L'Évangile selon Tinder - Thierry MAUGENEST & Luce MICHEL - Booktrailer
À l'heure où Yksella de Vries ordonnait de larguer les amarres, nul à bord n'eut de mauvais pressentiments. Les passagers n'ignoraient pas que la mauvaise fortune pouvait surgir en mer comme sur terre, mais l'âme des Ataraxiens était d'un naturel serein et l'insouciance régnait le plus souvent parmi eux. Peu enclins à la nostalgie, une émotion jugée à la limité de la pathologie, ils avaient appris à ne jamais imaginer le pire concernant l'avenir.
Des chercheurs ont prouvé que l'état amoureux sollicitait la même aire cérébrale qui réagissait à la cocaïne ou aux amphétamines. Au fond, l’amour n'est qu’une drogue comme une autre. Les applis de rencontre, ce sont un peu nos dealers...
Je me sers un grand verre de rouge. Sans même lire l'étiquette. Franchement à ce stade, je m'en fous ; je serais prête à me rincer le gosier avec un litron de La Villageoise.
La première gorgée me brûle l'oesophage. La deuxième glisse mieux. La troisième me semble un nectar.
"Et ce n'est pas à toi que j'apprendrai que le plaisir des sens n'est rien sans la poésie et le jeu de la séduction."
Il n’y a qu’une chose à faire pour savoir si on éprouve de l’amour ou du désir pour une femme : coucher avec elle. Si après l’amour, tu te demandes ce que tu vas bien pouvoir faire du corps, ce n’était que du désir.
Quand j'étais mariée, je me demandais parfois qui avait inventé le couple.
Sûrement les mêmes qui ont inventé l'élevage et la sédentarisation il y a mille ans.
La chasse, c'était l'aventure, le risque, l'incertitude ; la domestication, c'est devenu la facilité.
Un couple ce n'est rien d'autre que deux êtres domestiqués... ou plutôt : deux êtres qui ont domestiqué l'amour.
« Le con, ce n’est pas celui qui se trompe, mais celui qui, en se trompant, est absolument convaincu d’avoir raison. » (p. 31)

Introduction
Le 2 juin 2011, un quotidien italien révélait que Marta Kolsny, une étudiante américaine titulaire d'une bourse d'étude a Venise, venait de découvrir dans les archives du palais d'Arvielo un manuscrit singulier, intitulé L’Enlèvement des Polichinelles. Il s'agissait d'une comédie anonyme en trois actes, datée de 1727. Cependant, les experts qui examinèrent ces pages n'eurent aucun doute : c’était une pièce inédite de Carlo Goldoni, représentée au théâtre San Samuele cette année même, mais dont aucune trace écrite n’était encore parvenue jusqu’à nous. Un mois après cette découverte, le responsable des affaires culturelles de la mairie de Venise décida de faire jouer cette pièce dans un théatre avant d'autoriser la publication du manuscrit. Dans la préface de l’édition italienne, Federico Zampi, un historien vénitien, révélait que l'intrigue de cette comédie avait été librement inspirée de plusieurs enlèvements, suivis de meurtres, survenus a Venise en 1727. Carlo Goldoni joua d'ailleurs un rôle privilégié dans cette affaire, car avant de se consacrer entièrement au théâtre, il occupait le poste d’enquêteur adjoint a la quarantia criminelle.

- La monnaie vous permettra de réaliser vos rêves. Grâce à elle, vous ne serez plus jamais esclaves de vos devoirs. Certains êtres sont faits pour obéir, d'autres pour commander. La monnaie vous aidera à asseoir votre domination. Contre un nombre de pièces convenu, des hommes et des femmes seront disposés à se mettre à votre service. Vous ferez d'eux ce que vous voudrez. Ils travailleront pour vous et, si vous êtes assez habiles, le produit de leur labeur vous permettra de posséder plus de pièces encore, pour obtenir davantage de pouvoir. Vous jouerez tous avec le mêmes règles, mais seuls quelques-uns l'emporteront. À vous de saisir votre chance.
La foule ne formait plus désormais un espace soudé, mais un ensemble d'individualités. Les visages s'étaient durcis, les regards s'étaient chargés de défiance. Chacun caressait le projet de triompher de ses voisins. Sous les yeux de tous se dessinait le contour d'un nouveau monde, dans lequel il leur faudrait bientôt siéger à la meilleur place.
”Et toi, que cherches-tu sur cette appli ?” Voilà la question qu’on te posera chaque fois. Et chacun a sa réponse toute faite. Mais, au fond, tout le monde cherche la même chose. L'exaltation, l’amour, le plaisir, la folie, l’orgasme, on veut vivre tout ça. Ce qui fait la différence, c’est la durée. L’un veut tout ça pour un soir, telle autre pour une vie.