AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Thierry Groensteen (54)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Gotlib : Un abécédaire

Bonjour les amis !

J'aimerais vous parler de Gotlib.

Car je suis sûr que vous ne savez rien de Gotlib.

Personne ne connaît Gotlib.

Moi-même, je veux bien être pendu si je possède le moindre soupçon d'indice d'information le concernant.

Mais je suis le genre de gars qui aime bien faire profiter les autres de son ignorance ...

Et quoi de mieux qu'un abécédaire pour "arpenter l'oeuvre du créateur d'Hamster Jovial et de Pervers Pépère en tout sens, pour en démonter les ressorts, en dessiner les lignes de force, en raconter le déploiement".

C'est ici le propos de Thierry Groensteen.

Ce livre est un essai, articulé autour de 69 articles.

Il est écrit de manière agréable, précise et claire, et, surtout, il a su éviter le maniérisme et la prétention qui entachent généralement ce genre d'ouvrage.

J'ai aimé ce livre pour ces qualités, et aussi parce que Gotlib est une vieille connaissance.

Je l'ai moins aimé lorsqu'il m'a fait retourner ma bibliothèque en tout sens à la recherche de vieilles planches oubliées.

C'est que l'ouvrage est un appel à la curiosité, à d'impressions nouvelles !

Car, il faut savoir l'avouer, abonné à "Pif Gadget", il m'ait souvent arrivé de délaisser les aventures de Gai Luron !

Sacrilège ! Lèse majesté !

C'est que je n'ai vraiment découvert Gotlib, la science et le second degré que plus tard, dans le journal "Pilote".

Il en était l'une des composantes du phénomène des quatre "G" : Goscinny, Greg et Godard ... qui comme les trois mousquetaires étaient quatre.

Et, plus tard, que Dieu me savonne et qu'Hamster jovial me pardonne, j'aurai tout donné pour devenir louveteau.

C'est complètement con la pop musique !

Mais c'est assez d'humour pour aujourd'hui, allons plutôt jouer à la bataille navale.

Ou allons plutôt remercier, l'auteur du livre d'abord, pour cet ouvrage qui fourmille de détails et de belles rencontres, la maison d'édition ensuite de m'avoir permis cette lecture éclairée, et pour finir l'équipe de la "masse critique" qui, d'un naturel serviable, aime apporter sa modeste contribution à l'édifice de la culture moderne, en y ajoutant la pierre qui, sous forme de goutte, apporte l'eau au moulin, sans toutefois faire déborder le vase ...



http://vieuxlivres.canalblog.com



Commenter  J’apprécie          4711
La Bande dessinée en France à la Belle Epoque: ..

Dans l’imaginaire des Français, la Belle époque n’est pas immédiatement reliée à la bande dessinée.

-

Ce tome contient une étude rigoureuse et minutieuse sur les parutions de bande dessinée française de 1880 à 1914, période surnommée Belle Époque. Il ne nécessite pas de connaissances préalables sur la bande dessinée ou sur le contexte historique pour pouvoir être pleinement apprécié. Il a été réalisé par Thierry Groensteen, historien et théoricien de la bande dessinée depuis les années 1980. Il commence par une introduction, puis comprend dix-neuf chapitres, chacun sur un thème différent. Il se termine avec une conclusion de deux pages, une bibliographie également de deux pages, et un index des noms et un autre des titres de presse. Il compte cent-quatre-vingt-douze pages. Sa première édition date de 2022.



Introduction - Dans l’imaginaire des Français, la Belle Époque n’est pas immédiatement reliée à la bande dessinée, mais plutôt à d’autres formes d’images et de loisirs, comme la lanterne magique, le café-concert, le théâtre d’ombres, les Expositions universelles, ou le cinéma naissant. Les historiens de la bande dessinée française eux-mêmes ont davantage étudié la génération des pionniers actifs avant 1860 (particulièrement Töpffer, Cham et Gustave Doré) et la période de l’entre-deux-guerres, marqué par le succès populaire de Zig et Puce, et par toute une génération d’illustrés qui firent découvrir sur le territoire les comics américains. Ce qui se situe entre ces deux périodes et qui est proprement l’objet de ce livre, est perçu comme une période indécise ou confuse, d’où surnagent toutefois quelques noms d’artistes, comme Christophe Steinlen, Caran d’Ache ou Benjamin Rabier, quelques personnages comme La Famille Fenouillard, Bécassine, les Pieds Nickelés ou l’espiègle Lili, et de vagues souvenirs de l’imagerie spinalienne ou des grands hebdomadaires pour la jeunesse publiés par Arthème Fayard, La jeunesse illustrée, et Les belles images.



Avant d’examiner comment les histoires dessinées rendent compte de leur temps, il faut souligner le fait que, constituant une littérature d’évasion, elles cultivent le dépaysement sous toutes ses formes : aventure, exotisme, récits d’exploration et de voyages, merveilleux scientifique, féerie, fables animalières, histoires en costumes d’époque (avec une prédilection pour le Moyen Âge, l’Ancien Régime et le Premier Empire, mais également pour la Préhistoire) sont autant d’échappées hors du cercle de la réalité. Elles font aussi écho, sur un mode tantôt sérieux tantôt parodique, aux récits d’aventures des écrivains populaires, publiés sous la forme de fascicules, avec leurs histoires d’Indiens et leurs intrigues policières. L’exotisme a été mis à l’agenda de la Belle Époque par l’expansion coloniale, par la découverte de territoires inexplorés et par les Expositions universelles. Sans oublier le fait que Jules Ferry entame la conquête de l’Extrême Orient de 1880 à 1886, où l’armée française est victorieuse des Chinois. Tout le monde se met à rêver d’Afrique, de Chine et surtout d’Orient.



