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Citation de Luniver


« Je me souviens quand j’étais mioche, un soir du Porcher, j’voulais à tout prix un gros cheval à bascule dans un magasin… » Un sourire nostalgique lui plissa un instant la figure. « Je m’souviens avoir un jour passé des heures, malgré un froid d’canard, oui, des heures le nez collé à la vitrine… jusqu’à ce qu’ils m’entendent appeler et me le décollent. Je les ai vus enlever le cheval de la vitrine, quelqu’un était entré et l’achetait, et, vous savez, une fraction de seconde j’ai cru que c’était vraiment pour moi… Oh, j’en rêvais de ce cheval. Il était rouge et blanc, avec une vraie selle et tout. Et des bascules. J’aurais tué pour l’avoir. » Il haussa encore les épaules. « Aucune chance, évidemment, on avait même pas de pot d’chambre où pisser, on allait jusqu’à cracher sur le pain pour l’attendrir avant de l’manger… »
[...]
— ’videmment, j’ai quand même posé mes souliers près de la cheminée le soir du Porcher, et le lendemain matin, vous savez… vous savez quoi ? Mon p’pa y avait mis un petit cheval qu’il avait sculpté de ses mains…
— AH, fit la Mort. ET IL AVAIT DAVANTAGE DE VALEUR QUE TOUS LES CHEVAUX DE BOIS HORS DE PRIX DU MONDE, HEIN ? »
Albert le regarda de son œil de fouine. « Non ! dit-il. Sûrement pas. Moi, j’voyais seulement que c’était pas le gros cheval de la vitrine. »
La Mort parut scandalisé.
« MAIS C’EST TOUT DE MÊME BEAUCOUP MIEUX D’AVOIR UN JOUET SCULPTÉ AVEC…
— Non. Y a que les adultes pour croire ça, le coupa Albert. On est un sale petit égoïste à sept ans. N’importe comment, p’pa était bourré après le déjeuner, et il a marché d’sus.
— LE DÉJEUNER ?
— D’accord, p’t-être qu’on avait un peu de gras de cochon à tartiner sur le pain…
— QUAND MÊME, L’ESPRIT DU PORCHER… »
Albert soupira. « Si vous voulez, maître. Si vous voulez. »
La Mort avait l’air perturbé.
« MAIS… ET SI LE PÈRE PORCHER T’AVAIT APPORTÉ LE MERVEILLEUX CHEVAL…
— Oh, p’pa l’aurait refourgué contre deux ou trois bouteilles, dit Albert.
— MAIS ON EST PASSÉS DANS DES MAISONS APPORTER DES JOUETS À DES ENFANTS QUI EN AVAIENT DÉJÀ BEAUCOUP, ET DANS D’AUTRES COMME CELLE-CI LES ENFANTS N’ONT PRESQUE RIEN.
— Huh, on aurait donné n’importe quoi, nous, pour avoir presque rien quand j’étais gamin.
— SE CONTENTER DE CE QU’ON A, C’EST ÇA L’IDÉE ?
— À peu près, maître. Une bonne réplique divine, ça. Pas trop leur donner et leur dire de s’en contenter. »
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