Citations de Thibault Bérard (125)
Croire à la magie, croire que l’amour peut sauver et que les mots trop longtemps tus pourront un jour être dits.
« Le jour où les amer récifs de l'existence se sont précipités sur lui, il n'a pas su rire envers et malgré tout. Oh, pourquoi a-t-il oublié ? »
Je suis, du fait de ma propre histoire chaotique, bien placée pour savoir que les enfants mettent parfois du temps à identifier l'objet de leur tristesse, et plus encore à exprimer celle-ci. Quand elle jaillit enfin, il faut se tenir prêt à la recevoir- en priant pour en être capable, car c'est un jet de lave qui vous submerge. Un jet de lave, rien de moins, qui peut vous démolir.
Personne ne peut passer son existence à regarder par-dessus son épaule pour prévoir le danger : personne ne peut cheminer en gardant les yeux fixés sur les sources noires qui l'escortent, c'est bien là le drame de l'existence ; on ne peut qu'accueillir la chute quand elle surgit, faute de courir à côté de sa vie en prétendant veiller sur elle.
Et je sais, moi, qu'elle prenait ce temps-là pour se régénérer, puiser de la lumière autour d'elle afin d'apparaître aussi douce que possible aux enfants, pour ne pas trop les tourmenter, les effrayer, les décevoir. Tout cela à la fois.
J’adore, j’adore revoir ma tête à ce moment-là, pendant qu’il s’étendait sur moi de tout son long avec de grands miaulements ravis pour me convaincre de « faire le p’tit », là, tout de suite, sur le canapé. J’adore me voir faire semblant de me débattre avant de l’attraper par la nuque pour flairer son odeur de jeune mec excité. J’adore voir Sarah s’enliser dans la joie.
Je pourrais m'endormir à jamais, libérée, abritant toutes mes Sarah en moi, voix et souffle, colère et peur, corps et âme, vie et histoire. Tout le vacarme des vies que j'ai convoquées au fil de mon récit me ferait un linceul de choix, un agréable cocon où je goûterais pour l'éternité un silence bruyant.
Sauf que j'ai toujours aimé aller au fond des choses
Ça me coûte, croyez bien que ça me coûte, de m'arracher à cette plénitude nacrée, mais j'ai encore envie de marcher parmi les voix de ceux que j'ai aimés.
Lorsqu'il pousse la porte de l'appartement, une masse d'invités lui tourne le dos. Katy Perry fait vibrer les murs à coups de chaud et froid bondissants.
Théo a un don inné pour la légèreté et l’insouciance mais, à l’inverse, il se sent comme guetté par un drame immense, sorte d’oiseau noir qui n’attendrait qu’une seconde d’inattention pour fondre sur lui. Il n’en dit rien à personne, bien sûr, mais je le connais déjà bien, mille fois mieux qu’il ne se connaît lui-même. Privilège de l’âge, comme j’aime à le penser parce que, bon, on ne m’ôtera pas de l’idée que ce lutin facétieux reste un gamin, si séduisant soit-il.
Incipit :
J'imagine que vous serez d'accord : ce que tout le monde veut, dans la vie, c'est laisser une trace, non ? Résister à l'oubli éternel ? Et bien le scoop, mes amis, le truc pas croyable que je vais vous annoncer ici, dans ces pages et même dès la première, c'est que le but ultime de tout le monde, dans la mort, c'est exactement l'inverse : se faire oublier des vivants. Couper le cordon une bonne fois avec l'avant, pour, enfin, accéder à cette absolue félicité, ce repos parfait des sens et de l'esprit dont on nous rebat les oreilles depuis les siècles des siècles. Avouez que ça remet les choses en perspective. Moi-même, j'ai mis un moment à comprendre ça et, quand j'ai fini par y arriver, je me suis décidée à en faire quelque chose, histoire que ça vous rentre dans le crâne, pour le "jour où" (parce que, vous le savez, ou alors il serait temps, ce sera votre tour à un moment ou à un autre). Décidée avec un "e", ça n'a as échappé aux premiers de la classe, parce que je suis une fille, enfin une femme. J'étais une femme quand je suis morte - une jeune femme, 42 ans, ça vous donne déjà une idée de l'ampleur du drame à venir. (p9)
De toute façon, ce n'est pas aux enfants de sauver les parents en trouvant un obscur secret caché dans un coffre. Non. Il n'y a pas de secret, la magie n'existe pas et les enfants ne sauvent pas leurs parents. Le pire, c'est que même l'inverse n'est pas vrai : dans la réalité, personne ne sauve personne.
Au fait, si jamais tes parents avaient acheté ce livre sur Internet, n'hésite pas à leur dire qu'ils feraient bien de s'en procurer un deuxième chez ton libraire. Ca me ferait très plaisir, et à ton libraire aussi. Pourquoi, me diras-tu, en achèteraient-ils un deuxième exemplaire ? Ma foi, je ne sais pas. Tu trouveras bien une idée !
« Maman n'avait jamais l'air très sereine aux tout premiers moments du réveil. Comme si elle sortait à chaque fois d'un cauchemar éprouvant, dont elle devait se remettre avant de se composer une expression de façade. Il lui fallait toujours ces quelques secondes de récupération - durant lesquelles zoé l’observait, sans qu'elle le voie. Sa façon à elle d'affronter la vraie vie. »
Ça lui va. Il ne demande rien de plus. La force qui l'anime est désespérée, c'est une force noire », comme il la baptisera, une force qui interdit de rêver que le cauchemar ait pu ne jamais avoir eu lieu ou même qu'il cessera un jour.
Mais c'est aussi une incroyable puissance qui le rend capable, oui, de soulever des montagnes.
vivre libre, ça n’existe pas, c’est du vent - le premier mot tue le second comme une plante grimpante en étouffe une autre.
Ça m'a saisie au réveil, comme un souffle qui aurait enrobé chacun de mes gestes et chacune de mes pensées, matelassant tout de chaleur et d'énergie, à croire qu'un bon génie veillait sur moi.
[...] je songe au joli paradoxe que je suis en train de découvrir: être une maman, c'est certainement être là, avant tout; mais parfois, c'est aussi ne pas y être, pour laisser à l'autre le temps de trouver sa place. C'est aussi s'employer à ne pas être uniquement une maman.
Être racine, poids. Se faire ancre. C'était mon rôle sur cette terre, m'ancrer pour t'ancrer, toi, dans le sol, autant que possible, c'est-à-dire par intermittence. Les enfants, dans cette entreprise, n'étaient pas un fardeau mais une consolation.
Il m'a tendu la boule, un sourire gamin aux lèvres. Elle était rouge, toute couverte de paillettes argentées.
- Elle est belle, non ? Elle est un peu comme toi: elle illumine le décor, mais on ne la voit pas assez souvent. Tu m'excuseras si je n'ai pas de cadeau pour toi : je ne savais pas que tu rentrais. Et d'ailleurs, ce n'est pas facile de savoir ce qui te ferait plaisir, puisque tu l'ignore toi-même...