Quand tu apprendras à marcher, je redécouvrirai tous les jours l'asymétrie de notre relation. Tu passeras ton temps à courir partout et, chaque fois que tu te cogneras contre un montant de porte ou que tu te couronneras le genou, il me semblera éprouver ta souffrance, posséder un nouveau membre, une extension mobile de moi-même dont les nerfs sensoriels me transmettront les signaux de douleur, mais dont les nerfs moteurs ne répondront pas à mes impulsions. Cela me paraîtra injuste : j'aurai engendré une poupée vaudou animée à mon image.