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Citation de Skouky


Skouky
07 décembre 2010
- D'accord, alors dites-moi comment...
- C'est à vous de me parler, Clarice. vous n'avez plus de vacances à m'offrir près du Centre de recherches vétérinaires sur la peste bovine. Dorénavant, ce sera strictement donnant, donnant. Il faut faire attention avec vous. dites-moi, Clarice.
- Quoi ?
- Il y a deux choses que vous me devez. Ce qui vous est arrivé, à vous et à votre jument, et ce que vous faites pour contenir votre colère.
- Docteur Lecter, quand j'aurais le temps, je...
- Nous ne calculons pas le temps de la même manière, Clarice. Celui-ci est le seul dont vous disposerez.
-Plus tard, écoutez, je...
- Je vous écoute, maintenant. Deux ans après la mort de votre père, votre mère vous a envoyée chez ses cousins, dans un ranch du Montana. Vous aviez dix ans. Vous avez découvert qu'ils engraissaient des chevaux pour l'abattoir. Vous vous êtes enfouie avec une jument qui ne voyait pas bien clair. Et ensuite ?
- ... C'était l'été et on pouvait dormir en plein air. Nous sommes allées jusqu'à Bozeman par des chemins de terre.
- Votre monture avait un nom ?
- Probablement, mais... on ne cherche pas à le savoir quand on nourrit des chevaux de boucherie. Je l'appelais Hannah, je trouvais que cela lui allait bien.
- Vous la meniez par la longe ou vous la montiez ?
- Les deux. Pour monter dessus, je devais la conduire jusqu'à une barrière.
- tantôt à cheval, tantôt à pied, vous êtes arrivées à Bozeman.
- Il y avait une écurie de louage, une espèce d'école d'équitation, juste en arrivant à la ville. J'ai essayé de l'y placer.Ils demandaient vingt dollars par semaine dans le corral, plus pour une stalle. Ils ont vu tout de suite qu'elle était presque aveugle. J'ai dit : je pourrais promener des petits enfants sur son dos pendant que leurs parents font de l'équitation. Et aussi nettoyer les écuries. Le propriétaire disait oui, oui pendant que sa femme téléphonait au shérif.
- Le shérif, c'était un policier, comme votre père.
- Cela ne m'a pas empêchée d'avoir peur de lui, au début. Il avait un gros visage tout rouge. Il a fini par avancer les vingt dollars pour une semaine de pension pendant qu'il "mettait la situation au clair". Il a dit que ce n'était pas la peine de louer une stalle par cette chaleur. Les journaux ont parlés de l'histoire. Qui a fait beaucoup de bruit. La cousine de ma mère a bien voulu me laisser partir. je me suis retrouvée au Foyer luthérien de Bozeman.
- C'était un orphelinat ?
- Oui.
- Et Hannah ?
- Elle aussi y est entrée. Un gros fermier luthérien fournissait le foin. Il y avait une écurie à l'orphelinat. On lui faisait retourner le jardin. Mais il fallait la guider. Sinon, elle renversait les rames des haricots et piétinait tout ce qu'elle ne pouvait sentir contre ses pattes. Et elle promenait les enfants dans une petite carriole.
- Elle a finit par mourir.
- Ben, oui...
- Racontez-moi ça.
- C'était l'année dernière, ils m'ont écrit à l'Ecole. On pensait qu'elle avait environ vingt-deux ans. La veille, elle avait tiré une carriole pleine d'enfants et elle est morte en dormant."
Le Dr Lecter semblait désapointé. "Comme ça réchauffe le coeur. Est-ce que votre père adoptif, dans le Montana, vous a baisé, Clarice?
- Non.
- A-t-il essayé ?
- Non.
- Pourquoi vous êtes-vous enfouie, alors ?
- Parce qu'ils allaient tuer Hannah.
- Vous saviez quand ?
- Pas vraiment. Mais j'y pensais tout le temps. Elle était devenue joliment grasse.
- Qu'est ce qui a tout déclenché ? Pourquoi ce jour-là précisément ?
- Je n'en sais rien.
- Je crois que si.
- J'avais tout le temps peur.
- Qu'est- ce qui vous a fait partir, Clarice ? Et à quelle heure ?
- Tôt. Il faisait encore nuit.
- Alors quelque chose vous a réveillée ? Avez-vous rêvé ? Qu'est-ce que c'était ?
- Je me suis réveillée et j'ai entendu les agneaux pleurer. Je me suis réveillée dans le noir et les agneaux bêlaient.
- Ils égorgeaient les agneaux de printemps ?
- Oui.
- Qu'avez-vous fait ?
- Je ne pouvais rien faire pour eux. Je n'étais qu'une...
- Qu'avez-vous fait avec la jument ?
- Je me suis habillée sans allumer et je suis sortie. Elle avait peur. Tous les chevaux de l'écurie étaient terrifiés et elle m'a reconnue. Elle a fini par mettre son museau dans ma main. Les lumières étaient allumées dans la grange et dans la bergerie. Des ampoules nues, de grandes ombres. Le camion réfrigéré attendait, moteur en marche. Je l'ai fait sortir.
- L'avez-vous scellée ?
- Non. Je n'ai pas pris leur selle. Rien qu'une simple bride, c'est tout.
- Lorsque vous êtes partie dans le noir, entendiez-vous les agneaux, là où il y avait de la lumière ?
- Pas longtemps. Il n'y en avait que douze.
- Cela vous arrive encore de vous réveiller, hein ? De vous réveiller dans le noir et d’entendre les agneaux bêler ?
- Parfois?
- Pensez-vous que si vous attrapiez Buffalo Bill, vous et pas les autres, et si Catherine s'en tirait saine et sauve, les agneaux cesseraient de pleurer, pensez-vous qu'eux aussi seraient sauvés et que vous ne vous réveilleriez plus dans le noir en entendant les agneaux bêler ? Clarice ?
- Oui. Je ne sais pas. Peut-être.
- Merci, Clarice." Le Dr Lecter semblait étrangement apaisé.
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