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Critiques de Timothé Le Boucher (695)
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Ces jours qui disparaissent

« Je préfère m’en occuper, vu que tu as tendance à tout remettre au lendemain... » (page 47)



« Ces jours qui disparaissent » sont des jours qui ne reviendront pas.

Lubin Maréchal a 26 ans et voit sa vie lui échapper. Un jour sur deux, un autre lui-même prend possession de son corps. Ce deuxième Lubin est très différent du premier. L’un est artiste de cirque, l’autre beaucoup plus pragmatique et froid, se révélant même un homme d’affaires à succès.

De l’acrobate ou de l’automate, qui va gagner ? Car le combat s’engage. Lubin 2 ne s’en laisse pas compter. Cette moitié de vie prise sur le premier ne lui suffit pas. Il veut tout.



De cette « impression de disparaître », Lubin Maréchal voit sa personnalité défiler sur un fil. En équilibriste de la vie, il nous emmène sur les chemins tortueux de l’identité, de la dualité corps et esprit, mais aussi de la schizophrénie.

Entre la raison et la folie, l’excellence du scénario m’a conquis. Ponctué de notes poétiques et accompagné d’une galerie de personnages secondaires atypiques bien campés, il compense un dessin que j’ai trouvé trop naïf, et une fin un peu tarabiscotée.

Trois étoiles seulement donc, mais assurément une œuvre originale que vous ne vous ne serez pas prêt d’oublier.



Lu en février 2018.
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Ces jours qui disparaissent

S’il n’y en avait finalement qu’un seul, cela serait sans aucun doute ce titre dont j’ai tiré mon avatar.



J'ai littéralement adoré cette lecture de ces jours qui disparaissent chez un jeune garçon abordant la vingtaine. On va le suivre au cours de toute une vie car il lui arrive un phénomène assez mystérieux. En effet, il se réveille en ayant loupé à chaque fois une journée entière qui est occupé par un autre soi totalement différent. Il est bordélique et l'autre soi est maniaque. Il est acrobate dans un cirque et l'autre va faire un métier plus conventionnel et rémunérateur dans l'informatique. Il est très famille et ami alors que l'autre est plus solitaire. Le gentil poète contre le brillant carriériste. La bataille peut commencer !



On pourrait penser qu'il y a une véritable part de fantastique mais on comprend assez vite qu'il s'agit certainement d'un phénomène de dédoublement de la personnalité qui trouve une origine psychologique à savoir la schizophrénie. Il est assez terrifiant de le vivre du point de vue de l'un des personnages qui va disparaître progressivement pour laisser place à l'autre qui est moins rêveur. C'est une véritable quête sur la perte de l'identité qui est mené de main de maître par l'auteur. Je n'avais jamais rien lu de tel.



Il y a véritablement deux parties : celle de la coexistence pacifique et une autre qui correspond à la disparition progressive et dramatique. En effet, il y a une personnalité plus ambitieuse qui va prendre le dessus sur l'autre qui se réveillera moins souvent. C'est bien écrit et bien dessiné avec des planches presque vivantes dans le mouvement.



On est littéralement happé par cette intrigue de perte de contrôle qui progresse dans une véritable tragédie psychologique. On a l'impression de vivre un cauchemar du style vertige existentiel avec notre héros. C'est assez poignant par moment. Cela peut nous renvoyer à notre propre rapport au temps, à notre jeunesse, à la vie et à notre mortalité. Ce qui nous touche ne peut que nous faire réfléchir…



C'est véritablement la bd à découvrir du fait de son originalité et de sa profondeur. Voici une lecture pour une expérience unique qu'on n'est pas prêt d'oublier. L'auteur livre une véritable bd inattendue et palpitante. Pour moi, c’est culte au point d’avoir réécrit mon avis afin de vous le faire découvrir ou redécouvrir.



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Le Patient

En pleine nuit, deux policiers tombent sur une jeune fille errant dans la rue, ensanglantée, un couteau dans la main. L'agente de police, après l'avoir maîtrisée, reconnaît la jeune Laura Grimaud. Inquiets, les policiers la ramènent chez elle et là, c'est un tragique et violent spectacle qu'ils découvrent. Toute la famille, les parents, la grand-mère, la fratrie et le cousin, gisent morts, victimes, pour certains, de dizaines de coups de couteau. Seul l'un d'entre eux semble encore vivant...

À l'hôpital où il séjourne, Pierre Grimaud, après 6 ans passés dans le coma, reprend peu à peu conscience. Désorienté, paralysé des membres, victime d'hallucinations, il est suivi par le docteur Anna Kieffer, psychologue spécialisée dans les troubles de stress post-traumatique et dans la psycho-criminologie et la victimologie. Lors de leurs séances, parfois d'hypnose, le jeune homme tente de revisiter son passé, notamment ses relations avec ses parents et ses frères et sœurs, de se souvenir de la nuit du drame et de comprendre qui est l'homme en noir qui le hante...



Ce thriller psychologique, rondement mené et captivant de bout en bout, nous entraîne dans les tréfonds de la mémoire. Seul rescapé du "massacre des Corneilles" au cours duquel sa sœur, Laura, alors âgée de 17 ans, tue toute sa famille, Pierre se réveille 6 ans plus tard. N'ayant que peu de souvenirs, il va être aidé par le docteur Kieffer afin de retrouver la mémoire. L'on suit ainsi l'évolution de ses progrès, aussi bien psychiquement que physiquement, ses rapports amicaux avec les autres patients du centre de rééducation et sa relation complexe et troublante avec sa psychologue. Outre un scénario parfaitement maîtrisé et huilé, des descriptions approfondies des relations humaines et des personnages minutieusement fouillés et explorés, Timothé Le Boucher, en manipulateur diabolique, sème le trouble, parfois le doute, dans l'esprit du lecteur... Et ce, jusqu'à la dernière page. Graphiquement, un brin emprunté au manga, le dessin se révèle abouti et efficace.

