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Critiques de Tim Winton (65)
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Les Ombres de l'hiver

Il y a dans le monde anglo-saxon une thématique littéraire qui tourne beaucoup autour d'une ruralité délabrée ,avec, des idées d'isolement, de solitude en partie volontaire mais déstructurante qui est loin des richesses attribués d'ordinaire à l'ermitage et à la solitude salutaire et valorisée.

C'est une thématique infiniment riche au niveau des personnages , qui culmine à un réalisme subtil infiniment approfondi où l'environnement social est riche et puissant ,autant que la nature ambiante est prégnante et que le retentissement psychologique des descriptions confine au métaphasique.

Regardez un jour une image du ciel du Wyoming et vous comprendrez instantanément ce que je veux dire.

En Australie ,autre pays du vide , il y a des petits mondes perdus au bout des pistes et oubliés de tous . Des univers qui vivent solidement accrochés au sable rouge et qui restent en place même quand le sable s'envole au grés des vents bouillants.

La couverture du roman est d'une éloquence absolue et restitue tout cet univers en un seul coup d'oeil. C'est un roman court d'une présence fulgurante. Il n'est pas un thriller ,au contraire, il est statique et haletant ,perdu dans un tourbillon d'affects variés et de sensations qui tournent en boucle ,rien donc d'une longue ligne droite. Une petite tornade décrierait mieux la trame narrative que l'image d'un suspens idéalisé et déployé en longueur le ferait.

Le cadre est celui de la nuit agitée qui cerne des personnages qui se côtoient à peine d'habitude et qui là ,le font car cernés par la peur alors que la nuit se retrouve peuplée de sujets d'inquiétudes, réels ou imaginés qui amplifient l'isolement de chacun. L'obscurité réduit aussi l'autonomie des personnages, alors que les chiens aboient , que des cris inconnus résonnent . Les bruits mènent la danse, inquiètent, signalent, alertent, en même temps et ils questionnent sur dehors et sur soi-même.

C'est une ode aux habitudes ,et au normal qui quelquefois s'envolent en un rien de temps et qui se nimbent à ce moment d'une valeur nostalgique intense et d'une aura de regrets. L'âme essuie alors l'impact de tourments à l'acuité constante et permanente, antérieurs au changement pourtant et que le changement fait affleurer dans le conscient. C'est un matériel non maitrisé alors que les repères vacillent.

La peur, l'anxiété, la panique conduisent ces personnages de voisins distants à l'accoutumée à s'intéresser les uns aux autres . Mails il ne faut pas espérer que cela devienne pour autant le sujet central du roman qui reste à mon humble avis ,celui de l'impact de la panique et de la fragilité des perceptions correctes quand la peur, même sous contrôle ,fait circuler le sang plus vite.

Des gens confortablement seuls d'habitudes fusionnent avec des voisins, d'habitude archétypaux et vaguement rassurants à ce titre malgré une distance salutaire. Soudain ils sont mutuellement isolés dans un élan de panique contagieux et malgré des confidences mutuelles profondes ,tragiques et tristes.

Le style de l'auteur est économe et il table sur la concision et sur le mot juste alors que l'environnement est parlant à outrance. Le sujet c'est la panique ? même pas non. le sujet c‘est je pense, le rapport perméable de l'âme avec sont environnement. Finalement peut-être que nous vivons tous dans une réalité plus imaginée que réelle?

J'ai beaucoup aimé.

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Angelus

Décidément, j’aime Tim Winton. Vraiment beaucoup beaucoup.



Angelus, c’est une bourgade côtière de l’ouest australien, ancien port de pêche à la baleine. Tim Winton passe au scalpel de sa prose tantôt brutale, tantôt délicate, toujours extrêmement touchante, la vie de certains de ses habitants.



Ce recueil de nouvelles est construit en échos (on retrouve certains personnages d’une nouvelle à l’autre, à différents moments de leur vie (enfants, ados, adultes), et selon différents points de vue ; des personnages secondaires à peine mentionnés dans une nouvelle deviennent les principaux d’une autre).



