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3.56/5 (sur 61 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1973
Biographie :

Thierry Jobard est responsable du rayon "Sciences Humaines" de librairie Kléber à Strasbourg depuis 2002.

Ce qui le met dans une position particulièrement privilégiée pour observer la croissance vertigineuse des livres consacrés au développement personnel.

Il est diplômé d'un master 2 philosophie de l'Université Paris-Sorbonne (1995-1998) et d'un master 2 gestion de ressources humains de l'EM Strasbourg Business School (2003-2004).

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Thierry JOBARD est essayiste et libraire. Responsable du rayon Sciences humaines d'une grande librairie à Strasbourg, il est dans une position particulièrement privilégiée pour observer la croissance vertigineuse des livres consacrés au développement personnel et aux nouvelles croyances. Il est l'auteur de « Contre le développement personnel » et « Je crois donc je suis » (ed. Rue de l'échiquier). Dans cette interview par Olivier Berruyer pour Élucid, Thierry Jobard montre à quel point le marché du bonheur (déclassé en « bien être ») a explosé en diffusant largement des idées biaisées, détournant toute l'histoire des croyances et de la philosophie au profit de recettes managériales propres à épouser ce que le capitalisme fait de pire aux individus. Plus question de s'intéresser au collectif, plus question de chercher la transcendance : la réalisation de soi passerait désormais par la recherche d'un « moi authentique », imaginaire et aseptisé, qui loin de garantir le bonheur, isole et épuise les individus...

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Citations et extraits (87) Voir plus Ajouter une citation
Voici comment la méditation de pleine conscience est présentée par un site de ressources humaines: il s'agit d' "une méthode [qui] aide a apprécier l'instant présent, mais aussi à mieux accepter les contraintes. Car en cas d'obstacle, l'individu a tendance à entrer dans un schéma virtuel de rumination ou de crainte, voire d'anticipation négative. L'idée nest alors pas de se couper du monde, mais plutöt de rencontrer la réalité sereinement sans excès de stress et lucide- ment (sans amplifier ni dramatiser), tant dans ses aspects positits que négatits [...]. ll s'agit d'un ensemble de techniques dérivées du bouddhisme, ayant été laicisées afin d'être applicables en entreprise, en milieu médical ou scolaire. [...] C'est une méthode qui a tait l'objet de nombreuses validations scientifiques." Espérons que cela fonctionne pour rencontrer la réalité sereinement en cas de harcèlement ou de «plan de sauvegarde de l'emploi».

Page 60, Rue de l'échiquier.
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Serait-ce à dire que les préoccupations huma- nistes du néomanagement sont illusoires? «Le manager se mue de plus en plus en père et perd son statut tout-puissant de patron. lI est au milieu de ses équipes et pas au-dessus, il est un membre de l'équipe comme les autres mais avec des responsabilitės supplémentaires. Cela change tout car on passe d'un chef qui met l'équipe à son service à un manager qui se met au service de son équipe.» Certes, elles le sont si on les prend au premier degré : le « collaborateur» a toujours à faire ce qu'on lui demande de faire. Mais excepté cela, quelle avancée, reconnaissons-le : il n'y a plus de chet. Plus de chef ! Ce concept suranné sur lequel nous avons vécu depuis des millénaires. Depuis que l'homme est homme en fait. Bien sür il y a encore quelques rechutes. Comme la croyance en l'assomption d'un homme ou une femme providentiel(le) tous les cinq ans. Mais sinon, tout cela est fini désormais. Vous me direz qu'il y a un truc. Hé oui, il y a toujours un truc. Le chef nest plus là, mais il n'a pas disparu pour autant.

Page 48, Rue de l'échiquier.
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La démocratie n'est pas qu'un régime politique, elle est aussi un mode de vie. Et celui-ci englobe en droit toutes nos activités, y compris protessionnelles. La dépolitisation du monde du travail est une des grandes victoires du néolibéralisme. Avec l'organisation managériale, l'entreprise est à l'avant-garde de la nouvelle façon de conduire les hommes et les femmes. Et cette organisation na plus d'adversaire puisqu'elle est devenue hégémonique.

Page 64, Rue de l'échiquier.
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Soyez rassurés, bonnes gens, désormais on s'occupe de vous.
Et l'on s'occupe de vous partout, donc également dans votre monde protessionnel, où s'impose toujours davantage le modèle néolibéral. Le management constitue ainsi, avec le développement personnel, l'autre bras de l'étau enserrant les subjectivités. Ils avancent de concert sur la route de l'uniformisation gestionnaire.

Page 8, Rue de l'échiquier.
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À partir de la Révolution industrielle, le management devient un mode de gestion des masses de travailleurs réunis dans les fabriques, sortant ainsi de la sphère domestique pour entrer dans celle de l'économie. Comme le résume Le Texier, « l'homo managerialis nest plus, depuis lors, un entant dont il faut prendre soin, mais un instrument de travail qu'il convient d'arranger, de contrôler et d'optimiser rationnellement. Sa dépendance n'est plus une donnée de fait dont le manager doit atténuer les effets néfastes : cest un résultat planifié qu'il a désormais la tâche de produire. En d'autres termes le management devient un assujettissement ». Cest bien au nom de la rationalité qu'on entend parvenir à la meilleure organisation possible, tout en demandant à l'individu de se contormer à cet ordre nouveau et extérieur.

