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Citations de Thomas Bronnec (92)


Il se colle à la fenêtre. Elle est à peine plus large qu'une meurtrière. Même si elle s'ouvrait, il pourrait y passer le bras, mais pas l'épaule. Un enfant s'y faufilerait à peine. Dans la cour, quelques hommes s'affairent à monter une sorte d'édifice en bois. Installés sur des escabeaux, ils tapent sans se soucier du sommeil des pensionnaires du PAIRE. D'abord il pense à une nouvelle scène pour une autre pièce de théâtre. Ils peuvent faire pire que les aliens. Il entend le bruit sourd des marteaux, comme un avertissement dans la nuit, et il comprend que la scène est bien trop petite et bien trop surélevée. Il comprend ce qu'ils sont en train de construire.

Une potence.
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Les questions et les doutes viennent perturber son sommeil, de plus en plus fort à mesure qu'il enfonce le pays dans la crise politique. Il se désole des réactions des autres États de l'Union européenne qui, à part la Hongrie et le Danemark,ne parlent que sanctions et même, exclusion.

Il aurait aimé davantage de soutien de la Chine dont il s'est inspiré, c'est vrai, mais qui semble désormais regarder la France comme une pale copie d'un régime qu'il vomit.
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C'est comme si la mort d'Anaïs n'avait ému personne. Ceux qui défendent le climat sont devenus intouchables dans la France de Pierre Savidan, où la lâcheté est devenue la norme jusque dans l'appareil d'État, où l'écologiquement correct s'insinue jusque dans chaque recoin de la vie de tous les jours, jusque dans les menus des éphémères prisonniers qu'on accuse de crimes absurdes. Qui peut croire à ces fables entrées par effraction dans le droit depuis l'élection de Savidan, où l'on fait rimer écocide avec génocide pour prétendre que la Nature a autant de droits que les hommes ? On dote de Statuts juridiques des rivières et des forêts, mais on laisse crever des jeunes femmes et des bébés.

Pages 131-132, Gallimard Série noire.
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Les gens se laissent séduire par ceux qui leur disent ce qu'ils veulent entendre, ceux qui leur affirment que rien n'est leur faute et qui leur mentent comme on ment à des enfants pour les rassurer. Tout est la faute des étrangers, de l'Europe, de l'euro, des élites, de la finance... C'est tellement facile de ne pas se cogner à la réalité, d'être dans ces discours qui n'engagent à rien.
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Elle tremble, se met à courir vers la fenêtre, l'ouvre et s'adosse au parapet, la main en avant. Elle ne veut pas que cette sorcière vienne souiller la peau de son bébé. Tout mais pas ça. Une bouffée d'air chaud liquéfie son corps. Elle se sent fondre.
La harpie marche doucement vers elle. Elle a un étrange sourire aux lèvres.
Elle murmure :
— Tu croyais que la vie était simple et facile, hein ? Parce qu'elle l’a toujours été ? Parce que tu as trouvé un mari plein aux as qui a bien voulu t'engrosser ? Tu t’es acheté une assurance-vie avec ce gosse, hein ? Elle tend le bras vers elle. La paume de sa main s'ouvre et se referme, plusieurs fois de suite. Anaïs Fleuranœ fixe cette main qui se trouve maintenant à quelques centimètres d'elle. L’air lui manque. Sa peau est enveloppée dans une vapeur torride. Un tressaillement brise son corps au moment où cette main s'appuie sur sa poitrine.
Elle sent, au moment de basculer dans le vide. le tissu de son pyjama qui se déchire. «Je t'aime. Charly», murmure-t-elle à l'oreille du bébé en tombant à pic dans la moiteur du vide.
Il lui semble que, le court instant que dure la chute, il a arrêté de pleurer, et ça l'apaise un peu avant qu'elle s'écrase cinq étages plus bas.
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Mathilde se redresse. «Un ennemi», répète-t-elle pour elle-même, les yeux dans le vide. Elle a du mal à le définir, à l'identifier, à le visualiser, cet ennemi.

— Tu penses aussi qu'on est en guerre, alors ? demande-t-elle.

— Mais oui. C'est la guerre la plus importante de l'Histoire. Si on la perd, on disparaît. Tu te rends compte de ça ?

Mathilde se souvient de ce que lui avait dit Pierre Savidan, quand il était ici, à la place de Juliette. « Imaginez que pour sauver l'humanité, il faille en sacrifier la moitié ? Soit vous ne le faites pas, et l'humanité disparaît. Soit vous le faites, et l'humanité est préservée. » Elle pose la question à Juliette.

—Tu ferais quoi ?

Juliette ricane, un peu bêtement. Elle renifle, détourne le regard.

Il faudrait le faire, j'imagine.

— « Le faire », c'est-à-dire ?

— Eh bien, éliminer la moitié de l'humanité. L'autre proposition est pire, non ?