S’attachant à ces moments qui font sens soudainement quand on se retourne sur eux des années après, c’est avec une étonnante profondeur, une vigueur sans cesse renouvelée, une acuité de regard sur les émotions, les regrets, les désirs de ses personnages, que Tim Winton retrace le parcours de vie et dresse le portrait désabusé de ces gens ordinaires confrontés à la violence, l’amour, la mort, leur famille, le désir de vivre ailleurs. Explorant en quelques pages les cheminements aussi énigmatiques qu’imprévisibles de la vie, les souvenirs cuisants laissés par une soirée ou l’échec des relations fraternelles tout au long d’une vie, il livre au final un recueil qui donne l’impression d’un tout extrêmement homogène, dont chaque nouvelle bouscule le lecteur
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Les Ombres de l'hiver

Ce roman qui se veut être un thriller ne m’a absolument pas convaincue, à aucun moment je n’ai senti la panique des personnages et la terreur ne m’a pas touchée, mais, je ne parle que de mon ressenti.

La couverture est belle, attirante. J’aime ce pays, l’Australie, ces grands espaces sauvages. En ouvrant ce livre peut-être que j’y cherchais quelque chose de trop précis, une émotion, une ambiance… alors pas étonnant que je sois décue.

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Respire

Voilà un beau roman australien sur l'adolescence, sur des jeunes hommes en train de se faire. Le héros, le narrateur, se lance dans la pratique du surf avec ses amis. Entraînés par l'un d'eux ils affronteront des conditions extrêmes, jusqu'à « courtiser la mort », volontairement.

Voilà un livre écrit dans un style simple, percutant, allant à l'essentiel, avec presque un style de polar, la noirceur en moins.

Les amateurs de surf qui lisent, s'il y en a – je plaisante ! les héros de ce livre lisent - seront évidemment ravis. Les autres, comme moi, seront intéressés par la découverte du surf, mais, au delà, séduits par un beau « roman d'apprentissage » où la nature dicte sa loi.
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Par-dessus le bord du monde

Trop long , une intrigue bien trop faible, une immersion dans l’Australie peu originale. Respire du même auteur était plus tonique.Ici, il faut s’accrocher le long des 500 pages surtout que les personnages ne sont pas très attachants.Quand on a lu Kenneth Cook , Douglas Kennedy ou M.L Stedman, ce roman australien paraît bien fade.
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Respire

C'est un peu un roman de notre vie...même si nous ne ressemblons pas tous à Pinklet et Loonie, nos trajectoires sont quasi uniformes. L'expression d'une jeunesse qui pousse et repousse loin ses limites et s'arroge la possibilité de n'avoir peur de rien sinon avoir peur de la peur. Histoire de rencontre aussi qui va métamorphoser les deux amis et les consacrer définitivement dans l'addiction à tous les risques mêmes ceux inimaginables. C'est une très belle oeuvre, très aboutie et subtilement écrit sur la vie et ce qui la manifeste en chacun, le souffle qu'on respire, qu'on retient...le titre parle de lui même!!!

Les pages se tournent assez bien et chaque ligne est palpitante, toujours un danger qui rode jusqu'aux dernières pages. A la fin du roman, on est obligé de regarder en arrière pour déchiffrer son passé et essayer de comprendre son présent...Un roman plein de sens et de profendeur!!!
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Par-dessus le bord du monde

Georgie Jutland, quarante ans, infirmière ayant laissé tombé sa carrière, mariée à un pêcheur de langouste de la (même) côte ouest Australienne, se sent passer "par-dessus le bord du monde" et épuise ses nuits à surfer sur le net en buvant de la vodka. Elle va rencontrer Luther Fox, ex-musicien au passé en miettes, qui braconne en bas de chez elle. Ils vont s'accrocher l'un à l'autre comme des naufragés pour tenter d'arrêter leurs dérives respectives.



Beaucoup plus romanesque que ce que j'ai pu lire de Tim Winton auparavant, moins ramassé, mais tout aussi terriblement juste et touchant, ce roman est mené par cette prose tantôt brute, tantôt délicate, toujours sobre, qui entraîne de force le lecteur dans une histoire d'amour aux airs de road-movie dans les zones du bout du monde.



Dénué de tout sentimentalisme ou de la moindre mièvrerie, c'est en même temps un roman sur l'errance et la perte, sur les relations de couple, sur la quête de chacun d'une vie un peu plus douce
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Les aventures de Lockie Léonard, Tome 1 : L'A..

C'est mignon. Les premiers émois amoureux de Lockie (son vrai nom, c'est Lachlan Robert Louis Stevenson Leonard... Lockie c'est quand même plus court !).

