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Citation de genou


Quant au plus fécond de nos romanciers, M. de Balzac, c’est un muids plutôt qu’un homme. Trois personnes, en se donnant la main, ne peuvent parvenir à l’embrasser, et il faut une heure pour en faire le tour ; il est obligé de se faire cercler comme une tonne, de peur d’éclater dans sa peau.

Rossini est de la plus monstrueuse grosseur, il y a six ans qu’il n’a vu ses pieds ; il porte trois toises de circonférence : on le prendrait pour un hippopotame en culottes, si l’on ne savait d’ailleurs que c’est Antonio Joachimo Rossini, le dieu de la musique.

Janin, l’aigle et le papillon du Journal des débats, effondre tous les sophas du XVIIIe siècle sur lesquels il lui prend fantaisie de s’asseoir ; son menton et ses joues débordent de tous côtés et passent par-dessus ses favoris ; l’habit et la redingote trop larges sont des chimères pour lui, et tout spirituel qu’il est, l’on n’oserait pas se hasarder à dire qu’il a plus d’esprit qu’il n’est gros.

L’art est aujourd’hui à un bon point, et M. Alexandre Du-mas aussi ; l’africanisme de ses passions n’empêche pas l’auteur d’Antoni de devenir très-dodu ; sa taille de tambour-major est cause qu’il ne paraît pas aussi gros que ses rivaux en génie, ce-pendant il pèse autant qu’eux. C’est M. de Balzac passé au laminoir.

On fait toujours payer trois places à Lablache dans toutes les voitures publiques ; si l’on veut essayer la solidité d’un pont nouveau, on y fait passer le célèbre virtuose. Il défonce tous les planchers de théâtre, et ne peut jouer que sur des parquets de madriers ou des massifs de maçonnerie ; son poids est celui d’un éléphant adulte.

M. Frédérick Lemaître remplit très exactement le pantalon rouge de Robert Macaire, et il ne paraît pas que les désagréments qu’il a éprouvés de la part des gendarmes l’aient beau-coup fait maigrir. Au contraire.

Byron, s’il n’était pas mort fort à propos, serait aujourd’hui fort gras ; on sait les peines qu’il se donnait pour éviter l’obésité, qui lui venait comme à un amoureux du Gymnase, car Byron ne concevait que les poètes maigres et les muses impalpables suçant un massepain tous les quinze jours : il buvait du vinaigre et mangeait des citrons, le naïf grand poète et grand seigneur qu’il était.

M. Sainte-Beuve commence à voir pousser, sous le poil de chèvre mystérieux de son gilet, l’abdomen le plus rondelet et le plus satisfaisant. Ô Joseph Delorme du creux de la vallée, qu’êtes-vous devenu ? – M. Sainte-Beuve est un grassouillet quiétiste et clérical qui promet beaucoup.

Eugène Sue, qui partage les idées de Byron, se désole de voir son génie lui tomber dans l’estomac.
... (p151/152/..)







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