L’objectif se trouve donc exposé clairement dans l’introduction, pour le lecteur distrait qui n’aurait pas bien lu le titre. En ouverture de la bibliographie, l’auteur précise que la rédaction de son ouvrage s’est principalement appuyé sur le dépouillement méthodique des journaux illustrés parus entre 1880 et 1914, et l’index des titres de presses en recense environ cent-cinquante uniquement pour la France, plus quelques-uns européens. Il en découle que certaines parties d’articles énumèrent les noms des bédéistes (même ce terme n’existait pas à l’époque) et d’autres les noms des titres de presse. En fonction de ce qu’il est venu chercher dans un tel ouvrage, le lecteur sera aux anges de pouvoir enfin situer tel ou tel créateur dont il a déjà croisé le nom dans un article ou une analyse sans bien pouvoir le cerner, ou il passera rapidement sur la liste si sa curiosité ne s’étend pas jusqu’à retenir les noms en question (mais quand même, Caran d’Ache de son vrai nom Emmanuel Poiré 1858-1909, Benjamin Rabier 1864-1939, ou Albert Robida 1848-1926). Quoi qu’il en soit, il n’est pas près d’oublier que c’est à cette époque qu’œuvre la première scénariste française : Jacqueline Rivière (1851-1920), créatrice de Bécassine. En réalité, même le lecteur un peu moins impliqué dans l’histoire de la bande dessinée relève des éléments culturels dans ces passages encyclopédiques, comme le magazine L’assiette au beurre.



Le titre des dix-neuf chapitres donnent une bonne indication sur le contenu, ainsi que sur les thèmes abordés : L’imaginaire d’une époque, Trois personnages archétypaux, Les estampes populaires, La presse satirique, artistique et grivoise, Les suppléments illustrés de la presse quotidienne, S’adresser à l’enfance, Christophe et l’invention du feuilleton, Bécassine : une fresque socio-historique, L’empire Offenstadt, Caran d’Ache et les histoires sans paroles, Benjamin Rabier et la comédie animale, Charly et le comique troupier, Auto, vélo, aéro…, Robida et l’invention du Cutaway, De Rose Candide à Landelle, histoires de bulles et d’hétéronymes, Au miroir de l’art, Le peuple des ombres, Le métier de dessinateur, Un art sans frontières. Par la force des choses, la curiosité du lecteur le porte plus vers un thème ou un créateur. Il est possible de lire les chapitres dans l’ordre ou d’aller directement à un chapitre qui semble plus intéressant a priori sans avoir lu les précédents avant. Pour autant, l’ordre des chapitres correspond également à une progression analytique : tout d’abord des éléments de repère historique dans l’introduction, puis le contexte culturel qui est celui des grandes explorations, des récits de voyages, et des déplacements plus rapides. Puis ce chapitre sur les trois personnages archétypaux : Pierrot, Tartarin et Monsieur de Crac. L’auteur les présente un à un, expliquant leurs origines et ce qu’ils viennent à incarner de manière archétypal. Il les met en perspective en évoquant également ceux qui les ont précédés : Robert Macaire, Mayeux et Joseph Prudhomme, ainsi que la façon dont ils étaient utilisés par plusieurs auteurs. L’approche encyclopédique se double d’une approche universitaire qui contextualise chaque élément, apportant les éléments nécessaires pour que le lecteur puisse se faire sa propre idée.



Chaque chapitre comprend de nombreuses reproductions de bande dessinée, souvent citées dans le corps du texte. Pour la plupart, le lecteur devra se munir d’une loupe s’il souhaite se livrer à lecture des textes. En tant qu’amateur de bande dessinée, il pourra alors se faire sa propre opinion concernant le plaisir qu’il retire d’une telle lecture, au-delà la satisfaction d’en avoir vues, ce qui est déjà extraordinaire. En effet, il découvre ou il obtient la confirmation que le mode de parution habituel de l’époque pour les BD était dans les magazines ou les journaux, et qu’il y avait peu d’albums. Il se retrouve vite impressionné par la qualité de la reprographie, une fois habitué au papier jauni par les décennies. Il se rend compte qu’il bute vite sur l’usage de textes placés en-dessous des cases, l’usage du phylactère s’avérant exceptionnel. L’auteur explique pour quelle raison il en est ainsi, alors que le phylactère était d’usage plus répandu dans d’autres pays, y compris en Europe.



Les explications détaillées et argumentées analysent également les caractéristiques des bandes dessinées de l’époque. En fonction de sa familiarité avec elles, le lecteur obtient la confirmation ou découvre leur diversité. L’auteur commence par indiquer que les thèmes sont essentiellement issus d’une part de la tradition de la caricature et de la satire, d’autre part de la curiosité insatiable des lecteurs pour les voyages, ce à quoi il est possible d’ajouter les récits de type militaire qu’ils soient historiques ou qu’ils évoquent la vie quotidienne du soldat, d’un point de vue factuel ou humoristique. En expert de la bande dessinée, Thierry Groensteen évoque également ses caractéristiques visuelles et narratives. Là aussi, la reproduction de nombreuses planches permet au lecteur de voir des exemples commentés par l’auteur. S’il découvre totalement cette période, le lecteur commence par trouver les planches vieillottes, en particulier la manière très pesante de raconter. Dans le même ordre d’idée, il peut trouver que les dessins semblent trop posés, et empreints d’une forme de naïveté. En revanche, il note que la forme de publication, dans des titres de presse, a incité les bédéistes à adopter le mode du feuilleton.



