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4.05/5 (sur 143 notes)

Nationalité : Italie
Né(e) à : Padoue , le 59 av. J.-C.
Mort(e) à : Padoue , le 17 ap. J.-C.
Biographie :

Tite-Live (Titus Livius en latin) est un historien de la Rome antique.

Né dans une riche famille de Padoue, il fait d'abord des études de rhétorique qui l'amènent à s'installer à Rome seulement à l'âge adulte. Mais il se consacre finalement aux lettres. Malgré ses convictions républicaines, il est très ami avec Auguste qu'il va d'ailleurs aider dans son entreprise de réhabilitation de la grandeur de Rome. En effet, c'est un historien, et en tant que tel sa discipline est pour lui un genre littéraire qui doit édifier et idéaliser le passé du monde romain et les vertus du peuple.

Il devint par la suite le précepteur de l'empereur Claude dont il encouragea les penchants pour l'histoire. Tite-Live n'a jamais exercé de charge publique ; il se consacra entièrement à la littérature et à l'Histoire.

Il commença sa grande Histoire de Rome depuis sa fondation, ce qui lui valut la célébrité dès sa parution en fascicules, peu avant ou en l'année 29 avant J.C. Il mourut, trois ans après Auguste, auquel il avait dédié les Dialogues philosophiques aujourd'hui perdus.

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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Vers le même temps, les ambassadeurs d’Attale et des Rhodiens vinrent annoncer qu’on cherchait à soulever les cités de l’Asie. Il leur fut répondu que le sénat s’occuperait des affaires de cette contrée. La délibération sur la guerre de Macédoine fut renvoyée en entier aux consuls, qui étaient alors dans leurs provinces. En attendant on députa vers Ptolémée, roi d’Égypte, trois ambassadeurs, C. Claudius Néron, M. Aemilius Lépidus, et P. Sempronius Tuditanus, pour annoncer à ce prince la défaite d’Hannibal et des Carthaginois, et pour le remercier d’être resté fidèle aux Romains dans un moment de crise où ils étaient abandonnés par leurs alliés même les plus voisins. Ils devaient aussi lui demander que, dans le cas où les Romains seraient contraints par les injustices de Philippe à lui faire la guerre, il voulût bien conserver au peuple romain son ancienne affection.

Vers la même époque, le consul P. Aelius, qui était dans la Gaule, ayant appris que les Boïens avaient fait des courses sur les terres des alliés avant son arrivée, détacha deux légions qu’il avait levées à la bâte pour faire face à cette attaque, y ajouta quatre cohortes de son armée, et ordonna à C. Ampius, l’un des chefs alliés, de traverser avec ce corps improvisé la partie de l’Ombrie, que les Gaulois appellent la tribu Sapinia, pour aller envahir le territoire des Boïens ; il prit lui-même cette direction en passant par les montagnes sans rencontrer d’obstacles.

Ampius entra sur les terres ennemies et les ravagea d’abord avec assez de bonheur et de sécurité. Puis, ayant choisi près de Castrum Mutilum une position avantageuse, il se mit en campagne pour moissonner les blés, parvenus alors à leur maturité. Il avait négligé de faire reconnaître les environs et d’établir des postes assez forts pour protéger de leurs armes les travailleurs désarmés et tout entiers à leur ouvrage. Aussi fut-il surpris par une brusque attaque des Gaulois et enveloppé avec ses fourrageurs ; l’épouvante gagna même les postes armés, qui s’enfuirent. Sept mille soldats environ, dispersés au milieu des blés, furent taillés en pièces ; de ce nombre était C. Ampius lui-même. Les autres regagnèrent le camp avec terreur ; puis, comme ils n’avaient plus de chefs reconnus, ils partirent tous de concert, la nuit suivante, abandonnant la plus grande partie de leurs bagages, et rejoignirent le consul à travers des bois presque impraticables. Celui-ci se contenta de ravager les frontières des Boïens, fit un traité d’alliance avec les Ligures Ingaunes, et revint à Rome sans s’être signalé dans sa province par aucune autre entreprise.
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Les guerres puniques , livre XXVII ,

