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Critiques de Thierry Hesse (34)
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Une vie cachée

Curieux petit exercice de style que ce récit pouvant se prétendre autobiographique mâtiné de roman d’introspection philosophique. Sous prétexte de nous faire découvrir le passé de son grand père au patronyme très germain : «Franz Etgen », l’auteur Thierry Hesse (bon, là aussi, je ne sais pas pourquoi cela fait penser à...) nous promène dans le passé de la ville de Metz et de ses alentours Mosellans. Il nous immerge dans cette région très disputée par la France et son terrible voisin allemand. C’est par le prisme de l’histoire familiale du narrateur que l’on comprend les aléas des engagements des uns et des autres, de leurs fidélités, de leurs souffrances.

Ne souhaitant pas divulgâcher, je dirais cependant que cette recherche généalogique n’emmène pas le lecteur là où il s’attend à arriver. Et cela m’a rassuré car les auto apitoiements sur des périodes révolues ne m’intéressent pas alors que les parcours de vie à portée universelle me paraissent bien plus riches d’enseignements.

L’écriture est belle, légèrement mélancolique comme il se doit pour ce récit.

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Démon

Quelle claque ! comment parler d'un livre qui vous a autant secoué ?

Pierre Rotko est grand reporter, son métier l'envoie sur le terrain des conflits qui embrase la planète. Un jour son père l'avocat Lev Rotko lui dévoile quelques jours avant son suicide, l'histoire de Franz et Héléna ces grand-parents assassinés par les juifs. Cette révélation va déclencher chez Pierre un cataclisme émotionnel et va dès lors consacré tout son temps à des recherches pour redonner une mémoire à ces vies oubliées.

Un roman historique d'un souffle incroyable, Hesse nous embarque à Grozny en pleine guerre, pour s'approcher au plus près de la folie des hommes, et découvrir les origines du mal. Son roman est captivant, car à travers l'histoire famililale des Rotko, c'est un regard sur les monstruosités du vingtième siècle que Thierry nous décrit. Comment de tels abominations peuvent 'ils être commises au nom d'un idéal ? Comment des hommes deviennent'ils des monstres sanguinaires sans un brin d'humanité ?

Formidablement documenté, le roman de Hesse est passionnant, bouleversant, éreintant. Un livre sur le devoir de mémoire d'une grande puissance.Un très grand bouquin, mon préféré de 2009.
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Une vie cachée

Une vieille photo jaunie, entrevue, égarée et enfin retrouvée. Et puis la ville de Metz et la Lorraine, cette région si souvent convoitée par ses voisins allemands , dont les habitants, arbitrairement, changèrent plusieurs fois de nationalité, de langue et de culture. C'est là que naquit en 1891, Franz Etgen, ou plutôt, François le grand-père du narrateur. Enseignement en langue germanique, apprentissage du métier de tailleur, trois ans de service militaire pour le compte de l'Allemagne et en 1914 incorporation dans l'armée du Reich en tant qu'infirmer, puis une existence ordinaire, un mariage et deux fils puis une fin de vie morne telle celle d'un reclus.



Thierry Hesse part sur les traces de ce grand-père assez taiseux, qu'il a peu connu et dont il sait peu choses. Il rassemble ses souvenirs d'enfance, ses jeudis passés avec lui quand il avait sept ans. Il focalise sur certains détails, mais tout est un peu confus dans sa mémoire.

L'auteur, sous prétexte de cette recherche généalogique, mêle histoire personnelle et Grande histoire, passé et présent, il nous fait déambuler dans les époques et dans les rues de Metz, où se côtoient architectures germanique du temps de Guillaume II, contemporaine dont le musée Pompidou et futuriste (scandaleuse pour le narrateur) de l'hôtel Starck en fin de construction. Il nous entraîne dans la Meuse, sur les champs de bataille de la Grande Guerre où les mines défigurèrent les paysages et firent des milliers de morts. L'auteur ne s'apitoie pas sur le passé et au contraire prend du recul.