Lockie débarque de Perth dans une petite ville de province, c'est sa première rentrée au lycée et il ne connait personne. Mais c'est un petit prodige du surf - en fait on dit grommet, j'ai appris un nouveau mot - et il ne tarde pas à séduire la jeune star locale, Vickie...

Mais rien n'est jamais simple dans la vie des adolescents...
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La cavale de Jaxie Clackton

Jaxie, jeune adolescent de l’Amérique profonde, décide de s'enfuir, seul, lorsqu'il découvre que son père, violent et alcoolique, est décédé sous sa voiture. Il sait que tout l'accuse et le flic du village est un grand ami de son père.



Jaxie va alors devoir apprendre à survivre seul, dans la nature, en ayant presque pas de matériel. Il part dans un but précis : rejoindre quelqu'un...



J'ai beaucoup aimé ce roman noir, très noir. On s'imagine bien dans cette Amérique dite profonde, faite de grandes plaines et avec son lac de sel. Ce gamin est attachant et on souffre avec lui de son histoire, de ses difficultés dans cette cavale. Sans rien dévoiler, dans la deuxième partie du roman, Jaxie va rencontrer une personne. Va alors se lier une haine-amitié entre deux personnages que tout oppose. Nous allons en apprendre encore un peu plus sur cet adolescent à la vie si compliquée.



Un roman noir mais la candeur de Jaxie apporte un certain humour. J'ai adoré le style de Tim Winton. Il me tarde de lire d'autres romans de cet auteur australien que je ne connaissais pas.
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La cavale de Jaxie Clackton

Coup de coeur immédiat dès les premières phrases pour l'écriture rythmée et pleine de vie de Tim Winton. Coup de coeur confirmé pour le personnage de Jaxie. Il fait ce qu'il peut avec les cartes qu'il a en main, beaucoup de courage et d'improvisation pour survivre à son destin. Et c'est finalement un sacré bonhomme !

Un beau et bon roman noir, plein de d'humanité et d'humour, où le magnifique et terrible désert australien tient une grande place.

À lire absolument.



#LaCavaleDeJaxieClackton #TimWinton #LaNoire #Gallimard #Polar #thriller #lecture #livres #chroniques #polar #Noir #Australie



Le quatrième de couverture :



Quand Jaxie voit son père écrasé sous le pick-up — le cric a lâché —, il sait que tout l’accuse : en ville, personne n’ignore qu’il haïssait Clackton senior, ivrogne borgne qui cognait sec. Alors Jaxie trace droit devant lui, crevant de trouille et bientôt de soif puis de faim dans l’immensité éblouissante du lac salé.

Soudain, une cabane. Pour Jaxie, un rien parano, le vieux schnock qui l’habite est forcément un ennemi.

Entre le prêtre défroqué solitaire et l’adolescent rebelle s’installe un rituel de cohabitation façon chat et souris, chacun étant persuadé que l’autre représente une menace.

Pourtant, le vrai danger est ailleurs.

Dans ce désert peuplé d’eucalyptus rabougris et de rares kangourous, le silence et une sécheresse torride règnent, contribuant à faire de la cavale de Jaxie une épreuve initiatique d’une violence sourde.
Lien : http://lesbouquinsdesylvie.fr
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Cloudstreet

Cloudstreet, c’est le nom d’une rue dans une ville d’Australie, mais c’est aussi le nom donné à la grande maison centrale de cette rue, centrale pour ses habitants car à son rez de chaussée s’est installée une sorte de modeste épicerie-traiteur « une demeure immense, à la peinture écaillée, dotée d’yeux et d’oreilles, et qui dégage même pour eux, une impression d’opulence impie », « une maison vibrante et respirante », « une grande maison foutraque ».

Dans cette grande maison, se sont installées 2 familles venant d’horizons différents :les Lamb et les Pickle : 13 personnes en tout. Ces familles qui s’opposent dans plusieurs domaines : le rapport au travail, le rapport à l’argent, les relations parents-enfants ont cependant en commun la modestie de leur situation sociale, et aussi, en leur sein, la présence d’un handicapé. Dans la famille Lamb, c’est le père Sam, qui a perdu un bras  ds un accident de pêche, dans la famille Pickle, c’est l’un des 3 fils, Fish, rescapé d’une noyade occasionnée par l’inattention de son Quick , rescapé grâce aux efforts désespérés de sa mère pour le ramener à la vie par le bouche à bouche, mais qui reste diminué « il n’est pas revenu tout entier du monde de la mort » 