Le lecteur progresse dans l’ouvrage. Il note en passant que dans le chapitre quatre intitulé La presse satirique, artistique et grivoise, l’auteur s’est bien gardé d’inclure des planches grivoises. Il arrive au chapitre huit consacré à Bécassine et il se dit qu’il pourrait effectivement lire ces histoires avec leur personnalité graphique plutôt agréable. Le chapitre dix est consacré aux histoires sans parole, devenues un genre à part entière, et à celle de Caran d’Ache en particulier. Très impressionnant de découvrir que le plaisir de lecture est entier à se prêter à cette démarche ludique de participer à l’histoire. Chapitre quatorze : le principe du cutaway, c’est-à-dire un dispositif narratif consistant en une coupe d’un immeuble le plus souvent, pour montrer ce qui se passe à l’intérieur, en liant les appartements les uns aux autres, une élégante inventivité narrative. Chapitre dix-sept : raconter une histoire avec des personnages en ombre chinoise, et des formes à l’expressivité épatante. D’ailleurs au fil des pages, le lecteur a relevé le nom de quelques dessinateurs réalisant des cases très séduisantes (par exemple Lucien Robert) ou très saisissantes (par exemple une suite de cases en vue du dessus, à la verticale, pour un vol en ballon de M. Fenouillard par Christophe, 1856-1945, Georges Colomb). Et le lecteur se surprend à refeuilleter l’ouvrage pour repérer d’autres éléments narratifs visuels remarquables, comme l’utilisation d’une décoration artistique pour encadrer les cases et la page.



Un ouvrage universitaire et encyclopédique sur un sujet pointu : certes, il vaut mieux que le lecteur dispose déjà d’un goût pour la bande dessinée avant de s’y plonger, et d’un peu de curiosité pour l’histoire de ce moyen d’expression, avec en tête le fait qu’aux yeux de l’auteur son acte de naissance correspond aux créations de Rodolphe Töpffer (1799-1846). Il découvre alors un véritable Eldorado : des références multiples et précises, des analyses thématiques riches et édifiantes, des reprographies nombreuses et variées de planches d’époque. Il en ressort avec une solide idée et compréhension de la bande dessinée de l’époque, et un point de comparaison éclairant avec la bande dessinée actuelle, d’une grande pertinence.
Commenter  J’apprécie          312
Maîtres de la bande dessinée européenne

Paru, en 2000, à l'occasion de l'exposition "Maître de la bande-dessinée européenne" organisée par la Bibliothèque nationale de France, cet imposant volume n'est pas un ouvrage de plus qui prétend dresser un panorama de l'histoire de la BD du vieux continent.

Il est un ouvrage qui compte.

Il a été rédigé sous la direction du directeur du musée de la bande-dessinée d'Angoulême.

Il sait s'imposer.

D'abord par son format et son poids, puis par sa forme, à la fois originale et classique.

On le découvre vite comme érudit et agréable.

Les titres qui émaillent le sommaire sont attirants

Les illustrations, qui pour certaines sont "pleine page", aèrent le propos.

Le volume s'ouvre sur le rêve américain

En 1934, déjà une étrange planète se précipitait sur la terre. Seul un miracle pouvait nous sauver.

Il se nommait Flash Gordon.

Il fut bientôt suivi par Brick Bradford, par le fantôme et son loup Satan, par Jim la jungle, par Mandrake le magicien mais aussi par Popeye, Tarzan, Buck Rogers, Dick Tracy...

Auparavant la BD était faite d'image narrative.

Ce sont les imagiers de l'enfance, la satire....

Puis avec Hergé et Jacobs vint l’avènement de la ligne claire.

C'est un nouveau dessin qui affirme sa différence avec toute forme de graphisme antérieur, c'est à dire celui des peintres et des illustrateurs qui leur furent inféodés jusqu'à Gustave Doré...

De la libération à la fin des années 60, avec Pilote, Tintin, Spirou, c'est l'apogée "franco-belge"...

Thierry Groensten nous fait revivre les classiques de l'aventure.

Quelques illustrations de ce passionnant chapitre sont remarquables.

Notamment une planche tirée de "Sir Winston Churchill", l'innovante biographie écrite par Clifford Makins et dessinée par Frank Bellamy que le magazine "Pilote" eût le mérite de présenter, en son temps, à ses jeunes lecteurs.

Et dans ce "Maître de la BD européenne" les chapitres se suivent.

Impossible de tous les citer.

L'intérêt de la lecture ne faiblit pas jusqu'à celui-ci intitulé "animaux en crise" qui, entre autres, évoque "la bête est morte" de Victor Dancette et Jacques Zimmermann, la série Chlorophylle de Raymond Macherot, " et Petzi de Carla et Vilhem Hansen.

Que serait la BD sans Kit Carson, sans Comanche, sans Blueberry, sans Lucky Luke, sans les tuniques bleues, sans cheval de l'ouest, sans Jerry Spring, sans Buddy Longway, sans Ringo, sans Mac-Coy, sans ce lointain Far-West ?

Mais la bande-dessinée c'est aussi, l'absurde pour l'absurde, une longue tradition du délire.

Présenté par Hamster Jovial, un dénommé Marcel Gottlieb...ou le contraire...

Depuis longtemps, la BD fait partie de notre univers culturel.

Hier méprisée, elle fait aujourd'hui partie de notre patrimoine et ce brillant ouvrage, "Maître de la bande-dessinée européenne" nous le rappelle d'une manière intelligente et très agréable.

Ce volume est de ceux dont s'enorgueillit une bonne bibliothèque.



Commenter  J’apprécie          312
M.Töpffer invente la bande dessinée

La bande dessinée fait largement partie du paysage littéraire actuel, au rang de 9ème art, en se réinventant continuellement autour notamment de romans graphiques innovants et d’adaptations incessantes. Pourtant, il a bien fallu l’inventer cette notion de « bande dessinée », qui associe texte et illustration dans une parfaite harmonie. Thierry Groensteen, spécialisé dans la théorisation de la bande dessinée, s’intéresse ici à Rodolphe Töpffer qui aurait, le premier, au XIXe siècle, élaboré des esquisses suivant cette association. Merci donc à Babelio et aux éditions des Impressions Nouvelles qui m’ont permis de découvrir cet ouvrage.



