Grand auteur de la première moitié du XXe siècle, Thomas Burnett Swann était non seulement un passionné d'histoire mais aussi de mythologie puisqu'il a mis en scène à plusieurs reprises diverses créatures mythiques de « l'âge d'or » dans des œuvres telles que « La trilogie du Minotaure » ou encore « Le cycle du Latium ». « Plus grands sont les héros » ne fait pas exception à la règle puisqu'on retrouve une fois encore la période antique et ses êtres légendaires, seulement cette fois c'est d'un épisode biblique que s'est avant tout inspiré l'auteur. L'épisode en question est tiré des premier et deuxième livres de Samuel qui relate l'histoire du célèbre roi David, héros puis souverain d'Israël. Le roman ne se focalise cependant que sur les débuts du jeune David, à l'origine simple berger ayant attiré l'attention du roi Saül et de son entourage par la qualité de sa musique. Parmi les proches du roi, Jonathan, l'un de ses fils, est particulièrement sensible à la beauté et au talent de David qui n'est lui-même pas indifférent au charme du mélancolique et très populaire prince guerrier. Si la nature de la relation entretenue entre les deux jeunes garçons fait débat aujourd'hui encore, Thomas Burnett Swann, lui, a tranché : David et Jonathan s'aimaient bel et bien d'un amour non platonique. Une approche que certains contesteront sans doute mais qui permet néanmoins à l'auteur de prendre un peu de distance par rapport aux écrits religieux sur lesquels il se fonde, mais aussi et surtout d'humaniser davantage ses personnages.
Outre l'histoire de David et Jonathan, le roman se focalise également sur les guerres incessantes opposants les Israélites aux Philistins. L'occasion pour les lecteurs de revivre l'épisode le plus célèbre de l'histoire de David : son combat contre Goliath. Un affrontement connu aujourd'hui de tous car immortalisé par quantité de peintres et sculpteurs mais dont on suit malgré tout le déroulement avec plaisir tant la plume de l'auteur sait se faire à la fois captivante et poétique. Cette poésie, on la retrouve dans l'évocation des quelques créatures mythologiques qui continuent de peupler cette Judée antique mais que l'on ne sent déjà plus à leur place aux côtés de ces nouveaux dieux jaloux de leur prédominance dans le cœur des hommes, à l'image du froid et implacable Yahvé. A ce titre, le personnage le plus réussi du roman est sans doute celui d'Achinoam, épouse rejetée de Saül et mère de Jonathan issue du peuple des sirènes, créatures à la beauté envoûtante dotées d'ailes et originaires de l'île de Crète. Difficile de rester impassible à l'évocation de cette reine mélancolique se languissant de son royaume perdu mais prête à tout pour le bonheur de son fils, quand bien même celui-ci irait à l'encontre des prescriptions du dieu vénéré par le peuple de son époux. L'auteur ne se prive d'ailleurs pas lui-même de distiller ici et là quelques commentaires assez acerbes sur l’intolérance manifestée par les religions monothéistes à l'égard de l'homosexualité. Parmi les quelques bémols je ne mentionnerai que la brièveté de l'ouvrage qui empêche une véritable immersion dans l'univers de l'auteur, ainsi que le nombre relativement important de coquilles.
Avec « Plus grands sont les héros » Thomas Burnett Swann nous propose sa propre interprétation de la période ayant précédé la montée au pouvoir du roi David. Une interprétation pleine de poésie prenant place dans un monde encore fortement imprégné de magie et mettant en scène une touchante histoire d'amour. Saluons donc au passage l'initiative de la collection Hélios puisqu'il s'agit là de la première parution de ce texte en langue française.