XI. Au milieu des hasards et des inquiétudes que causait une guerre si redoutable, Rome, accoutumée à rapporter aux dieux tous ses succès et tous ses revers, recevait la nouvelle d'un grand nombre de prodiges. A Terracine , le temple de Jupiter, à Satricum, celui de la déesse Matuta , avaient été frappés de la foudre. On n'était pas moins effrayé à Satricum de l'apparition de deux serpents dans le temple de Jupiter, où ils s'étaient introduits par la porte même. A Antium, disait-on, des moissonneurs avaient trouvé des épées couvertes de sang. A Céré, un porc était né avec deux têtes; on parlait aussi d'un agneau réunissant les deux sexes à la fois. A Albe, on avait vu deux soleils ; Frégella avait été, pendant la nuit, illuminée d'une clarté soudaine ; un bœuf avait parlé dans la campagne de Rome ; l'autel de Neptune, situé au milieu du cirque de Flaminius, avait été inondé de sueur; les temples de Cérès, de la déesse Salut, et de Quirinus, avaient été frappés de la foudre. Les consuls furent chargés d'expier ces prodiges en immolant les grandes victimes et en faisant un jour de supplications : ces mesures furent réglées par un sénatus-consulte. Mais un prodige plus alarmant que tous ceux qu'on avait annoncés du dehors ou vus dans la ville même, ce fut l'extinction du feu sacré dans le temple de Vesta. La vestale qui était de garde cette nuit-là fut battue de verges par ordre du pontife P. Licinius. Cet événement n'était pas un avis donné par les dieux, mais un effet de la négligence humaine ; on crut devoir néanmoins immoler en expiation les grandes victimes et faire une supplication au temple de Vesta. Avant leur départ pour la guerre , les consuls furent invités par le sénat
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Livre XXXIV , ( Les femmes et la politique ) ,
Romains, si chacun de nous avait eu soin de conserver à l'égard de son épouse ses droits et sa dignité de mari, nous n'aurions pas affaire aujourd'hui à toutes les femmes. Mais après avoir, par leur violence, triomphé de notre liberté dans l'intérieur de nos maisons, elles viennent jusque dans le forum l'écraser et la fouler aux pieds; et, pour n'avoir pas su leur résister à chacune en particulier, nous les voyons toutes réunies contre nous. Je l'avoue, j'avais toujours regardé comme une fable inventée à plaisir cette conspiration formée par les femmes de certaine île contre les hommes dont elles exterminèrent toute la race. Mais il n'est pas une classe de personnes qui ne vous fasse courir les plus grands dangers, lorsqu'on tolère ses réunions, ses complots et ses cabales secrètes. En vérité, je ne saurais décider ce qui est le plus dangereux de la chose en elle-même ou de l'exemple que donnent les femmes. De ces deux points, l'un nous regarde nous autres consuls et magistrats; l'autre, Romains, est plus spécialement de votre ressort. C'est à vous en effet à déclarer par le suffrage que vous porterez si la proposition qui vous est soumise est avantageuse on non à la république. Quant à ce rassemblement tumultueux de femmes, qu'il ait été spontané ou que vous l'ayez excité, M. Fundanius et L. Valérius, il est certain qu'on doit en rejeter la faute sur les magistrats; mais je ne sais si c'est à vous, tribuns, ou à vous autres, consuls, que la honte en appartient.
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Livre VII ,

