Tel est l'Américain. Je cite textuellement : « Sa tête est un blockhaus. Sa barbe est faite de barbelés. Ses yeux sont des bombes. Ses dents sont des balles dum-dum. Ses deux bras sont des canons et de son nez sortent des flammes. C'est un vampire, il boit le sang des petits enfants. Son front est un nid d'artillerie et son corps un terrain d'aviation. Ses doigts sont des baïonnettes et ses pieds sont des chars. Il montre ses crocs pour effrayer. Mais dans ses crocs, il ne peut prendre que des éclats d'acier car il a contre lui les forces toutes puissantes de notre peuple vietnamien, qui combat vaillamment. Tout bien considéré, l'Américain n'est qu'un géant de papier.
Je savais que les communistes prendraient les membres de mon personnel, les feraient mettre en cercle, la face tournée vers l'intérieur du cercle, et feraient le tour du cercle, coupant les tendons des genoux à tous les malheureux. Et quand ces gens seraient tombés, affalés contre terre, les communistes les tailleraient en morceaux. J'avais vu ce spectacle, j'avais vu aussi les hommes aux tendons coupés abandonnés au milieu d'un champ. Cette coupure ne faisait pas mourir d'hémorragie, mais les hommes se tordaient en rampant et on leur donnait la chasse comme à des bêtes.
Deux gardes Viet-minh s'approchèrent de chacun des enfants. Le premier tenait fermement la tête de l'enfant dans ses mains, l'autre enfonçait solidement un bout de bambou taillé en pointe aigüe dans chaque oreille. Le bâton trancha le canal de l'oreille et tordit l'oreille interne. A travers tout le village, on entendait hurler les suppliciés. Les malheureux criaient, se démenaient, souffraient horriblement. Ils ne pouvaient atteindre les bâtons puisque leurs mains se trouvaient liées derrière le dos.
J'ignore tout de votre destin, mais je suis sûr d'une chose : vous trouverez toujours la joie si vous cherchez et si vous découvrez le secret d'une grande attitude, celle du serviteur.
(Albert Schweitzer)