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Citations de Tim O`Brien (81)


C'est un instant crucial dans la vie d'un soldat que celui où on lui ordonne de commettre un acte qui lui semble contredire totalement son propre sens du bien et du mal. Pour la première fois probablement, il découvre qu'un acte qu'une autre personne estime nécessaire est à ses yeux criminel. [...] Soudain le soldat se sent abandonné et dépouillé de toute sécurité. Sa conscience l'a isolé, et sa voix est un avertissement. Si tu fais cela, tu ne seras pas en paix avec moi à l'avenir. Tu peux le faire, mais tu ne devrais pas. Tu dois agir en homme et non en instrument d'une autre volonté.
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Nous trouvons la vérité en nous-mêmes, ou pas du tout.
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Quelque chose clochait. La lumière du soleil ou l'air matinal. Tout autour de lui, c'était un feu de mitrailleuse, un vent de mitraille, et ce vent semblait le soulever et le jeter de place en place. Il trouva une jeune femme éventrée, sans poitrine ni poumons. Il trouva du bétail mort. Il y avait des feux aussi. Les arbres brûlaient, et les huttes et les nuages. Sorcier ne savait pas où tirer. Il ne savait pas sur quoi tirer. Alors il tira sur les arbres en flammes et les huttes en flammes. Il tira sur les haies. Il tira sur la fumée, qui répondit, et il se réfugia derrière un tas de pierres. Si une chose bougeait, il tirait dessus. Si une chose ne bougeait pas, il tirait dessus. Il n'y avait pas d'ennemi sur qui tirer, rien en vue, alors il tirait sans cible et sans désir, sinon celui de faire passer cette matinée horrible.
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Il dormit d'un bref sommeil gourd, se réveillant sous la menace des gelures. Il était un peu plus de 3 heures du matin quand il alluma la radio. "Pécheurs et pêcheurs, bienvenue à l'écoute de WFIB, la radio des étoiles, et nous sommes cloués au sol ici, à Blizzard Central, en ce maudit dimanche matin. Peu de circulation, les routes sont de véritables patinoires." Il renifla et s'essuya le nez. "Comme promis - et nous tenons parole ! - voici notre mise à jour de la liste des fermetures. Pas de culte à l'église des Disciples du Berger Perdu. Messe nulle part, vitesse nulle. Certainement aucune issue. D'autres annulations sont à prévoir."
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Le seconde semaine de février, un sergent du nom de Reinhart fut abattu par un sniper. Il était en train de manger un Mars. Il mordit dedans et rit, voulut dire quelque chose et s'écroula dans l'herbe sous un vieux palmier tout dégarni, les lèvres barbouillées de chocolat, la cervelle lisse et liquide. C'était un bel après-midi sous les tropiques. Clair et embaumé, très chaud, mais John Wade se surprit à frissonner. Le froid venait de l'intérieur de lui-même. Un froid glacé, se dit-il, puis il éprouva une sensation qu'il n'avait encore jamais connue, une force si violente qu'elle sembla le cueillir par les épaules. C'était de la colère, en partie, mais c'était aussi de la maladie, du chagrin et du mal, toutes sortes de choses.
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Emporter quelque chose, c'était se le coltiner, comme lorsque le lieutenant Jimmy Cross se coltinait son amour pour Martha en escaladant les collines et en traversant les marécages. A la forme réfléchie, se coltiner voulait aussi dire marcher, ou bien marcher au pas, mais il impliquait alors des fardeaux qui allaient bien au-delà de sa forme réfléchie.
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C'est la nature humaine. Nous sommes fascinés, tous autant que nous sommes, par l'implacable altérité des autres. Et nous aimerions pénétrer, par l'hypothèse, par la rêverie, par l'investigation scientifique, ces murailles de plomb qui enchâssent l'esprit humain, qui le définissent et le prémunissent, et le rendent à tout jamais inaccessible. (…) Nos amants et amantes, nos maris, nos femmes, nos pères, nos dieux – ils sont tous hors de portée.
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Il y a une ligne qu'un homme n'ose pas franchir, des actes qu'il n'ose pas commettre, quels que soient les ordres et la gravité de la situation, car de tels actes détruiraient quelque chose en lui qui lui est plus précieux que la vie elle-même.
J. Glenn Gray (Au combat)
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Tous les soirs, après le travail, nous allions faire des longueurs ensemble à la piscine. Elle nageait, nageait, comme un véritable poisson, je ne me fais donc pas trop de souci pour… Enfin, je pense qu’elle va bien. Vous avez déjà entendu parler d’un poisson qui se serait noyé ?
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- Où vas-tu ? me demanda-t-elle […]
- Je vais au ciel, répondis-je.
- Comment, tu vas au ciel ?
- Oui, laisse-moi passer.
- Et qu'y vas-tu faire, au ciel, mon pauvre enfant ?
- J'y vais tuer le bon Dieu, qui a tué papa.
Alexandre Dumas (Mes mémoires)
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Il sauta dans la lumière du soleil, tomba à plat ventre et se retrouva seul dans la rizière. Les autres avaient disparu. Ça tirait de partout, un vent de mitraille, et ce vent semblait le soulever et le jeter de place en place. Il n'arrivait pas à se tenir sur ses jambes. Il resta un temps cloué au sol par des choses contre nature, le vent et la chaleur, la lumière mauvaise. Il ne se souviendrait pas de s'être remis debout. Droit devant lui, une paire de majestueux cocotiers s'embrasèrent d'un seul coup.
Juste à l'entrée du village, Sorcier trouva un entassement de chèvres mortes.