Thierry Hesse laisse aller ses souvenirs aussi bien personnels que littéraires, son ressenti, ses considérations philosophiques. Ses pensées se dispersent, vont un peu dans tous les sens. On croise Franz Kafka, Claude Simon, Herman Melville et son célèbre Bartleby... .



Tout ceci donne un très joli livre, que j'ai bien apprécié et que je conseille. Ecrit dans un style sérieux et riche, sa lecture est agréable, également instructive et d'une portée universelle.



# Challenge illimité des départements français en lectures (57 - Moselle)





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L'inconscience

L'inconscience c'est l'histoire de deux frères Marcus et Carl qui semblent être bien différents .

Marcus a quitté la maison familiale très jeune , presque du jour au lendemain , il ne donne quasiment pas de nouvelles , à part de très rares cartes postales envoyées lors de ses voyages , il n'a pas une vie stable , il a de nombreuses conquêtes ,il dépense sans compter , entend profiter de la vie , et puis insensiblement il vieillit , il prend enfin conscience qu'il mène peut - être une vie vide de sens .

Carl est son opposé , lui n'a jamais quitté leur ville natale de Metz , il est marié , fidèle , père de trois enfants qu'il adore , travaille sans relâche dans une société d'assurance locale , gagne très bien sa vie , bref lui a une vie rangée , sans problèmes , jusqu'au jour où il fait la connaissance d'un collègue , venu spécialement remettre de l'ordre dans l'entreprise d'assurance aux prises avec la crise .

On sait depuis le début du livre que ça s'est mal passé pour Karl , il est dans un coma profond , il vient d'être transféré dans un centre médicalisé aux méthodes assez bizarres , centre où les soins dispensés coûtent la peau des fesses .

Puis par différentes digressions et des retours en arrière , les nuances apparaissent , parfois poignantes , comme quand Marcus raconte son voyage en Espagne et l'effet de ce voyage inattendu sur Carl .

Les trajectoires des deux frères semblent presque s'inverser .

L'auteur nous livre un roman d'une grande profondeur , il dissèque , met à nu , c'est ce qui m'a plu dans ce livre , c'est une lecture qui ne m'a pas laissée indifférente , j'ai été touchée par les souvenirs d'enfance des deux frères , ah leur façon de gérer l'argent , ce n'est pas un fils unique qui pourrait raconter ça , le passage sur le moment où Karl jeune ado joue de la guitare va donner un éclairage différent sur la relation avec les deux frères , sur leur relation avec la maison d'enfance .Les passages concernant leur père sont très beaux aussi .Ce livre est comme un puzzle où toutes les pièces finissent par ce rejoindre .

J'ai vraiment été touchée par l'écriture de l'auteur , sa façon de creuser , de disséquer , c'est un livre d'une grande profondeur , je l'ai beaucoup aimé , je crois que les deux frères vont me manquer .

C'est le genre de lecture qui me donne envie de rencontrer l'auteur , de lui dire l'effet que m'a fait son livre .

Une très , très belle lecture pour ma part .
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Démon

Démon est un livre extrêmement ambitieux et très réussi sans que cela soit pour autant un coup de cœur.



C’est un roman à tiroirs. Pierre Rotko, le personnage, ouvre ses propres tiroirs alors qu’il est sur un lit d’hôpital, à la suite d’une blessure reçue en Tchétchénie. Y est-il allé au hasard ? Il ne le croit pas. Il sait qu’il y a un démon dans son enfance, que ce démon ne cesse de le poursuivre et que sa quête caucasienne est un leurre. Il cherche son père, et avant son père, il est en quête des racines de sa famille : Franz et Elena, ses grands-parents. Nous sommes en 1942, à Stavropol. Quand un monde s’écroule, un autre naît. Quand un homme meurt, un autre se lève. Pierre Rotko est cet homme qui se lève et cherche à comprendre.



