Lorsque le Biang disait « la rivière », il ne voulait pas dire seulement l’eau. Il parlait des saules et des aulnes, des algues et des herbes, abris des libellules, des insectes et des oiseaux. Il parlait des rochers, des anses calmes où les crapauds viennent frayer, des sources vers lesquelles remontent les écrevisses, il parlait d’un monde qui avait un sens, d’amont en aval, et où chacun, de l’algue à l’homme, avait sa juste place.
Ses yeux regardaient, sans trop le voir, ce monde flou et gris où il ne verrait sans doute plus jamais son ami. Un monde où il entendrait dire : « Est-ce normal qu’il défende si fort l’assassin de son père ? »
Dis, Miassou, c’est vrai que le père est un assassin ?
Dis-moi ce qui se passe en moi ? J’ai mal et c’est presque une joie. Je veux tuer un homme.
Les sept bontés qui ne coutent rien
Le bouddha expliquait sept aspects de la générosité qui ne coutent ni effort ni argent et sont à la portée de tous.
Le premier est la bonté de bonne vue. Regarder avec bienveillance son père, sa mère et ses ainés.
La deuxième est la générosité de l'air avenant. Offrir, aux mêmes, un visage accueillant.
Le troisième, l'offrande d'un langage aimable.
Le quatrième, la bonté des attitudes prévenantes.
Le cinquième est la liberté ds sentiments généreux.
Le sixième consiste à offrir des sièges pour s'assoir.
Le septième est la libéralité qui laisse accès à sa maison.
Dis, Miassou, dis, quand tu nous as tapé dessus quand on a dit ue le père… enfin, tu sais… Eh bien, nous, on a cogné tous ceux qui nous ont dit qu’il a tué le vieux monsieur.
Et Mélina, avec un sourire sauvage, approuvait.