Peu à peu, insensiblement, les deux familles qui cohabitent d’abord chacune de leur côté du couloir central , qui ne se fréquentent pas, apprennent se rencontrer, s’entraider, se mêler . Ils forment ce que l’auteur appelle « une tribu, un équipage »et la maison un navire battu par les tempêtes de la vie, qui ne manqueront pas au cours des 20 années sur lesquelles se déroule le roman. La maison apparaît alors comme un nid hors duquel personne ne peut être heureux, un cocon protecteur : les enfants, qui, adultes, l’ont quittée, y reviennent pour s’y installer et y retrouver le bonheur.

CLOUDSTREET, c’est le roman d’une aventure collective où alternent tendresse, haine, mais toujours beaucoup d’émotion. Les personnages ne sont ni entièrement exemplaires, ni toujours entièrement sympathiques. Pas de manichéisme, non plus.

On y voit vivre des personnages poignants: les deux personnages de mère, mais aussi, en particulier pour moi, l’un des enfants Lamb : Fish, celui « qui n’est pas revenu tout entier du monde de la mort ». Fish lié par un rapport fusionnel à son frère Quick, pourtant responsable de la noyade qui l’ a diminué, un enfant qui hurle la nuit et fait frémir toute la maisonnée, mais trouve l’apaisement en jouant du piano ou plutôt en cognant sans trêve ni harmonie sur l’instrument. C’est sur ce personnage que se termine le roman, une fin douce mais bouleversante .

Lire ce livre, c’est entrer dans l’intimité de 13 personnages , découvrir la part d’ombre que chacun d’eux porte en lui, assister à des moments de crise, mais aussi de renaissance , vibrer en empathie avec eux , c’est devenir soi-même témoin de leur vie . Comme l’écrit le narrateur au début du roman «  tu ne peux t’empêcher de t’inquiéter pour eux, de les aimer, de les désirer, ceux qui continuent à défiler dans les fétides galeries confinées du temps et de l’espace, sans toi » . J’ajouterai : tu ne peux t’empêcher de conserver leur souvenir.
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La Femme égarée



Autant le dire tout de suite, j'ai adoré ce livre que je n'ai pas su lâcher avant de tourner la dernière page.



Quand Scully accepte de comprendre que Billie est seule à descendre de l'avion, c'est comme si sa vie, sa raison se perdaient.

Et c'est ce cataclysme que raconte ce livre : les situations les plus banales deviennent terrifiantes pour ce père et sa fille car celui-ci, ivre d'incompréhension, décide de se lancer à la recherche de sa femme.



C'est un roman d'atmosphère, où règne un sentiment de perte inconsolable, un sentiment de solitude immense. Scully, dans son chagrin, ne sait pas voir tout l'amour que lui porte sa fille.



Et de croiser une kyrielle de personnages qui ont connu la petite famille soudée et qui donnent désormais leurs opinions sur les acteurs de cette séparation : ce qui nous fait découvrir les uns et les autres avec des yeux différents.



J'ai été happée par le récit et suis curieuse d'en découvrir un autre, histoire de voir si le sortilège opérera encore. Je l'espère vraiment.

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Cloudstreet

En Australie, deux familles modestes, les Pickles et les Lamb - treize personnes en tout - sont réunies par les aléas de la vie. Elles sont amenées à cohabiter dans une grande maison quelque peu délabrée.



Doux-amer est un qualicatif qui s'accorde bien à ces chroniques familiales. On est tour à tour amusé puis envahi par la mélancolie à suivre les aventures des familles Pickles et Lamb, mais souvent on ressent les deux en même temps. Dans la famille Pickles, les parents semblent trop abimés pour sortir la tête de l'eau, ils vivent dans le désordre et le détachement de tout, au grand désespoir de Rose la fille ainée. Ils se trouvent mis face à leur dérive car ils croisent chaque jour les membres de l'autre famille, les Lamb, modestes comme eux, en but à des difficultés et des malheurs comme eux, mais ordonnés et entreprenants. J'ai apprécié la compagnie de ces personnages singuliers et attachants (surtout Quick et Rose), et aimé déambuler dans cette grande maison délabrée mais animée des bruits de la vie.



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Cloudstreet

Cloudstreet/Tim Winton

C’est un roman bien étrange que cette saga de deux familles très modestes que le destin va rapprocher dans la ville de Perth en Australie occidentale.