— Elle est pire si ce n'est pas toi qui tues trois milliards d'êtres humains. Mais si c'est toi, si tu les vois agoniser, te maudire, s'accrocher avant de crever... ça change la donne, non ?

— C'est pour ça qu'on élit nos dirigeants. Pour pas avoir à faire nous-mêmes le sale boulot.
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Ils ont tous reçu une balle dans leur boîte aux lettres. Tous. Dans cette drôle d'époque, il n'y a pas de mort héroïque. On ne meurt pas sous les balles d'un soldat allemand ou sous la torture de la Gestapo. On est éliminé sans que ça se voie. Et personne n'a envie de mourir d'un accident de la circulation ou d'une agression ordinaire parce qu'il a défendu les institutions de la République. Personne ne sait où on va, on se dit que ça passera, que c'est temporaire, tout ça, on se cache les yeux mais ça n'empêche pas le mur de se rapprocher. Alors oui, Lisa, c'est pas glorieux mais l'avis du Conseil constitutionnel est positif. Il en faudra plus pour que mes collègues aient le courage de dire non.
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La rue Nicolo est noire de monde. Des centaines de manifestants s'agglutinent jusque dans les garages de l'immeuble en face. Elle est hypnotisée par les pancartes qu'ils brandissent fièrement. Elle les lit toutes, toutes celles qui sont dans son champ de vision.

SI TU AIMES TES ENFANTS, NE LES METS PAS AU MONDE : C'EST UNE POUBELLE

FAITES L'AMOUR SI VOUS VOULEZ, MAIS PAS DE BÉBÉ, C'EST MAUVAIS POUR LA PLANÈTE

UN ENFANT ÇA VA, TROIS ENFANTS, BONJOUR LES DÉGÂTS

ARRETEZ DE BAISER SI VOUS POUVEZ PAS VOUS CONTRÔLER

VOUS POLLUEZ, SI VOUS VOUS ÉTEIGNEZ ON VA PAS VOUS PLEURER

D'instinct, Anaïs Fleurance saisit son bébé dans le berceau et le serre contre sa poitrine, comme si on allait le lui arracher. Réveillé en sursaut, l'enfant se met à pleurer. Elle lui tapote le dos pour essayer de le rassurer. Cette foule de fanatiques en bas lui fait l’effet d'une mêlée de rugbymen qui poussent tous dans le même sens jusqu'à ce que l’adversaire cède.
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— La présidentielle aura lieu dans moins de deux ans. Vous allez entrer en politique, monsieur Fleurance ? Votre propos a des allures de manifeste. Face à des oppositions perdues, qui semblent tétanisées, est-ce que vous tentez de combler le vide ?

(…)

— Est-ce que vous auriez envie de vous lancer en politique en Russie ou en Turquie, monsieur Rasisty ? répond simplement Olivier Fleurance.
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(…) le P-DG de la Compagnie du Lait n'aurait imaginé se mêler à ces dizaines de milliers d'anonymes, où se côtoient des porte-drapeaux de la CGT, des catholiques traditionalistes, des élus de l'extrême gauche et des figures de l'antiracisme, des dirigeants centristes et des retraités exaspérés d'être pointés du doigt. A se demander qui soutient encore Savidan.

Organiser une telle démonstration de force en deux jours tient presque du miracle. On n’a pas vu ça depuis la marche pour Charlie Hebdo le 11 janvier 2015, même si Olivier Fleurance préfère la référence au 30 mai 1968.

Ceux qui avaient marché pour Charlie n’avaient pas inversé le cours de l'Histoire. Les gaullistes sur les Champs-Elysées, eux, avaient mis fin au désordre et redonné cinq ans à ceux qui les avaient encouragés à se montrer.
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— Merci. Merci beaucoup. Entrez, chuchote-t-elle. Elle remplit d’eau un vase effilé, découpe le ruban qui entoure les pivoines, les dépose, puis, l'air satisfait, s'assoit sur le canapé. Il observe tout autour de lui, dans un silence gêné, avant de prendre place en face d'elle, dans un fauteuil en rotin.

Dans sa bibliothèque, il distingue les classiques de la littérature écologiste et effondriste. Pablo Servigne, Arthur Keller, Yves Cochet, Isabelle Attard, Pierre Rabhi, Cyril Dion... Il faut de tout pour faire avancer la cause, même des idiots utiles.
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Tout le monde ne peut pas vivre autour des abers mais il ne comprend pas le plaisir qu'ont les Parisiens à vivre dans cette crasse où la nature se résume à trois arbres plantés sur du bitume. Il faudrait raser la capitale et gouverner depuis les Fossés.

La voiture s'arrête pour laisser passer trois femmes en boubou, avec leurs gosses emmitouflés dans le dos, assommés par la chaleur. Elles le rendent un peu nerveux. Il n'aime pas voir ces enfants bringuebalés, dépendants de leur mère, inconscients du monde qui les attend. Il a l'impression que les gens ne savent pas dépasser leurs envies, leurs pulsions, pour se projeter sur leur intérêt à long terme.