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« Bristol était le changement et le progrès, le soleil en plein midi ; Bristol, c'était aujourd'hui. La forêt était la nuit, les rêves, et surtout, les cauchemars. La forêt, c'était autrefois. » Dans le sud de l'Angleterre, à proximité de la ville de Bristol, se trouve un endroit nommé « Envers-Monde », une ancienne forêt où les humains ne s'aventurent pas. Ils sont pourtant nombreux à vivre dans ce qui constitue pour eux l'ultime refuge à la folie du monde moderne et du christianisme, qu'ils soient divinités antiques, créatures magiques ou esprits de la nature. On connaît bien l'intérêt pour la mythologie de Thomas Burnett Swann, auteur dans les années 1970 de plusieurs romans consacrés à l'Antiquité gréco-romaine, égyptienne, ou biblique (« Le cycle du Latium » ; « Plus grands sont les héros » ; « La trilogie du minotaure »...). L'édition Folio SF de « La forêt d'Envers-monde » comprend pour sa part deux romans de l'auteur (le premier qui donne son nom au recueil, le second intitulé « Les dieux demeurent ») ainsi qu'une nouvelle (« Le peintre »). Cette dernière est d'ailleurs la seule à ne pas se dérouler dans Envers-Monde, et, en dépit de son intérêt, on se demande bien pourquoi elle figure au sommaire de ce recueil. L'auteur y met en scène Jérôme Bosche, célèbre peintre néerlandais de la fin du XVe siècle réputé pour ses représentations de créatures monstrueuses qui lui vaudront d'ailleurs le surnom de « maître des enfers ». Très courte, la nouvelle imagine une rencontre terrifiante entre le jeune peintre et les êtres de cauchemars qui orneront plus tard ses tableaux. On retrouve le petit côté décalé qui caractérise la plupart des textes de l'auteur, ainsi que son attrait pour les créatures qui sortent de l'ordinaire, mais c'est bien là le seul lien qu'on peut établir entre la nouvelle et les romans qui la précèdent.
Le premier texte, qui donne son nom à l'ouvrage, prend place au XIXe siècle et met en scène une certaine Deirdre, écrivaine à succès infligée d'un handicap et toujours célibataire, en dépit de ses trente ans (une véritable vieille-fille, pour l'époque !). Bien qu'habituée à faire vivre de grandes aventures à ses héroïnes, la jeune femme ne s'attendait pourtant pas à se retrouver un jour à son tour dans cette situation. C'est pourtant ce qui lui arrive lorsque, par un malheureux concours de circonstances, elle se retrouve entraînée malgré elle au cœur d'Envers-Monde... Thomas Burnett Swann convoque à nouveau un bestiaire particulièrement fourni qui contribue à créer une atmosphère d'étrangeté autour de la forêt et lui permet de piocher dans différentes mythologies (drusii, kelpies, sorcière...). L'auteur rend également hommage à quelques grands noms de la poésie anglaise : le personnage de Deirdre est ainsi clairement inspiré d'Elizabeth Barrett Browning (une poétesse du XIXe qui partage certains traits communs avec l'héroïne), tandis que celui de Thomas est dérivé de Thomas Chatterton (artiste du XVIIIe qui se suicida à l'âge de dix-sept ans). En dépit de la qualité du décor et des personnages peuplant cette étrange forêt, je dois avouer que mon intérêt pour l'histoire à été quelque peu refroidi par le style de l'auteur. Le roman adopte en effet un ton volontiers burlesque qui ne plaira pas à tout le monde (et dont j'avoue n'être moi-même guère friande) et qui se traduit par des rebondissements complètement farfelues, et surtout par un style un peu lourd. Parmi les choses qui m'ont gênée, je mentionnerais notamment les surnoms ridicules que se donnent à tout bout de champ les personnages (« tantine », « mon chéri »...), le fait que notre ami marin ait la fâcheuse tendance à parler de lui à la troisième personne, et surtout les termes peu élégants employés à plusieurs reprises pour parler de la gente féminine (on parle de « pouffiasse », Dylan appelle « affectueusement » sa femme « ma garce », et cette dernière prend pour un compliment d'être traitée de catin...).