L’action débute au cours des dernières années de la seconde Guerre Mondiale.

La famille Pickles habite à Géraldton au nord de Perth avec Sam le père, Dolly la mère et trois enfants, Rose, Ted et Chub.

La famille Lamb, c’est Lester le père, Oriel la mère et six enfants.

Les deux familles ne se connaissent pas encore.

Deux accidents surviennent qui vont façonner de façon tragique la vie de ces deux familles : Sam Pickles est victime d’un accident du travail ce qui va le handicaper toute sa vie, et Fish Lamb suite à un accident de pêche va sombrer dans un coma qui laissera des traces indélébiles.

Les Pickles héritent un jour d’une grande maison à Perth ; une affreuse vieille maison comme ils disent. Ils ne sont pas très vaillants, rêveurs en délire, désordonnés et souvent désenchantés et décident d’en louer la moitié à la famille Lamb qui eux sont riches d’idées, entreprenants et travailleurs.

La vie n’est pas facile dans ce coin perdu d’Australie.

Et Sam a vite fait de dilapider les loyers payés par les Lamb en perdant ses paris aux courses de chevaux. Dolly sombre dans l’alcoolisme.

Pendant ce temps, les Lamb s’enrichissent en travaillant nuit et jour.

Cette grande maison toute de guingois est une demeure qui bourdonne, emplie non seulement de vacarmes mais aussi de beaux sentiments. Mais quand le silence et le calme règnent, ils précèdent toujours la tourmente. On a parfois l‘impression d’y être dans une maison de fous.

Le style imagé et percutant dont use l’auteur Tim Winton d’emblée vous met le sourire aux lèvres. Les formules à l’emporte-pièces et l’humour le plus décapant fusent dans chaque situation, qu’elle soit comique ou tragique.

« Madame Clay éclata en sanglots. On aurait dit un chien s’étranglant sur une couenne de bacon … ! »

« …elles riaient comme si on leur avait enfoncé une pelle entre les côtes ! »

« Il ronflait comme un vaisselier trainé sur un toit de tôle … ! »

Et puisque « les sots engendrent chez lez autres une dureté dont ils n’ont pas idée » on va assister à des situations assez cocasses. Mais aussi déchirantes lorsque Rose surprend dans la salle de bain son père en pleine dépression muni d’un rasoir qu’il a posé contre sa pomme d’Adam.

Lisez et relisez le chapitre intitulé « L’enfer » à la page 220 : c’est un morceau d’anthologie que cet enfer passé d’Oriel, femme de Lester.

Des personnages généreux comme Rose Pickles qui ne pouvant poursuivre ses études par manque d’argent, part travailler dans un grand magasin de Perth et Quick Lamb le rustre qui quitte sa famille pour aller chasser contre prime les kangourous qui ravagent les cultures.

Un instinct grégaire inconscient anime tous ces êtres et peu à peu les deux familles ne vont plus former qu’une tribu avec l’amour en plus.

Oui, il y a beaucoup d’amour et de tendresse dans ce roman et les agneaux égarés, comme dit Quick Lamb, que sont tous ces personnages sans illusions n’en savent pas moins aimer, aider et pardonner.

Et Lester qui songe et se lamente : « Je voudrais seulement savoir en quoi croire. »

C’est aussi ce que chaque personnage de cette histoire douce-amère comme a dit un internaute avec justesse, se demande par devers lui. Croire en l’amour, c’est peut-être ce qu’il reste encore de possible, amours contrariées, amours inabouties, amours échouées, mais amours cependant.

Un très beau roman de Tim Winton, écrivain australien né en 1960.



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La cavale de Jaxie Clackton

Tim Winton, né Timothy John Winton en 1960 à Perth en Australie-Occidentale, est un écrivain australien. Gamin, il annonce à ses parents son envie de devenir plus tard écrivain. Vers l'âge de 16 ans, il publie dans des magazines de petites poésies qu'il rédige lui-même. Deux ans plus tard, il fait éditer, dans différentes revues nationales, des histoires courtes. Aujourd'hui, il vit au bord de la mer à Fremantle, sur la côte ouest de l'Australie où il pratique la pêche, la plongée, le surf, entouré de sa femme et de ses trois enfants. Déjà auteur d’une belle collection de bouquins, romans, recueil de nouvelles ou littérature jeunesse, La cavale de Jaxie Clackton, son nouveau roman (noir) vient de paraître.