La démarche de Thierry Groensteen suit un raisonnement très scientifique en faisant simplement progresser son plan de manière très logique : les antécédents qui ont influencé Rodolphe Töpffer, sa démarche créatrice, comment il a reçu à son époque, sa propre influence et ses écrits de théoricien de la bande dessinée. Nous n’avons pas d’inquiétude à avoir de ce pt de vue-là ; chaque aspect artistique et créatif de cet auteur du XIXe siècle. Le raisonnement de Thierry Groensteen se veut relativement accessible au plus grand nombre, ne forçant pas sur des concepts trop abstraits ni dans des théories trop recherchées. Il s’agit surtout de décrire la rencontre entre un homme et un art naissant.

Il est plutôt conseillé de faire une première lecture en s’appesantissant sur les très nombreuses illustrations. Thierry Groensteen édite, par la même occasion (et à la suite de tous ses autres ouvrages sur le sujet), une quantité phénoménale d’affiches, gravures, enluminures et autres caricatures de Rodolphe Töpffer ou d’autres auteurs avec qui il établit de nombreuses comparaisons. Même s’il est difficile de lire toutes les inscriptions tant il y en a et tant leur taille est parfois petite, mais c’est surtout le plaisir de découvrir la création d’un art qui prévaut. Si vous vous attendez à suivre la biographie de cet homme, ce n’est pas tellement le but ici, mais bien d’apprendre pas à pas comment a germé l’idée d’associer images et textes en créant les codes que nous connaissons bien aujourd’hui (narration, bulles notamment). De ce point de vue-là, l’auteur mise sur des années de travail et la ré-exploration de plusieurs publications personnelles depuis les années 1990.



Somme toute, c’est donc un sacré volume que nous avons là porté par une érudition très travaillée, présentant d’innombrables parallèles avec les contemporains et continuateurs de Rodolphe Töpffer, dont on retient surtout quelques noms connus comme notre Gustave Doré national. Des relectures sont vraiment nécessaires pour en extraire tout l’intérêt historiographique.



Commenter  J’apprécie          300
L'univers des mangas

La parution de l'ouvrage de Thierry Groensteen coïncida en France avec la publication en kiosque du premier manga traduit sérieusement : Akira noir et blanc t1.

Premier ouvrage général sur la BD japonaise, ce livre est une bible encore aujourd'hui pour tout fan et passionné. Le texte est clair, pédagogique, appuyé par une iconographie riche, variée, précise. Chronologie, présentation de l'industrie de la BD, thèmes, anime, exportation, panel d'auteurs, un chapitre entier consacré au magistral Tezuka.

Indispensable.
Commenter  J’apprécie          130
La bande dessinée au tournant

Rapide panorama de la BD en 2016, Thierry Groesteen en survole les problématiques comme la surproduction, la place des femmes (comme lectrices et comme auteures), l'entrée dans la non-fiction,... ainsi que la réception culturelle avec la multiplication des thèses, la spécialisation des études (masters et doctorats), les expositions dédiés, mais aussi la spéculation autour de certaines oeuvres et de certains auteurs.

Le lecteur n'est pas submergé sous les chiffres, ni sous les formules et un jargon pseudo-savants. le but de l'auteur des d'énoncer les faits et s'il propose des pistes de réflexion, il ne tombe pas dans l'ouvrage de pure opinion. Il me semble lucide sur son sujet (attention toutefois, je ne suis pas spécialiste).

S'il n'intéressera pas le non-lecteur de BD, cet essai est une porte d'entrée à la fois éditoriale et sociologique (à un petit niveau) dans le genre.

Merci à Babelio et aux éditions Les Impressions Nouvelles pour cet envoi.
Commenter  J’apprécie          100
Un art en expansion

Un ouvrage essentiel qui permet de poser un regard neuf sur le neuvième art , qui a vu d'ailleurs un regard différent se poser sur lui au cours des dernières décennies, gagnant en considération et multipliant les formats, adoubées par le monde littéraire et le marché de l'art, et prenant de plus en plus de place dans les médias.



Bref, cet ouvrage de vulgarisation consacre ce phénomène qui per­met de faire décou­vrir des oeuvres qui restent en toute objectivité une réfé­rence en la matière même si chacun regrettera l'absence de tel ou tel album culte.



Une relacture très précise, fouillée, et bourrée de références culturelles pour des oeuvres essentiellement des 20 dernières années, et comprenant plusieurs chefs d'oeuvres comme Habibi de craig Thomson ou Fun home de Bechdel.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          80
Un art en expansion

Décortiquer et analyser dix titres emblématiques de la BD pour nous parler de l’évolution de cet art, des années soixante à aujourd’hui, n’est pas une entreprise des plus périlleuse pour un spécialiste tel que Thierry Groensteen – à qui l’on doit déjà pas mal d’écrits de référence sur le sujet – un de plus donc, et pas d'ennui en vue. Qu’on ne connaisse pas ou mal, les œuvres présentées, ou qu’on soit au contraire fondu de BD, importe peu : la lecture de son livre est passionnante de bout en bout. Elle met en perspective les standards et les innovations dans le genre, pointe la capacité de cet art du texte et de l’image à s’enrichir aux sources les plus diverses, souligne les grandeurs (des années de travail, patient et soutenu, sont souvent nécessaires à l'élaboration des oeuvres) et faiblesses (petites désinvoltures de scénario chez certains), montre les affinités ou les filiations dont se revendiquent les auteurs, les différences et les analogies entre les œuvres, les intentions et les ambitions de leurs créateurs, et comment in fine, la BD bataillant pour une « littérarité » dessinée qui lui était contestée, a pu devenir incontournable sur la scène artistique, adoubée, et par les instances littéraires et par le marché de l’art.



Très net dans sa conception, découpage en dix chapitres bien illustrés, un par œuvre, adoptant sans surprise la chronologie de parution, et très direct par son style sans circonvolutions, le livre se lit d’une traite avec un intérêt constant, voire même croissant dans les deux derniers chapitres, grâce à la mise en boîte des quatorze éléments puzzle de « Building stories » (Chris Ware, 2012), qui renvoie manifestement à « La-Boîte-en-valise » de Marcel Duchamp, réalisée en 20 exemplaires entre 1936 et 1941 ; grâce également à la trilogie en quatre volumes, quelque peu mégalo, de Jens Harder, « Le Grand récit : Alpha, Beta, [Gamma] », (inachevé : seuls Alpha et Beta 1 sont parus), qui ambitionne de raconter l’histoire de la vie sur terre, depuis le Big Bang jusqu’à nos jours, ni plus ni moins, en mode documentaire et en travaillant essentiellement sur du « visuel existant ». L’expansionnisme du titre et la forme pyramidale de l’image de couverture ne sont d’ailleurs pas anodines, si l’on songe que le bouquin s’achève sur l’examen de cette BD.



