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Critiques de Tanguy Struye de Swielande (1)
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La Chine et les grandes puissances en Afriq..

Le temps n'est plus où l'Afrique constituait la chasse gardée des anciennes puissances coloniales. Avec la Guerre froide, elle avait fait son entrée dans le Grand Jeu international pour devenir un terrain d'affrontement par procuration des deux Super-Grands. Mais, depuis une dizaine d'années, on y assiste à un phénomène nouveau : la présence accrue des puissances émergentes. L'activisme de la Chine, de l'Inde, du Brésil ou de la Turquie marque d'autant plus les esprits que ces puissances n'entretenaient avec l'Afrique jusque-là que des relations ténues.

Professeur à l'Université catholique de Louvain et aux Facultés universitaires catholiques de Mons, Tanguy Struye de Swielande passe en revue les engagements de ces nouveaux acteurs. L'énumération est parfois fastidieuse : la documentation dont s'est entouré l'auteur est impressionnante mais l'utilisation scolaire qu'il en fait ne brille guère par son originalité. Tanguy Struye de Swielande a certes le mérite de donner à connaître des pays que les études africaines ignorent largement : l'Inde, le Brésil, mais aussi la Turquie ou l'Iran. Mais les développements qu'il consacre à l'Europe et aux États-Unis n'apportent rien de nouveau. Et ceux, attendus, sur la Chine frustreront le lecteur qui trouvera ailleurs (on pense notamment au récent ouvrage collectif « Le temps de la Chine en Afrique » dirigé par Jean-Jacques Gabas et Jean-Raphaël Chaponnière) matériau plus roboratif.

Reconnaissons-lui toutefois le mérite d'éviter les ponts-aux-ânes que le sujet suscite trop souvent. On dit à tort et à travers que la Chine déploie en Afrique une stratégie prédatrice, qu'elle y a évincé ses partenaires traditionnels, que le "consensus de Pékin" sape les principes du consensus de Washington. Son livre sait faire la part des choses.

Il serait paranoïaque de prêter à la Chine des vues prédatrices sur le continent africain. L'Afrique n'est pour le géant chinois qu'un champ d'expansion parmi d'autres, autrement moins important que l'Asie du sud-est ou que l'Asie centrale. Sans doute y cherche-t-elle des matières premières, des terres arables, des débouchés commerciaux. Mais l'intérêt qu'elle porte à l'Afrique reste marginal : ainsi continue-t-elle d'importer beaucoup plus de pétrole du Moyen-Orient que d'Afrique. L'existence d'une stratégie chinoise soigneusement planifiée relève d'autant plus du fantasme que la Chine, contrairement à l'image que l'on s'en fait, constitue de moins en moins un acteur unique, homogène. Sa politique africaine est le fruit d'arbitrages difficiles au sein de son immense bureaucratie ; les intérêts publics et privés y sont parfois en contradiction.

Il ne faut pas non plus surestimer la percée chinoise. Sans doute le commerce sino-africain a-t-il été multiplié par dix entre 2000 et 2010. Pour autant, l'Union européenne et les Etats-Unis restent les principaux partenaires commerciaux de l'Afrique. Il ne s'agit pas pour l'Afrique de substituer telle puissance par telle autre mais plutôt d'élargir et de diversifier ses relations commerciales.

La relation avec la Chine a eu, dans les premiers temps, les charmes de la nouveauté. Certains pays africains y ont vu le moyen de s'affranchir des conditionnalités imposées par le "consensus de Washington". Certains, parmi les plus rebelles à la légalité internationale (ainsi du Soudan ou du Zimbabwe), restent attachés à la stricte non-ingérence prônée par la Chine. Pour autant, les années passant, la coopération sino-africaine se banalise. Soucieuse de sa réputation, la Chine modère son soutien aux États parias. Quant aux États africains, ils déchantent progressivement face aux réalités d'une relation moins "gagnant-gagnant" qu'annoncée : mise en place d'un système d'échanges néo-colonial, non-respect des normes sociales et environnementales, concurrence de la main d'œuvre chinoise importée ...

Il y a fort à parier que la présence de la Chine en Afrique se banalise avec le temps. Loin d'évincer ses partenaires traditionnels, elle deviendra bientôt un partenaire parmi d'autres.
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