Émission spéciale internationale avec Tierno Monénembo - 28 Minutes - ARTE
Au programme : lécrivain franco-guinéen Tierno Monénembo publie "Saharienne indigo", un livre qui fait état de l'existence du camp Boiro lors de la dictature de Sékou Touré.
Maintenant elle comprenait que ce n'étaient que des espoirs ratés, eux qui auraient dû être la solution, ils ne l'étaient en rien, c'étaient plutôt eux le vrai problème à la lumière de la vérité
« Il y a un nègre dans la rue Jourdain
- Et qu’est-ce qu’il fait là, ce nègre ?
- Rien, il est juste en train de mourir. »
Qu'importe le résultat : seul l'effort donne un sens à l'existence ! Il ne faut jamais braquer son regard sur la distance, mais sur le pas. Ce pas-ci gagné, songer aussitôt au suivant.
La femme c'est l'atelier du bon Dieu, disent vos sages de là-bas. Toucher à la femme enceinte, c'est souiller la demeure d'Allah, c'est briser l'ordre de l'Univers
On fleurit les tombes, on réchauffe le Soldat inconnu.
Vous, mes frères obscurs, personne ne vous nomme.
LEOPOLD SEDAR SENGHOR
Le thé, ici appelé attaya, comporte trois phases de dégustation, chacune précédée d'une très longue préparation. Pour la première, la dose de thé est très forte avec peu de sucre. L'infusion est servie fumante et très amère, difficile à avaler, supportable seulement par les habitués ; on l'appelle le thé de la mort. Lors de la deuxième phase, plus sucrée, la dose de thé est plus légère et on y ajoute de la menthe, ce qui donne une infusion très agréable à siroter. Aussi suave qu'une salive de premier baiser, le palais en est amoureux, c'est le thé de l'amour. Mais, hélas! ce plaisir est éphémère et suivi d'une sorte de réminiscence : le troisième et dernier service, une eau jaunâtre, très sucrée, qui ne porte plus en elle que le souvenir du thé ; c'est le thé de l'amitié.
Ca ne tient à rien, une vie, et c'est pour cela que chacun se bat tant pour sauver la sienne.
De cette scène pitoyable, il tira une magistrale leçon : quand il serait roi, il interdirait l'Afrique aux vulgaires, aux incultes, aux mendiants, aux fainéants, aux bagnards et aux escrocs.

- Tenir l'Afrique par le Sénégal et le Soudan, c'est tenir le sabre par la lame ! Sans le Fouta-Djalon, nous risquons de tout perdre là-bas !
Il s'interrompit quelques instants pour se diriger vers la mappemonde collée au mur :
- Revoyons un peu, si vous le voulez bien, monsieur le ministre, la carte du monde. Qu'avons-nous autour de notre pauvre France ?
Il prit la règle et montra d'un air grave l'Espagne, l'Angleterre, l'Allemagne, rien que des ennemis ! Comment survivre dans ce guêpier ? L'Afrique ! Il n'y avait pas d'autre solution ! "Elle doit être le corps et nous l'esprit !", insista-t-il. Il avait compris, lui, dès son arrivée à Gorée, qu'elle deviat immédiatement cesser d'être une simple réserve d'esclaves et d'oléagineux pour devenir, minutieusement dégrossie sous le scalp d'Athènes et de Rome, une amie, une alliée, une province française. Alors, la France pourrait y lever une grande armée ; grâce à elle, la conquête de l'Italie serait facile ainsi que le passage par le Brenner vers l'Autriche. L'Allemagne n'aurait plus le choix : la paix éternelle et peut-être même l'union face à une angleterre ennemie de l'Europe. Et comment faire de l'Afrique une province française ? En faisant du Fouta-Djalon sa base, c'était aussi évident que le nez au milieu du visage.
[...] – Oui, mais pourquoi le Fouta-Djalon ?
– D’abord à cause du nom, et ensuite de la géographie !