Cette poignée de chefs-d’œuvre qui parlent donc, à leur façon et chacun leur tour, parfois tous ensemble, du neuvième art, ont à chaque fois « ouvert une brèche, concrétisé une avancée ». S’ils marquent des ruptures, ils n’en échappent pas moins à un processus de banalisation, de récupération, d’exploitation. Sélection « arbitraire », internationale, qui est introduite par « La Ballade de la mer salée », un des premiers romans graphiques à forte connotation littéraire revendiquée, où se marie l’aventure et la poésie (Hugo Pratt, 1967). Arbitraire, certes, mais convaincante sélection, dans la mesure où elle est représentative de ce qui s’est joué, en cinquante ans de BD, et que le titre énonce clairement : profusion des formes graphiques et narratives.



L’expansion, le terme touche non seulement le format des albums dont l’amplitude augmente dans les années soixante, mais aussi les stratégies artistiques très diversifiées que les créateurs ne cessent de développer depuis cette date. A la suite d’Hugo Patt, qui parle d’une « littérature dessinée », la narration et le graphisme prennent de plus en plus leurs aises, enfreignant pas mal des codes entérinés par les standards initiaux – cas de « Watchmen » (Alan Moore/Dave Gibbons, 1989, prix Hugo de la SF), "thriller-politico-futuriste", comme le définit Groensteen qui en donne une relecture palpitante, même si l'esthétique musculeuse des six héros masqués peut laisser de marbre. Une des autres œuvres qui fait date et considérée même comme indépassable, par certains, à ce stade de l’évolution de la BD et sur laquelle s’attarde notre auteur est « Le Garage hermétique de Jerry Cornelius » (Moebius/Jean Giraud, 1976 à 1979 et paru d’abord dans Métal Hurlant). Le roman graphique, appellation jugée inutile par Groensteen, mais employé communément, s' ouvre à partir de là, à tous les possibles.



L’expansion suggère aussi la conquête de territoires inconnus. Les années quatre vingt dix voient en effet la BD investir des modes d’expression inédits qui explorent par exemple de plus en plus l’intériorité, comme l’autobiographie, le journal intime, ou encore le récit journalistique ou documentaire, etc. ; nouvelles potentialités où la mise en relation au texte se fait très subtile (effets de tressage), avec des moyens graphiques sans cesse élargis autorisant la traversée des genres, l’improvisation, l’hybridation des styles, une bien plus grande plasticité et mobilité du trait. Tendance que Groensteen illustre par quatre œuvres très puissantes qui magnifient le noir et blanc et les valeurs intermédiaires : « L’ascension du haut mal » (David B., 1996 à 2003 - six volumes), roman familial à forte implication personnelle et dimension onirique, retraçant l'enfance de l'auteur/narrateur à travers la maladie épileptique de son frère ; « Fun home » (Alison Bechdel, 2006), tragicomédie familiale « intello » où la littérature, le travail sur la photographie servent véritablement de filtres aux thèmes déclinés, l’homosexualité de la créatrice/narratrice et celle de son père, étant l’un d’entre eux ; « Faire semblant c’est mentir » (Dominique Goblet, 2007), l’œuvre sans doute la plus atypique et la plus innovante de la série, par son syncrétisme graphique et la pluralité des influences sous-jacentes qui s’y lisent (arts plastiques, musique) : une autobiographie d’un genre absolument original, où le point de vue de « l’autre » est sollicité ; « Arrival », album silencieux (Shaun Tan, 2006 – meilleure BD Angoulême 2008), traitant d’un sujet universel majeur, l’émigration : quand l’image seule prend la parole.



Enfin, je conclus avec ce propos de Craig Thompson, représentant de la BD indépendante américaine, auteur d’un conte d'inspiration orientale, puisant aux traditions des trois grands textes monothéistes autant qu'aux Mille et une nuits, foisonnant par les thèmes, luxuriant par le dessin, et affichant 672 pages au compteur, « Habibi » (2011). Le plus jeune (né en 1975), parmi tous les créateurs contemporains, figurant dans ce palmarès évolutionniste déclare : « Pendant une dizaine d’années de ma vie, j’ai lu la Bible tous les jours. Nous n’avions pas la radio, pas la télévision, pas de cassette vidéo, de films, pas de musique autre que religieuse. En revanche, les bandes dessinées, parce qu’elles étaient destinées aux enfants, étaient autorisées » (P.194)...



Que ceux qui doutent encore de la BD se dénoncent !







Commenter  J’apprécie          80
La bande dessinée et le temps

Quand je choisis un titre dans le cadre d’une opération « masse critique » de chez Babélio, en pensant le donner ensuite à quelqu’un, je prends toujours un risque. Pour autant, le thème de celui-ci m’intéressait beaucoup. Thierry Groensteen, que je ne connaissais pas, est apparemment un spécialiste reconnu en théorie de la BD. Cet opus sur le temps est le 3ème volet d’une série. Ici, il étudie minutieusement comment la bande dessinée gère le passage du temps, à l’aide souvent d’ellipses, mais en jouant également avec ses codes. J’ai ainsi croisé, dans ses propos, Gotlib, 3″ de Marc Antoine Mathieu et Là où vont nos pères, un album sans paroles de Shaun Tan. Le petit hic est que l’ouvrage manque vraiment d’illustrations, à l’appui des explications, pourtant claires de l’auteur. Rien ne vaut l’image à mon sens. Le propos du spécialiste a beau être très intéressant et ponctué d’exemples très variés, le lecteur peine à se représenter ce dont il est question réellement. Je savais pourtant que les presses universitaires publiaient plus particulièrement des essais, plutôt que des ouvrages de vulgarisation destinés au grand public, mais j’ai été surprise.
Lien : https://leslecturesdantigone..
Commenter  J’apprécie          70
Alix - HS, tome 3 : Avec Alix, l'univers de..

