PORTRAIT DE BONIFACE AMERBACH
par HOLBEIN LE JEUNE (1497-1543)
(Musée de Bâle)
Dans son étude sur les portraitistes belges au XIXe siècle Paul Lambotte fait sienne cette opinion du peintre Cluysenaer : « La préoccupation linéaire (dans la peinture de portraits) n'arrive à produire que des oeuvres vulgaires, matérielles et bourgeoises. La ressemblance n'est guère dans les détails. Elle est dans la silhouette, dans l'ensemble, dans la synthèse. On reconnaît une personne à trop grande distance pour pouvoir déterminer les formes de son visage. A chacune il faut donc chercher à lui donner le « caractère » qui la distingue et que seules peuvent mettre en lumière non seulement des lignes vraiment esthétiques, mais le genre spécial de beauté qui convient à ce modèle. En raisonnant ainsi, on parvient à donner du « style » au personnage en apparence le plus vulgaire.
Le portrait n'a pas de mérite à ressembler à une photographie peinte. L'artiste reste maître devant son modèle, il doit l'étudier, le scruter, le disséquer, atténuer certains détails, en accuser d'autres, en somme « travailler » ses sujets et les observer principalement au point de vue physiologique, moral et intellectuel ».
Tout le monde sait que l'architecture, art de bâtir, art éminemment rationnel, doit se conformer aux convenances d'ordre matériel, satisfaire notre intelligence, mais aussi et surtout plaire à notre imagination et à notre sensibilité. C'est l'imagination et la sensibilité qui donnent aux formes architecturales cette expression et cette harmonie qui s'appellent le « caractère » et se traduisent différemment d'âge en âge. Aux grandes époques, toujours nettement écrit, le caractère détermine le « style », façon vive et particulière de sentir des artistes. L'œuvre de l'architecte qui n'est qu'érudit n'est pas œuvre d'art. C'est pourquoi les pastiches archéologiques sont faux; n'ayant pas ému leurs auteurs, ils nous laissent indifférents, froids.