Texte, collages, construction, musique et vidéo : Thierry Moral
www.thierrymoral.fr
Un BOUM, suivi d’un CRAC (les deux roues de devant qui lui passent sur le corps), puis d’un second CRAC (pour les roues arrière) et enfin le RRRIIIII de vos pneus qui glissent. Sans réfléchir, vous faites marche arrière. Votre fille vous regarde avec des yeux débordants d’incompréhension. CRAC et re-CRAC ! Vous vous sentez con, très con.
Vous coupez le moteur, prenez une respiration, puis regardez votre fille en tâchant d’être aussi rassurant que possible :
— Je vais voir...
Ça ne rate pas, elle pleure, mais l’urgence est d’aller constater les dégâts. GLOUPS. Le pare-choc est ruiné, le capot cintré et le phare avant gauche pété. Vous vous accroupissez. Le diagnostic est sans appel : la biche est décédée. Vous ne savez pas ce qui est le plus insupportable : la trace de pneus sur le corps, la langue pendante de l’animal, ou son regard vide ?
La clé du bonheur peut se prendre, comme n'importe quelle clé accrochée au trousseau du quotidien. Une fois égarée, le quidam se retrouve à la porte de l'existence, rejoignant la condition de « sans bonheur fixe ».
(Incipit, p. 9)
La graine de V ? Sérieusement ? Et pourquoi pas de la poudre du perlimpinpin ? Ou bien d’escampette ? Et vous deux, adultes responsables issus de zones plus ou moins sécurisées, vous suivez ? C’est magnifique, quand on y songe, cette capacité que vous avez – et dans ce vous, je nous inclus aussi – de vous perdre dans l’illusoire !
Sans regret, nous partons
Vers ce que nous dicte la raison
Celle de l'espoir de protection
Contre cette pluie qui s'abat à foison
Elle recouvre notre terre
Qui se montre imperméable
D'une bien singulière manière
La nature nous montre ce dont elle est capable
Elle unit ses forces pour mieux imposer sa loi
Nous qui lui avons tant forcé la main
Voilà, ce que nous indique la voix
Que nous suivons pour un autre lendemain.
(p. 65, le Chœur qui quitte lentement le roi et se dirige vers la montagne)
Je ne comprends pas ce qu’il se passe. Ces hommes et ces femmes le comprennent-ils ? Leurs histoires m’ont toujours intéressé, mais je n’ai jamais réussi à en saisir le sens. En temps normal, j’accepte et je laisse couler en attendant le prochain bol de croquettes, mais j’ai comme l’impression que ma vie ne sera jamais plus normale.
Certains humains me font penser à des pitbulls : ils ne lâchent rien, ne se reproduisent qu’entre eux, refoulant et agressant les sangs-mêlés.
L'essentiel, pour moi, c'est l'authenticité.
(p. 12)
Je m'appuie sur la parole
Comme un bâton sous son berger
Guidant le troupeau des mots
Vers un ciel étoilé
(p. 9)
Les objets me fascinent. Ours rassurant, clown farceur, lutin souriant, cheval en plastique. Je leur parle.
[…] quitter le domicile conjugal en pantoufles, ne semble guère très sérieux en terme de démarche transgressive.