L'édition aujourd'hui définitive, puisque hélas Jacques Martin nous a quittés. C'est passionnant, richement illustré. Et de page en page, nous assistons à la genèse d'une oeuvre tout en découvrant la profonde humanité d'un dessinateur et écrivain de talent. Chapeau bas.

Adieu Maître. L'Olympe vous appartient désormais.
Commenter  J’apprécie          50
La bande dessinée et le temps

Lecture hybride entre l'essai universitaire et l'ouvrage de vulgarisation, La bande dessinée et le temps propose d'aborder les aspects temporels du 9e art sous toutes les coutures.

L'érudition de l'auteur est évidente et, au fil de chapitre à l'ordre un peu arbitraire, il nous emmène à travers différents grands noms et albums de toutes époques et de tous styles pour en explorer les ressorts chronologiques. L'ouvrage ne vise ainsi pas une exhaustivité par essence inatteignable mais parvient, à l'aide d'une grande clarté analytique, à mettre en lumière les nombreux mécanismes du temps qui régissent les cases et planches.

Le seul bémol réside dans le trop faible nombre des reproductions présentes dans l'ouvrage. Ainsi, si l'auteur a un certain talent dans la description des images pour se livrer ensuite à leur analyse, le lecteur peu au fait des œuvres en question pourra ressentir une certaine lassitude face à la redondance de ce système.

En conclusion, il s'agit là d'un ouvrage pointu, intéressant et accessible, qui passionnera le lecteur a fortiori déjà connaisseur des œuvres évoquées.
Commenter  J’apprécie          40
Entretiens avec Lewis Trondheim



entretiens avec lewis trondheim



Non Lewis Trondheim, auteur de bande dessinée, ne s’est pas mis soudainement à la chanson mais dans le livre Entretiens avec Lewis Trondheim, il répond à une foule de questions. Dans l’avant propos, celui qui n’aime pas parler de lui, confie que s’il a accepté c’est parce qu’il connait très bien Thierry Groensten et que ce dernier connait très bien l’oeuvre de Lewis Trondheim (on s’en aperçoit vite vu les questions précises).



Faut il avoir tout lu de Lewis Trondheim (180 livres, bon courage !) pour apprécier ce livre ? Non ! Je ne ne suis même pas sûre d’avoir lu 10% de l’oeuvre de Lewis Trondheim, je suis probablement passée à côté de certaines références mais cela n’a en rien gâché mon plaisir de lecture.



Lapinot le moralisateur c’est moi et Richard le facétieux c’est moi aussi.



Formation, débuts, naissance de Lapinot, évolution du dessin, genres et styles, éléments autobiographiques, chaque partie est stimulante pour quiconque s’intéresse au travail d’un auteur.



Les réponses mettent en lumière pas mal de choses qui étaient passées inaperçues aux yeux d’une non spécialiste de l’auteur comme le passage à la couleur avec Les petits riens.

La création du personnage de Frantico et du blog mis en ligne à cette occasion m’a replongé à cette époque où je le lisais. J’ai appris comment l’idée lui était venue, ce qu’il a imaginé pour qu’on ne devine pas qu’il était derrière et comment il a été finalement « confondu » au bout de quelques mois.



Comment le personnage de Lapinot a évolué ? Quel est son prénom ? Pourquoi Lewis Trondheim a décidé de faire mourir ? Pourquoi il l’a ressuscité un jour ? Tout, tout, tout, vous saurez tout sur Lapinot !

(je vous conseille aussi le dernier tome des nouvelles aventures de Lapinot)



Le focus sur les nombreuses collaborations de l’auteur montrent l’étendue de son travail et le fait qu’il n’est jamais allé vers le confort, tentant de nouveaux genres (il travaille actuellement sur un polar !), de nouveaux univers.



A chaque projet décrit, j’ai été bluffée par la puissance de son imagination. Il a par exemple imaginé une série avec Mathieu Sapin dans laquelle le jeu vidéo devient une matière obligatoire à l’école. J’ai noté pas mal de titres au passage que j’aimerais lire.



La section appelée « secrets d’écriture » est tout aussi passionnante.



« Notre travail d’auteur de bande dessinée, c’est en toutes circonstances d’hypnotiser le lecteur, de faire une sorte qu’il oublie qu’il est en train de lire. Il faut éviter tout ce qui peut le sortir de l’historie, il doit même oublier qu’il tourne les pages. »



Entretiens avec Lewis Trondheim aborde bien d’autres questions comme la situation des auteurs de bande dessinée aujourd’hui, le festival d’Angoulême, la bande dessinée numérique …Pour moi c’est bien mieux qu’un entretien télé ou radio où le journaliste finit toujours par couper la parole, où le temps est compté. Ici vous vous installez avec l’auteur quand vous voulez et vous le quittez quand vous voulez. Les questions sont pointues mais accessibles à un non spécialiste de bande dessinée et pour un auteur qui se dit instinctif, les réponses sont riches. Les entretiens sont accompagnées de témoignages de proches et de planches et illustrations.



Et cerise sur le gâteau c’est souvent drôle comme sait l’être Lewis Trondheim.



Bref si les coulisses de la création littéraire vous intéressent, je vous le conseille vivement !




