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Citations de Thierry Serfaty (151)


Stefania compta mentalement. Laurent avait besoin de cette précision, il ne supportait pas l’approximation. L’exactitude l’apaisait. Il en était ainsi depuis qu’ils s’étaient rencontrés, dix ans plus tôt.
L’hôpital fêtait alors ses trois cents ans. Le hall avait été transformé en galerie éphémère pour l’occasion. On l’avait dépouillé de son décor triste et, pour le faire vivre, on avait fait appel à Laurent Strelli.
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– Ces images, dit-il. Je les ai vues toute la journée.
Elle lui prit la main et l’obligea à s’asseoir sur le drap.
– Quelles images ?
– C’est surtout après avoir passé la nuit ici, dit-il sans l’écouter vraiment. À chaque fois, puis elles disparaissent. Maintenant, c’est plus fréquent, ça dure plus longtemps. C’était quand, la dernière nuit ici ?
– Il y a une semaine, environ. Mardi, je crois ?
Il la coupa, tendu.
– Combien de jours ?
Stefania compta mentalement. Laurent avait besoin de cette précision, il ne supportait pas l’approximation. L’exactitude l’apaisait. Il en était ainsi depuis qu’ils s’étaient rencontrés, dix ans plus tôt.
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Personne n’avait accès à la construction mentale de son mari – elle moins que d’autres, lui semblait-il.
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Laurent contempla son avant-bras. Des cicatrices et des hématomes tachaient la peau.
– Une perfusion ?
– C’est mieux. C’est plus facile pour faire des prélèvements, ou pour injecter quelque chose.
Il leva les yeux sur sa femme, puis son regard se fixa ailleurs.
– Injecter ? Pour quoi faire ?
– Si tu préfères, on ne pose pas de perfusion. C’est d’accord.
Elle ne décela rien sur ses traits. Ni satisfaction, ni soulagement. La chaise : tout son être était concentré sur la chaise. Comme il pouvait le faire sur une table, un arbre, une brindille, n’importe quoi. Se figer pendant des heures. Contre cela, le parcours thérapeutique dans la clinique n’avait rien pu.
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Oui. C’est la dernière nuit que tu passes ici.
– Après je rentre et je ne reviens plus. Quel que soit le résultat.
– Je viens te chercher demain.
– Tôt, précisa-t-il.
– Oui, tôt. Je serai là à ton réveil.
– Je ne vais pas dormir.
– Tu vas dormir.
– Je te dis que non.
Stefania ne répondit pas. Il avait dit la même chose la nuit précédente, et celle d’avant. Chaque fois, depuis des mois. Elle desserra son étreinte. Le long corps de son mari se détacha sur le mur. Il se redressa, l’ombre s’étendit sur le lit en signe de résignation.
– Allons-y, dit-elle.
.
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Stefania posa la main contre la porte de la chambre et ferma les yeux un instant. Sa main glissa jusqu’à la poignée.
Son mari était debout, près du lit. Son haleine dessinait sur la vitre un halo brumeux.
– Dernière nuit, dit-il.
Les mots ne l’avaient pas quitté depuis ce matin, lui non plus, tel un refrain obsédant. La jeune femme s’approcha. Ses mains glissèrent sur la nuque rase, le long du dos, sous les bras, se rejoignirent sur la poitrine. Laurent la protégeait de la lumière d’hiver, déclinante. Elle se serra contre lui. Le dos de son époux était froid.
– Oui. C’est la dernière nuit que tu passes ici.
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– OÙ ?
– Chambre 22.
Stefania Strelli ressortit. L’infirmière se précipita derrière elle et s’arrêta sur le seuil de l’infirmerie : la neuropsychiatre ne semblait pas avoir envie qu’on la suive.
– Il n’a pas accepté que je pose une perfusion.
– Je reviens, dit le médecin.
– Il ne veut pas rester, il dit qu’il a changé d’avis, que…
Stefania tourna la tête.
– Je reviens
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Elle longe les couloirs. Des cris montent et meurent derrière des portes. Un pan de sa blouse s’accroche à une poignée, elle tire sur le tissu d’un geste sec, elle entend la déchirure. Elle avance.
Oui, c’est la dernière nuit.
Et elle tiendra sa promesse.
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Son pas martèle le sol. Les têtes se tournent, elle ne s’arrête pas. Elle croise un patient : ses yeux vides traînent sur elle avec indifférence, elle se sent transparente. Elle l’oublie aussitôt. Elle songe à l’homme, le sien, qu’elle a plongé dans cet univers insaisissable, enfermé dans ces pièces glacées. Quelque chose se tord en elle. Garder le cap, ne pas fléchir.
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LA dernière nuit.
Ce sont ses mots. Ils résonnent en elle comme un écho sans fin, il lui semble qu’ils ricochent contre les parois de son crâne.
La dernière nuit.
Il n’y en aura pas d’autre et il n’en démordra pas, elle le sait. Elle a lu la détermination dans sa posture rigide, ce matin, dans son regard fixe, cette façon particulière de martyriser ses mains.
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Rien n'est plus précieux que le savoir
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On est violent quand parler ne sert à rien
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Dans quel monde stupéfiant suis-je tombée ? Un monde où les adultes et les adolescents se respectent d’égal à égal, où l’avis d’un adolescent a le même poids que celui d’un adulte ? Un univers où on ferait même assez confiance aux jeunes pour qu’ils tranchent et aient le dernier mot ? Je regarde autour de moi, désarçonnée par la nouvelle : me voilà chef de famille. »
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Je peux te poser une autre question ? Sauf si tu as déjà dépassé le nombre de mots que tu prononces chaque jour.
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« À côté, son compagnon, celui des deux qui brandissait péniblement une plaque professionnelle, ressemblait à un sharpeï, ce chien trapu aux innombrables replis de peau depuis le visage jusqu’à l’arrière-train »

Extrait de 
Demain est une autre vie (LITT.GENERALE) (French Edition)
Serfaty, Thierry
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La peur un symptôme ,une phobie?
Qu'est ce qui pousse ces gens à mettre fin à leurs jours sans éprouver la moindre crainte .
Une enquête qui mène au coeur des méandres de la folie.
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Accepter son corps, ou accepter de l’avoir rejeté, de l’avoir enveloppé et d’avoir muselé son identité féminine.
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(…) toujours une distanciation à son propre égard: se regarder tel un être détaché d’elle-même, et trouver la paix dans cette séparation artificielle, à défaut d’accepter cet autre.
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(…) probablement un coup tiré à bout portant. Ça rentre, ça massacre tout et ça ressort poliment de l’autre côté.
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- Ils vont... gagner, dit-elle.
- Compte tenu des circonstances, lui murmura Iris, je t'autorise à dire n'importe quoi.
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