Gros coup de cœur.
En Inde, l’éléphant est un animal autant craint que respecté, autant chassé que protégé.
Il y a ceux pour qui il est une semi-divinité et l’exploitent dans des conditions terribles pour le louer à des temples, des cérémonies de mariage ou autres spectacles grotesques.
C’est le sort réservé au Fossoyeur, un éléphant gigantesque, intelligent, magnifique, meurtri et assoiffé de vengeance.
Il y a ceux qui soignent, sauvent, se battent pour leur protection.
C’est le cas de ce veto hors normes suivi par une cinéaste et son cameraman.
Puis il y a ceux qui les tuent pour récupérer quelques piécettes sur leur ivoire, leur queue, et nourrir toute une famille.
Ce roman, où trois histoires se croisent pour n’en faire plus qu’une, est une très belle réussite.
Le dépaysement est total, l’écriture est fluide et authentique, les personnages sont vraiment attachants.
Quelle bonne idée de placer aussi le point de vue du côté de l’éléphant!
Il est sorti en librairie jeudi et mérite vraiment de ne pas se noyer dans la rentrée littéraire.
J’ai adoré! Je vous le conseille.
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Voici un nouvel exemple des parutions singulières et enrichissantes de la collection fiction des éditions Rue de l’Echiquier.
Traduit par l’incontournable Brice Matthieussent, « D’ivoire et de sang » nous amène dans le sud de l’Inde.
A travers les yeux d’un braconnier, d’une documentariste américaine et d’un éléphant, Tania James explore les complexités morales du commerce de l'ivoire et de la préservation des espèces.
L'histoire se déplace entre les trois récits, suit la vie de chacun, revient sur les événements qui les ont façonnés jusqu'à présent, les guidant les uns vers les autres et vers l’inévitable confrontation.
Les trois trajectoires fusionnent en une méditation sur l'amour et la trahison, le devoir et la loyauté, et la relation contrariée entre homme et nature.
Ce livre nous rappelle qu’il y a toujours plusieurs façons de voir les choses. Rien n’est simple. Il n’y a pas d’un côté les bons et de l’autre les mauvais. Chacun détient une part de la vérité.
L’idéalisme occidental vient ici se heurter à la réalité locale où les moyens de subsistance d'un agriculteur peuvent être détruits par un éléphant déchaîné, où la misère pousse les hommes au braconnage, où la corruption est un passage obligé pour défendre les animaux.
Allez, chiche, on arrête de tout simplifier, on arrête d’avoir un avis tranché en ne tenant compte que de son nombril et de sa culture.
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Sa mère est abattue. Sous ses yeux. Et lui, tout jeune encore, se blottit contre elle. Cherche sa chaleur. Une dernière fois.
Lui, c'est le Fossoyeur. Animé par une colère de colosse. Il sème la terreur dans les villages. Tue. Venge sa mère.
Le Fossoyeur, c'est un éléphant.
Et sa mère est morte pour l'ivoire. Pour l'argent.
En parallèle, Manu, seize ans. Braconnier malgré lui. Par amour. Du frère ou de la belle-soeur, la question ne se pose même pas, quelque part c'est pareil.
Et puis Emma, cinéaste américaine venue tourner un documentaire sur un vétérinaire charismatique, Ravi, qui recueille les elephanteaux orphelins. Parce que le braconnage justement...
Leurs voix se mêlent.
Se recoupent.
Se retrouvent.
C'est, par moments, brutal, mais jamais exagéré. Nécessaire. Bouleversant.
D'une beauté sauvage.
L'écriture n'a rien à envier à cette belle couverture, le tout donne un ouvrage absolument réussi.
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Nous voici transportés aux fins fonds de l'Inde du Sud, peut-être dans l'état du du Kerala.
Climat tropical, forêts denses, rizières...
C'est entre autres le domaine des éléphants, ces animaux légendaires, sacrés, craints, mais aussi convoités, parfois maltraités voire massacrés par les humains. Principale cause le trafic de l'ivoire.
Tania James, écrivaine américaine d'origine indienne, nous conte ici trois histoires, trois vies, trois destins qui s'entrecroisent...
Elle donne donc la parole à trois narrateurs très différents les uns des autres :
- Sooryamangalam Shreeganeshan dit "Le Fossoyeur", un éléphant de haute taille qui a eu la douleur de voir sa mère massacrée sous ses yeux, alors qu'il était encore très jeune ; un traumatisme qui le hante.
