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Citation de rkhettaoui


Maintenant, j’ose. Je parle. Je décide de prendre ma vie en main pour la modeler comme je l’entends, parce que cette existence que nous menons est une pâte avec laquelle nous pouvons former tout ce que nous voulons. Le plus dangereux n’est pas de s’y atteler, mais au contraire, de rester inactif. Parce que c’est quand nous sommes dans l’inaction que les autres sont plus prompts à modeler notre pâte à notre place. Ils la façonnent comme ils l’entendent, comme ils pensent que c’est le mieux pour nous, alors que nous sommes les seuls habilités à le savoir. Personne ne nous connaît mieux que nous. En fait, personne ne nous connaît vraiment. Tout court. L’oublier, c’est prendre le risque de ne plus s’écouter et de quitter le chemin d’une existence paisible et heureuse pour s’engager sur des sentiers ardus. Ferme-la, petite voix. Je ne sais rien, sinon que je veux la faire danser. Je claque la porte du réel, et attrape ses mains. Elle a un geste de retrait, et me regarde avec stupeur. — Qu’est-ce que tu fabriques ? Je retente ma chance, qui s’avère plus concluante, cette fois-ci. Elle ne retire plus ses mains. Elle se laisse entraîner dans la danse. Sa chanson préférée passe. Celle sur laquelle nous dansions, avant. «   What a wonderful world   ». Pour une fois, je suis bien d’accord.   Premiers mouvements, sur les premières notes. Ce qui ressemble à du violon, mais je ne suis pas expert en la matière. — Tu te souviens ? — Ne dis pas ça… La même danse que sur la vidéo. La même chanson. Des années plus tard. Nos visages ont vieilli, nous avons pris quelques rides, nous nous sommes usés, mais l’intérieur est resté intact. Il n’y a que l’enveloppe, la coquille, qui souffre du temps. L’esprit, lui, peut rester frais et jeune aussi longtemps qu’il le souhaite. Rien n’a d’emprise sur lui. Mon coeur bat à tout rompre lorsqu’enfin elle décide de se laisser aller. Je suis nerveux. Danser, c’est célébrer. Aussi bien la vie, que ce que nous sommes. C’est célébrer l’instant, quelle que soit la danse. C’est accepter d’être dans le moment présent, de ne pas penser aux après. C’est vivre de tout son être. — Tu veux me torturer, dit-elle le regard triste. Je souris. — Sûrement pas. Je veux que tu te sentes bien. — Tu sais que toutes ces choses me froissent le coeur ? — Et le mien aussi. — Alors pourquoi ? — Parce que sans toi, ce serait bien pire. J’ai le souffle court. Notre slow nous rapproche progressivement. Nous tanguons comme un navire en pleine mer, qui oscillerait doucement au gré des vagues. Fort, majestueux, puissant. Ce sont ces vieux souvenirs qui nous poussent à revivre.
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