Il avait toujours eu de la chance de vivre au milieu de gens qui acceptaient son orientation sexuelle, même si certains lui disaient qu’il ne pouvait pas rester le cul entre deux chaises. C’était soit il aimé les hommes ou soit, les femmes. Il avait toujours aimé les deux sexes et ne comptait pas changer pour rester dans la norme.
Thomas, totalement déçu par le comportement de sa petite amie, l'avait attiré vers le parking, loin des jeunes.
— Mais qu'est-ce qui te prend ?
— Tu m'as laissé tomber le week-end pour ça ? lui avait-elle craché.
— Ce « ça » a un prénom !
— Bien sûr, Eleven.
— J'aurais dû me rendre compte bien plus tôt à quel point tu es superficielle et égoïste ! Comment j’ai pu croire que tu pouvais avoir un cœur, c'est fini !
— Non, Tom, tu ne peux pas.
— Oh que si je le peux ! Si la personne qui doit partager ma vie est incapable de compassion, je ne vois pas ce qu'elle peut m'apporter !
— Tu t'entends parler ? Ce môme est un cas désespéré. Regarde comme il s'accroche à vous !
— Va-t'en Cathy !
Il ne pouvait pas avoir ce genre de discussion avec son fils. Il ne pouvait pas lui dire que son père avait éjaculé contre le corps de Cédric. Non, c’était une situation trop embarrassante.
Jérôme ne pensait qu’à éviter Cédric. Il était hors de question qu’il le revoit chez les jeunes couples
« Jérôme eut un hoquet de panique en entendant Cédric lâcher un son appréciateur. Son cœur s’emballa doublement quand il posa son regard à côté du canapé. Mauvais souvenir. Il devait absolument partir de là.
— Installe-toi, l’invita Cédric en désignant l’objet de son malaise.
— En fait, marmonna-t-il en restant près de la sortie, je crois que je vais plutôt rentrer.
Le regard indéchiffrable que Cédric lui lança déclencha en lui une succession de frissons le long de sa colonne. Il ne savait pas s’il devait s’enfuir ou tenter de l’assommer avec le premier objet qui lui tomberait sous la main.
Cédric sentait que la victoire était loin d’être gagnée. Il devait l’apprivoiser et lui apprendre que le corps d’un homme pouvait apprécier celui d’un autre. »
« Eleven réalisait soudainement qu’il l’avait sûrement poussé à bout et qu’il n’aurait pas dû lui crier dessus. Sa lèvre inférieure se mit à vibrer de honte. Caroline avait raison, Thomas ne devrait pas s’inquiéter pour lui et puis, celui-ci allait bientôt avoir son appartement.
— Tom ?
— Je ne peux pas le laisser, marmonna la voix de Thomas qui parut s’éteindre.
— Tu ne me dis pas tout.
Eleven décida à ce moment-là de remonter à l’étage et qu’il s’excuserait d’avoir crié après lui, quand soudain, il sursauta en écoutant Caroline hausser d’un ton :
— Thomas ! Maintenant, ça suffit ! Eleven est sous ma responsabilité et…
— Je ne peux pas, c’est… impossible, le coupa ce dernier en bredouillant d’une voix qu’il ne reconnaissait pas.
Le silence qui suivit l’inquiéta. Il n’avait pas voulu que l’aîné se fasse gronder et, encore moins, le blesser. Il allait ouvrir la porte, mais sa respiration se coupa net lorsqu’il entendit les mots de Thomas :
— Je suis tombé amoureux de lui…
Les yeux écarquillés et le cœur tambourinant fortement contre sa poitrine, Eleven ne parvint plus à faire le moindre mouvement. »
Elle n'était pas aussi puissante que cette sorcière ou que ses prédécesseurs, mais elle avait appris à contrer certains sorts. Heureuse de voir que cette dernière n'avait donné aucune précision, d'une simple caresse sur l'une des joues du bébé, elle chuchota :
À l'âge où tu mettras un pied dans le château de ton âme-sœur,
Ton idiotie et ta maladresse s'effaceront pour laisser place
À ta candeur qui saura briser les défenses autour de son cœur
Et, seul, tu devras réussir à fondre la glace…