m'étais faits en dehors des pages imprimées, il ne me restait que de vagues souvenirs, et encore ils s'évaporaient vite.
Océan avait la tête de l’Américain type, le genre auquel peu de filles résistaient, qui le situait tout de suite dans l’esprit des recruteurs et qui, auprès de la population du coin, lui vaudrait toujours de passer pour un bon garçon avec un gros potentiel et un brillant avenir. J’essayais de lui expliquer pourquoi ma présence dans sa vie serait à la fois problématique et controversée, mais Océan ne voulait rien entendre.
Tout en moi – mon visage, ma manière d’être – était devenu politique. À une époque, ma présence créait un simple malaise ; j’étais la marginale de service, rien de plus, le genre d’énigme facile à écarter de sa vue, de son chemin. Mais un jour, au lendemain d’une tragédie épouvantable, je me suis réveillée en pleine lumière. J’étais aussi bouleversée et horrifiée que les autres, mais ça ne comptait pas : personne ne croyait en mon chagrin. Des gens que je n’avais jamais vus de ma vie me traitaient soudain de meurtrière. Des inconnus me hurlaient dans la rue, à l’école, à l’épicerie, dans les stations-service, au restaurant, de rentrer chez moi dans mon pays, de retourner baiser les chameaux en Afghanistan, espèce de terroriste !
J’avais envie de leur dire que j’habitait le quartier. De leur dire que je n’avais jamais mis les pieds en Afghanistan.
Mais ce que je pouvais dire n'avait plus aucune importance. On parlait de moi, on parlait pour moi, on dissertait à mon propos sans jamais me demander mon avis. J'étais devenue un thème de discussion ; une statistique. Je n'étais plus libre d'être seulement une ado, seulement un être humain, seulement de la chair et du sang ; non, on me sommait d'être plus que ça.
Je ne parvenais plus à distinguer les personnes lambda des monstres.
- Essaie juste d'être heureuse. Te voir heureuse, c'est la seule chose que ces nazes ne peuvent pas supporter.
Les gens avaient du mal à le comprendre, car les gens ont du mal à comprendre les femmes en général.
Deux ans et de mi à tenir avant de m'évader de cette geôle qu'on appelle lycée, avant d'échapper à ces monstres qu'on appelle les gens. Je n'attendais qu'une chose, partir de cet établissement de malades.
Ces injections régulières de poison administrées par des inconnus, c'était incontestablement ce que le port d'un foulard pouvait me valoir de pire.
Je ne comprenais pas qu'on puisse s'en prendre aussi violemment à moi pour quelque chose que je n'avais pas fait et se sentir légitime au point de m'agresser.
Mon anglais avait beau n'avoir aucune trace d'accent. J'avais beau dire et redire à tout le monde que j'étais née ici, aux États-Unis, que l'anglais était ma première langue, qu'en Iran mes cousins se moquaient de la médiocrité de mon farsi mâtiné d'accent américain - rien n'y faisait. Tout le monde me croyait fraîchement descendue d'un bateau arrivé d'un pays lointain.
Je me disais que si j'avais le malheur de parler ou de crier, ma colère allait m'attraper par les coins de la bouche et m'ouvrir en deux.
On ne peut pas rapprocher à tous, l'imbécillité d'un seul.
Les jours les plus sombres, on doit chercher un coin de clarté ; les jours les plus froids, on doit chercher un coin de chaleur ; les jours les plus lugubres, on doit laisser ses yeux s'émerveiller ; et les jours tristes, on doit garder les yeux ouverts pour laisser les larmes couler. Puis les laisser sécher. Leur donner l'occasion de dissiper la douleur pour y voir clair et y voir encore.
I loved my parents, I really did. But I never talked to them about my own pain. It was impossible to compete for sympathy with a mother and father who thought I was lucky to attend a school where the teachers only said mean things to you and didn’t actually beat the shit out of you.
J’ai gâché leur vie, c’est ce qu’ils m’ont dit.
J’ai volé leur bonheur. Détruit chez ma mère tout espoir d’avoir d’autres enfants.
Ne voyais-je donc pas le mal que je faisais ? m’ont-ils demandé. Ne voyais-je donc pas que j’avais tout détruit ?
Je me suis donné tant de mal pour tenter de réparer ce que j’avais détruit. Jour après jour, j’ai essayé de devenir celle qu’ils voulaient que je sois. J’ai sans cesse essayé de m’améliorer, mais je n’ai jamais vraiment su comment faire.
We can find a way to live, away from all the violence and destruction.
Besides, I’m tired of fighting. I’m tired of being on the run and always having to risk my life and constantly worrying about James. I just want to go home. I want to take care of my brother. And I never, ever, ever want to feel what I felt last night.
I can’t risk losing James, not ever again.
- Moi qui ne bois pas, ce boulot me saoule.
Ma mère est morte (...). Mon père est mort (...). Tout ce que j'ai été, tout ce que je suis, je le dois à la conjugaison de leur action et de leur inaction.
Eux disparus, me demandé-je, qui suis-je ?
T’es assise dans le coin toute la journée, t’écris dans ton carnet et tu regardes partout, sauf mon visage. T’as des tas de choses à dire à une feuille de papier, mais moi, je suis là et tu fais comme si j’existais pas. Juliette, s’il te plaît…