Il trouva une jolie fillette la culotte baissée. Elle était morte, elle aussi. Elle le regardait de travers. Elle n'avait plus de cheveux.
Il trouva des chiens morts, des poules mortes.
Plus loin, il rencontra un front humain. Il trouva trois buffles morts. Il trouva un singe mort. Il trouva des canards fouissant dans un bébé mort. Cela faisait longtemps que les événements prenaient cette direction, des mois de terreur, des mois de massacre, et voilà que, dans la faible lumière du matin, le cataclysme avait lieu.
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Tard dans la matinée du 17 mars 1968, après que Meadlo eut été évacué, la section reçut l'ordre de retourner au village de Thuan Yen. Ce fut une marche facile d'une vingtaine de minutes. Ils traversèrent deux vastes rizières en se guidant à vue de nez dans la chaleur du matin. Au bout de dix minutes, ils commencèrent à se nouer des serviettes et des tee-shirts autour du visage.
Ils entrèrent dans la frange nord du village juste avant midi. L'endroit était mort – une mort bruyante, agitée. Le long de la principale artère est-ouest, ils trouvèrent quelques tombes fraîchement creusées, quelques pierres blanches, mais la plupart des corps gisaient toujours au soleil, vilainement coagulés, leurs vêtements tendus comme des peaux de plastique. Les blessures bouillonnaient de mouches. Il y avait des taons, des mouches noires et de petites mouches bleutées iridescentes, par millions, et les cadavres semblaient frétiller sous le vif soleil tropical. Une illusion, Sorcier le savait. Il ne s'y laissa pas prendre.
Plus loin, juste au bord de la piste, ils tombèrent sur une jeune femme dont les deux seins avaient disparu. Quelqu'un lui avait gravé un C sur le ventre.
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C'était le monde des esprits. Vietnam. Fantômes et cimetières. Je suis arrivé sur place un an après John Wade, en 1969, et j'ai foulé exactement le sol qu'il a foulé, à Pinkville et tout autour, dans les villages de Thuan Yen, My Khe et Co Luy. Je sais ce qui s'est passé ce jour-là. Je sais comment cela s'est passé. Je sais pourquoi. C'était la lumière. C'était la cruauté qui flotte dans le sang et se réchauffe lentement et se met à bouillir. Frustration, en partie. Colère, en partie. L'ennemi était invisible. C'étaient des fantômes. Ils nous tuaient avec des mines et des pièges ; ils disparaissaient dans la nuit, ou dans des tunnels, ou dans les rizières couvertes de brume, les bambous et les roseaux. Mais c'était plus profond que ça. Quelque chose de plus mystérieux. L'odeur d'encens, peut-être. L'inconnu, l'inconnaissable. Les visages impassibles. L'accablante altérité. Ceci ne vise pas à justifier ce qui s'est passé le 18 mars 1968, car, à mon sens, de telles justifications sont à la fois vaines et scandaleuses. Il s'agit plutôt de porter témoignage du mystère du mal. Il y a vingt-cinq ans, jeune soldat terrifié, moi aussi j'ai vu la lumière. J'ai flairé le péché. J'ai senti la barbarie grésiller comme de l'huile bouillante juste derrière mes globes oculaires.
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Nous habitons notre âme comme une contrée à la topographie inconnue, dont nous avons défriché quelques arpents pour nous y établir ; et de nos plus proches voisins, nous ne connaissons que les frontières, là où elles touchent aux nôtres.
Edith Wharton (La pierre d'achoppement)
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Ces hommes tuaient et mouraient parce qu'ils auraient été gênés de ne pas le faire. C'est ce qui les avait conduits en premier lieu à la guerre, rien de positif, pas de rêve de gloire ou d'honneur, seulement éviter la honte du déshonneur. Ils mouraient pour ne pas mourir de honte. (...) Ce n'était pas du courage à proprement parler ; leur but n'était pas l'héroïsme. Ils avaient seulement trop peur pour être des lâches.
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Voici la vérité des événements. J’ai été soldat. Il y a eu beaucoup de cadavres, de vrais cadavres avec de vrais visages, mais j’étais jeune alors et j’avais peur de les regarder. Maintenant, vingt ans plus tard, je me retrouve avec une responsabilité sans visage et un chagrin sans visage.
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L'imagination pouvait tuer.
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J'étais persuadé, à l'époque, et je le suis toujours aujourd'hui, que cette guerre n'était pas juste. Et comme elle n'était pas juste, comme un paquet de monde y perdait la vie, ça en faisait quelque chose de tout simplement mauvais. Le doute, bien sûr, se trouvait aux abords de toutes ces grandes idées : je n'avais ni l'expertise ni la sagesse qui auraient permis de synthétiser une véritable réponse ; la plupart des faits demeuraient extrêmement vagues, et il était impossible de prédire quel type de gouvernement serait mis en place après une victoire du Nord-Viêtnam, pas plus d'ailleurs qu'après une victoire américaine, et on ne nous dévoilait jamais aucun détail technique sur le conflit : ces détails étaient enfouis en partie dans l'esprit de certaines personnes, en partie dans les archives du gouvernement, et en partie sous les décombres irrécupérables de l'histoire. Je me disais que la guerre était mal conçue et médiocrement justifiée.
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Dans la plupart des cas, il ne faut pas croire un récit de guerre véridique. Si vous y croyez, soyez sceptique. C’est une question de crédibilité. Souvent, ce qui paraît fou est vrai, et ce qui paraît normal ne l’est pas, car les trucs normaux sont nécessaires pour vous faire croire à des folies réellement incroyables.
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J'ai survécu, mais ce n'est pas une fin heureuse. J'étais un lâche. Je suis allé faire la guerre.
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