Cette année et la suivante, sous le consulat de C. Sulpicius Péticus et de C. Licinius Stolo, la peste continua. Il ne se fit rien de remarquable; seulement, pour demander la paix aux dieux, on célébra, pour la troisième fois depuis la fondation de Rome, un lectisterne. Et comme ni les remèdes humains ni la bonté des dieux ne pouvaient calmer la violence du mal, la superstition s'empara des esprits, et c'est alors, à ce qu'on rapporte, qu'entre autres moyens d'apaiser le courroux céleste, on imagina les jeux scéniques, ce qui fut une nouveauté pour ce peuple guerrier qui n'avait eu jusque-là que les jeux du cirque. Au reste, cette innovation, comme presque toutes les autres, fut dans le principe une chose de fort peu d'appareil, et qui on avait même empruntée à l'étranger. Des bateleurs venus d'Étrurie, dansant au son de la flûte, exécutaient, à la mode toscane, des mouvements qui n'étaient pas sans grâce; mais ils n'avaient ni chant, ni paroles, ni gestes. Bientôt nos jeunes gens s'avisèrent de les imiter, tout en se renvoyant en vers grossiers de joyeuses railleries, accompagnées de gestes qui s'accordaient assez à la voix. La chose une fois accueillie se répéta souvent et prit faveur. Comme en langue toscane un bateleur s'appelait hister, on donna le nom d'histrions aux acteurs indigènes, qui déjà ne se lançaient plus comme d'abord ce vers semblable au fescennin, rude et sans art, qu'ils improvisaient tour à tour, mais qui représentaient des satires mélodieuses, avec un chant réglé sur les modulations de la flûte, et que le geste suivait en mesure. Quelques années après, Livius qui, le premier, renonçant à la satire, avait osé s'élever jusqu'à des compositions dramatiques, et qui était, comme tous les auteurs de cette époque, acteur dans ses propres ouvrages, Livius, souvent redemandé, ayant fatigué sa voix, obtint, dit-on, la permission de placer devant le joueur de flûte un jeune esclave qui chanterait pour lui, et il joua avec plus de vigueur et d'expression, n'étant plus gêné par le souci de ménager sa voix. Dès lors l'histrion eut sous la main un chanteur, et dut réserver sa voix pour la déclamation. Depuis que cette loi prévalut dans les représentations, la libre et folâtre gaieté des jeux disparut, et par degrés le divertissement devint un art. Alors la jeunesse, abandonnant le drame aux histrions, reprit l'usage des anciennes bouffonneries, entremêlées de vers, et qui, plus tard, sous le nom d'exodes, empruntèrent leurs sujets aux fables Atellanes. Ce genre d'amusement qu'elle avait reçu des Osques, la jeunesse se l'appropria, et ne souffrit point qu'il fût profané par les histrions. Aussi demeure-t-il établi que les acteurs d'Atellanes ne sont exclus ni de la tribu ni du service militaire, n'étant pas considérés comme de véritables comédiens. Parmi les humbles commencements des autres institutions, j'ai cru pouvoir aussi placer la première origine de ces jeux, afin de montrer combien fut sage en son principe ce divertissement aujourd'hui si follement coûteux, et auquel suffit à peine la richesse des plus opulents royaumes.
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Livre XXII ,
Guerre puniques , Hannibal en Italie ,
Rome ne rachète pas les prisonniers ,
LXI. - Quand Manlius eut parlé, quoique la plupart des sénateurs fussent, eux aussi, unis à des captifs par la parenté, non seulement les exemples antérieurs donnés par un État qui, depuis l'antiquité, n'avait jamais eu aucune indulgence pour les prisonniers, mais la somme à dépenser firent impression, car on ne voulait ni épuiser le trésor, auquel on avait déjà demandé une forte somme pour acheter les esclaves qui allaient être soldats et les armer, ni enrichir d'argent Hannibal quand, d'après les bruits courants, c'était la chose dont il manquait le plus. Comme la funeste réponse "qu'on ne rachetait pas les prisonniers" avait été rendue, et que le nouveau deuil provoqué par la perte de tant de citoyens s'était ajouté à l'ancien, ce fut avec bien des pleurs et des lamentations qu'on accompagna les délégués jusqu'à la porte. L'un d'eux s'en alla chez lui, sous prétexte que, par son retour trompeur au camp carthaginois, il s'était délié de son serment. Le fait connu et rapporté aux sénateurs, tous furent d'avis de le faire arrêter et conduire à Hannibal par des gardiens publics.
Il y a une autre façon de conter cette histoire des prisonniers : il en vint, dit-on, d'abord dix; après avoir hésité, au sénat, à les admettre ou non dans Rome, on les y admit, à condition toutefois que le sénat ne les entendrait pas; puis, comme ils s'attardaient à Rome plus que personne ne s'y attendait, il arriva trois autres délégués, Lucius Scribonius, Caius Calpurnius et Lucius Manlius; alors seulement un parent de Scribonius, un tribun de la plèbe, en référa, au sujet du rachat des captifs, au sénat, qui décida de ne pas les racheter; et les trois nouveaux délégués retournèrent au camp d'Hannibal, mais les dix premiers restèrent à Rome, sous prétexte qu'étant, après leur départ, - afin, avaient-ils dit, de vérifier encore les noms des prisonniers - retournés auprès d'Hannibal, ils s'étaient déliés de leur serment; on discuta longuement, au sénat, de leur livraison à Hannibal, mais à une majorité de quelques voix, ceux qui voulaient les livrer furent battus; d'ailleurs, les premiers censeurs entrés en charge après cela les accablèrent de telle façon de blâmes et de flétrissures, que certains se résolurent d'eux-mêmes à mourir, et que les autres restèrent, pendant tout le reste de leur vie, éloignés non seulement du forum, mais presque du jour et de la voie publique. On s'étonne de telles différences entre les sources plus qu'on ne peut discerner la vérité.
Combien, d'autre part, le désastre de Cannes fut plus grave que les précédents, on en a déjà un indice dans ce fait que la fidélité des alliés, qui jusqu'à ce jour était restée ferme, commença à chanceler, sans aucune raison, assurément, sinon qu'ils désespéraient de l'empire. Passèrent aux Carthaginois les peuples que voici: les Atellani, les Calatini, les Hirpini, une partie des Apuliens, les Samnites à l'exception des Pentri,tous les Bruttii, les Lucaniens, en outre les Uzentini et presque toute la côte grecque, les Tarentins, les Métapontins, les gens de Crotone et de Locres, et tous les Gaulois cisalpins. Et pourtant ces malheurs, ces défections d'alliés n'ébranlèrent pas les Romains au point que quelque part, chez eux, on parlât de paix, ni avant l'arrivée du consul à Rome, ni après son retour qui raviva le souvenir du désastre subi; à ce moment même, la cité montra tant de grandeur d'âme, que ce consul, qui revenait après une si grande défaite dont il avait été la cause principale, une foule de gens de toutes les classes alla à sa rencontre, et qu'on le remercia de n'avoir pas désespéré de l'État, lui qui, s'il avait commandé des troupes carthaginoises, n'aurait dû se refuser à aucun supplice.
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Histoire romaine , livre deux , ouverture ,

