Tasha Suri

Nous sommes comme les aînés du temple à l'Ere des Fleurs, Priya. Ces trois-fois-nés qui ont conquis des pans entiers du sous-continent. J'ai compris que ... nous avions certainement assez de force pour rendre l'Ahiranya aux nôtres. Peut-être même le devions-nous. Le Parijatdvipa nous refuse le droit de choisir nos propres dirigeants. L'empire nous traite de dépravés, alors qu'il vient de prendre son plaisir ici, et qu'il tire profit de ce commerce. Il laisse la pourriture nous tuer, sans rien faire, car nos vies n'ont aucune valeur à ses yeux. Cet empereur ..

— Certaines facettes de moi sont monstrueuses. » Quand Priya se retourna, elle vit que Malini serrait le flacon de fleur-aiguille à son cou.
« Tu sais pourquoi ? Une femme de mon rang et de mon éducation, m'a dit Chandra, doit servir sa famille. Tout le monde m'a dit que je devais obéir à mon père, à mes frères, et un jour à mon mari. Mais Aditya et Chandra ont fait leurs choix, et je n'ai pas accepté ces choix. Je n'ai pas obéi. Parce que mes frères se trompaient. Mais plus que tout, Pryia -plus que pour cette raison-, je suis monstrueuse parce que j’ai des désirs. Des appétits dont j’ai eu conscience toute ma vie, et que je ne devrais pas avoir. J’ai toujours voulu des choses qui me mettaient en danger. »
Sa voix trembla, un peu, comme si elle marchait au bord de la même falaise que Pryia. « J’ai évité le mariage. Je n’engendrerai jamais d’enfant volontairement avec un homme. Et qu’est-ce qui est plus monstrueux que ça ? D’être intrinsèquement, par nature, incapable de servir le but qui t’a été assigné ? De désirer par simple goût du désir, d’aimer par amour ? »

Aucun enfant ne devrait être une chaîne. Aucune femme ne devrait être réduite à du bétail, à un rôle, une raison d’être, une vie qu’elle n’aurait pas choisie pour elle-même.

À l'instant où je t'ai vue, j'ai ressenti un tiraillement. Tu es la sensation de chute, la marée, l'instinct qui pousse tout être vivant à se tourner vers la lumière.

Les rivières cosmiques à l'origine de l'univers, qui s'écoulent du jaune de l'Oeuf-Monde. Les rivières du cœur, sa chair et son sang ; les rivières de l'immortalité ; les rivières de l'âme. Les yakshas y sont nés sous forme de poisson, et ils ont nagé jusqu'à ce qu'ils trouvent le monde sur le rivage. C'est par là qu'ils y sont entrés, mais c'est la plus jeune d'entre eux, Mani Ara, qui a fait de l'Ahiranya sa maison.

Les suivantes drapées de rouge sanglant et nuptial avaient dans les cheveux des couronnes de brindilles liées par du fil pour figurer des étoiles.

Une ombre battit de ses ailes noires dans sa voix. "Ma foi. Ashok et toi n'êtes pas les seuls enfants du temple."