Qui est Zeinep, cette femme « loup errant dans les rues dévastées de Grosny » ? N’est-elle pas aussi celle qui errait dans le Berlin exsangue de 1945 ? N’est-elle pas cette femme juive qui attend le coup de pistolet, photographiée en noir et blanc ?



Où se cachent les démons de Thierry Hesse ? Ils sont partout et nulle part… C’est un roman qui échappe à toute tentative d’explication.



Avec une construction romanesque très habile, l’auteur nous invite à revenir sur ce XXème siècle plein de fureur et embrasse toute l’histoire de l’Europe contemporaine : la Russie de Staline, la Shoah, la guerre en Tchétchénie, jusqu'au 11 septembre.



Thierry Hesse nous livre un roman puissant avec des personnages touchants, de beaux portraits de femmes. Certaines pages sur les régimes autoritaires ou sur le mal sont passionnantes. Tout comme le regard porté sur la Tchétchénie et la guerre qui s’y déroule.



Cependant, j’ai trouvé trop de longueurs, de généralités qui encombrent le récit. C’est le seul reproche que je fais à l’auteur et il est de taille, c’est ce qui m’a gênée tout au long de la lecture de ces 500 pages . Est-ce, peut-être, parce que j’ai lu trop d’ouvrages concernant la Seconde guerre mondiale et son héritage, concernant le régime stalinien jusqu’à celui de Poutine. La précision et la remarquable documentation de Hesse en fait une faiblesse, à mon goût. J’avoue avoir lu en diagonale beaucoup trop de passages et je pense que je suis passée à côté de ce roman à cause de cela.



C’est un livre qu’il faut lire pour ne rien oublier, si on ne frôle pas l’overdose de ce genre de récit.

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Le cimetière américain

Après avoir lu "l'inconscience", j'ai eu l'envie de relire le cimetière américain.



j'ai éprouvé le même plaisir qu'il y a environ 10 ans ; ce roman, au travers d'un fait divers, montre la réalité d'une région sinistrée : ennui, destruction des familles, disparition des commerces, des écoles... Tout cela magnifiquement écrit.
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Une vie cachée

Curieux livre car je me demande ce qu’à bien voulu nous montrer l’auteur.

J’aime bien comprendre en effet le pourquoi des choses, ici, pourquoi ce sujet, et éventuellement quels enseignements en tirer.



De quoi s’agit il ?



C’est l’histoire de Franz, le grand-père paternel de Thierry Hesse. Le personnage n’a rien d’extraordinaire, c’est plutôt le contraire, c’est l’histoire d’un inconnu qui s’est retranché ses vingt dernières années dans une vie de reclus. Un appartement exigu, à la lisière d’une ville, en l’occurrence Metz, au bout de ce que l’auteur appelle un tunnel.



A partir d’une photographie, jeune homme en uniforme prussien, Thierry Hesse entame ses recherches. De Franz, presque coupé de la famille, ses deux fils dont le père de Thierry Hesse, ne lui ont presque rien dit. Ignorance, rejet, autre, on ne sait pas.

Des maigres indices lui permettent néanmoins de reconstituer un parcours. Pas simple, comme l’est finalement celui de la plupart de gens pour peu que l’on s’attache à les connaître davantage.



Une problématique à peine esquissée, celle de Franz, par exemple, né allemand pour cause de débâcle sedanaise, Metz est en effet annexée, enrôlé en 14 dans l’armée de son pays donc allemande. Devenu ou redevenu français en 18, puis Hitler en 39-40, on s’y perd.

Une canne à pommeau de perroquet, un cimetière letton, une sculpture et son double à Central Park, jalonnent l’histoire de Franz devenu François, ou l’inverse, puis ce tunnel au bout du bout duquel, Thierry Hesse s’interroge.



Et une phrase : Tout espace réduit a ceci de précieux qu’il nous offre la solitude et l’immobilité dont nous avons besoin pour donner libre cours à nos pensées, à nos rêveries.



