Der Schimmelreiter. de
Theodor Storm
C'est à cet instant que, sur la digue, quelque chose s'approcha de moi; je n'entendis rien, mais, de plus en plus nettement, à mesure que le croissant de lune répendait une maigre lumière, je crus distinguer une forme sombre, et bientôt, à son approche, je vis qu'elle était montée sur un cheval blanc décharné aux jambes hautes; un manteau foncé flottait autour de ses épaules et, au passage, deux yeux brûlants me regardèrent, du fond d'un visage blême.
Qui était-ce? Que me voulait-on? Je pensais alors que je n'avais perçu aucun bruit de sabots, aucun halètement de cheval, et pourtant, le cavalier et sa monture étaient passés tout prés de moi!
Pensif, je continuai mon chemin, mais je n'eus pas grand temps pour méditer; déja la forme repassait devant moi; il me sembla que le manteau me frôlait au vol, et l'apparitionavait fié, comme la premiére fois, sans faire aucun bruit. Je la vis alors s'éloigner de plus en plus, et soudain je crus voir son ombre descendre la digue, du coté des terres.
Hésitant un peu, je m'engagai à sa suite. Lors-que j'eus atteint l'endroit où elle avait disparu, je vis en bas, dans le polder, tout prés de la digue, briller l'eau d'un grand creux, c'est ainsi qu'on nomme en cette contrée les brèches creusées dans la terre par les raz-de-marée, et qui subsistent sous forme de petits étangs trés profonds.
+ Lire la suite