Haletant, troublant et riche, un roman graphique à la narration soignée...
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Ces jours qui disparaissent

Acrobate équilibriste, Lubin Maréchal, âgé d'une vingtaine d'années, fait une chute pendant une répétition. Rien de grave, juste une petite bosse... Le lendemain, à son réveil, un peu en retard, il se dépêche afin de ne pas perdre son pari. Qui de Léandre, son ami magicien et collègue, ou de lui arrivera en premier à la supérette ? Sur son vélo, Lubin est plus rapide et, installé derrière sa caisse, il réclame gentiment 5 euros à son ami. Or, ce dernier lui dit qu'il est en retard de plus de 23h. Lubin ne serait pas venu travailler la veille. Croyant à une blague, le jeune homme est étonné de voir qu'on est bien mardi et non lundi comme il le pensait. Serait-ce une mauvaise blague ? Qu'a-t-il donc fait la veille et pourquoi ne se rappelle-t-il donc de rien ? Le soir, sa petite amie lui rend visite et les deux amoureux s'endorment côte à côte. Mais, le lendemain matin, elle a disparu. Jetant un œil sur son écran d'ordinateur, il constate avec effarement qu'on est jeudi. Lubin a encore raté une journée entière ! Son patron le vire, ne tolérant plus ses absences, ses amis commencent à s'inquiéter pour les répétitions et sa petite amie ne répond plus à ses messages. Lorsqu'il se réveille le lundi les cheveux courts, il comprend qu'il ne dort pas des journées entières mais qu'un autre prend sa place un jour sur deux...



Que faire lorsqu'on se rend compte qu'on ne vit qu'un jour sur deux et qu'un autre que vous prend votre place ? Un "autre lui" qui, Lubin va vite le constater, est radicalement opposé ? Comment vivre à deux dans un même corps ? C'est ce que Thimothé Le Boucher nous propose à travers cet album frisant le fantastique. Il prend le temps de détailler, petit à petit, les conséquences, aussi bien professionnelles, familiales, amicales, amoureuses que sociales, sur le jeune homme, avec pour parti pris original de n'entrevoir que rarement l'autre Lubin, seules quelques séquences par webcam interposées. Il détaille aussi la relation entre les deux hommes, une relation pour le moins étrange. Outre la question du temps, qui passe trop vite et de ce qu'on en fait, il est question aussi des sentiments parfois contradictoires qui peuvent nous habiter. Un récit vraiment original, abouti et captivant de bout en bout tant l'atmosphère se tend au fil des jours. Graphiquement, le trait est réaliste et fin, les couleurs vives. Efficace.
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Le Patient

Le massacre des corneilles...

Toute la famille Grimaud est massacrée: les parents et les enfants. La maison est maculée par le sang. Laura Grimaud, (on la traite de débile) qui semble sous le choc, erre avec un couteau ensanglanté. Le seul survivant est son frère Pierre, blessé mais dans le coma, depuis... 6 ans!



Parce qu'une jeune infirmière a embrassé Pierre, le jeune homme ouvre un oeil...

Il rêvait de Laura disparaissant sous l'eau, et de cocons, puis d'un horrible crâne décharné. le cauchemar ne fait que commencer avec cette corneille qui fixe Pierre, dans les yeux.

C'est un patient isolé au bout du couloir de l'hôpital, car ses hurlements, pendant la nuit, terrorisaient les autres malades.



Pierre va raconter à Anna Kieffer, la jolie psy, qui le suit ses rêves et ses cauchemars...Une lueur dans les yeux, il la regarde s'asseoir, tirant sur sa jupe pour couvrir ses cuisses fuselées...



Il lui parle de cette ombre, un homme en noir, ce monstre qui le hante... Anna tourne la tête, sans le vouloir, pour tenter de localiser l'Entité dont parle son patient...



Anna a analysé le cas de Laura, la présumée meurtrière... Et a écrit un livre, à ce sujet. Pierre va le lire!

Qui a assassiné les Grimaud?

Laura, Pierre, l'homme en noir, ou quelqu'un d'autre?



L'auteur, dans une interview sur France inter- Le Direct, nous explique le pourquoi des cocons... (Une homosexualité latente chez Pierre, avec ces corps de garçons, s'éveillant comme des chrysalides/ p12. " J'avais envie de parler de l'attirance entre un jeune homme et une femme plus âgée"...)



En sanglotant, Pierre arrivera à enlacer Anna, sa psy, à humer son parfum, à ressentir la chaleur du corps de la jeune femme, malgré sa robe et à s'abandonner sur sa poitrine...

Il va se confier.



Dans cette scène, l'ombre a disparu, mais dans d'autres... Regardez l'ombre de Pierre projetée, contre le mur!

C'est terrible!

Comment Pierre, après ces 6 années de coma, a-t-il pu récupérer aussi vite?

Il y aura d'autres morts ! Des accidents?...



L'auteur utilise de longs travellings, comme au cinéma, pour nous dire que...
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47 cordes, tome 1

Titre évocateur de musique, couleurs pastels qui explorent toutes les gammes d'accords, 100 premières pages enthousiasmantes, puis le récit m'a semblé s'essouffler, heureusement que le jeune héros pratique un instrument à cordes et non un bois où un cuivre pour lequel ses poumons n'auraient pu convaincre.



Alors, c'est quand même assez long, même si, heureusement, de nombreuses planches ne sont pas légendées ce que j'apprécie beaucoup pour ma part. Celles qui le sont ne portent pas toujours des messages extraordinaires et les réparties sont quelquefois très niaises. Toutefois, j'en ai relevées quelques-unes porteuses de sens et de réflexion psychologiques, ce qui compense le reste.



Du fantastique quelquefois un peu difficile à suivre, un érotisme diffus qui ne crève pas les planches, l'essentiel reste dans le trait et, là, c'est toujours très réussi.



Au global, j'ai plutôt aimé les aventures peu musicales et encore moins montagnardes d'Ambroise qui ne grimpe que sur des murs d'escalade même s'il ne dégage pas vraiment d'empathie.