Lien : http://www.chocoladdict.fr/2..
Commenter  J’apprécie          40
Un art en expansion

Groensteen, en érudit connaisseur de son sujet, a sélectionné un panel large d'oeuvres du 9° Art et les décortique à loisir. J'ai omis volontairement les passages sur les albums que je n'ai pas (encore) lu mais ait été des plus intéressé par les analyses de monuments comme le Watchmen ( sur lequel je n'aurais pas cru apprendre encore des choses) de Moore, le premier Corto ou le monumental Alpha et ses suite de Harder. Après j'aurais peut être aimé trouver plus de détails techniques sur la narration, la composition des planches et cases parfois mais ne boudons pas notre plaisir!
Lien : http://bobd.over-blog.com
Commenter  J’apprécie          40
La bande dessinée

Il y a des collections qui sont assez bien pensé pour vous initier à un sujet. C'est le cas aussi pour la bande dessinée. Cet art de raconter des histoires en images n'est pas récente. Et partout dans le monde, des artistes ont tous eux l'envie et le besoin de parler des choses autrement et compréhensible par tous. Pour mieux s'approprier toutes ces aventures pleines de rebondissement rien de tel qu'un livre d'initiation. Les essentiels Milan est l'outil le plus pratique, le plus synthétique et le plus accessible. En plus, à la plume, on trouve Thierry Groensteen qui est un des spécialistes français du 9e art. Que vouloir de plus? Il faut avoir un petit peu de culture bd pour voir les références citées car il y a peu d'illustrations. Par contre, s'il faut titiller il y a quelques soucis dans la mise en page. Parfois les artistes sont appelés que par leurs noms et d'autres pas. A cela se rajoute le même souci avec les dates de naissance et mort qui n'est pas systématique. Dans la logique, c'est soit tout le monde ou soit personne. Pareil pour les années de publications des albums. Une première mise en bouche qui donne envie d'aller plus loin et pourquoi pas toujours avec le même auteur. La bd a bien changé depuis l'année de publication, 2005.
Commenter  J’apprécie          30
La bande dessinée : Mode d'emploi

Une réflexion intelligente et subtile sur la bande dessinée. Par l'un des maîtres de la critique.

Lumineux.
Commenter  J’apprécie          30
La bande dessinée au tournant

Partant de son essai Un objet culturel non identifié paru en 2006, Thierry Groensteen fait le point sur les changements et évolutions de la bande dessinée depuis 10 ans.







Ainsi, l'auteur aborde la question des maisons d'édition consacrées à la bande dessinée, dont le nombre a littéralement explosé. Cela a des effets positifs puisque les opportunités sont plus nombreuses pour les auteurs et que l'on assiste à une augmentation du nombre d'albums publiés. Pourtant, cette surproduction est néfaste en terme de qualité et entraîne une diminution générale des ventes. Si les petites structures abondent, nombre de maisons connaissent aussi fusions et rachats. C'est ainsi que la Belgique a perdu trois piliers de sa bande dessinée : Dupuis, Le Lombard et Casterman.







Pour redynamiser les ventes, les maisons d'édition exploitent sans vergogne le filon (très rentable) des rééditions. Les "classiques" sont rajeunis, augmentés, commentés... comme en témoigne la récente et très controversée colorisation de Tintin au Pays des Soviets d'Hergé. La reprise de séries à succès par d'autres équipes quand survient la retraite ou le décès de leur créateur en est un autre exemple. Tout comme la pratique du "dessinateur invité" qui revisite un personnage emblématique le temps d'un album, parfois au mépris de ce qui fait l'essence de ce personnage.







Au rayon des évolutions, on assiste à un déplacement de la bande dessinée vers la non-fiction. La bande dessinée reportage, du réel, de vulgarisation, de transmission d'un savoir et le récit biographique se développent, ouvrant de nouvelles perspectives tant aux auteurs qu'aux éditeurs.



Par contre, si la BD numérique tend à se développer, il s'agit encore surtout de numériser des albums initialement conçus pour le papier que de créations numériques à proprement parler.







La muséification de la bande dessinée est aussi un sujet abordé par Thierry Groensteen. En effet, il ne vous a pas échappé que la BD s'expose de plus en plus dans les grands musées ou galeries spécialisées. Le marché de l'original a aussi beaucoup évolué, attirant les spéculateurs qui espèrent faire une plus-value rapide en se procurant des originaux qui se vendront à prix d'or lors de ventes aux enchères.







Finalement, en lisant cet essai, on se rend compte que la bande dessinée, quelle soit française ou belge, est devenue un produit comme un autre. Le rendement prend le dessus sur la qualité et l'originalité, alors que la profession reste très fragile, tant pour les éditeurs que pour les auteurs, dont les conditions de vie sont particulièrement précaires.



Thierry Groensteen nous livre les dessous de la bande dessinée et nous fait découvrir un monde insoupçonné. La présentation est très pédagogique et compare intelligemment la bande dessinée telle qu'elle est pratiquée en France et en Belgique avec les comics américains et les mangas japonais, ce qui donne une dimension internationale à cet essai très intéressant.
Lien : http://carnetdelecture.skyne..
Commenter  J’apprécie          30
La bande dessinée au tournant

D'abord merci à Babelio et aux éditions "Les impressions nouvelles" pour m'avoir permis de découvrir cet ouvrage. C'est un essai écrit par Thierry Groensteen, auteur connu par tous les fans de Bd, dont je connaissais les qualités puisque j'ai déjà lu pas mal d'ouvrage écrit par ses soins. Ici, dans un court livre, il tire le bilan actuel de la Bd et du monde qui l'entoure. Les sujets évoqué sont variés on a aussi bien un tour de l'édition actuel que le côté scolaire des métiers de la bande dessinée ou encore l'aspect culturel. Comme tous les essais c'est destiné à un public intéressé et ça possède toujours un côté très théorique mais l'écriture "simple" de Groensteen permet de lire très facilement, on est pas enseveli par des chiffres, c'est donc assez plaisant de lire cet ouvrage. On apprend pas mal de chose que l'on découvre souvent sous un autre jour. Quelques petits défauts, beaucoup de références à son ancien ouvrage "Un objet culturel non identifié" ainsi qu'à d'autres ouvrages qu'il cite sans développer donc si on a pas lu ces ouvrages il nous manque quelques informations. Dans le même ordre d'idée, les abréviations ne sont pas toujours expliqués, en tant que belge je ne connaissais pas celle française. Pour terminer je signalerai une petite coquille à la P87. Mais ce sont vraiment des petits défauts à côté de l'intérêt qu'à ce livre.
Commenter  J’apprécie          30
La bande dessinée au tournant