Avec « Les dieux demeurent », l'auteur nous plonge cette fois pleinement dans l'Antiquité, et plus précisément dans l'empire romain, à l'époque de Constantin. Le christianisme est alors en plein essor, et les divinités païennes qui peuplent encore l'empire se rappellent avec nostalgie de l'âge d'or où elles étaient vénérées et pouvaient arpenter le monde sans se cacher. Divinités anciennes, esprits du blé, enfants de la mer... : c'est de leur point de vue que nous est racontée cette seconde histoire que j'ai trouvé beaucoup plus immersive et poétique que la première. On retrouve à nouveau un bestiaire atypique qui reprend certes plusieurs créatures classiques de la mythologie, mais en les dépouillant des caractéristiques dont on les affuble aujourd'hui et qui les éloignent de leur version d'origine. C'est le cas notamment des sirènes qui, bien qu'évoluant dans un milieu aquatique, possèdent également une paire d'ailes qui les rapprochent de leurs sœurs antiques. On peut également mentionner la présence d'un telchin, d'un roane, de tritons, ou encore de shelleycoats, autant de créatures qu'on a, il faut l'avouer, peu l'habitude de rencontrer. Le décor est quant à lui aussi réussi que dans le roman précédent mais plus varié, plus bucolique. Aux vergers et champs gorgés de soleil d'Italie succède ainsi la mer, lieu de tous les dangers, avant l'arrivée, enfin, dans la fameuse forêt d'Envers-Monde. L'auteur accorde ici beaucoup d'importance aux rituels anciens qu'il dépeint de manière très sensuelle, presque érotique, ce qui change complètement de la pudibonderie dont font preuve les deux protagonistes dans le précédent texte (qui n'était pourtant, lui aussi, pas exempt de références du même style). Le seul bémol que je soulèverais concerne à nouveau le style de l'auteur qui, quoi que moins lourd que précédemment, n'en reste pas moins souvent très (trop) lyrique. L'ensemble demeure toutefois moins burlesque que dans « La forêt d'Envers-Monde », si bien que l'émotion affleure plus facilement et que l'on s'attache davantage aux personnages.
Thomas Burnett Swann nous livre ici trois textes très différents par leur ambiance mais qui traduisent chaque fois la véritable passion que voue l'auteur aux mythes antiques et aux créatures qui les peuplent. On peut toutefois regretter l'emploi d'un ton tour à tour trop lyrique ou trop grotesque, ce qui vient parfois gâcher la poésie de l'ensemble. Le recueil permet en tout cas grâce à ses trois atmosphères de se faire une idée assez précise du style et de l'univers de l'auteur : avis aux néophytes, donc !
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Pour peu qu'on connaisse la Bible, on sait que l'histoire finira mal, et nous ressentons cette fatalité qui pèse sur les personnages dès le début. Mais en attendant, il est beaucoup question d'amour dans ce livre : David et Jonathan bien sûr mais aussi l'amour maternel, l'amour entre époux (même si celui-ci est malmené).
Swann exprime cela d'une façon que je dirais panthéiste, il y a une sorte d'unité du monde végétal, animal et humain qui permet correspondances et symboles. Lorsque David évoque Jonathan dans ses poèmes, il le fait à travers le règne animal et végétal et c'est aussi ce que fait Swann de manière générale pour décrire son monde.
Ces différentes expressions de l'amour renvoient à la rivalité divine qui existe entre Astarté, déesse de l'amour adorée dans plusieurs pays et Yahweh, dieu de la guerre et d'une seule tribu qu'il gère sans pitié, rejetant loin de lui ceux qui n'ont plus sa faveur comme Saül.
J'appréhendais un peu le mélange des mythologies mais les sirènes crétoises s'acclimatent bien en Palestine et le cyclope Goliath tient son rôle. Comme souvent dans les romans de Swann, on assiste ici à la fin d'une ère, celle du règne de Saül, celle des créatures mythologiques qui vivent encore dans le monde des humains mais pour combien de temps ?