Je lirai donc volontiers la suite à venir...
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47 cordes, tome 1



Ambroise, jeune harpiste, vient tout juste d'intégrer un orchestre, au sein duquel joue aussi sa sœur, Zahidé. Un CDD de 6 mois avant de passer le concours afin de pouvoir y rester. Outre la musique, il lit beaucoup de shonen et adore dessiner. Un jour, il est étonné de se voir interpelé, au cours de sa journée, par plusieurs jeunes femmes. Mais aucune ne semble l'intéresser. Il ne se rend pas compte non plus qu'un jeune homme le suit et l'épie. Il ne le sait pas mais il vient de croiser une seule et même personne, une métamorphe qui peut prendre autant d'apparences qu'elle le souhaite. Au cours d'escalade, il fait la connaissance de Thomas avec qui il se lie assez vite. Alors qu'il lui parle de ses problèmes d'argent, ce dernier lui propose alors de rencontrer Francesca Forabosco, une célèbre cantatrice. Celle-ci le prend aussitôt sous son aile et lui promet de lui offrir la harpe de ses rêves s'il réussit à relever les 47 défis qu'elle lui lancera. 47 défis comme les 47 cordes qui composeront sa harpe...



Voilà une première partie d'un dyptique pour le moins conséquente et fouillée. Où l'on fait la connaissance d'Ambroise, un jeune harpiste qui cherche à trouver sa place (aussi bien dans l'orchestre qu'il vient d'intégrer que dans la vie) et d'une cantatrice qui lui voue une véritable obsession. Sur fond de fantastique, déjà présent dans les autres albums de Timothé Le Boucher, ce dernier aborde, une fois encore, des thèmes qui lui sont chers, à savoir l'identité et la recherche d'identité, le dédoublement de la personnalité (ici en la personne de la métamorphe, capable de changer de forme), la psychologie, le rapport aux autres... L'auteur, en tant de pages, presque 400, prend le temps de présenter et développer tous les personnages, la plupart ambigus, en profondeur et d'asseoir une intrigue captivante, intelligente, habilement menée et pour le moins étrange. Graphiquement, son trait épuré et net, ses décors minimalistes et ses pleines pages réussies vont à l'essentiel mais n'en restent pas moins efficaces.

Un premier tome dont il nous tarde évidemment de connaître la suite...
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Ces jours qui disparaissent

Imaginez un peu qu'un jour, après avoir reçu un coup sur la tête, vous ne viviez plus qu'un jour sur deux. Enfin, que votre personnalité pour être plus précis ne vive plus qu'un jour sur deux, tandis qu'une de vos personnalités latentes vit dans votre corps les autres jours.



C'est ce qui est arrivé à Lubin, il se réveille un matin sur deux sans jamais savoir ce qu'il a fait la veille. Une thérapeute lui explique son problème : il est atteint de troubles dissociatifs de la personnalité. Par le biais de vidéos, les deux Lubin communiquent et s'organisent afin que leur cohabitation corporelle se passe au mieux. Et si ça fonctionne un temps, les deux Lubin sont tellement différents qu'ils finissent par couper les ponts. Au fil du temps, Lubin (l'original) se réveille de moins en moins souvent, son "double" possédant son corps de plus en plus longtemps...



Il est des livres où l'on sait, avant même de les ouvrir, qu'ils nous marqueront. C'est le cas pour "Ces jours qui disparaissent", je savais que je n'en sortirai pas indemne. Non pas qu'il soit à fond dans les émotions, mais plutôt parce que traité en profondeur, tant dans la psychologie et la personnalité des protagonistes (du protagoniste principal essentiellement) que dans la dimension spatio-temporelle. J'ai rarement rencontré ça dans un livre graphique. Il est vrai que la question de personnalité et d'identité est au cœur de l'histoire, et il aurait été dommage qu'elle ne soit pas assez approfondie. En tout cas, c'est une réussite, à mon sens.



La vie est trop courte, c'est ce qu'on dit. Et c'est d'autant plus vrai pour Lubin qui ne dispose pas entièrement de toutes les journées que les lendemains lui offrent. Un autre "lui" s'impose et lui vole son avenir, sa vie. Profiter de l'instant présent, c'est tout ce qui lui reste, à défaut de projets d'avenir. Le monde continue de tourner pendant qu'il est en sommeil, et plus le temps passe, moins il le comprend, plus il se sent perdu, plus difficilement il y trouve sa place. Son histoire finit par nous bouleverser, tout simplement.



Au-delà de l'histoire romancée, l'auteur aborde des thématiques qui prêtent à réfléchir, comme les rapports entre le corps et l'esprit, les traits de caractère qui dominent notre personnalité et forgent notre identité. Il y est aussi question du temps qui passe, du temps perdu : il est important, de temps en temps, qu'on nous rappelle l'essentiel, à savoir de profiter de la vie et des gens qu'on aime, car on ignore combien de temps cela peut encore durer...



L'histoire est prenante, touchante. Elle s'harmonise avec des dessins très plaisants, fins, aux couleurs soft.



C'est un très bel album, tant par le fond que par la forme. J'en profite pour remercier @Erik_ dont le retour très enthousiaste m'a fortement influencée dans le choix de cette lecture.

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Dans les vestiaires

Depuis "Ces jours qui disparaissent", il était inévitable que je revienne vers Timothé Le Boucher. Ce n'était pas prévu dans l'immédiat, ni avec "Dans les vestiaires" (c'est "Le patient" que j'avais davantage repéré), mais nos chemins se sont croisés lors de ma dernière visite à la bibliothèque, in extremis d'ailleurs, puisque j'avais déjà fait mes choix et qu'il m'a fallu en sacrifier un si je voulais repartir avec.



Timothé Le Boucher change ici complètement de sujet et s'adresse également à un public plus large. On y suit un groupe d'adolescents (garçons) dans les nouveaux vestiaires du collège. Nouvelles peintures et nouveau design : bleu-vert dans le sas principal où les bancs le long du mur ont remplacé les casiers, rose dans les toilettes qui n'ont plus de séparations, et enfin des douches collectives à la place des cabines individuelles. Contents de leurs nouveaux vestiaires, les garçons sont également déstabilisés, notamment parce qu'il leur est désormais difficile de cacher leur intimité et leurs complexes. Se déshabiller et se laver aux yeux de tous n'est pas donné à tout le monde. S'il y en a pour qui ce changement ne dérange pas, certains, en revanche, se tourneront face au mur, d'autres ne prendront tout simplement pas leur douche ou détourneront l'attention sur les défauts des autres.