Interprétation de l’auteur, faut il y croire ?



Petite recherche sur l’auteur afin d’essayer de comprendre.

Filiation, son thème de prédilection. Une phrase : une discipline ascétique et immuable : debout chaque matin à 5 h, deux ou trois heures d’écriture.



Une autre phrase  : Je vis moins dans cette ville ( Metz ), que dans cette cellule que je me suis construite ( ses deux heures d’écriture matinale).



Une vie cachée est un beau livre qui met sur le devant de la scène un anonyme comme nous le sommes presque tous, hormis les célébrités et les coutumiers des médias. L’écriture est belle, les réflexions non superficielles. On se demande si l’auteur est allé jusqu’au bout du tunnel, des pistes ne sont que peu exploitées si ce n’est abandonnées. Curiosité, qui pourrait être l’objet d’un autre livre, pourquoi une telle distance entre Franz et ses deux fils.



Enfin, image en miroir, entre espace réduit et cellule d'écriture, attention à ne pas y voir que son reflet et limiter sa vie à celui ci. Ceci dit, chacun ses choix.
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L'inconscience

Un roman étonnant qui monte en puissance au fur et à mesure des pages. C'est l'histoire de 2 frères qui se sont construit de manière totalement différente mais qui en analysant le passé ne sont pas si différents que cela. L'histoire montre que rien n'est vrai, ni figé dans l'individu.
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Une vie cachée

Dans ce livre, Thierry Hesse, professeur de philosophie dans un lycée de Metz, se souvient de son grand-père « Franz », un homme sans histoires et s’étonne du silence familial entourant son existence. A partir d’une photographie de son grand-père en uniforme allemand découverte en vidant la maison de son père, égarée, puis retrouvée des années plus tard dans un carton rangé à la cave, l’auteur se met en quête de ce Franz, François pour l’état civil, qui l’hébergea pendant un an tous les jeudis lorsqu’il avait 7 ans et dont il a un souvenir diffus. Que recouvre ce silence familial ? L’auteur, minutieusement, dans une langue ciselée et précise, développe les étapes de son enquête dans une région marquée par l’histoire : en 1871 l’Alsace-Lorraine devient allemande, poussant de nombreuse familles à l’exil. La germanisation du territoire conquis commence avec l’installation de milliers de familles allemandes et l’imposition de la langue allemande dans tous les lieux publics. Rassemblant de minces indices, Thierry Hesse reconstitue patiemment le portrait de son grand-père et à travers lui le drame qui a touché toute une génération de jeunes gens recrutés par l’armée allemande dans une guerre fratricide et sanglante dont les survivants ont porté les stigmates leur vie durant. Cet hommage à un homme simple qui passa la fin de sa vie reclus dans un appartement sinistre est d’une grande délicatesse et préserve l’intimité d’un homme qui ne s’est jamais confié.

Ce livre m’a fait penser à Guerre et Térébenthine de Stefans Hertmann où l’auteur, à partir d’un carnet de notes, retraçait la vie de son grand-père, également rescapé de l’enfer des tranchées. Ces fouilles méticuleuses dans un passé enfoui à la recherche d’une vérité oubliée, à une époque où l’on vit dans un éternel présent réduit à un écran, nous rappellent que nous ne sommes pas nés de rien mais que nous sommes constitués de mémoires familiales et d’histoires qui forment le terreau sur lequel nous puisons nos forces, consciemment ou inconsciemment.



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Une vie cachée

Pourquoi ai-je saisi ce livre sur le présentoir de ma librairie habituelle ? Sans doute parce qu'il y est écrit que l'auteur est né à Metz et que je me suis régalée à la lecture des aventures de l'artiste vétérinaire Augustin Duroch, ou parce que je m'imaginais trouver là un témoignage de ces malheureux « malgré nous » … ces jeunes gens enrôlés sous l'uniforme nazi pendant la seconde guerre mondiale.