Avoir un enfant est presque un devoir si on veut afficher son bonheur, une case à cocher dans la liste des choses à réussir. C'est quasiment devenu un droit, même pour ceux qui ne peuvent pas en avoir. Il faudrait renverser cette logique, faire de l'enfant un poids, quelque chose de honteux. En vingt ans, on a bien réussi à changer l'image de la cigarette, pourquoi pas celle de la maternité ?
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Gabriel Cormeray soutient le regard de son mentor, avec une certaine insolence. Il voudrait lui répéter à quel point il le méprise, lui et tous les psychologues, les infirmiers, les éducateurs du PAIRE, petits soldats polis et patients d'une armée qui, face à l'ennemi, a déjà capitulé. Il n'est pas un adepte de cette nouvelle religion, qui fait du catastrophisme une idéologie et ne propose comme chemin que la perspective du déclin.
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Il ne comprend rien aux arguties juridiques de ces profiteurs du système, si ce n'est qu'ils veulent l'empêcher de réduire la consommation de viande et d'en finir avec la surproduction et les subventions aux éleveurs.

— Les Français sont attachés à leur liberté, Pierre.

— Leur liberté mon cul. Lisa, lance Pierre Savidan.

Ils ont accepté d'être enfermés chez eux pendant des mois à cause du Covid, et tu veux me faire croire qu'on ne peut pas agir sur ce qu'il y a dans leur assiette. Qu'on ne vienne pas me parler de liberté quand il s'agit de bouffer trois entrecôtes par semaine ! Ton Paul Hernan ne vaut pas mieux que Cormeray, c'est ça la vérité !

— Pierre, ce projet de loi, c'est tout ce qu'attendent tes ennemis pour te donner le coup de grâce. C'est une provocation qui n’a pas de sens à ce moment-là du quinquennat.

— Une provocation ? Tu t'entends parler. Lisa ?

— Ce projet de loi ne sera pas voté. Il n'y a pas de majorité pour ça. Et avant même qu'il soit présenté en première lecture, on verra des vaches devant l'Elysée. Tu as tout à perdre, et si peu à gagner. Alors, calme le jeu. Retire-le.

— Je ne retirerai rien du tout. Lisa. C'est mal me connaître.
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Lisa Viansson la voit hocher la tête, bouche bée, en répétant : «Merde alors.» Elle raccroche et, la main refermée sur le téléphone, comme si elle se cramponnait à lui, lâche à Lisa Viansson :

— Ils vont installer des centres dédiés à l'avortement devant chacun des centres PAIRE, et augmenter à seize semaines le délai légal. Pour permettre aux femmes enceintes de remettre à flot leur SEI juste avant d'être internées, ou à tout moment pendant leur présence dans les camps. Un gosse ou la liberté.
Mais c'est quoi la prochaine étape ?
Des pelotons d'exécution ?
Mon Dieu, ça devient cauchemardesque.

Lisa Viansson se dresse péniblement sur ses jambes. Elle ne voit même plus Julie Descouart qui enfile sa veste à la hâte. L'image de Baptiste et Théo s'incruste sur sa rétine. Ce sont eux, les vrais ennemis de Pierre Savidan. Il veut une société qui se meurt en une ou deux générations.
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Thomas Bronnec
Des gens prêts à donner des fortunes pour défendre la France, François Belmont en connait des dizaines, des centaines. Des entreprises, des banquiers, des médecins, des notaires, des avocats prêts à sortir leurs chéquier et à aligner les zéro pour défendre leurs intérêts, il en connait par milliers. Il leur a juste soufflé une possibilité de contourner le système pour contribuer autant qu'ils en voudraient
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En politique, il n'y a pas de miracle. Il y a les marionnettes et les marionnettistes. Sans ces derniers, le rideau tombe et le spectacle se termine dans les larmes et la peine. Il tient les rênes et c'est lui le metteur en scène : cette fois il n'y aura pas de déception, les spectateurs applaudiront la pièce.
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Pour lui, le bonheur de l'humanité passait par le bonheur de la banque. De sa banque. Il était sincèrement persuadé que le système français, où les élites formées dans les mêmes écoles atterrissaient ensuite dans tous les centres de décision du pays, et baignaient dans un entrelacs d'intérêts objectifs, était le meilleur, et il avait décidé de le sécuriser à son profit.
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En politique, il n'y a pas de miracle. Il y a les marionnettes et les marionnettistes.
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Quel spectacle nous offre-t-on aujourd'hui ? s'interroge le chroniqueur. Celui d'une classe politique totalement soumise au règne de l'image. Un homme politique, aujourd'hui, c'est un produit qui se lance, avec une cible et un positionnement qui se trouvent plus ou moins en accord avec ses propres idées et ses convictions.
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