Pages 46-47, Rue de l'échiquier.
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Selon Adam Smith, le travail libre rapporte plus que le travail des esclaves. En effet, ces derniers auraient tendance à manquer de motivation. Depuis que cette abomination est - officiellement - abolie, nous avons fort heureusement accompli des progrès considérables puisque même l'ancienne forme de management (terriblement verticale et si peu conviviale) est désormais tombée dans les oubliettes de I'histoire de l'exploitation. Ceci dit, lorsqu'une injonction était émise du haut de la hiérarchie vers le bas, les choses avaient le mérite d'être claires. On obéissait ou non, on discutait, on argumentait, mais surtout, en dernier recours, on pouvait biaiser de bien des façons.
Désormais nous sommes passés à un mode de gestion et de communication horizontale. Désormais il n'y a plus de chef, mais un manager au sein d'une équipe. Plus de salariés, mais des collaborateurs. Des espaces de travail plus ouverts et conviviaux. Plus de vouvoiement, on se tutoie tous. Bref, oublié le management par la contrainte, place au management par la confiance. Youpi! « ll y a des résultats évidents sur la productivité et la qualité de l'engagement du personnel. Il y a moins d'arrêts maladie, moins d'absentéisme, moins de turn-over et donc de meilleurs résultats économiques. » Hourra ! La preuve est faite que la bienveillance au travail, c'est payant. Chacun devra se sentir valorisé d'être ainsi pris en considération. Et chacun devra bien sûr se montrer à la hauteur des attentes.

Page 40, Rue de l'échiquier.
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Le management traditionnel dominait, comman- dait, ordonnait. Le nouveau management convainc, séduit, entraîne. Prenons cette pratique qui consiste à reformuler les objectifs fixés atin de se les approprier (vieux tour de passe-passe tiré de la PNL). En réalité il est moins question de se les approprier (ils restent ceux de l'entreprise) que d'intérioriser la nécessité de les atteindre. lI ne s'agit plus d'exécuter, plus ou moins bien, une tâche, mais de s 'investir, c'est-à-dire, au sens propre, «investir soi» dans un projet. Celui-ci entre ainsi dans l'intimité du « collaborateur». Et parce que les projets se succèdent les uns aux autres, et parce que le changement, c'est tout le temps, cela maintient dans une forme de retour en arrière permanent, au Contraire de l'ancien modèle qui, lui au moins, pérennisait l'accumulation cognitive et l'expérience. Comme l'écrit le sociologue Vincent de Gaulejac, «en acceptant de jouer le jeu, les employés sont pris, malgré eux, dans une construction procédurale qui les assujettit à un pouvoir normalisateur auquel [ils adhèrent] d'autant plus facilement qu'ils sont sollici- tés pour contribuer à l'élaboration de ces normes49». Conduire les autres à forger leurs propres chaiînes, quel dictateur nen a pas rêvé? C'est de l'aliénation au carré en somme.

Pages 48-49, Rue de l'échiquier.
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Il faut bien que des effets découlent du développement personnel, sinon le délaisserait. Mais si cela produit des effets, cest qu'il existe un besoin. Autrement dit, qu'une partie de la population éprouve la nécessité de se sentir mieux. Est-ce un besoin réel ou factice ? S'agit-il d'un véritable malaise ou d'une illusion ? Dans un cas comme dans l'autre, il n'y a pas de quoi pavoiser.
Il faut donc aller voir de plus près, S'attarder autour de ces vénérables totems que sont le désir, le pouvoir et la foi. Car c'est bien de cela qu'il retourne en définitive, au-delà ou en deçà de tous les bons sentiments qui s'affichent. Peut-être à leur insu même. Peut-être. Le monde ancien peut disparaître, mais pas le besoin de croire ni de rêver des hommes. Non plus que l'envie de les dominer.

Page 11, Rue de l'échiquier.
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Loin de n'être que des outils sur lesquels nous gardons la main, ces pratiques agissent sur nous et intluencent notre subjectivation. C'est-à-dire notre capacité à devenir des individus autonomes. Inutile de chercher un ou des coupables précis. La responsabilité est collective puisque l'asservissement est consenti. Pas de machination, pas de complot; un air du temps peu à peu lesté de mille et mille slogans, réflexions, incantations difusés à partir de quelques textes sources et infiniment répétés. On pourrait croire qu'à remonter le fil des effets et des causes, la raison des choses s'embrume. Du néolibéralisme au capitalisme, du capitalisme à la mathématisation du monde et à lidée de se rendre «Comme maîtres et possesseurs de la nature». Ces divers maillons en sont pourtant venus à constituer une chaîne épaisse soudée par le calcul, la recherche de l'efficacité, la marchandisation et une rationalité abstraite. À cela s'ajoutent une certaine forme d'individualisme et une psychologisation générale de nos rapports, à nous-mêmes comme à autrui. Comme si, malgré les enseignements assénés depuis un siècle, nous étions devenus maîtres et possesseurs de nous- mêmes. Navrante illusion.

Pages 14-15, Rue de l'échiquier.
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Une réalité vous gêne ? Faites comme si elle n’existait pas. Ces braves gens font donc comme si l’inconscient n’existait pas. Cela simplifie grandement l’existence.
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