La toute dernière phrase est à cet égard cruelle quand David, en bon Israélite adorateur d'un dieu guerrier, se tourne vers l'avenir pour "trouver un trône et joindre la montagne à la mer" - comme si tout ce qui précédait n'était qu'une parenthèse dans la guerre que mène Yahweh.
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Un récit visiblement assez peu connu. Dû peut-être à la disparition prématurée de Thomas B. Swann.
C'est pas hasard que je suis tombée sur ce livre, tout poussiéreux et jauni que j'ai sauvé in-extremis d'une braderie. Le résumé et l'univers mythologique me rendait curieuse. C'était une lecture distrayante au style épuré. L'histoire avance bien, on a l'impression d'être dans de la littérature jeunesse mais les allusions -beaucoup trop- nombreuses à la vie sexuelle de Zoé la Dryade nous donne l'impression inverse.
Le premier récit avec Lordon et Hora est sans conteste le meilleur. La suite s'essouffle un peu et les Thriae sont très agaçantes.
Les rebondissements sont nombreux mais on a quand même la fâcheuse impression de tourner en rond la plupart du temps. A lire pour passer le temps, si l'on a envie de mythologie gréco-latine et quand on n'a rien d'autre sous la main mais il existe d'autres références plus modernes et plus divertissantes.
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Plus grands sont les héros est un roman de Thomas Burnett Swann paru pour la première fois en 1974 sous le titre de How Are the Mightly Fallen. La version française, une traduction de Patrick Marcel, a été éditée pour la première fois en 2014. Ce livre explore l’amitié de David et Jonathan, évoquée en des termes plutôt ambigus dans l’Ancien Testament, et mêle au récit biblique le monde de la fantasy et de la mythologie.
Goliath devient ainsi un Cyclope, descendant de Poséidon, et sa cible n’est pas Saül mais son épouse délaissée, Achinoam, reine de Judée, qui se révèle être une Sirène, tout comme son fils Jonathan. Tous deux possèdent d’ailleurs des vestiges d’ailes dans leur dos qu’ils dissimulent aux yeux de tous. Mis à part leur race, Achinoam et Jonathan sont séparés de Saül et son peuple par leurs croyances. Tous deux vénèrent en effet la déesse lunaire Astarté, qu’ils appellent la Déesse ou la Dame, au lieu de Yahvé, et voient donc la vie différemment des israélites. L’opposition entre les deux divinités est très marquée dans ce livre : Yahvé est celui qui interdit, qui « entrave », qui punit et qui doit être craint, alors qu’Astarté est présentée comme celle qui accepte sans juger, qui ne comprend pas la notion de péché et qui ne considère rien de plus important que l’amour.
Car, entre guerres et débats religieux, entre jalousie et exil, entre prophéties et décrets divins, c’est bien d’amour dont il est question dans ce roman.
Il y a l’amour qui existe entre David et Jonathan, le point focal de ce récit. Cet amour est certes accepté par Astarté et vu comme chose courante par Achinoam, mais il est interdit par Yahvé et la loi des israélites, ce qui n’empêchera pas ce couple de le vivre aussi pleinement que possible, malgré la guerre, les unions politiques et la désapprobation royale.
Il y a l’amour maternel et son reflet, l’amour filial, entre Achinoam et Jonathan surtout, plus discrètement entre Alecto et Mephilbocheth.
Il y a l’amour de Michal pour son époux, un amour à sens unique, la jeune femme ignorant que David lui préfère son frère.
Il y a l’amour d’Achinoam pour Saül, non passionné, délaissé et meurtri, mais toujours présent, et il y a l’amour de Saül pour Achinoam, un amour plus proche de l’adoration que l’on offre aux dieux que celui que l’on s’attendrait à voir entre deux époux, un amour né de l’attrait exercé par une créature merveilleuse sur un jeune homme, un amour qui finira par ne pas être suffisant.
Il y a l’amour de Ritspa pour Saül, né de sa loyauté et de sa soumission, et celui que lui porte Saül, peut-être pas aussi admiratif que celui qu’il éprouve pour son épouse mais certainement plus humain.
