Dans l'espace public, dans les rapports avec la police, au sein du couple, au travail, ou dans le milieu médical, la lutte contre le sexisme et le harcèlement est un combat permanent. Avec le Projet Crocodiles, Thomas Mathieu et Juliette Boutant, auteurs de bande dessinée, dénoncent ce sexisme ordinaire.
LES CROCODILES SONT TOUJOURS LÀ.
https://bit.ly/LesCrocodilesSontToujoursLa
Un simple refus ne suffit souvent pas.
- Non
Tout le monde dit qu'en amour/ sexe, il faut s'accrocher et persister.
- Mais tu ne me laisses pas te convaincre ! Donne-moi encore une chance.
Du coup, pour refuser, il faut s'accrocher aussi.
- je t'ai dit NON, si tu continues, c'est du harcèlement.
Ignorer le problème n'est pas non plus une solution.
- Alors ? On m'a dit pour hier soir !
- (Ben dis donc, les nouvelles vont vite !) Hé hé.
- Il paraît qu'il t'a baisée.
- ("IL" m'a baisée ??) Heu...
- C'est lui qui me l'a raconté. Alors, c'est quand mon tour ?
- Euh, non, mec. C'est mort.
- Allez, au rythme où tu y vas, ça va être bientôt, non ? Ça me ferait plaisir.
- Hé Mademoiselle !
- T'es trop belle.
- T'as le Boule de Beyoncé.
- Hé viens ! J'ai une 25 cm ! Je te laisse sucer gratuit !
- Ha Ha !
- C'est ça ! Casse-toi, salope.
- T'es grosse !
- Tu pues !

L'empathie semble souvent difficile pour les hommes. Beaucoup ont trouvé si dérangeant de voir leur genre ainsi caricaturé, qu'au lieu d'avoir des mots ou des pensées émues pour les victimes qui rapportaient leur expérience souvent douloureuses, ils n'ont trouvé qu'à signaler que quand même il existe des mecs bien, qu'EUX ne sont pas comme ça.
Ceux la aurait bien voulu qu'il y ait deux sortes de mecs dans les crocodiles, les crocodiles et les mecs bien, ils auraient alors su à qui s'identifier. Sauf que les mecs bien, ça n'existe pas. Du moins pas comme ça, pas tout le temps, et de toute façon ce n'est pas à eux d'en juger.
Face à un récit de viol, ils disent : mais MOI, je ne suis pas comme ça. Le simple fait de ramener ainsi l'attention sur eux montre qu'ils sont un peu "comme ça". Ils protègent leur ego, alors qu'on leur parle viol, agression, des choses très graves qui semblent pourtant peu les toucher. Peut-être sont-ils persuadés que de telles choses ne leur arriveront jamais ? (...) peut-être protègent-t-ils simplement leur image d eux même, mais ce faisant, ne font-ils pas justement d eux des crocodiles ?
C'est-à-dire faire passer arbitrairement leurs besoins, leur désirs (en l'occurrence avoir une bonne image de soi avant les besoins les plus essentiels d'autrui et en particulier l'intégrité physique des femmes, puisque c'est là le sujet principal de nombreux témoignages du Tumblr projet crocodiles.
- Ce mec-là ? Ah oui, c'est un sacré cas. Il a toujours des "problèmes" au niveau du pénis qu'il faut tartiner de pommade. Uniquement quand c'est des auxiliaires féminines, étrangement.
- c'est pas un peu superficiel ?
- et alors ? on est superficielles. Les apparences, c'est tout ce qu'on a, c'est tout ce qu'on est. C'est notre force. Et si on doit combattre, on aura besoin de cette force. Même dans le sang et la sueur, face au danger et la peur, une bimbo ça reste toujours une bimbo.
- et un chaton, ça reste un chaton.
Le sujet de Les Crocodiles n’est pas de dire que les hommes naissent crocodiles, mais qu’ils le deviennent, et c’est là que la caricature prend tout son sens. Un dessin qui me glacerait le sang, ce serait celui d’un bébé humain qui se transformerait petit à petit en crocodile. Ça me choquerait parce que c’est ce qui arrive, on transforme des petits garçons en prédateurs sexuels, alors qu’ils pourraient devenir des humains respectueux et heureux. Je pense à la citation d’Andrea Dworkin : Comment se fait-il que le garçon dont le sentiment de vie est si vif qu’il donne de l’humanité au soleil et à la pierre se transforme en homme adulte incapable d’admettre ou même d’imaginer son humanité commune avec les femmes ?
*Houla, il/elle s'en prend plein la tronche, j'ai bien fait de ne pas bouger.*
— Merci! Vous vous y seriez mis à plusieurs, j'aurais pas pu harceler tranquille.
- Craig ? Il y a deux pouffes qui essaient de resquiller, j'en fais quoi ?
- Laisse-les passer, j'en ai marre de mater que de la mémé, ici.