Il se peut qu’en regardant au-dehors vous aperceviez dans votre jardin une longue silhouette vêtue d’une robe blanche, agenouillée parmi les fleurs. Désincarnée.
Bien sûr, ce sont des sorcières. Des femmes qui maîtrisent les secrets de l’alchimie du verbe, qui ont su, par leur langue, envoûter le dictionnaire, faire naître, en leur chaudron, des œuvres puissantes, parfois étranges, toujours violemment singulières. Leurs voix toujours vivaces hantent les bibliothèques et le cœur des lecteurs, leurs chants se tissent en nasses pour mieux nous pêcher l’âme ; elles sont aussi sirènes, et s’écrivent dans la pierre. Elles sont nos très grandes sœurs, ces trente femmes évoquées. Elles sont nos très grandes sœurs autant que des icônes de la littérature, des quatre coins du globe elles sont, à nous, venues. Impérieuses ou fragiles, prophétesses, guérisseuses, fées, ermites ou guerrières. Certaines ont fait ployer le réel tandis que d’autres s’y sont noyées. Toutes ont changé des vies par la force de leurs livres. Comme toutes se sont elles-mêmes tricoté un destin.
Préface
Eileen s’en fait le serment : « Je serai la reine de ma propre prison. »
Ce ne sont pas des muses, ce sont des créatrices. Elles font jaillir les mots à partir de leur cœur. (...) Leurs écrits portent l’espoir autant que les maléfices, ils fascinent, se transmettent. Pour un grand nombre d’entre elles, sur des générations. (...)
Sorcières et légendaires. Écrivaines et mythiques, toutes appartiennent déjà à l’histoire collective. Ce livre est un talisman.
Préface
Les récits de Shirley Jackson, mêlant le surnaturel à l’ordinaire, sont le miroir déformant de la noirceur de l’âme humaine. Elle écrivit sa plus célèbre nouvelle «La Loterie» après que des habitants de son village, dans une plaine reculée du Vermont, avaient peint une croix gammée sur la façade de sa maison (son mari, professeur au Bennington College, était juif).
Shirley Jackson
Audre Lorde : Sorcière guerrière de l’altérité, des corps électriques et de la sororité