C'est ainsi qu'on est amené à nous parler d'harcèlement et de violences scolaires, de souffre-douleur et de moqueries, de puberté, de sexualité ou encore de voyeurisme. Il y est beaucoup question de cruauté entre les adolescents. D'un jeudi à un autre, on retrouve toujours le même groupe de garçons, on y voit évoluer les relations entre les uns et les autres et leur "rang" dans le groupe (du plus populaire à la tête de turc). Il nous est montré comment la place et le rôle de chacun peuvent être à ce point malléables, pour un mot ou un geste de travers, ou encore une vidéo filmée à votre insu qui tourne sur les réseaux...



D'une petite brimade au début, on a tôt fait d'arriver au drame inévitable si rien n'est fait entre temps...



Le sujet choisi par Timothé Le Boucher n'est pas le plus rigolo, mais entre parfaitement dans l'actualité. Je n'ai pas été aussi remuée que dans "Ces jours qui disparaissent". J'ai eu envie, en revanche, de distribuer des claques à la pelle. C'est fou ce que l'effet de groupe peut avoir comme conséquence sur les comportements. Quelques-uns ont su de temps à autre me toucher individuellement, malheureusement l'envie de le tarter la page suivante se fait vite sentir dès lors qu'il redevient un petit c** quand il retrouve ses potes.



L'adolescence, c'est quand même une période terrible. Les jeunes peuvent être adorables entre eux, autant qu'ils peuvent être tout le contraire. Ils se cherchent, le corps change, l'apparence a son importance, autant que les marques (chères de préférence) qu'il faut porter, les hormones se réveillent, etc. Timothé Le Boucher aborde tout ça dans son roman graphique et il le fait relativement bien, même si la méchanceté prédomine sur toute l'histoire. On n'en ressort pas rassurés car l'auteur met le doigt là où ça fait mal : son intrigue est malheureusement et cruellement réaliste...



Un petit mot sur les dessins : Plutôt classiques, épurés, aux traits fins, ils n'ont rien d'exceptionnel mais s'accordent assez bien avec l'histoire. Là où j'ai eu un peu plus de mal, c'est pour retenir le prénom de chacun, je me suis davantage fiée à leur visage.



On dit que l'adolescence, c'est l'âge bête. Ça ne concerne évidemment pas tous les jeunes (heureusement ! ... enfin j'espère !), l'auteur, en tout cas, ne fait rien pour démontrer le contraire...

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Dans les vestiaires

Bienvenue dans le huis-clos des vestiaires du cours de sport !

Dans cette bande dessinée, Timothé le Boucher traite le sujet délicat du harcèlement scolaire.



Pas facile tous les jours pour Corentin, un adolescent en surpoids et souffre-douleur de sa classe.

En effet, chaque jeudi dans le dos de la prof n'importe quelle excuse est bonne pour l'humilier, le rabaisser ou même le violenter physiquement. Tant qu'il reste la cible des moqueries et que cela fait rire les camarades. Surtout Gauthier, un des garçons populaires et respectés.

Mais face à ce groupe déchaîné, Corentin a-t-il une chance de trouver sa place et de surmonter sa souffrance ?



Cet ouvrage de 127 pages se lit d'une traite avec intérêt.

Par contre, je m'attendais à une lecture poignante avec de nombreux moments bouleversants, mais ce ne fut pas le cas.

Malgré les quelques passages inévitables qui caractérisent le harcèlement, j'ai trouvé que le récit était trop porté sur l'aspect humoristique des adolescents qui blaguent entre eux.



Cependant, l'auteur met bien en avant le fait qu'il puisse exister des hiérarchies dans les groupes d'élèves et que chaque adolescent tient à sa réputation.

À travers une vue d'ensemble des collégiens, il aborde avec justesse plusieurs sujets comme la puberté, la sexualité, la pudeur, la virilité, le voyeurisme...



Du côté graphique, les dessins sont fidèles au style de l'auteur. La calorimétrie est axée sur des tons pastels qui sont agréables à regarder.

Les dialogues sont parfois puérils, mais ils restent assez drôles puisqu'ils sont représentatifs de cette tranche d'âge.

J'ai été surprise par la fin, mais je n'en dirai pas plus.



Bref, une petite déception avec cette BD pour le manque d'émotions.

Par ailleurs, Ces jours qui disparaissent et le patient, m'attendent dans ma PAL et je me réjouis à l'avance de les découvrir.
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47 cordes, tome 1

Superbe oeuvre que nous offre Timothé le Boucher ! Ce n'est pas pour rien que j'ai littéralement épousé son avatar tiré de sa première oeuvre « Ces jours qui disparaissent ». Puis il y a eu la consécration avec « le patient ». Là, avec 47 cordes, il excelle véritablement dans son art.



On retrouve bien entendu ses thèmes favoris: l'obsession, la fascination, le désir et l'identité. Cependant, tout est dans la manière de nous les présenter et cela plus que satisfaisant à tous les niveaux.



En ce qui concerne la forme, son trait est beau et maîtrisé. Par ailleurs, la mise en page est très efficace. J'ai adoré ces planches de toute beauté qui épouse parfaitement le récit. C'est un graphisme superbe qui est totalement abouti techniquement avec un résultat séduisant. Les corps sont par exemple magnifiés par la grâce et l'élégance du dessin raffiné. Bref, c'est du grandiose !



Plein d'intelligence, le scénario est également dense et très plaisant à suivre. Certes, il y a de multiples sous-intrigues mais elles semblent se rejoindre et avoir un sens. J'ai trouvé les personnages excellents, bien différents les uns des autres tout en étant originaux et très justes. Il y a une profondeur dans les dialogues et dans les situations qui font presque frémir. C'est formidablement bien raconté. J'ai été en permanence captivé, plongé dans ces histoires multiples et simultanées. Certes, il y a un côté très charnel mais c'est ce qui fait justement le charme de cette oeuvre terrifiante, sulfureuse et captivante à la fois.



Et quelle fin de tome après 378 pages de lecture! Cela se termine par un cliffhanger en apothéose qui ne nous laisse pas le choix que de découvrir la suite avec une certaine impatience.