Je n’avais jamais entendu parler de cet écrivain, alors ce très bon roman m’a franchement séduit. Je ne sais pas s’il est très commenté sur les blogs ou ailleurs mais je vous conseille vivement d’y jeter un œil et même les deux.

Quand l’adolescent Jaxie Clackton rentre chez lui et trouve son père écrasé sous son pick-up, il n’a qu’une idée, filer en vitesse car il sait que tout le monde dans la ville connait la haine entre le père et le fils, il fait donc un coupable idéal. Un sac vite fait, trop vite car il oublie des objets primordiaux comme un couteau, et en route à pied dans le bush par le désert de pierre vers les terres vierges et abandonnées des hommes…

Immédiatement j’ai aimé l’écriture, ou plus exactement le ton, la petite musique qui se dégage du récit fait par le narrateur, Jaxie. Des propos d’adolescent, exprimant naïveté, craintes, espoirs etc. Et puis, on le découvre peu à peu, le présent du texte est en fait un présent a postériori, indiqué par des réflexions annonçant des ennuis à venir et confirmés par la suite des évènements.

Le gamin est en cavale, il croit (on ne le saura jamais) que la police est à ses trousses et il rumine : des éléments de sa vie passée, le père ignoble, boucher braconnier, alcoolique, violent, frappant femme et fils ; la mère faible et décédée d’un cancer ; la scolarité de l’ado difficile, mis à l’écart de la société ; et ce seul point positif dans sa courte existence, Lee, une cousine, sa promise, qu’il compte bien retrouver au bout de son périple, et fuir avec elle vers Darwin pour vivre réellement…

Le terrain est ingrat et difficile, à découvert, trouver à manger compliqué et quand l’eau vient à manquer, ses heures sont comptées. Il sera recueilli par un vieux bonhomme, au cœur du grand nulle part. Lui aussi est en exil, prêtre catholique irlandais, Rome la consigné dans ce désert d’où il ne peut fuir, ravitaillé une ou deux fois l’an, il se débrouille pour y vivre. Jaxie et Fintan MacGillis, se cachent leur passé, s’épient, se méfient l’un de l’autre ; ils se reniflent, méfiants. L’essentiel du roman réside dans leurs rapports distants au début (l’adolescent pense avoir à faire avec un pédophile). Le vieux, sourdingue et un peu fou, bavard comme une pie, requinque le gosse et tente de le convaincre de ne pas repartir.

Jaxie se lance néanmoins dans une sortie mais va tomber sur ce qu’il n’aurait jamais dû voir. Les périls envisagés par les deux hommes ne sont rien comparés à ce qui les attend désormais… La fin du bouquin est plus que dramatique, quasi christique et terriblement poignante.

Un très bon roman noir avec deux personnages touchants, chacun à leur manière, liés par la solitude, la crainte du monde extérieur qui ne leur veut pas de bien, d’où leurs distances vis-à-vis l’un de l’autre. Un parcours initiatique pour Jaxie dont on ne saura rien du futur mais qu’on lui espère favorable.

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Respire

Merci Romain ! C’est grâce à ta journée australienne (qui fut un succès si j’en crois mes sources) que j’ai découvert mon nouveau chéri : Tim Winton. Après une nuit blanche à lire "Les Ombres de l’hiver", je me suis plongée dans "Respire", qui est lui aussi à couper le souffle. Plongée c’est le mot : le roman relate l’adolescence du narrateur, Bruce, dans une petite ville australienne au bord de l’océan. Amateur de sensations fortes, avec son copain Loonie, une véritable tête brûlée, il fait des concours d’apnée dans la rivière en s’accrochant aux racines des arbres, repoussant aux extrêmes les limites du souffle. C’est naturellement qu’ils se mettront à surfer, à la recherche d’une ivresse de plus en plus grande, se défiant mutuellement, repoussant sans cesse leurs limites physiques, absorbés complètement par leur univers, par l’océan et les vagues.



Roman initiatique (ils vont rapidement se lier à un surfeur chevronné de 20 ans leur aîné), roman sur l’amitié, sur l’adolescence, sur la soif de vivre, mais aussi sur le désir et sur la mort, Respire est un roman qui vous absorbe, vous broie, en grande partie grâce à la puissance formidable de son écriture.