Déception : rien ou si peu de tout cela, mais un récit certes élégant, cependant totalement décousu. Celui d'un professeur de lettres et de son souvenir bien ténu des journées passées lorsqu'il avait onze ans avec son grand-père Franz, ou plutôt François, reclus dans un appartement exigu du quartier des Loges, dont la porte donnait sous un porche, comme au fond d'un tunnel.



Ce grand-père mutique, qui l'emmenait promener dans le jardin botanique où l'on pouvait admirer une sculpture animalière représentant des aigles aux ailes déployées, était tailleur de son métier.



Mais en 1914, sous l'uniforme allemand, il est brancardier dans l'armée allemande. En particulier dans les tunnels creusés sous les collines de Vauquois. On y patauge dans le sang. Et finalement, il a la chance de s'en tirer, du moins physiquement, car des 400000 mosellans mobilisés durant ce conflit, la plupart seront envoyés sur le front de l'Est - on craint les fraternisations - dont 50000 seront tués à l'ennemi et 30000 faits prisonniers.



Finalement, l'enquête du petit-fils sur ce grand-père évanescent n'aboutit à aucune conclusion. Pourquoi cet homme a choisi de vivre ses dernières années en simili-reclus, à la marge de sa famille, hormis les quelques jours où on lui a confié son petit-fils …



Nul ne le saura jamais. le texte est fort bien écrit, bourré de références littéraires – Franz Kafka et Claude Simon – dont on se demande pourquoi elles sont là, mais le tout reste très personnel, comme une dette envers un ancêtre que l'on aurait rayé de sa vie, sans pouvoir écrire son histoire.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Une vie cachée

Le narrateur- auteur puisqu'il s'agit d'un récit, cherche à reconstituer sa mémoire autour du personnage que fut son grand-père Franz alors que la ville de Metz était encore sous le joug de l'empire Allemand, c'est-à dire au début du siècle dernier.

Cette quête le conduit à rechercher aussi les lieux de Metz où le grand-père le gardait quand ses parents travaillaient, un appartement exigu en forme de tunnel proche du jardin botanique de la ville. Les pièces du puzzle se mettent peu à peu en place entre la Grande Histoire et notamment celle des deux guerres qui ont brisé des vies, celle de son grand-oncle maternel en 1915 et plus tard celle du grand-père Franz lorsque que dans les années quarante les Allemands l'ont dépossédé de sa maison.

Qui était cet homme taiseux qui se confiait peu, qui a péniblement laissé des indices de sa vie d'avant? Tailleur de métier, on sait que l'homme ressemblait à l'acteur Charles Vanel de profil. L'auteur sème quelques photos dans son récit, évitant toute description fastidieuse. Il possédait une canne à bec de perroquet. Il a servi dans un hôpital de campagne lors de la guerre 14-18. L'auteur montre l'absurdité des guerres franco-allemande. Dans une même famille, l'un de ses grands-oncles était sur le front de l'Est en Lettonie (pour ne pas fraterniser avec les "Français de l'intérieur"), tandis qu'un autre a rejoint un régiment du Maine.

On assiste aussi à la transformation de la ville de Metz redevenue française, à une histoire personnelle des Arts puisque l'auteur recherche et explique l'origine de la sculpture ornant le jardin botanique de Metz. On voyage en Europe, en Lettonie et en Allemagne où l'auteur y fit un séjour mémorable et linguistique dans une famille près de Karlsruhe qui a changé sa vie.

De même, on a droit à quelques digressions délicieuses du côté de la littérature (Kafka, Kundera, Melville, Claude Simon…), un clin d'oeil à Modiano :



"Je songe parfois à cet écrivain français unanimement loué, qui, dans ses romans, pèse chaque phrase au trébuchet afin d'en obtenir une clarté parfaite, mais qui, à la télévision, n'arrive jamais à les finir."



et à Bachelard pour sa "poétique de l'espace. Ces digressions n'ennuient pas, instruisent et se mêlent malicieusement au récit qui nous occupe.

