18 janvier 2022 : Le Grand Invité de Valérie Rollmann et Christophe Bernard est Tom Charbit, pour son premier roman Les Sirènes d'Es Vedrá (Editions du Seuil) - France Bleu Drôme Ardèche.
"Nis vies ressemblent moins à une gigantesque machinerie dont nous serions le dernier engrenage qu'à une sorte de supermarché où chacun peut choisir, dans les rayons de l'histoire de sa famille plus ou moins proche, de ses amis ou des endroits où il a vécu, les ingrédients permettant de se concocter da petite recette perso."
"On peut connaître l'âme d'un peuple à sa musique, ça ne loupe jamais."
Sa mère, une Ardéchoise pure souche, était tombée amoureuse d’un Breton qu’elle avait suivi jusqu’ä Douarnenez , où Quimper, enfin quelque part au fin fond de la Bretagne. Erwan et sa sœur Gwenaëlle sont nés là-bas. Ces tarés de Bretons sont tellement fiers de leur pays qu’ils ne peuvent s’empêcher de labelliser leur progéniture. Franchement je ne comprends pas qu’on puisse infliger cela à un gamin. Un prénom c’est aussi durable qu’un tatouage au fer rouge sur le cul d’une vache, ça me tue que les parents d’aujourd’hui ne comprennent pas ça.
"Quoi qu'on en dise, la vie n'est rien d'autre qu'une immense loterie. A chaque tour de manivelle on mélange les boules, on tire les numéros et une nouvelle histoire commence. Les choses ne durent jamais que dans nos souvenirs."
"Les gens se sentent impuissants face à l'addiction et la maladie mentale. C'est difficile de leur en vouloir. Eux-mêmes sont des victimes et vivent un enfer."
"J'ai chaussé une paire de lunettes de soleil qui traînait sur la table et j'ai regardé les nuées de canoës rouges, verts et jaunes descendre la rivière. Ces gens qui mènent une vie normale. Le boulot, les embouteillages sur l'autoroute des vacances, les gamins à l'arrière, les glaces à l'eau sur le marché. Une vie simple, sans excès. Sans surprise. L'ennui mortel. Le bonheur."
La détérioration de l'ouïe dépend directement du volume et du temps d'exposition, chacun sait ça aujourd'hui. On le rabâche assez aux gamins qui partent à l'école un casqué vissé sur la tête, moins aux Sénégalais à qui on refile un marteau-piqueur sur les chantiers du BTP.
( p 33)
J’ai tout de même du mal à croire que manger soit soudainement devenu une activité à haut risque. À ce rythme, dans quelques années, on ne pourra plus aller au restau sans contracter un assurance ou signer une décharge sur le pas de la porte. Les gens ne veulent plus faire de mal à leur corps, ni aux animaux, ni à la nature, ni à personne, et finissent par se mettre une pression pas possible.
Je ne m'étais jamais intéressé à la vie des vers de terre mais j'ai trouvé ça passionnant, surtout après quelques bouteilles.
On ne désire jamais rien autant que ce qui nous est inaccessible, voilà une triste et banale réalité, et on vivrait beaucoup mieux si on était capable d’apprécier à leur juste valeur les choses qui se présentent simplement devant nous.