En 2006, Thierry Groensteen a publié "Un objet culturel non identifié : La bande dessinée" où il faisait un bilan global sur le 9e art. En 2017, il décide de remettre cette analyse pour voir les changements dans les créations, les segments de vente, les attributs des objets de consommation, les nouveaux marchés... Il ne faut pas y voir pour autant un ouvrage à destination d'un public spécialisé pour favoriser et confirmer un entre-soi. Comme à son habitude, l'auteur est plus dans le domaine de la vulgarisation pour l'accès à tous, au monde merveilleux et complexe du 9e art. Donc, rassurez-vous vous aurez un confort de lecture d'un individu qui n'est plus à son premier livre sur la bd. Sa bibliographie est assez impressionnante. Donc, si vous cherchez une valeur sûre, vous l'avez trouvé.



Lorsque l'on se rend dans une librairie spécialisée ou non, on se rend compte de l'incroyable production de bd. Les maisons d'édition et collections sont incroyablement nombreuses et leur production est à leur image. Par conséquent, beaucoup de produits mais peu d'élus. Mais assurez quand même une rentrée économique, on republie les vieilles créations d'un autre temps. N'oublions pas que c'est un produit économique avant tout. Les auteurs se permettent un peu tout en accord aussi bien avec leur folie, leur passion ou leur colère. Oser n'est pas toujours gagnant mais c'est essayer quand même. Il évoque aussi la position des femmes souvent oubliées par le passé. Dorénavant, plus mise en avant. Est-ce vraiment parce que les genres sont plus ouverts avec les récits plus personnels? Je n'en suis pas vraiment convaincue donc il va falloir chercher pour affirmer une certitude.



La bd gagne aussi une certaine légitimité en s'exposant dans les musées, en devenant le coeur de thèses, en ayant des cours de bd dans des universités, en étant un outil de spéculation avec des originaux... L'avantage est que nous avons une multitude de source pour creuser les approches aussi bien dans les lectorats, les genres, la diffusion, les éditeurs, les typologies de publications... Un occasion aussi de se plonger dans le site du9 pour développer son esprit critique. Bref, c'est un vrai régal de lecture qui pose un regard critique et construit sur la bande dessinée.
Lien : https://22h05ruedesdames.com..
Commenter  J’apprécie          20
La bande dessinée et le temps

Voilà un livre qui me pose un petit problème.



Le livre traite du temps, une composante importante, sinon primordiale, de la bande dessinée : celui de la narration créé par le découpage des cases, sa cohérence (ou non), sa perception par le lecteur, l’évolution des personnages au cours d’une série, etc. Le propos est vraiment très complet, très référencé, et illustré par quelques chouettes exemples de planches, en couleur s’il vous plaît, quoique un peu trop rares.

Nous avons droit à Tintin, Luky Luke, du Marcel Gotlib, Chris Ware, Zig et Puce… l’auteur tournant en boucle autour de ces références pour la plupart un peu datées, mais qui ont la qualité d’être (presque toutes) communes, ce qui est sans doute une bonne chose pour la compréhension de ses propos.

L’auteur reste dans une droite ligne de conduite d’analyse des « bandes [qui sont] dessinées », quitte à négliger les mangas : La composition des planches étant différente qu’en bandes (comme dans certains Comics), on peut légitimement se demander si certaines dimensions du temps analysées y fonctionnent de manière similaires… Mais ce n’est peut-être qu’un détail après tout.



Alors quoi ?

Les propos de l’auteur ont la qualité d’être très clairs, sans détours, et pourtant… je dois avouer avoir luté pour terminer le livre. L’auteur délivre une analyse méthodique et rigoureuse digne d’un excellent travail universitaire, mais c’est justement là que le bas blesse pour le petit amateur de BD que je suis : passé quelques pages, j’ai vite perdu le plaisir que j’avais en ouvrant le livre, me confrontant à une étude complète d’un théoricien démontrant sa maîtrise du sujet, puis venant même à me demander ce qui avait pu initialement m’intéresser dans le sujet.

J’en ressorts malgré tout avec une perception plus fine du sujet, ce qui est un constat très positif, mais il me semble que ce livre, édité aux « Presses Universitaires François-Rabelais » (il y avait un indice à ce niveau), n’avait tout simplement pas la démarche de vulgarisation à laquelle je m’attendais.



Livre découvert à l’occasion d’une opération Masse critique.
Commenter  J’apprécie          20
Gotlib : Un abécédaire

Comme tout une génération j'ai découvert Gotlib petite en allant discretement piocher dans la bédéthèque de mon pere, et meme si à l'epoque je ne comprenais pas tout j'avais énormément aimé cet humour completement décalé.

Du coup cet abécédaire, non content de raviver d'excellants souvenirs, permets de tout revoir avec un oeil neuf, plus agé certes mais plus critiques aussi et de (re) trouver le deuxieme voir troisieme et quatrieme degré de ces oeuvres.

Bon par contre du coup j'ai eu une envie furieuse de me replonger dans les rubric a brac quoi ^^

Merci a Babelio et aux editeurs pour leur envoi ^^
Commenter  J’apprécie          20




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Thierry Groensteen (131)Voir plus

Quiz Voir plus

Monstres de la mythologie grecque

Je suis une créature hybride, mi-homme mi-cheval.

Le Minotaure
Le Centaure
La Cavale
La Manticore

12 questions
3352 lecteurs ont répondu
Thèmes : monstre , mythologie grecque , créatures mythologiques , mythologie , mythesCréer un quiz sur cet auteur

{* *}