Citations de Thomas Reid (20)
L’homme de journée s’occupe de son travail, dans la persuasion de recevoir le soir son salaire; s’il n’avait pas cette persuasion, il ne travaillerait point.
La mémoire, l’imagination, le goût, le raisonnement, la perception morale ,
la volonté, les passions, les affections et toutes les facultés actives de l’âme, offrent aux investigations philosophiques un champ vaste et pour ainsi dire sans limites.
À la vérité, il faut avouer qu'il est extrêmement difficile de distinguer les objets immédiats & naturels de la vue, d'avec les conclusions que nous avons contracté d'habitude d'en tirer depuis notre enfance. Berkeley a été le premier qui ait essayé de distinguer l'un de l'autre & de tracer avec hardiesse la ligne qui les sépare.
Le sens du mot jugement est trop connu, et l'opération de l'entendement que ce mot exprime est trop familière à tous les esprits, pour qu'il soit besoin de l'éclaircir par une définition.
De même qu'une définition ne saurait donner l'idée de la couleur à un aveugle; de même la définition la plus exacte ne ferait point connaître le jugement à qui n'aurait jamais jugé, ou à qui ne serait point capable de réfléchir attentivement sur les actes de son esprit. L'utilité d'une définition est de fixer l'attention sur la choses définie, et sans cette attention la meilleure définition ne donne point de véritable lumière.
La constitution de l'entendement humain est aussi merveilleuse, aussi savante que celle du corps. Les facultés de l'un ne font pas moins sagement appropriées à leurs différentes fins, que les organes de l'autre.
Mais au lieu de déclamer contre la philosophie, nous devrions former des vœux pour ses progrès; au lieu de blâmer les philosophes, et de relever les défauts de leurs systèmes, nous devrions plutôt respecter leur mémoire, et les honorer comme les premiers qui ont découvert en philosophie une vaste région trop log-temps inconnue. Et en effet, quelque peu de progrès qu'ils aient fait, ils ont ouvert la route aux découvertes à venir, et ils doivent partager la gloire qui en résultera.
Il est une branche des connaissances humaines très-justement estimée, qu'on appelle la connaissance du monde et des hommes, elle consiste à savoir d'après quels principes les hommes se conduisent en général, et elle est le fruit ordinaire de l'expérience et d'une sagacité d'observation que donne la nature.
Il faut croire que les choses sont comme elles semblent être, sauf s'il y a une apparence contraire et plus forte. Il faut donc se fier aux autres (ou à ses propres facultés de connaissance) sauf si on a une bonne raison de croire qu'ils ne sont pas fiables.
L'homme qui bâtit des châteaux en Espagne, ne se captive pas dans la mesure trop étroite des vraisemblances de son propre caractère; il s'élève à la plus haute opinion qu'il puisse s'en former, et souvent fort au-delà de cette opinion; car les passions cèdent aisément à la raison dans ces luttes imaginaires, et les plus nobles effort se de la magnanimité et de la vertu lui sont aussi faciles, qu'il est facile, en songe, de fendre les airs, ou de plonger au fond de l'Océan.
Voila le genre humain tout entier partagé entre deux opinions contradictoires; d'un côté, le vulgaire, étranger à la philosophie et guidé par les instincts primitifs et inaltérables de la nature; de l'autre, non-seulement tous les philosophes anciens et modernes, mais tout homme qui réfléchit. Dans cette grande classification je me trouve à ma honte du côté du vulgaire.
Conscience est mot employé par les philosophes pour exprimer la connaissance immédiate que nous avons de nos pensées, de nos résolutions immédiate que nous avons de nos pensées, de nos résolution sactuelles, et en général de toutes les opérations présente à notre esprit. Il s'ensuit d'abord que les choses présentes sont les seules dont nous ayons conscience: appliquer ce mot aux choses passées, ce serait confondre la conscience et la mémoire; il faut ensuite observer qu'avoir conscience ne peu se dire que de ce qui est dans notre esprit, et non des choses extérieures: ce serait parler improprement que de dire qu'on a conscience de la table qui est devant soi: on la perçoit, on la voit, ; on n'en a pas conscience.
A toutes les époques et dans toutes les langues, les différents modes de pensée ont été exprimés par des mots d'une signification active, tels que regarder,écouter, raisonner, vouloir et autre semblables. Il semble donc que c'est le sentiment naturel du genre humain, que l'esprit est actif dans ses différentes manières de penser, et que c'est pour cela qu'on les a appelées opérations, et qu'on les a exprimées par des verbes actifs.
La constitution de l'entendement humain est aussi merveilleuse, aussi savante que celle du corps. Les facultés de l'une ne sont pas moins sagement appropriées à leurs différentes fins, que les organes de l'autre. Ou plutôt, comme l'esprit est un ouvrage plus nobles, et d'un ordre plus relevé que la machine du corps, il doit naturellement porter une empreinte plus éclatante de la sagesse de l'habile ouvrier qui fit l'un et l'autre, Ainsi l'entendement humain est déjà, par l'excellence de sa nature, un objet très digne de nos recherches; il en est encore plus digne par la grande influence que la connaissance de ses opérations, et de tout ce qui le concerne, a nécessairement sur toutes les branches de la science.
Le nombres des réalités matérielles distintes que nous pouvons étudier est assez grand; aussi le science que des corps se divise-t-elle en un assez grand nombre de science particulières. La science des esprits est loin de présenter la même diversité. Ce n'est pas que la variété des esprits n'égale peut-être et même ne surpasse celle des corps; mais le nombre de ceux qui se révèlent à nous est très limité.
Quelle que puisse être, dit Reid, la variété des êtres contenus dans ce vaste univers, nous n'en connaissons que deux espèces: les esprits et les corps. La science se divise donc en deux grandes branches, celle qui a pour objet l'étude des corps et celles qui pour objet l'étude des esprits.
Mais l'esprit est un être vivant actif de sa nature. Tout ce que nous savons implique la vie et une énergie spontanée; et la raison qui fait appeler opérations toutes ses manières de penser, c'est que dans toutes, ou dans presque toutes, il n'est point passif comme le corps, mais réellement et véritablement actif.
Il n'y a point d'obstacle plus grand aux progrès de la science que l'ambiguïté des mots. C'est à elle qu'il faut rapporter, comme à leur source principal, ces sectes qui sur tant de points divisent le monde savant, et ces controverses qui se transmettent d'âge en âge, sans fruit et sans fin.
Les facultés de l'esprit sont les instruments nécessaires de toute nos recherches, et mieux nous comprenons leur nature et leur portée, plus il nous est facile de les employer avec succès.
Il est évident que tout ce qui existe doit être ou marériel ou immatériel; mais il n'est pas aussi évident que tout ce qui existe soit nécessairement matériel ou intelligent.
Il y a sans doute, dans l'essence et la constiution, soit de la matière, soit de l'esprit, beaucoup de mystères impénétrables à notre intelligence, beaucoup de difficultés que les plus habiles philosophes ne peuvent résoudre; toutefois ce sont les deux seules natures que nous connaissions; s'il en existe d'autres, nous n'en avons aucune idée.