- Manu, un jeune villageois dont la famille, plutôt modeste, travaille dans les rizières. Il rêve de faire des études, mais sera entraîné malgré lui dans une sordide affaire de braconnage.
- Emma, une jeune cinéaste américaine, qui avec Teddy, son équipier, souhaite réaliser un film documentaire, sur le docteur Ravi Varma, un vétérinaire qui dédie sa vie au sauvetage des éléphants d'une réserve, en particulier des jeunes orphelins.
C'est un récit réaliste, touchant et militant que nous livre ici Tania James. Par des paroles fortes, elle condamne et fait prendre conscience de la maltraitance, l'exploitation des animaux sauvages, mais surtout des massacres odieux dont sont victimes les éléphants sur fond de braconnage et de trafic d'ivoire.
Toutefois, malgré un sujet très prometteur, une première de couverture percutante, un style d'écriture sobre et souvent très poétique, et des détails émouvants, je ressens une petite déception. J'ai l'impression de ne pas avoir été vraiment accrochée par ce roman pourtant assez court. (256 pages que j'ai lues en six jours... pas terrible !). Est-ce le fait de lire une traduction plutôt que la version originale ? Ou bien le grand nombre de noms indiens un peu compliqués ? Ou encore un certain manque de clarté parfois dans le récit ou les dialogues ? Je ne saurais le dire.
Pour ce qui des récits des différents narrateurs, j'ai été touchée par ceux relatifs au "Fossoyeur", c'est lui incontestablement le héros principal du livre. J'ai été sensible à la vie précaire de Manu, Jayan et sa famille de paysans. Par contre j'ai moins apprécié l'épisode des cinéastes américains, un peu trop romanesque à mon goût.
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Je crois qu’à ce moment de mon exploration de la RL 2021, j’avais besoin d’un livre exotique.
Et comme je suis une fan des éléphants, je n’ai pas beaucoup hésité à le choisir.
Je ne sais pas si je suis très objective mais je l’ai dévoré !
Une histoire qui nous transporte dans l’Inde moderne confrontée au problème du trafic de l’ivoire, les questions éthiques et environnementales qui se posent à ce pays.
Trois personnages, dont l’Elephant, entrent en scène alternativement.
Et c’est peut être la faiblesse de ce livre car, à peine êtes vous avec le braconnier, la cinéaste ou l’Elephant, que vous devez le quitter et changer de point de vue.
Quelques impasses, ou des faiblesses dans la traduction font que l’on se perd un peu parmi les noms indiens et leurs histoires propres.
Mais c’est un livre que je n’oublierai pas !
La couverture et la présentation des titres vont attirer l’attention du public. Un bon coup pour « Rue de l’échiquier fiction ».
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Un livre extrêmement sensible et complexe, qui entremêle trois fils narratifs autour de la place, ou plutôt des places, qu'occupent les éléphants dans la société indienne.
Un jeune éléphant assiste à la mort de sa mère, victime collatérale de l'abattage de mâles pour s'emparer de l'ivoire. Cet orphelin va partager ses souvenirs d'éléphanteau heureux au milieu des siens... et devenir un terrible danger pour des villageois qu'il terrorise et tue parfois.
La romancière suit également une famille pauvre de cultivateurs dont les fils
se trouveront impliqués dans le braconnage d'ivoire.
Enfin, un œil extérieur, celui d'une cinéaste américaine tournant un documentaire, suit également cet univers, entre agents des réserves, quelquefois corrompus, et braconniers. On découvre un monde cruel, aussi bien pour les animaux que pour les hommes, entraînés à ne plus voir dans ces animaux imposants et fascinants qu'une source de profit, malgré les risques encourus.
L'excellente traduction de Brice Matthieussent et la mise en page soignée renforcent le plaisir de lecture.
J'ai particulièrement aimé les récits où interviennent les éléphants, qu'ils soient en liberté, comme notre jeune tueur, ou intégrés dans des programmes au sein des réserves, ou encore manipulés par des dresseurs pour des spectacles et des fêtes.
L'originalité du livre tient également à une évocation réussie des odeurs, voire des puanteurs!
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Ce roman poignant de l'auteure indo-américaine Tania JAMES nous entraîne dans le Sud de l'Inde, pour suivre un récit à trois voix pour exposer trois destins et dans lequel, fait très original, un des héros est un animal.
Au centre de l’histoire se tient en effet "Le Fossoyeur", un éléphant de grande puissance, à la taille hors norme et qui a vécu une histoire tragique qui l’a broyé.