Finalement la grande question est : "qu'est-ce que la mémoire?", déjà justement soulevée par Kundera dans "l'immortalité". Un assemblage de souvenirs de visages, de moments passés, de voyages, de lectures, de musiques entendues, tout ce qui s'imprime dans un cerveau pour orienter une vie, pour la vivre comme on peut surtout :



"Comme beaucoup d'hommes de sa génération, François, a sacrifié une partie de sa jeunesse, mais tout sacrifice ne renferme-t-il pas un pari? Celui d'apprendre aux jeunes hommes qui suivront comment il faudra vivre."



Un récit envoûtant, presque universel.

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L'inconscience

Carl et Marcus Vogelgesang sont deux frères nés dans la France Alsacienne des années 60. Cinquante plus tard, Marcus l’aîné est professeur d’ethnologie et vit à Roubaix. Célibataire et sortant avec des étudiantes deux fois moins âgées que lui. Tandis que Carl est marié, a trois enfants et un emploi de cadre dans une compagnie d’assurances. Deux frères et deux vies différentes.



Si au chemin tout tracé et conventionnel du cadet s'oppose le parcours hasardeux de Marcus, Carl est plongé dans le coma après avoir fait un virage de 180 degrés dans sa vie. Cet homme posé et responsable a lâché son travail pour ouvrir avec un certain Stern un cabinet d’assurances à Metz. Mais surtout il a quitté femme et enfants pour s’installer avec lui. Le tout en quelques semaines. Marcus se rend à son chevet et essaie de comprendre ce qui pu se passer.



La suite sur :

http://fibromaman.blogspot.fr/2012/12/thierry-hesse-linconscience.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.f..
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Démon

Le narrateur, Pierre Rotko, est un grand reporter qui parcourt le monde pour couvrir, entre autres, les guerres contemporaines. Autre sujet qui le fascine depuis toujours : les catastrophes naturelles. Quadragénaire et célibataire, il réside à Paris. Entre deux missions, il rend parfois visite à son père, un ancien avocat qui vit reclus dans son appartement parisien depuis la mort de sa femme. Du passé de son père, Pierre ne sait pas grand-chose sinon qu’il est d’origine russe et qu’il est arrivé en France dans les années 50, à l’age de 20 ans. Le jour où ce dernier manifeste le désir de lui parler enfin de son histoire, la vie de Pierre bascule. Bouleversé par le récit, par le destin de ses grands-parents paternels dont il apprend la triste vérité, il se met en quête de l’histoire familiale. Il réunit la documentation susceptible de l’aider mais comprend vite que cela ne suffit pas, qu’il doit se confronter au réel. Il part alors en Tchétchénie à la recherche de « l’origine du mal »…







Voilà une fresque familiale et historique époustouflante. L’histoire de la famille Rotko nous entraîne dans l’histoire de la Russie, tout en nous plongeant dans plusieurs épisodes marquants de l’histoire mondiale du XXe siècle et du début du XXIème. On y évoque, entre autres, les purges staliniennes, le massacre de Babi Yar, la mort de Staline, les attentats du 11 septembre… J’aime particulièrement Les romans qui mêlent la petite et la grande histoire et Thierry Hesse, professeur de philosophie, réussit l’exercice avec brio. C’est un livre foisonnant, dans lequel on ne se perd jamais car sa construction est parfaitement maîtrisée. Les digressions sont nombreuses mais le fil conducteur du récit se retrouve aisément. L’histoire des grands-parents de Pierre, Franz et Helena, constitue ce fil conducteur. Juifs, ils ont subi le sort tragique que l’on peut imaginer. Quand Pierre part en Tchétchénie, c’est avec l’idée de tenter de comprendre ce qu’a pu vivre sa famille en tant que minorité opprimée. Selon lui : « les tchétchènes sont les Juifs d'aujourd'hui car on les abandonne ».