Ainsi, c’est d’amour dont il est question, et c’est aussi l’amour qui motive la plupart des personnages qui nous sont présentés. C’est son amour pour Saül qui pousse Ritspa à dénoncer David et Jonathan ; c’est leur amour pour David qui fait Jonathan et Michal aider David à fuir ; l’amour est l’une des raisons qui causent la mort de Jonathan et, finalement, c’est l’amour qui conduit David à franchir le camp des philistins pour rapporter à Achinoam les corps de son époux et de son fils.
C’est le titre de ce livre qui m’a attirée en premier, par son côté mystérieux et poétique et son impression d’inachevé ; c’est son style qui m’a retenue.
J’aime la fantasy et les romans historiques, alors le mélange des genres, comme dans la série du Paris de merveilles de Pierre PEvelme comble ; mais les adaptations bibliques me laissent souvent sceptique. Enfin, je dois le reconnaître, j’aime les histoires d’amour, surtout quand elles sont aussi belles et aussi bien écrites que Plus grands sont les héros.
Les premières lignes m’ont semblé intéressantes, le premier chapitre m’a captivée, et je n’ai finalement pas pu refermer ce livre avant d’en avoir atteint la fin. Je l’ai lu en français, mais je serais presque tentée de le relire en anglais. Le traducteur, Patrick Marcel, a fait un travail exemplaire. Ce livre est comme un chant, du début à la fin, et le style ne fait que renforcer cette impression : les mots résonnent entre eux, se répondent, et le tout forme un ensemble captivant. Le titre est le début d’un vers, dont on ne connaîtra la fin que dans les dernières pages du roman, et le récit lui-même est entrecoupé de poèmes et de chants, inspirés de passages bibliques ou composés directement par l’auteur. Les personnages ne sont pas non plus épargnés par cette ambiance poétique : quand ils évoquent leurs sentiments, le font avec des mots choisis avec soin, tant pour leur sens que pour leur rythme.
Selon moi, ce livre mérite d’être connu, quelles que soient les croyances et les convictions personnelles de chacun. Cela ne se fera peut-être pas en un jour – il lui a fallu quarante ans pour bénéficier d’une traduction officielle en français – mais, pour moi, il fait partie de ses quelques livres posés sur mon étagère que je peux lire et relire avec plaisir à n’importe quel moment.
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Le labyrinthe du Minotaure
La forêt du Minotaure
Le jour du Minotaure
Nous sommes en Crète, à l'époque minoenne. Au centre de l'île, dans une forêt vivent les bêtes mythologiques, Centaures, Dryades et Minotaures, entre autres. La forêt est interdite aux hommes en principes, mais quelques échanges ont quand même lieu de temps en temps ; ce qui permet d'ailleurs de créer l'action indispensable à un roman fantasy. Les trois romans dont se composent le cycle, sont censés se suivre chronologiquement, et nous retrouvons un certain nombre de personnages d'un roman à l'autre. Néanmoins, ces textes parus en feuilleton, n'ont visiblement pas été révisés et ajustés, ce qui donne pas mal d'incohérences, aussi bien dans les faits, que dans la psychologie de certains personnages, même si ce n'est pas rédhibitoire, chaque histoire se suffisant à elle-même.
C'est plutôt bien écrit, sympathique, lorsqu'il y a action, cela est très efficace. On visite un peu la civilisation minoenne et la mythologie, même si les personnage de Swann sont très loin de ce que l'on peut lire ailleurs. Il y a un côté optimiste et bon enfant, qui pourrait faire penser à des livres jeunesse, mais en même temps une sorte de sensualisme, qui fait que c'est moins le cas. C'est un peu boiteux par moment en ce qui concerne la vraisemblance de l'intrigue, mais au final cela passe. Une originalité certaine, un côté plaisant incontestable. Une douce nostalgie, un côté écologique précurseur.
