Rencontre avec Teri Terry pour son livre Effacée
C’est une drôle de logique : mourir conscient ou vivre inconscient.
Je me ronge les ongles et marmonne : " Maman, papa, Amy ", pour m'habituer car je ne les connais pas. Je ne sais pas non plus où est ma maison.
Je ne sais rien. Difficile de ne pas se sentir bizarre, non ?
Peut-être que, dans certains cas, les circonstances comptent moins que de faire ce qui est juste. Peut-être que ceux que tu aimes peuvent comprendre que tu agisses ainsi.
La confrontation à ce qui nous terrifie ne nous apaise en rien, mais garde le pouvoir de nous briser le cœur indéfiniment.
Ils sont morts en combattant pour leur idéal, commente Nico. C'est une belle mort.
Facile à dire quand on est vivant...
Je tournoie entre les arbres avant de me laisser tomber sur l’herbe émaillée de marguerites. Dans le ciel, les nuages dessinent des formes et des visages vaguement familiers. J’ai des noms sur le bout de la langue, mais ils m’échappent… Tant pis. C’est bien d’être là, immobile, d’être moi.

- Je te laisse la vaisselle, dit maman.
- Pourquoi ?
Elle lève les yeux au ciel.
- Je te laisse faire la vaisselle, répète-t-elle.
Je me lève et regarde la table. Que veut-elle dire ? La vaisselle est déjà fabriquée.
- Prends les assiettes et les tasses et pose-les là, m'explique-t-elle en désignant le plan de travail près de l'évier.
Je prends une assiette et la porte à l'endroit indiqué.
- Pas une à une, c'est trop lent ! Tu dois les empiler, comme ça.
Elle s'empare des assiettes, rassemble les couteaux et les fourchettes dans celle de dessus et pose bruyamment tout sur le plan de travail.
- Remplis l'évier d'eau chaude. Ajoute du liquide vaisselle. Pas trop... commente-t-elle en pressant le flacon d'où sort un flot de bulles. Après, tu frottes avec la brosse.
Je l'observe avec attention.
- Ensuite tu rinces chaque assiette sous le robinet et tu la mets dans l'égouttoir, comme ça. Et tu recommences. Tu as compris ?
- Oui, je crois.
Alors c'est ça, "faire la vaisselle"...
Je suis ta mère parce que je t'ai élevée. Et je t'ai toujours aimée, Lucy.
Lucy a disparue parce qu'elle était trop faible, mais toi, ma précieuse Ondée, tu as survécu à l'Effacement parce que tu es restée dissimulée en attendant de te libérer.
Tu parles au passé. Kyla, fais-moi savoir quand tu seras prête à vivre dans le présent et aussi dans l'avenir.