Bien que le roman soit très ambitieux, il est abordable. La lecture des faits historiques n’est jamais laborieuse, bien au contraire, car la «petite histoire» apporte la touche d’humanité qui manque souvent aux faits bruts. En dehors de l’aspect purement historique, j’ai été impressionnée par la réflexion philosophique de l’auteur sur le sens et l’origine de la violence humaine, violence qui se perpétue de siècle en siècle. Cette réflexion m’a fait penser à celle de Fabrice Humbert dans « l’origine de la violence ». Démon est un roman que je ne peux que conseiller vivement à ceux sont en quête de comprendre un peu mieux l’histoire contemporaine.


Lien : http://sylire.over-blog.com/..
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Démon

Roman foisonnant qui mélange les époques depuis la dernière guerre mondiale jusqu'à la Tchétchénie de nos jours, à la recherche du mystère des criminels d'hier et d'aujourd'hui, à travers de la quête d'un journaliste qui essaye de comprendre son attirance pour les théâtres de catastrophe par l'histoire caché de sa famille juive polonaise. Malheureusement les génocides d'hier n'empêchent pas les crimes d'aujourd'hui, les juifs étant toutes les victimes abandonnées.

Ce récit pourrait être désespérant mais on le quitte finalement avec l'espoir au cœur à condition de refuser l'oubli.

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Démon

Remarquable livre sur le bégaiement de l'Histoire, sur les origines, les non-dits, sur nos racines qui peuvent quelquefois miner nos vies tranquilles et insouciantes. Connaître son passé n'est pas forcément à vivre mieux.
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Démon

Œuvre à multiples facettes, souvent proche du roman historique ou du reportage . Pierre Rotko est journaliste. Peu de temps avant de mourir, son père lui raconte la vie tragique de ses parents, Franz et Elena, Russes juifs victimes de la barbarie nazie. Ce récit crée un déclic chez Pierre, qui se met en tête de démasquer les démons qui poussent les hommes à faire preuve de tant de cruauté. Pas seulement à partir du massacre juif, aussi dans la Russie de Staline, en Tchétchénie où il est salement blessé et dans d’autres régions du globe.

Cela donne un roman plein, sans concessions. L’auteur ne cache pas les horreurs, il les condense dans un style direct très personnel, pour faire mieux apparaître leur atrocité.

Le souvenir de son père constitue une sorte de fil conducteur dans ce roman ; les souvenirs personnels de Pierre s’inscrivent toujours dans le cadre d’événements liés à l’histoire ou à la politique.

Un roman ambitieux qui se lit avec grand intérêt.

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L'inconscience

C’est avec plaisir que j’ai ouvert ce nouveau livre de Thierry Hesse. Tant de souvenirs avec « Démon » son précédent roman que j’avais peur d’être déçue. Et bien non, le charme est toujours là, son écriture fluide, ses personnages attachants, le suspens qui vous porte du début jusqu’à la fin du livre. La cinquantaine avec ses questions existentielles, le regard que l’on porte sur son passé, ses parents, son éducation, la vie que l’on a choisie, les liens qui nous unissent avec les autres membres de notre famille. Voilà tout est là et toutes ces questions apparaissent lors de la chute de Carl du 3ème étage, accident, suicide ?…Il est dans le coma, son frère Marcus ne comprend pas. Carl qui apparemment avait réussi sa vie professionnelle ainsi que sa vie familiale que lui est- il arrivé ? Deux frères totalement opposés : Carl est agent d’assurance depuis toujours, il n’a pas quitté sa région natale, marié, père de trois enfants, économe : A-t-il joué la comédie de bon mari et de bon père toutes ces années? Marcus lui est parti dans le Nord, il est professeur d’ethnologie, a des rapports très intimes avec plusieurs de ces élèves, une vie diamétralement opposée. Et puis un jour Carl rencontre Jean Jacques Stern dans l’agence d’assurance et là tout bascule, sa vie bien rangée va exploser… Beaucoup de flash-backs sur l’enfance et l’adolescence de ces deux frères. A vous de découvrir la suite, pour moi voici encore un très bon livre dans la veine de « démon », Thierry Hesse confirme ici son talent d’écrivain, je n’en doutais pas et je suis heureuse de le voir continuer son chemin dans la littérature, un écrivain que je suivrai avec plaisir.
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L'inconscience