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Le cycle du Latium raconte l'histoire de la fondation de Rome et Le Peuple de la mer s'attache particulièrement à un événement particulier du voyage d'Enée : son arrêt à Carthage et sa relation avec Didon. Thomas B. Swann se pose plus particulièrement la question du suicide de Didon : pourquoi met-elle fin à ses jours ? Est-ce réellement par amour pour Enée ? Ou la cause en est plus profonde, remontant à la fondation même de la Ville ?
L'histoire est plus particulièrement tournée vers Ascagne, fils d'Enée, un adorable petit garçon, qui s'éveille tout doucement à la sexualité, dont sa connaissance est quelque peu perturbée par l'entourage de marins qu'il subit depuis sa plus tendre enfance.
C'est un roman assez tendre, qui n'est pas terminé, malheureusement : il manque encore un peu de polissage. Entre le conte pour enfant, et le récit initiatique, la légende et le portrait de femme (Didon, qui m'a bouleversée), il manque un peu de cohérence, mais certainement pas de charme.
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C’est un sympathique roman, avec un charme certain : les descriptions du monde des dryades sont très belles, très champêtres. Mellone est un joli personnage, avec ses contradictions, ses doutes, son désir de savoir, de comprendre, son ouverture au monde. Il y a également une belle apologie de la mixité : le mode de vie des dryades et de leur Reine Volumna, loin des mâles, n’a pas d’avenir. C’est à deux que se construit l’avenir.
Il y a beaucoup de sensualité, entre un Enée qui ne parvient pas à faire le deuil de ses deux amours ; un Ascagne qui a découvert la sexualité mais pas encore l’amour ; et des dryades soit disant très chastes, mais dont les conversations bruissent de leurs souvenirs dans l’Arbre. Sensuel, mais innocent, comme les premiers jours du monde.
C’est ce qui fait tout le charme de ce roman ...
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Eunostos est le dernier des minotaures (et le meilleur d’entre eux, selon son amie Zoé). C’est une âme simple et pure, un artisan, qui vit au Pays des Bêtes, et qui aime la dryade Kora. Mais Kora rêve d’un beau héros grec. Ses rêves se réalisent et causent son désespoir.
Une lecture qui m’a transportée dans un monde poétique, et m’a laissé une impression de douceur malgré ses aspérités et ses moments tragiques. (Je l'ai lu en anglais, les noms ont peut-être été changés à la traduction).
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Une lecture pleine de charme et de verve ! L’écriture est simple sans être simpliste mais surtout l'histoire se montre originale et émouvante. Ses personnages sont vraiment attachants, en particulier à mes yeux Mellone la dryade, Enée, Remus… Les sentiments des personnages sont creusés, même poignants par moments.
L’univers de la forêt est lui superbement évoqué, sans avoir besoin d'en faire trop. Les bonnes idées ont quelque chose de surprenant. Bref, un livre captivant, poétique et envoûtant.
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"Un roman enchanteur", tels étaient les mots que j'avais sous les yeux en lisant le 4ème de couverture de ce livre déniché chez un bouquiniste local (critique de la revue Bifrost).
Je me suis laissée séduire, et je n'ai pas été déçue, plutôt enchantée.
"Le Phénix vert" (1972) est le premier Volume du Cycle du Latium. Il précède "La Dame des abeilles" (1976) et "Le peuple de la mer" (1977).
Tous les romans de Thomas Burnett Swann se déroulent dans le même univers, une vision mystifiée du monde antique. Le cycle du Latium ne fait pas exception.
Une certaine magie s'échappe de l'écriture de Thomas B. Swann, toujours à la frontière entre la poésie et le roman. Certaines phrases sont si belles (il n'y a pas d'autres mots), que je me suis surprise à les relire plusieurs fois, à voix haute pour mieux m'en imprégner.
La construction du récit rend la lecture addictive, surtout dans la seconde partie. Les personnages sont attachants (particulièrement Coucou), et l'univers est dépeint avec tant de détails que l'on s'imagine aisément parcourir le Bois d'Errance.
Si vous aimez les belles lettres, une découverte dont vous pouvez vous réjouir d'avance.
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