C'est une pièce maîtresse dans ma bédéthèque à mes yeux, presque un classique en devenir. Rien que cela ! En tous les cas, un très haut niveau de prestation. Note maximale. Attendez vous à un petit chef d'oeuvre, ni plus ni moins.
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Ces jours qui disparaissent

Il y a dans ce roman graphique, Ces jours qui disparaissent, mille choses qui se bousculent, envoûtantes, mélancoliques, tristes, cruelles, émouvantes, magnifiques et je ne saurais dire à quel thème ce roman graphique empreint de fantastique se raccroche le plus : l'enfance, le temps qui passe, l'amitié, l'amour, le destin écrit par avance ou bien son contraire le libre-arbitre, les choses qui nous échappent irrémédiablement ou bien celles sur lesquelles nous avons encore un peu la main. Timothé le Boucher, dans un dessin fin, épuré, expressif, m'a invité ici dans un univers étonnant, au bord du vertige, saisissant. J'en suis ressorti totalement remué.

Il m'est difficile de vous esquisser un semblant de scénario sans prendre le risque de tomber dans l'horrible travers dans lequel celui qui a rédigé la quatrième de couverture s'est lâché. Il aurait voulu raconter toute l'histoire, il ne s'en serait pas mieux pris. J'espère que ce n'est pas l'auteur, je ne pense pas toutefois... On observe souvent sur Babelio que les quatrièmes de couverture sont ratées, à force il faudrait peut-être en faire un exercice de style ou tout simplement en confier la rédaction à des lecteurs avertis...

Lubin est un jeune acrobate insouciant. Il partage sa vie entre l'exercice du cirque et une vie plus « alimentaire », travailler dans la journée avec son ami Léandre par ailleurs magicien de la troupe, dans la supérette de l'oncle de ce dernier.

Tout a peut-être commencé ce soir-là lors d'une chute à un des spectacles...

Un matin Lubin arrive en retard au travail et c'est ainsi qu'il découvre ce jour-là puis dans la semaine, lorsque cela arrive justement deux jours plus tard, qu'il semble « disparaître » de sa conscience un jour sur deux. Il se rend alors compte qu'il ne dort pas durant les jours où il semble disparaître de sa vie, tandis qu'une autre personnalité se réveille dans son corps et dès lors Lubin peine à bien à comprendre ce qui lui arrive. D'ailleurs, est-ce lui qui disparaît, où bien est-ce les jours dont il a conscience ? Deux être semblent cohabiter dans son corps, un autre s'en empare de manière alternative, un autre qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau, mais différent en même temps.

On peut certes lire cette BD de différentes manières, en faire une fable sur le passage de l'enfance à l'âge adulte, un récit initiatique, une approche totalement psychiatrique sur le trouble dissociatif de l'identité, la schizophrénie, ou bien tout simplement une histoire fantastique.

Lubin décide de communiquer avec l'autre, peut-on ainsi parler d'un alter ego, puisqu'ils paraissent déjà si différents ? Étrange, terrifiant, ce face à face à distance par vidéo, à deux jours d'intervalle, où les deux protagonistes communiquent et décident une sorte de pacte, sur ce territoire qui est ce corps de Lubin, mais bien au-delà d'un corps, un corps n'est rien qu'un territoire où s'invitent un coeur, une âme, le coeur des autres, les gestes des autres...

Lubin et son alter ego ont le même corps mais pas les mêmes gestes. La même voix mais les mots et les intonations sont différentes. L'autre paraît moins sympathique, mais il est bien plus structuré et plus ordonné côté rangement, plus rationnel. Bref, côté rangement, l'alter ego dont on rêve au quotidien !

Ils n'ont pas non plus les mêmes convictions politiques. Côté amour, puisqu'un moment donné, la frontière ne se pose pas comme un mur de Berlin ou le mur entre les États-Unis et le Mexique, entre deux pays, visiblement côté charnel ce n'est pas tout à fait pareil non plus. Disons qu'à cet endroit, l'autre paraît plus expérimenté s'agissant de faire l'amour. Dur cet aveu d'une amante qui ne comprend déjà rien à ce qui se passe...

La vie sentimentale de Lubin en est donc impactée. Sa vie familiale aussi. Sa vie professionnelle, n'en parlons plus.

Troublante cette phrase de la psychiatre qui dit lors d'une consultation de Lubin : « Si vous le laissez prendre le pas sur votre vie, c'est parce que vous l'acceptez ». Quelle puissance, cette phrase presque anodine.

Peu à peu l'autre prend le pas sur sa vie, de plus en plus...

Les fréquences où Lubin refait surface sont de plus en plus espacées. C'est terrifiant. Dans son entourage, quelqu'un vient à calculer un ratio, la mathématique accablante, un ratio de 1,5367 pour déterminer l'espace suivant entre deux jours où Lubin refait surface, quelque chose d'effroyablement exponentielle ! Non !!! Tout d'un coup, j'ai eu l'impression de voir surgir dans cette distance affreuse qui s'ouvrait comme un gouffre sans fond une sorte de mythe d'Orphée réinventée avec cet éloignement inexorable, mais je n'en dis pas plus, même si cela n'a rien à voir avec l'histoire, oui j'ai cru reconnaître un moment donné quelques chose qui ressemblait au geste d'Orphée tentant de retenir Eurydice...

La fin est d'une modernité sidérante, à tous points de vues.

Comme c'est beau quand la BD nous chavire avec tant d'émotions ! Je vous avouerai simplement que c'est aussi une magnifique histoire d'amour.
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Le Patient

J'adore mon métier de bibliothécaire car autant les conseils que j'apporte à mes lecteurs leur sont profitables (du moins, je l'espère), autant ceux qu'ils me font partager en retour me sont toujours trèas appréciables. Ici, ce n'est pas tant le fait d'une recommandation de la part d'un ou d'une lectrice mais le fait que l'un d'entre eux ait réservé cet ouvrage (la médiathèque dans laquelle je travaille fonctionne en réseau) m'a incité à le lire à sa suite !