Chassés pour leur ivoire, deux éléphants de son clan ainsi que sa mère ont été tués puis sauvagement abîmés sous ses yeux alors qu’il était tout jeune. Arraché à la vie sauvage, il a été dressé par un vieux gardien pour parader dans les rues et les temples.
Un jour que des gardiens usent de terribles brimades sur lui, il se révolte avec violence et parvient à s’échapper en tuant ses geôliers, inaugurant ainsi un triste parcours de tueur, craint partout dans la contrée.
Parallèlement à ce destin dramatique, l’autrice nous fait découvrir d’autres points de vue : celui de villageois qui survivent difficilement et se livrent au braconnage mais aussi celui d’un vétérinaire qui sauve les éléphants. Enfin, des journalistes occidentaux réalisent un reportage sur les conditions de vie en Inde et la dure réalité du business de l’ivoire.
Tous les protagonistes se croisent et leurs histoires de vie sont proposées au lecteur.
Le texte est dense et difficile pour décrire la violence qui règne en maitre, que ce soit dans les pratiques traditionnelles, les conditions de vie et le destin inéluctable des villageois indiens, ballottés entre respect des animaux et survie de leur famille ou la sauvagerie de certains traitements infligés aux animaux par les gardiens ou les braconniers.
Le destin s’avère aussi tragique pour les hommes que pour les éléphants.
Ce roman haletant marque durablement le lecteur et l’invite à réfléchir sur le sort des éléphants et autres animaux sauvages, tués et exploités par l’homme.
Reste à saluer le travail remarquable de l'éditeur « Rue de l’échiquier » qui a sublimé le roman, dès sa couverture, déjà évocatrice avec un magnifique gros plan sur l’œil et la peau d’un éléphant. Rien n’est laissé au hasard, que ce soit à travers la charte graphique, la police de caractères du texte ou la qualité du papier, composé de fibres naturelles, renouvelables, recyclables et fabriquées à partir de bois provenant de forêts gérées durablement.
Un réel coup de cœur ; bien difficile de passer à autre chose ensuite.
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Emouvant, choquant...le trafic d'Ivoire
#divoireetdesang
@taniajames
@ruedelechiquier
3 récits, 3 destins
Un cineaste un braconnier un éléphant
Un cineaste qui veut faire un reportage sur le sauvetage des bébés éléphants
Un braconnier dans le milieu sordide du trafic d'Ivoire
Un elephant qui a perdu sa mère, et garde le souvenir et n'a soif que de vengeance
A travers ce récit, l'auteure nous emmene dans les fins fonds de l'Inde du Sud, le trafic d'Ivoire, la corruption, et le lien etroit entre nature, homme et animal , relation brisée?
Un cours roman, émouvant et déchirant...
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La première impression que nous donne un livre, c'est quand même l'objet qui nous la donne. Là, quand on a le livre en main, on est frappé par une chose : le poids de ce (plutôt) petit livre rose. C'est tout à fait à l'image du contenu. Une histoire racontée dans une langue aisée, ouverte à toutes les lectures. Mais une réelle densité, tant sur le fond que sur la forme. Si Linno, Anju et Gracie sont les personnages principaux du roman, Melvin, Bird, Mme Solanki, Ammanchi, ... n'en sont pas pour autant sans vie, ni sans saveur. Ils ont tous une incroyable densité et leur vie est présente dans ou entre les lignes de chaque phrase.
Tania James offre un point de vue tout à fait original sur l'émigration, sur ses motivations et le bonheur qu'elle peut apporter. Anju et Linno ne partent pas dans la vie avec les mêmes cartes en main. Celle qui semble la plus favorisée n'est semble-t-il pas celle qu'on croit et le bonheur ne se trouvera pas non plus où elles l'attendent.
Tania James a écrit cette histoire en mélangeant avec bonheur une franchise toute occidentale et la pudeur de ses jeunes héroïnes. C'est aussi délicat que rafraichissant.
500 pages de grande qualité, tant grâce au papier qui les composent (ce qui explique le poids étonnant du roman), qu'à la plume de son auteur.
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Avec ce premier roman, Tania James nous entraîne dans une longue histoire de famille. L’émotion est au rendez-vous, parfois les rires. Plusieurs problèmes de notre société humaine sont évoqués, tels que l’écologie, l’homophobie, le racisme, et surtout l’immigration et les liens familiaux. Les nombreux détours qui parsèment cette histoire ont tous leur utilité pour bien comprendre les personnages.
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