Je vais raconter maintenant ce que le peuple romain, désormais libre, fit tant dans la paix que dans la guerre; je dirai l'établissement de ses magistrats annuels, et l'empire des lois, plus puissant que celui des hommes. [2] Si la liberté fut accueillie avec joie, l'orgueil du dernier roi en avait été la cause, car ses prédécesseurs avaient régné de telle sorte, que dans la suite on les regarda tous, avec justice, comme les fondateurs de ces parties de la ville qu'ils assignèrent pour demeure à la multitude, augmentée sous leur règne; [3] et l'on ne saurait douter que ce même Brutus, qui mérita tant de gloire, par l'expulsion de Tarquin le Superbe, n'eut fait le plus grand tort à l'état, si, dans le désir d'une liberté prématurée, il eût arraché le sceptre à l'un des rois précédents. [4] En effet, que serait-il arrivé, si ce rassemblement de bergers et d'hommes de toutes les contrées, fuyant leur patrie, et ayant obtenu, sous la protection d'un temple inviolable, sinon la liberté, du moins l'impunité, une fois délivré de la crainte du pouvoir royal, eût commencé à être agité par les tempêtes tribunitiennes; [5] et si, dans une ville qui lui était encore étrangère, il eût engagé la lutte contre les patriciens, avant que les liens du mariage, de la paternité, et l'amour du sol même, auquel le temps seul nous attache, n'eussent réuni tous les esprits par des intérêts communs. [6] L'état encore sans vigueur eût été anéanti par la discorde; tandis que l'influence tranquille d'un pouvoir modéré développa tellement ses forces, que, parvenue à la maturité, cette plante féconde put porter les fruits généreux de la liberté. [7] Au reste, si l'on doit faire dater de cette époque l'ère de la liberté, c'est plutôt parce que la durée de l'autorité consulaire fut fixée à un an, qu'à cause de la diminution que put éprouver la puissance royale; [8] car les premiers consuls en conservèrent tous les droits et tous les insignes. Seulement, pour ne pas paraître avoir doublé la terreur qu'inspire le pouvoir suprême, on se garda bien d'accorder les faisceaux aux deux consuls à la fois. Brutus les eut le premier, et les dut à la déférence de son collègue; Brutus, qui n'avait pas montré plus d'ardeur pour conquérir la liberté, qu'il n'en montra depuis pour la conserver. [9] Avant tout, profitant de l'enthousiasme du peuple pour la liberté naissante, et craignant que plus tard il ne se laissât séduire par les prières ou par les présents du roi, il lui fit prêter le serment solennel de ne plus souffrir que personne régnât dans Rome. [10] Ensuite, afin que le sénat reçût une nouvelle force du nombre de ses membres, que la cruauté du dernier roi avait considérablement réduit, il le porta à trois cents, et le compléta en choisissant les personnages les plus distingués de l'ordre équestre. [11] De là vient qu'on distingua, parmi les sénateurs, les pères et les conscrits; or, on nommait conscrits ceux qui avaient été appelés à faire partie du nouveau sénat. On ne saurait croire combien cette mesure contribua à maintenir la concorde dans l'état, et à attacher le peuple aux sénateurs.
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Livre XXXVII , 5 ( Les rites sacrés de la religion civique ) ,
Avant le départ des consuls pour leurs provinces, les pontifes furent chargés de faire des expiations pour les prodiges qui avaient eu lieu. À Rome, le feu du ciel était tombé sur le temple de Junon Lucine et avait endommagé le faîte et les portes. À Putéoles, une porte et le mur avaient été frappés de la foudre en plusieurs endroits et deux hommes avaient été tués. À Nursie, par un temps serein, un orage avait éclaté et tué pareillement deux hommes d'une condition libre. Une pluie de terre était tombée chez les Tusculans, et à Réate une mule avait mis bas. On offrit les expiations nécessaires et on recommença les féries latines, parce que les Laurentins n'avaient pas reçu la part des victimes à laquelle ils avaient droit. À cette occasion, il y eut aussi des jours de supplications: les décemvirs avaient désigné, suivant les livres sibyllins, les dieux qu'il fallait prier. [6] Dix jeunes garçons et dix jeunes filles de condition libre, ayant tous leur père et leur mère, furent employés à ces cérémonies, et immolèrent la nuit des victimes encore à la mamelle.
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[...] ... LVIII - Le viol de Lucrèce.