Nous découvrons ici le personnage de Pierre Grimaud, qui se réveille à l'hôpital après six années passées dans le coma. Il a dorénavant 21 ans et on lui a pour ainsi dire volé six années de sa vie avec tous les souvenirs qui vont avec. Seul survivant de ce qui est désormais connu sous "le massacre de la rue des Corneilles", Pierre a vu toute sa famille se faire massacrer. Le coupable présumé, sa cadette Laura. Devenu paraplégique suite à son réveil Pierre va alors entreprendre une longue rééducation, sur le plan physique bien entendu mais également moral afin que ses souvenir de cette terrible luit lui reviennent en mémoire. C'est la psychologue Anna Kieffer qui a insisté pour se charger de l'affaire. La raison ? Si Pierre l'ignore dans un premier temps, il ne tardera pas à découvrir que c'est elle-même qui fut chargée du suivi psychologique de sa sœur au moment ds faits jusqu'à ce que cette dernière mette fin à ses jours. Et si à l'époque, il y avait eu un mystère non résolu dans cette affaire ? Si, malgré le fait que tous les faits l'accablement (elle a été retrouvée déambulant dans les rues couvertes de sang et qui plus est, l'arme du crime à la main, ce n'était pas elle la coupable ? C'est ce qu'Anna est bien décidée à découvrir. Pratiquant sur son patient des séances d'hypnose, elle va l'entraîner à se replonger malgré lui dans ses souvenirs et peut-être, l'espère-t-elle, à résoudre enfin cette affaire qui la hante depuis ces dernières années.



Bien que ce ne soit pas mon style de lecture de prédilection d'ordinaire, j'avoue m'être laissée complètement fascinée par ce scénario extrêmement bien travaillé. Avec un graphisme qui l'est tout autant, je ne peux à mon tour que vous recommander cette lecture. Je me suis attachée aux personnages, même en découvrant ce qui se cache derrière leurs masque (que ce soit celui du patient, Pierre), de certaines infirmières ou même de la thérapeute et je vous avoue que cal fait peur ! Avec une fin qui laisse éventuellement présager une suite ou peut-être, et c'est plus vraisemblable, est une fin ouverte (c'est à la fois frustrant mais très bien joué de la part de l'auteur, j'en serais presque à en redemander ! En tout cas, je vais suivre celui-ci de près !
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Ces jours qui disparaissent

Tudieu, la belle et intrigante BD que voilà !



Alerte quatrième de couv' !!!!!

Boycotter impérativement sa lecture au risque de voir diminuer son capital surprise d'environ 77, 86 %!!!!



Lubin est jeune.

Lubin est fou-fou.

Mais surtout Lubin est un acrobate maladroit qui vient de choir lourdement en direct live.

La foule retient son souffle.

Ses amis itou.

Ouf, l'intrépide voltigeur se relève visiblement sans trop de bobos.

Les grandes douleurs sont muettes, dit-on.

Celles de Lubin viennent tout juste d'entrer en scène à l'insu de son plein gré.



Le graphisme épuré fait le job.

Mais plus que tout, c'est cet audacieux et fécond récit sur la dissociation identitaire qui fascine littéralement.

D'un fait accidentel somme toute anodin, Timothé le Boucher nous torche un récit schizophrénique de haut vol, malgré la bête chute susmentionnée en Marcel.

Flirtant avec la SF, Ces Jours qui Disparaissent questionnent le lecteur tout en développant une fable anxiogène à la fois douce et amère.



Avec ce le Boucher, n'espérez pas vous en payer une bonne tranche.

Nonobstant, ce récit est une tuerie !
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Le Patient

« …



-Déidamie.



-…



-Déidamie !



-Mmh.



-DEIDAMIIIIIIE !!!!



-Aaah ! Quoi ?



-Les gens sont là, c'est l'heure de la critique !



-Mmff. Chuis pas concentrée.



-Ca fait quarante-trois minutes que tu regardes fixement ce bouquin. Si t'étais plus mec, plus musclée et plus harmonieuse, tu passerais pour un Rodin tellement tu bouges pas en ayant l'air de réfléchir.



-Ouais. Et je sais toujours pas quoi en dire.



-Ben commence par le résumé… Allez, or donc… or donc… OR DONQUEUH…



-Greumf.



-D'accord, je m'en charge. Or donc le jeune Grimaud trouve un ticket d'or qui lui permet de passer une journée avec Batman, mais Napoléon débarque à Port-Réal avec ses généraux et s'écrie : « Vive le négociateur ! Vive le seigneur Bohort ! » Ensuite, Fluttershy va consulter parce qu'elle développe une allergie aux poils d'animaux…



-Hein ? C'est quoi ce ramassis ? Tu mélanges des tas d'histoires différentes ! Et qui c'est qui range, après ? Aaarh, touche plus à rien, je m'en occupe.



Or donc Pierre Grimaud sort de six ans de coma. Il a survécu au massacre de toute sa famille. Une psychologue s'occupe de sa thérapie dans le but avoué de comprendre qui a assassiné sa famille et pourquoi.



-Voilààà. Titillez sa maniaquerie de l'exactitude, vous verrez le résultat. Bon, Déidamie, c'était une chouette BD, non ?



-Muf. C'est très bien dessiné.



-Voilà, c'est très bien dess… attends… tu as déjà dit ça… oh non ! Mais tu as adoré Ces jours qui disparaissent ! Tu n'as pas aimé, c'est ça ?



-Pire.



-Tu as détesté ?!



-Nan. Je suis désappointée. Et j'ai horreur d'être désappointée.



J'attendais beaucoup de cette oeuvre. Beaucoup. le dessin me comble toujours, les couleurs me plaisent autant, je reste reconnaissante à Timothé le Boucher de représenter des morphologies différentes.



Et je me sens déçue.



J'espérais une histoire vertigineuse, ambiguë, subtile. Et elle a perdu tout intérêt dès lors que la narration change brutalement de cap. Plus d'ambiguïté, plus… de raisons de continuer. le noeud gordien est dénoué.



Trop de réponses aux questions, peut-être, quand Ces jours qui disparaissent garde une part de mystère et invite à la rêverie.



J'ai continué malgré tout parce que j'espérais un piège, un « Ha-ha, grâce à mes techniques narratives de tordu, tu croyais que, hein, Déidamie ? Mais en fait, pas du tout, et je t'ai bien eue ! » Mais non. J'espérais que le début onirique se poursuive, mais cette piste est abandonnée.



Alors, il reste une belle exploration du temps, des souvenirs, il y a des choses intéressantes, un beau travail sur le corps, le rapport à autrui par ce corps. Je n'ai pas trop saisi l'intérêt du mythe d'Actéon.