J'ai beaucoup apprécié la 1ère scène de ce livre où la mère se livre avec ses 2 garçons à un examen du coeur où comme dans un confessionnal tout doit être dit/avoué. Et c'est bien le drame de la plupart des familles, tout devrait être dit (sans blesser) et certainement que nous pourrions mieux fonctionner les uns envers les autres.

L'inconscience nous entraine sur les traces des 2 frères, qui ont vécu 2 vies à l'opposé et vont se retrouver dans des circonstances dramatiques.

Une bonne surprise de la rentrée littéraire 2012.
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Démon

Pierre Rotko est un grand reporter français dépêché aux quatre coins du globe pour couvrir les guerres, les zones en crises. Il s’intéresse également de près à toutes les catastrophes naturelles. Agé de 40 ans, célibataire, il rend quelquefois visite à son père ancien avocat du barreau qui ne sort guère plus depuis la mort de sa femme. De son père, Pierre connait ses racines Russes, son arrivée en France en 1953. Quinze jours avant de se suicider, son père Lev Rotko va lui raconter son l’histoire de ses parents Franz et Elena, victimes des nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Ces révélations bouleversent la vie de Pierre : il veut comprendre et surtout en savoir d’avantage. Mais ses lectures ne lui suffisent pas, comme pour mieux coller au plus près à la vérité, il se rend en Tchétchénie à la recherche de son histoire, de ses origines.



En entamant cette lecture, j’étais loin, très loin de m’imaginer la densité de ce livre et le voyage que j’allais parcourir. Plongée dans la l’histoire la Russie, j’ai suivi l’histoire, les contextes politiques et leurs conséquences depuis 1920 à nos jours. Thierry Hesse revient en particulier sur la politique de Staline, le massacre juif de Babi Yar, …

A aucun moment, je n’ai eu l’impression de lire un livre ou manuel d’histoire car à travers la grande Histoire se joue celle de Franz et Helena. Leurs origines juives les conduiront à la mort, le père de Pierre échappera à ce destin en étant placé chez un couple qui s’en occupera.

Une fois arrivé en France, Lev, hanté par ses démons, changera son prénom comme pour enrayer le passé et se dédouaner de la culpabilité d’être vivant. En se rendant à Grozny plongé dans la guerre, Pierre va vivre au plus près les revendications d’un peuple opprimé.



Un pèlerinage nécessaire pour comprendre ce qui a pu arriver à ses grands-parents et s’approprier son identité qui découle de l’histoire de sa famille.



Bien plus qu’une fresque familiale, à travers ce livre foisonnant, Thierry Hesse soulève de nombreuses interrogations d’ordre géopolitiques et humaines.



Un roman magistral sur la quête de l’identité et la mémoire qui amène le lecteur à se poser de nombreuses questions. J’ai compris la démarche de Pierre car s’approprier nos origines nous permet de nous construire et d’avancer…


Lien : http://fibromaman.blogspot.c..
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Démon

Voici un livre extrêmement ambitieux, trop sans doute, qui pour moi aboutit à un fourre-tout intéressant certes mais finalement assez bancal.

De belles réflexions sur l'identité, sur la mémoire.

La barbarie nazie et soviétique, puis russe, est bien évoquée.

Mais que viennent faire les inondations aux qutre coins du monde, les amours compliqués de l'auteur et surtout le procès de Sandrine Tourneur ?

Pourquoi le père se suicide-t-il ? Encore un problème de communication ?

J'avoue avoir été déçu par ce livre alors que les premières pages m'avaient enthousiasmé.





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