TROIS
J’erre, dévoyée, adultère,
j’oublie la langue de mes aïeux,
je ne me connais plus et t’oublie,
visage familier, visage ami.
Je ne sais plus
que boire ni que manger,
où aller où me rendre.
Ces fleurs bleues ont bu toute l’eau.
Aide-moi, mon cœur !
Viens au secours de ta sœur mortelle,
aide-moi à prendre mon envol
à me remettre
au gré du vent, au gré du vrai,
au bleu du ciel, au vert.
/ Traduit du russe par Irène Imart
L’étreinte de la rivière
3
Chante
simplement chante
nul besoin de mots
simple poussière
dont le sens
encore une fois
se défait
L’étreinte de la rivière
1
Nous n’avons ni temps
ni lieu moins
des lambeaux
des fragments
des syllabes seulement
volent
de partout vers le fleuve
vent chargé de détritus
courant à rebours
à minuit
et se dressent
comme vivants
L’étreinte de la rivière
2
qui a les clés ?
somnolence
oubli
dans les ténèbres
mouvantes
faussement vivifiantes
à pleines gorgées inassouvies
de l’eau froide
dans le creux des mains
L’étreinte de la rivière
6
lèvres maquillées
là où elle s’abritait
palpitait
vivait
c’est le vide
à présent
Extrait 2.
et ces pigeons
qui vont et viennent
si étranges
me rappellent
qu’ils peuvent emplir
le monde entier
rome paris palerme
tant d’air et tant de lumière…
L’étreinte de la rivière
7
garder en mémoire
la lumière bleue
le matin
de ce jour-là
Extrait 1.
Et cela aussi vient
sur cette terre ocre
il me semble que je me perds un peu
parce que tout n’est pas aussi présentable
que je le voudrais mais
ces pigeons
roux et blanc tachetés
font entrer dans ma mémoire
tant de lumière
qu’il y en a – on dirait –
pour tous…
EN SOURDINE
Extrait 4
Donne-moi la recette de la permanence !
Trouées de bonheur dans la neige fondue.
/ Poèmes traduits du russe par Christine Zeytounian- Beloüs
EN SOURDINE
extrait 1
Elle entre dans la forêt des sens…
Allergie individuelle au monde.
/ Poèmes traduits du russe par Christine Zeytounian- Beloüs