Après, j'ai apprécié la visite du musée. Les oeuvres ont l'air de parler et j'aime comment les persos comme le lecteur s'interrogent devant elles. La représentation de la violence familiale m'a beaucoup intéressée aussi. On n'en connaît pas les causes avec certitude, seulement les conséquences, et elles suffisent pour me glacer le fond des moelles.



Bref, c'est une très belle bande-dessinée, l'auteur maîtrise le dessin et la mise en scène. Hélas, l'histoire me frustre. Je trouve qu'il manque une part d'ambiguïté. L'ambivalence du désir est abordée, mais... je reste sur ma faim. Et je reste non seulement sur une déception, mais aussi une crainte : celle d'avoir raté quelque chose, de n'avoir pas compris les réels enjeux de l'intrigue.



-Tu le notes pas mal, pourtant !



-Parce que j'ai aimé l'histoire. Jusqu'à un certain point… »

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Ces jours qui disparaissent

200ème chronique déjà, comme le temps passe ! Ça tombe bien, c’est justement le sujet de Ces jours qui disparaissent.

Voilà un roman graphique original, qui interroge tout au long de sa lecture, et surtout, bien plus intéressant, qui nous poursuit une fois l’épais volume refermé.

Certains ont pu voir dans cet ouvrage un livre de SF, cela n’a pas du tout été ma perception.

Il est vrai cependant que Thimoté Le Boucher brouille volontairement les pistes puisqu’il ne donne que très peu d’explications aux expériences vécues par son personnage, et saupoudre l’histoire, en particulier sur la fin, d’une vision futuriste à base de réalité virtuelle qui fait tomber les barrières entre projection et vécu.

Cet ouvrage traite avant tout, dans ma perception, du TDI, ou trouble dissociatif de l’identité, une maladie mentale dans laquelle deux ou plusieurs identités prennent tour à tour le contrôle d'une personne.

Ainsi, au début de l’ouvrage, faisons-nous connaissance avec le sympathique Lubin, jeune homme artiste de cirque, équilibriste, qui vivote à l’aide d’un petit boulot dans une supérette obtenu à l’aide de son copain Léandre, neveu du gérant de ladite supérette.

L’équilibre, Lubin semblait l’avoir atteint, malgré la perte précoce de ses parents dans un accident de voiture, grâce à l’amour donné par son oncle, sa tante et leur fille Héloïse. Malheureusement, la vie de Lubin bascule au sens propre comme figuré, lorsque très symboliquement, il perd l’équilibre un jour de représentation et que sa tête vient heurter le sol.

A priori le choc semble sans conséquence, pourtant à partir de ce jour, Lubin ne va vivre qu’un jour sur deux. Il pense au début dormir des journées entières, puis il se rend compte qu’un autre lui-même vit ces journées à sa place dont il ne garde aucun souvenir. Cet autre lui-même est bien différent, il est maniaque, ordonné, coupe ses cheveux longs, retire les posters d’ado de la chambre, réalise des études, gagne de l’argent. Petit à petit, le combat devient inégal et le Lubin carriériste phagocyte le Lubin rêveur et artiste.

Les interactions familiales, amicales, amoureuses sont très différentes pour les deux Lubin. On peut regretter un certain manichéisme entre les deux personnalités, d’un côté la solaire, sympathique, artiste, avec plein de copains et amoureux de la belle Gabrielle puis de la fougueuse Tamara, et, de l’autre, la plus solitaire, égoïste, carriériste d’un businessman imbu de lui-même qui vit dans sa villa luxueuse et impersonnelle, apparemment sans amour et sans égards pour sa femme et son fils.



Mais peut-on véritablement parler en ces termes, puisque jamais nous n’avons le point de vue de l’autre Lubin, nous ne le voyons que par le prisme du Lubin artiste.

Nous sommes tous multiples, réagissant parfois différemment selon les contextes, sans pour autant souffrir de TDI. Une réflexion intéressante également sur notre vie qui passe trop vite, les années défilant sans qu’on s’en aperçoive. Qu’avons-nous fait de toutes ces années, les avons-nous laissées filer sans nous en rendre compte ?

Un trait agréable, fin et précis, une histoire qui sort des sentiers battus, et ne fournit pas au lecteur d’explications clefs en main. Une belle rencontre intrigante, qui me donne envie de continuer à découvrir l’univers de M. Le Boucher.

Au fait, je dois vous avouer, je ne m’appelle pas Bichette en réalité. Elle, c’est mon double, celle qui passe des heures à lire et surfer sur Babelio. Elle me prend un temps fou sur ma vraie vie celle-là d’ailleurs… Je me demande si je ne ferais pas bien de songer à m’en débarrasser …

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Ces jours qui disparaissent

Hop, hop, hop, interro surprise mes p’tits loups. Sortez une feuille blanche et un crayon. Première question : quel babélionaute vous fait le plus rire : réponse a) moi, réponse b) moi et réponse c) moi. Question n°2 : A quel type de larme renvoie la lecture de « Ces jours qui disparaissent » : réponse a) la larme alpha, réponse b) la larme Nabilla et réponse c) la larme arc-en-ciel. Passons à la correction car c’est dimanche et du coup j’ai la flemme. La réponse à la première question c’était évidemment « moi », et celle à la deuxième question c’était la larme arc-en-ciel, ce qui nous offre sur un plateau d'argent une des plus belles transitions de l’Histoire de Babélio, rien que ça oui.



Thimothé Le Boucher voyez-vous c’est un copain d’école. Donc quand il m’a gentiment proposé de lire son petit chef d’œuvre de bande dessinée gratos avec à la clé un exemplaire dédicacé, en super pote de la mort qui tue que je suis, j’ai bien entendu répondu par l’affirmative. Bon, évidemment c’est faux. En super-écolo du turfu que je suis j’ai trouvé la BD à 10 balles en occasion et derrière j’ai planté un arbre dans le jardin. Oooookkkk, pour l’arbre j’ai encore dérapé. Bref, hier, en ce pluvieux samedi 30 octobre 2021, j’avais envie de pleurer sur un roman graphique. La pluie, les larmes, ça tourne autour de l’eau quoi. Quelle belle inspiration j’ai eu de lire ce petit bijou de littérature.