Quelques jours plus tard, Sextus Tarquin se rendit à Collatia, accompagné d'une seule personne, sans rien dire à Tarquin Collatin. Bien accueilli, car personne ne soupçonnait ses intentions, on le conduisit à sa chambre après le dîner. Quand il se fut assuré qu'il ne risquait rien et que tout le monde reposait, tout brûlant de passion, il vint, l'épée nue, trouver Lucrèce qui dormait et, pressant son sein de la main gauche, lui dit : "Pas un mot, Lucrèce. C'est moi, Sextus Tarquin ; je suis armé. Si tu pousses un cri, tu es morte." Réveillée en sursaut, la jeune femme se vit privée de tout secours et en danger de mort ; pendant ce temps Tarquin lui déclarait son amour, la suppliait, mêlait les menaces aux prières, mettait tout en œuvre pour faire céder la pauvre femme. Lucrèce demeurait inexorable ; voyant que la crainte de la Mort ne suffisait pas à la faire céder, il y joignit la crainte du déshonneur : à côté de son cadavre, il placerait un esclave nu, la gorge tranchée, pour qu'on dise qu'elle avait péri, coupable d'adultère avec un individu méprisable. Par ce chantage sa passion, victorieuse en apparence, vainquit la pudeur inébranlable de Lucrèce et Tarquin partit, tout fier d'avoir forcé la résistance d'une femme. Lucrèce, affligée par un si grand malheur, fit prévenir à la fois son père à Rome et son mari à Ardée ; elle leur demandait de venir, chacun avec un ami sûr, elle avait besoin d'eux de toute urgence ; il était arrivé un horrible malheur.

