Trois énormes SUV noirs progressent dans les rues, tels des buffles musculeux qui arpenteraient leur territoire. Les lumières de la ville glissent sur leurs vitres teintées – les jaunes des gratte-ciel, les blanches de la rue, et les rouges dont ils n’ont que faire, vu la manière dont ils traversent les carrefours à coups de klaxon. Les gens sur les trottoirs leur adressent à peine un coup d’œil.
Je traverse la rue vide dans leur sillage. La plupart des lumières de l’immeuble des Imprimeries Nationales sont encore allumées – des correspondants du monde entier s’y activent pour tenir leurs délais. Les rédactions attendent à Tokyo, les masses sont avides d’infos à Bombay, le public a le droit de savoir à Londres. Le volume d’informations qui sort de cet immeuble me sidère – le poids que ça représente, tout ce gâchis. Comme si les gens en avaient besoin.