Oscillant avec une céleste délicatesse entre l’allégorie du temps qui passe et le délire psychique, l’auteur distille la notion du temps avec une éminente doigtée, tout en n’oubliant pas de rendre hommage à des références du Septième Art qui l’ont probablement marqué ou bercé telles que « Sueurs froides ou encore « Il était temps », afin de nous offrir un postulat des plus originaux. Que feriez-vous si vous ne viviez plus qu’un jour sur deux ? Quel serait votre état d’esprit ? Que privilégieriez-vous dans le temps imparti ? Tant de thématiques et réflexions effleurées avec maestria par Timothée Le Boucher que la lecture de cette pépite en devient nécessaire.



Je préfère m’arrêter là car « Ces jours qui disparaissent » fait partie de ces œuvres qui méritent d’être découvertes avec la plus grande curiosité afin de profiter de l’expérience de lecture la plus marquante possible. A clairement ranger aux côtés de monuments tels que « Daytripper : au jour le jour ». J’oubliais, pour les plus puristes du visuel pas de panique, les dessins sont harmonieux, épurés certes, mais agréables à l’œil. Tiens, je m’aperçois que ça fait plus d’un paragraphe que je n’ai pas sorti une connerie. Je me ramollis. Sûrement l’âge ma foi. Rectifions ça tout de suite.



C'est l'histoire de deux vampires qui partent ensemble à la recherche d'une proie. Ils se séparent. Au bout d'une heure ils se retrouvent. L'un des deux est couvert de sang...

- Quelle chance ! Où as-tu trouvé tout ce bon sang bien frais ?

- Tu vois le village là-bas ?

- Oui, je vois le village...

- Et le restaurant, tu le vois ?

- Oui, je vois le restaurant...

- Et le lampadaire, tu le vois bien le lampadaire ?

- Oui, très bien même...

- Eh bien moi, je ne l'ai pas vu !



Joyeux Halloween les keupin(e)s *smiley citrouille*. Brrrr.
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47 cordes, tome 1

Une femme qui peut se transformer à volonté en n’importe quel être humain (il paraît qu’il faut appeler cela une « métamorphe », le résumé nous donne ce nom comme s’il existait alors qu’il n’est pas attesté en tant que substantif, et que l’adjectif, qui existe, n’a pas ce sens, cf. le Trésor de la langue française en ligne), tombe amoureuse d’un jeune harpiste désargenté qui rêve à la fois d’entrer dans un orchestre et surtout de posséder la harpe de ses rêves. Cet instrument possédant 47 cordes, la susmentionnée « métamorphe » va lui lancer 47 défis pour le lui offrir. ● J’ignore si cela est dû à une recherche d’originalité à tout prix, mais on est ici dans du grand n’importe quoi. Comme si l’intrigue initiale ne suffisait pas, les sous-intrigues se multiplient pour parvenir à remplir 380 pages (dont beaucoup inutiles) de billevesées dont le ridicule ne fait même plus sourire. ● J’ai bien compris que l’auteur visait le genre fantastique mais on se croirait davantage dans le dessin animé Scoubidou qui aurait choisi pour pimenter sa sauce de faire traverser à ses jeunes héros de grotesques scènes de débauches orgiaques volontiers sadomasochistes chez les riches. On est très, très, vraiment très loin des Métamorphoses d’Ovide. ● La vision qu’a l’auteur du luxe et de l’opulence n’est sans doute révélatrice que de ses fantasmes. ● Apparemment ce jeune auteur a déjà été primé pour d’autres albums ; s’ils sont du même acabit (ce que je n’ai pas envie de m’aventurer à découvrir), cela me laisse songeur…
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Ces jours qui disparaissent

Lubin est un jeune acrobate qui va, un beau matin, s'apercevoir qu'un jour sur deux une autre personne prend possession de son corps pour vivre une autre vie.

Qu'est ce que vous auriez fait à sa place vous? Vous vous ruez chez le médecin probablement demander scanner cérébral et IRM afin de détecter une tumeur cérébrale? Ou plutot chez le psychiatre convaincue d'une schizophrénie débutante? Ou alors le déni? Cette situation ne peut pas être vraie, cela n'existe pas? Lubin lui prend la solution numéro 4 : entrer en communication avec son autre lui par vidéo enregistrée et organiser un planning d'occupation du corps!



Une bande dessinée qui fleurte entre la folie et la fiction. Elle est très bien racontée, on voit uniquement le coté Lubin acrobate et jamais l'autre Lubin plus pragmatique, homme d'affaire ordonné. Et on s'attache donc infiniment au Lubin rêveur et naïf, souvent procrastinateur mais tellement sensible. L'autre devient alors, sans le connaitre, le méchant. le voleur. l'usurpateur. le parasite.

Lubin est entouré de tout un tas de personnages secondaires attachants ou drôles. tous bien pensé dans la vie de Lubin qui pourtant s’effiloche pour disparaitre.

On a du mal a savoir ce qui est de la fiction où si nous sommes sur un cas de schizophrénie avec dissociation de personnalité mais c'est vraiment bien racontée. On ressent des émotions au fil de cette belle bande dessinée de 192 pages, et de la tristesse en la refermant.



En ouvrant la bande dessinée j'ai trouvé les dessins un peu trop naïfs voire enfantin s. Mais je m'y suis très vite habituée pour me plonger dans l'histoire sans problème.
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Dans les vestiaires

Des élèves de fin de collège ou de début de lycée découvrent qu’on leur a aménagé de nouveaux vestiaires pour leurs cours d’EPS. Surprise : une douche collective remplace les anciennes cabines individuelles. Mais surtout, dans ce lieu clos où les adultes entrent peu, le harcèlement, les jeux de pouvoir, les renversements d’alliance, les combats psychologiques et physiques peuvent avoir lieu. ● Je n’ai pas été emballé par cet album aux planches répétitives et aux dessins plus qu’approximatifs, surtout dans les bagarres. Le dessin déformé par les vitres opaques aurait pu être intéressant pour une ou deux cases, mais le procédé est trop utilisé. L’unité de lieu m’a paru être une fausse bonne idée. Le message selon lequel la société se recrée dans ce lieu en vase clos ne m’a pas convaincu. Aucune ébauche de solution au harcèlement n’est proposée.
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