PS : et je n’y connais RIEN en surf !
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Par-dessus le bord du monde

Voici une bien belle découverte !



A peine les premières pages lues, le lecteur est happé dans un récit où intrigue, paysages - et dépaysement - personnalités, force et fragilité explosent au gré des pages et des plages.



C'est un livre à la fois sauvage et tendre, un peu à pic comme les falaises qui bordent les côtes Australiennes où évoluent les personnages.



Il y a dans ce roman toute une ambiance, une richesse de ton et de mots ainsi que des balades magnifiques.



L'histoire est parfois assez rude, comme seuls peuvent l'être des pêcheurs qui s'épient, se jalousent et se laissent porter par des superstitions qu'ils n'avouent pas mais qui marquent leurs familles sur plusieurs générations. Ces villages isolés où tous se connaissent, où personne ne dit rien mais où tout se sait et où tout se règle de l'intérieur.



De par le monde et de tout temps, la différence dérange. Qu'en est-il de l'originalité et du talent ? Faut-il prendre le taureau par les cornes pour changer son destin où se laisser porter par les convenances, voire par la peur ?



Georgie et Fox sont des êtres écorchés, malmenés par la vie. Ils ont en commun cette sensibilité qui les mènera en marge du village. A force de courir, de se rattraper puis de fuir, d'aller encore plus loin, à bout de force et de possibilité, rejoindront-ils ce qu'ils cherchent ?



Que ce soit par amour, par la musique ou l'envie d'ailleurs, ils nous entraînent avec eux tout au long de ce voyage, riche d'intériorité comme de paysages, sensible et tourmenté comme leur âme.
Lien : http://isabelle-passions.ove..
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Les aventures de Lockie Léonard, Tome 1 : L'A..

L’amour est la septième vague/ Tim Winton

La famille Léonard vient de quitter la grande ville de Perth en Australie de l’Ouest pour s’installer à Angelus une petite ville de campagne au bord des marécages. C’est sous une pluie battante que la vieille Falcon familiale chargée comme un bateau de réfugiés entre dans Angelus.

Le père est policier et la mère au foyer pour s’occuper des trois enfants dont Lockie, âgé de 13 ans, le personnage principal de ce roman. Lockie est un garçon poli et posé et sa passion est le surf. Son angoisse c’est le lycée. Il a peu d’amis, aucun même, mais il est amoureux de Vicki Streeton, la star du lycée qui est dans la même classe que lui. Sans expérience, Lockie est un peu perdu au cœur de cette passion et malgré une belle complicité avec son père, il ne sait comment gérer sa relation avec Vicki.

Ce petit roman jeunesse au style familier et dans le vent évoque donc les premiers émois amoureux d’un très jeune garçon aux prises avec la puberté. Lockie est un garçon qui s’interroge sur le sens des choses de la vie et notamment des sentiments, avec les doutes, les hauts et les bas. Cependant la description des personnages reste assez sommaire contrairement aux séances de surf qui abondent en détails techniques.

À lire pour les jeunes à partir de 12 ans.

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La cavale de Jaxie Clackton

Pas aimable comme ado , Jaxie Clackton , pas du tout. Mais , il a des excuses , son père le boucher ( qu’il surnomme filialement « sac à merde ») le tabasse journellement , comme il a tabassé sa défunte mère . Alors quand un hasard bienheureux écrabouille la tête du bourreau , Jaxie part en cavale , à pied ,dans le bush australien dans le but improbable de rejoindre Lee , sa cousine d’amour , à 300 km. Et le bush australien , c’est pas un environnement pour mauviette mais il est dur au mal Jaxie et il fonce dans la solitude hostile où les dangers ne viennent pas que de la nature. C’est cette odyssée que raconte Tim Winton dans un langage hérissé comme un chardon et rythmé comme un vieux rock. Magnifique évocation de cette Australie sauvage ,impitoyable ,sublime de beauté et de la construction d’une personnalité. Comme le dit Jaxie pour finir « Parce que maintenant ,je sais ce que je suis. Et la paix est en chemin. Ya intérêt ,bordel. »
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Par-dessus le bord du monde

Un très bon roman.Dès les premières pages,on est attiré par ce récit.La rencontre d'un braconnier dans un petit port d'Australie avec une infirmière perdue dans une famille recomposée va bouleverser leur destin.Une belle découverte !!!
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