Spurius Lucretius, accompagné de Publius Valerius, fils de Volesius et Tarquin Collatin, accompagné de Lucius Junius Brutus, arrivèrent ensemble : Tarquin avait en effet rencontré le messager de sa femme juste au moment où il revenait à Rome. Ils trouvèrent Lucrèce assise dans sa chambre, accablée de chagrin. Elle se mit à pleurer en voyant arriver les siens. Son mari lui demanda si elle était souffrante : "Oui," répondit-elle ; "comment en effet une femme qui a perdu son honneur pourrait-elle bien se porter ? Un homme, Collatin, a souillé ta couche ; on m'a fait violence, mais mon cœur est resté pur, ma mort en fournira la preuve. Prenez ma main et jurez de punir mon déshonneur. Sextus Tarquin m'a fait violence ; il est venu la nuit dernière avec une arme, non comme un hôte mais comme un ennemi et il est reparti après avoir pris un plaisir dont je meurs et dont il mourra lui aussi si vous êtes des hommes." Ils promirent tous, l'un après l'autre. Ils cherchèrent à apaiser son tourment, affirmant que le coupable n'était pas la victime mais l'auteur de l'attentat ; c'était l'intention et non l'acte qui constituait la faute. "Fixez vous-mêmes le prix qu'il doit payer ; pour moi, bien qu'innocente, je ne m'estime pas quitte de la Mort. Jamais une femme ne s'autorisera de l'exemple de Lucrèce pour survivre à son déshonneur." Elle plongea dans son cœur un couteau qu'elle tenait caché sous son vêtement et tomba sous le coup, mourante. Son mari et son père poussèrent un grand cri.

LIX - Abolition de la Monarchie.

Les laissant à leur douleur, Brutus retira le couteau de la plaie et déclara en le brandissant, couvert de sang : "Prenant les dieux à témoin, je jure par ce sang, si pur avant l'outrage du prince, de lutter contre Lucius Tarquin le Superbe, contre sa criminelle épouse et contre toute sa descendance par le fer, par le feu et par tous les moyens en mon pouvoir ; je jure d'abolir à tout jamais la monarchie à Rome." Il tendit le couteau à Collatin, puis à Lucretius et à Valerius, stupéfaits de cette transformation subite : d'où cette assurance nouvelle lui venait-elle ? Répétant la formule, ils prêtèrent serment. La douleur fit place à la colère et ils suivirent les instructions de Brutus qui les appelait à abattre aussitôt la Monarchie.

Ils emmenèrent le corps de Lucrèce et l'exposèrent au forum ; comme on pouvait s'y attendre, la population de Collatia attirée par ce drame ignoble et sans précédent, se rassembla. Tout le monde protestait contre le crime et la brutalité du prince. Ils étaient frappés par l'affliction du père, mais plus encore par l'attitude de Brutus qui blâmait leurs larmes et leurs gémissements et les encourageait à prendre les armes contre ceux qui avaient osé se comporter comme des ennemis : c'était l'attitude qui convenait à des hommes, à des Romains. ... [...]
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Livre V 4
Autrefois le soldat trouvait pénible de servir l'Etat à ses frais, il était content de cultiver sa terre une partie de l'année et de se procurer de quoi subvenir à ses besoins et à ceux des siens, en temps de paix comme en temps de guerre ; maintenant il est content que le gouvernement le paie, heureux de toucher la solde. Qu'il accepte donc avec plaisir de rester plus longtemps loin de ses foyers et de son exploitation, puisque cela ne lui coûte rien.
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"Ainsi périsse quiconque franchia mes remparts". Romulus reste donc seul maître du pouvoir et la ville qui venait d'être fondée prit le nom de son fondateur.
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